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L'action humanitaire et la reconstruction: le cas du tsunami indonésien de 2004 et du séisme haitien de 2010

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par Pierre Thibaut BATA
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master 2011
  

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Comme l'a mentionné Ernest-Marie MBONDA147, l'action humanitaire mobilise des associations et des organisations qui déploient de plus en plus des moyens colossaux pour accomplir leurs missions. Au cours de ces dix dernières années, remarque Rony BRAUMAN, « Le mouvement humanitaire est passé de l'artisanat à l'industrie, de la pénurie à l'opulence grâce à la générosité du public, certes, mais surtout grâce aux énormes financements

148.

gouvernementaux »Les organisations humanitaires ont développé d'imposants appareils, recruté du personnel, constitué des stocks. Devenues des « entrepreneurs de causes », elles tendent à identifier leurs intérêts d'institutions avec ceux des victimes, réelles ou supposées, c'est-à-dire à confondre les fins qu'elles poursuivent avec les moyens qu'elles mettent en oeuvre. De plus en plus considérés comme de grands opérateurs économiques, les

146L'extrait « marché de l'humanitaire » est tiré de l'ouvrage d'Ernest-Marie MBONDA, L'Action humanitaire en Afrique lieux et enjeux, Op.cit. p. 78.

147Ernest-Marie MBONDA, Op. Cit. p. 76. 148Ernest-Marie MBONDA, Op. Cit. p. 78.

L'action humanitaire et la reconstruction : Le cas du Tsunami indonésien de 2004 et du Séisme
haïtien de 2010

organisations humanitaires modernes se livrent à des achats d'équipements, de vivres, de couvertures, de médicaments, parfois inadaptés au contexte de leurs interventions. Dans l'urgence, chaque organisation essaye tant bien que mal de jouer sa partition et dans cette optique, chacune d'elle se livre à des batailles acharnées et à une concurrence féroce149 dans l'optique parfois d'être sélectionnée comme des agences de sous-traitance des organisations internationales et des Etats. Pour ces organisations, il s'agit de plus en plus d'engranger des points pour plaire aux donateurs et de ce fait, obtenir leur soutien financier. Dans le cas du tsunami en Indonésie, MSF constata que « nous sommes face à un vrai paradoxe : la multiplication des initiatives rend de plus en plus difficile le travail sur le terrain. C'est la course de la visibilité : des ONG veulent montrer à leurs donateurs qu'elles font bien quelque chose de leur argent »150. Dans le même ordre d'idée, on assiste très souvent à la survenue d'une crise nécessitant une intervention humanitaire, à la naissance spontanée de certaines ONG parfois sans statut réel. Aussitôt la gestion de l'urgence terminée, (gestion qu'elles assurent très peu), celles-ci comme des fantômes disparaissent dans l'ombre.

Dans un tel contexte quelle place occupe la « reconstruction » ? Cet état des choses ne justifie t-il pas les dérives rencontrées en Indonésie et en Haïti dans le cadre de la reconstruction ? En effet, l'échec de la reconstruction ou alors de son érection à une place de choix dans le champ de l'humanitaire (et de ses acteurs) émane des actions ou du comportement de certaines ONG. Soit elles existent réellement et ne s'impliquent pas véritablement dans le processus de reconstruction, soit elles naissent pour la circonstance et disparaissent aussitôt que leurs objectifs privés sont atteints.

Au final, la transformation de l'action humanitaire en une sorte de marché peut être considérée comme l'une des formes les plus pernicieuses de la perversion de l'action humanitaire, biaisant à coup sûr les perspectives envisagées pour la reconstruction. A côté des limites ci-dessus relevées, nous allons évoquer les limites liées aux fonds.

Paragraphe 2 : Le détournement des fonds consacrés à la reconstruction et le non-
respect des promesses faites par les donateurs

Le détournement des fonds (A) et la réalisation partielle des promesses pour la reconstruction (B) constituent effectivement une entrave à celle-ci.

149 Batailles dans lesquelles le recours aux pots-de-vin et à la corruption ne sont pas rare.

150Thomas HOFNUNG et Eliane PATRIARCA, « Embouteillage pour l'aide en Asie », disponible sur http://www.liberation.fr/evenement/0101515049-embouteillage-pour-l-aide-en-asie (Consulté le 18 avril 2011).

