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L'éloge du matriarcat dans "la mémoire amputée de Werewere-Liking

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par Arnaud TCHEUTOU
Université de DoualaCameroun - Diplôme d'études approfondies 2008
  

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VI- INTERET SCIENTIFIQUE.

Les enjeux de ce travail sont multiples. La réflexion menée invite les critiques littéraires en général, et ceux inscrits dans le combat féministe en particulier, à reconsidérer leur perception de la place réservée à la femme dans la tradition africaine. Ces derniers pensent généralement que la culture africaine marginalise la femme. Cette opinion est motivée par les traitements à la limite inhumains auxquels les personnages féminins sont soumis dans la littérature négro-africaine. Entre autres châtiments, les critiques relèvent la pratique de la polygamie et notamment de la polygynie, la sous-scolarisation ou l'analphabétisme, les sévices corporels, l'absence des libertés et des droits... Au vu de cette investigation, les dénonciations ainsi formulées n'indexent pas les Africains, mais plutôt les Occidentaux et les Orientaux. Les critiques croient s'attaquer aux traditions nègres alors qu'en réalité, ils incriminent les influences des traditions étrangères sur les peuples africains. Il faut interroger l'histoire et les structures textuelles pour le comprendre.

VII- METHODE D'ANALYSE.

Notre analyse s'inscrit dans une démarche diachronique et structuraliste en même temps. Car nous interrogeons concomitamment les structures historiques et cosmogoniques qui ancrent le récit dans son contexte génétique d'une part, et les structures textuelles pour comprendre les différents rôles actantiels d'autre part. C'est pour cette raison que nous convoquons le structuralisme génétique. Cette orientation permet d'analyser l' « explicite »23 en rapport avec le contexte socio-historique qui est celui de l'Afrique. En d'autres termes, nous interrogeons « les objets qui peuplent [la société du texte] et les conventions qui la régissent. Qu'y retrouve-t-on de la réalité ? [...] ; les combinaisons entre rôles actantiels et rôles thématiques, surtout lorsque ces derniers sont définis socialement »24.

Le questionnement de l'« implicite »25, en examinant les traces de l'« inconscient social »26 manifesté dans le récit, est aussi opéré. Nous nous intéressons aux «» contradictions textuelles» [car] `'le décalage, lorsqu'il est flagrant, met en évidence une fêlure de type idéologique» »27. Evidemment, il y a trop de contradictions dans La Mémoire amputée qui ne sauraient passer inaperçues : le contraste entre l'Afrique traditionnelle et l'Afrique dite moderne, le contraste entre le féminisme et le matriarcat, et surtout entre les idées répandues au sujet de la place de la femme dans la tradition africaine et la réalité authentique...

L'ironie se manifeste dans le récit comme une structure très féconde dans le décryptage de l'intrigue. L'implicite permet aussi de relever « les situations `'anormales» »28 et l'accent dans ce cas est mis sur le personnage du « fou » incarné dans l'oeuvre par Némy :

23 - Vincent Jouve, La Poétique du roman, Paris, Armand Colin, 2001, p. 97.

24- Vincent Jouve, Ibid.., p. 97.

25- Vincent Jouve, Ibid., p. 97.

26- Vincent Jouve, Ibid., p. 97.

« Le statut de la déviance et de la marginalité est également révélateur. Là, explique Pierre Barbéris, se dit toujours quelque chose sur la norme en vigueur et l'idéologie dominante. La figure du marginal doit être analysée dans son discours, son être et son faire. Discours aberrants, êtres inattendus, comportements insolites sont généralement les vecteurs privilégiés d'une parole du texte sur l'Histoire et les valeurs »29.

Enfin, l'analyse s'enrichit des « contestations formelles »30 en ce qui concerne toujours les interprétations de l'implicite. Cette analyse contribue à comprendre le mélange de genres dont l'oeuvre fait l'objet puisqu'elle est une compilation de récits créés, de chants, dix-huit au total, de poèmes, proverbes et légendes. On y retrouve tous les trois registres de langue. Les phrases sont parfois détachées, comme pour traduire le ras-le-bol de l'écrivain face aux énormités dont on accable injustement la tradition africaine, protégeant et vénérant ainsi le véritable bourreau, la tradition occidentale adoptée :

« La question des contestations formelles permet de réintégrer l'analyse de la forme dans l'étude sociologique et, ce faisant, de ne pas négliger la dimension esthétique du texte. Refuser l'illusion psychologique, supprimer la ponctuation, répudier les adjectifs ou déconstruire l'intrigue traditionnelle, c'est s'opposer à une norme qui n'est jamais uniquement esthétique »31.

Le premier signe de contestation formelle se lit dans le genre littéraire de l'oeuvre. Werewere-Liking étiquette son ouvrage comme un « chant-roman » ; ce qui est une pure invention de sa part. Cette inscription qui figure à la première de couverture annonce déjà au lecteur avisé les couleurs contestataires de l'oeuvre. C'est vrai que nous qualifions par moments le texte de roman. Cela pour rester proche de l'orthodoxie.

29- Vincent Jouve, Ibid., p. 100.

L'analyse de l' « oblique »32 n'est pas en reste puisqu'il renvoie aux relais à travers lesquels le récit entretient un rapport avec le réel. On peut citer parmi ces relais « l'idéologie, les discours en vigueur et les institutions »33. Nous examinons par exemple l'influence de la personnalité idéologique et spirituelle de Liking dans l'intrigue et nous comprenons qu'elle est une traditionaliste hors pair, une grande prêtresse initiée comme son personnage principal qui n'est personne d'autre qu'elle-même : le narrateur est intradiégétique et le récit autobiographique.

Le contexte textuel est celui de l'Afrique en général et celui du Cameroun en particulier à cause des dénominations et des faits qui rappellent ces parties du monde34; en raison aussi des précisions faites par Michelle Mielly35, l'auteur de l'Avant-propos :

« Dans La Mémoire amputée, le silence est cultivé comme indice primordial sur l'histoire des femmes africaines : ce roman n'est plus donc un tribut aux femmes de l'entourage immédiat mais un chant pour toutes les femmes africaines qui se sont tues [...]. C'est un Bildungsroman36 basé sur deux drames parallèles : le processus historique de décolonisation au Cameroun et l'évolution d'une jeune femme au sein de cet univers en ébullition » (M.A., 9-13).

La référence à l'histoire la plus ancienne de l'Afrique, à l'Egypte pharaonique et à la cosmogonie africaine est féconde dans ce travail même si l'histoire dite contemporaine retient également notre attention. La mythologie, mieux l'oralité nègre, constitue aussi un grand vivier pour les démonstrations. Etant entendu que le mythe ou la littérature orale porte en son sein les

32 - Vincent Jouve, Ibid., p. 100.

33 - Vincent Jouve, Ibid., p. 100.

34- Halla Njokè, l'appellation de l'héroïne par exemple. Dans le roman comme dans la langue du peuple bassa' a du Cameroun, peuple auquel appartient Werewere-Liking, Njokè qui viendrait de « Njock » signifie « l'éléphant ». Nous y revenons plus loin pour plus de détails.

35- Par moments nous désignons Michelle Mielly par l'expression « le préfacier » parce que son Avant-propos tient lieu de préface.

36- « Roman initiatique, en Allemand » (M.A., 13).

fondements de toute vision culturelle, qu'elle soit familiale, sociale ou même mystico-religieuse.

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