L'action humanitaire et la reconstruction : Le cas du Tsunami indonésien de 2004 et du Séisme
haïtien de 2010

A- Le détournement des fonds consacrés à la reconstruction

La survenue d'une crise de grande ampleur appelle une mobilisation conséquente, tant sur le plan humain que sur le plan des fonds. Dans l'euphorie de l'urgence, ces fonds dans la majorité des cas font l'objet de détournements. C'est une situation endémique dans les contextes d'instabilité publique que connaissent certains pays (fait naturel ou anthropique). La pratique est devenue systématique. Les coupables parfois circonstanciels bénéficient d'une impunité totale. C'est une pratique à haut rendement et à bas risque, qui concerne tout le monde : les fonctionnaires et les élus, le Parlement, le pouvoir exécutif, le monde judiciaire, le secteur privé, les acteurs humanitaire etc. Dans le cas de Haïti, Marilyn ALLIEN151 déclarait déjà : « La gestion de l'argent nous inquiète : nous craignons qu'une partie de l'aide soit détournée et ne bénéficie pas aux Haïtiens qui en ont besoin »152. Un an plus tard en effet, seulement 38 pour cent des fonds ont été dépensés pour aider à la reconstruction d'Haïti, selon un sondage réalisé par le Chronicle of Philanthropy . En Haïti, on soupçonne largement que de grandes sommes d'argent ont été détournées vers les caisses des ONG et des organisations humanitaires153. L'Indonésie ne fut pas en reste. En effet, malgré le succès relatif qu'on lui reconnaît la reconstruction indonésienne a connu un retard à cause des détournements de fonds, la corruption et la mauvaise gestion. Le non respect des promesses faites par les donateurs dans le cadre de la reconstruction constituent également une limite à la reconstruction.

B- L'inexistante ou partielle réalisation des promesses des donateurs

Les crises dévastatrices ont la particularité de fragiliser les institutions économiques d'un pays. C'est à ce niveau qu'intervient la communauté internationale qui, à travers des actions concertées décident du montant du financement à allouer pour le relèvement du pays en crise. Cependant, le constat malheureux qui est souvent fait est celui de l'exécution tardive ou même de l'inexécution des promesses de financement. En Haïti, un an à peine, plus de cent cinquante gouvernements et autres acteurs internationaux s'étaient réunis pour contribuer significativement au relèvement et à la reconstruction d'Haïti après le tremblement de terre souffert par ce pays le 12 janvier 2010. La solidarité fut absolument louable, à s'en tenir aux

151 Présidente de la Fondation Héritage pour Haïti, la branche locale de Transparency International.

152Le Monde, <4 Reconstruction d'Haïti : le casse-tête de la corruption », disponible sur http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/02/02/reconstruction-d-haiti-le-casse-tete-de-la corruption_1300040_3222.html (Consulté le 29 avril 2011).

153Bill Van AUKEN, <4 Un an depuis le séisme en Haïti », dispo sur

http://wsws.org/francais/News/2011/jan2011/hait-j14.shtml (Consulté le 29 avril 2011).

L'action humanitaire et la reconstruction : Le cas du Tsunami indonésien de 2004 et du Séisme
haïtien de 2010

déclarations. En effet, le montant promis de neuf milliards de dollars pour la reconstruction, dont cinq à verser dans les deux premières années, plus les offres supplémentaires en nature, quoique insuffisantes, traduisaient une volonté de coopération indéniable. Le principe déclaré de dégager cette aide selon les priorités du gouvernement haïtien, de façon à renforcer l'autorité de l'État, impliquait le respect de la souveraineté de ce pays meurtri et des prérogatives de ses autorités gouvernementales. Il semblait donc exister une volonté universelle de preter de l'aide à cette nation héroïque, la première à avoir brisé le joug colonial et aboli l'esclavage sur le continent américain.

Mais ce qu'il est advenu depuis n'a pas été en accord, hélas, avec l'esprit qui avait régné à cette conférence du 31 mars 2010, alors que, pourtant, nombre de ce qu'on appelle « les principaux donateurs » continuent de consacrer des ressources exorbitantes à la guerre et à l'intervention militaire. L'aide financière et matérielle promise, bien qu'insuffisante au regard de l'ampleur du problème, n'a pas été déboursée. La volonté du gouvernement haïtien n'a pas été respectée, pas plus que ses priorités. La reconstruction d'Haïti envers laquelle la communauté internationale s'était engagée reste en attente. L'Indonésie trois ans après le tsunami se retrouvait (peut être à basse échelle) dans la même situation154. Au demeurant, il n'y a pas que le défaut d'implication des acteurs ou l'absence de financement qui représente un frein à la reconstruction ; certaines pratiques humanitaires peuvent aussi en effet fragiliser celle-ci.

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