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La gestion du parc automobile de l'état et le déploiement administratif au Togo (1937-1992)

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par Ahogla Egbèssi GBAMEHOSSOU
Université de Lomé (Togo) - Maà®trise en histoire contemporaine 2010
  

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2.2- Perversion dans la gestion des véhicules administratifs dans les années 1990

La mauvaise gestion du parc automobile de l'Etat à partir de 1990, sous entend sa bonne organisation dans la période antérieure. A en croire Y. S. Balakindé, M. Assimiou et A. Awoussa, tout allait pour le mieux dans la gestion des véhicules administratifs avant 1990230. Les procédures et formalités étaient globalement respectées. Dans son mémoire, Balakindé (2000) laissait lire qu'avant l'avènement de la démocratie, les automobiles des pouvoirs publics obéissaient d'une façon générale à un régime de gestion rigoureuse tant au niveau de leur acquisition qu'à celui de leur utilisation, même s'il laissait apparaître que des insuffisances et dérapages isolés étaient constatés.

Ainsi, le Garage central était associé aux opérations d'achat des véhicules sur les budgets des services publics. A l'entrée comme à la sortie, les engins de cette structure destinés aux missions, étaient soumis à un contrôle technique sérieux. Il en était ainsi pour ceux de l'intérieur, dans les préfectures. Il poursuit en martelant que les voitures administratives ne circulaient qu'aux heures de services (7 h 00 à 12 h et 14 h 30 a 17 h 30, exceptionnellement au plus à 12 h 30 et 18 h231. Seules les automobiles de certains services spécialisés comme la santé, la régie pouvaient circuler en dehors de ces horaires, mais avec une autorisation de circuler.

Les exhortations du RPT, parti unique d'alors, à la bonne utilisation des matériels du domaine public, ont aussi contribué à leur bonne gestion en ces périodes.

En effet, en 1978, le troisième Conseil national du RPT disait :

230 Y. S. Balakindé, M. Assimiou et A. Aklesso; entretiens respectifs des 06/ 01; 07/ 05 et 02/ 06/ 2010 dans leurs bureaux au Garage central administratif.

231 Ces propos sont à nuancer car, avant 1990, même si la situation était meilleure, l'utilisation des véhicules de l'Etat connaissait aussi des dérapages. Cela transparaît dans un communiqué daté du 9 novembre 1970 sorti par le ministre de l'économie et du plan dans lequel il « rappelle une dernière fois les prescriptions relatives à l'utilisation des véhicules administratifs » suite au constat fait de leur mauvais usage, circulation « en dehors des heures de service ».

ANT-Lomé, 2 APA Atakpamé-add., parc automobile, retrait de permis de conduire, immatriculation des véhicules administratifs,...,1947-1964.

« Le bon militant doit gérer, en bon père de famille, le matériel mis à sa disposition. L'utilisation des véhicules administratifs devrait être faite avec beaucoup de précaution. Ces véhicules doivent être utilisés à des fins de l'Etat. Aucun véhicule ne doit être utilisé à des fins personnelles ou familiales. Chaque militant doit veiller à la bonne gestion de tout engin (véhicule ou moto) qui lui a été remis. »232.

Les dispositions prises par les différentes institutions impliquées directement ou non dans la gestion du patrimoine automobile administratif ont été globalement respectées (à cause de sanctions appliquées plus ou moins rigoureusement par les autorités compétentes) même s'il existait des dérapages comme souligné précédemment.

Cependant, l'ordre idyllique fut renversé avec le vent de l'Est et la crise sociopolitique à partir de 1990.

C'est une ère de gabegie qui s'ouvrit au parc automobile de l'Etat togolais. Le système de gestion devient désormais défaillant. On assiste à des acquisitions unilatérales des véhicules par des services administratifs sans impliquer le Garage central, seule structure possédant les compétences administratives et techniques de choix et d'immatriculation des véhicules des pouvoirs publics. Ce phénomène prenait de l'ampleur au point qu'une lettre datée du 24 octobre 1992 condamnait l'achat ou la réception des véhicules par des chefs de services publics ou parapublics sans l'aval ou l'association du Garage central233. Par ricochet, cette acquisition irrégulière ouvre la voie à l'immatriculation de ces engins en série ordinaire qui échappent donc à tout contrôle administratif. Sans doute, cette stratégie de banalisation doit son explication dans la volonté d'utiliser les matériels d'intérêt général à des fins privées ou simplement de les détrôner. Or, les numéros banalisés (temporaires) sont exceptionnellement réservés aux services de renseignement pour leurs missions d'urgence et de discrétion. La réglementation en vigueur précisant «...aux agents de l'Etat de se rendre de leur domicile à leurs lieux de travail (et vis versa) par leurs propres moyens ...234» est tombée en désuétude à bien des égards à partir du début des années 1990. Faisant l'objet d'utilisation malhonnête, les véhicules étaient souvent garés aux domiciles de leurs utilisateurs. Les responsables de service conduisent eux mêmes leurs voitures de services au mépris des textes en vigueur qui prévoyaient leur conduite par un chauffeur professionnel du Garage central.

232 Troisième Conseil national du RPT, 1978, p. 4.

233 Il s'agit de la lettre n° 050/ CAB/ MEF/ DGCA du 24 octobre 1992, in Lettre du 3 décembre 1996 du ministre de l'Economie et des Finances, et de la Direction du garage central administratif.

234Cette réglementation est rappelée aux agents du secteur public par le ministre de l'Economie et des Finances, in Balakindé (2000 : 41).

Leur réparation dans les garages privés sans autorisation, le pillage de leurs pièces et des lubrifiants étaient fréquents.

La gestion des matériels roulants routiers des pouvoirs publics était telle que, le ministre de l'Economie et des Finances d'alors, Barry Moussa Barké, dans sa lettre datée du 3 décembre 1996235 regrettait que les mesures de la lettre n° 050/ CAB/ MEF/ DGC du 24 octobre 1992 ne soient pas respectées. Il rappelait à la même occasion que seul le Garage central avait la compétence en matière d'acquisition, d'immatriculation, de gestion technique et comptable du matériel roulant de l'Etat et de ses démembrements.

Peine presque perdue pour les autorités car, cette perversion n'a jamais cessé.

L'impact du PAS sur l'Etat et la société togolaise est indéniable.

Ainsi, la politique de réduction des dépenses qu'il implique a entraîné des licenciements et le gel de recrutement d'agents du secteur public pendant un bon moment. L'élévation du niveau de chômage dans un contexte économique critique a poussé les gens dans la rue au moment où les tenants du multipartisme avaient reçu un bouffé d'oxygène avec la chute du mûr de la honte (mûr de Berlin). Tous les ingrédients étaient au rendez-vous pour les inévitables troubles sociopolitiques entre 1990 et 1993. Ils ont enfoncé le parc automobile de l'Etat, déjà malade du PAS, dans l'abîme. Les véhicules étaient mal gérés et étaient la cible de malhonnêtes citoyens qui en faisaient leurs choses au détriment de l'intérêt général.

Au cours du troisième plan quinquennal et pendant les années 1980, le réseau routier togolais s'était beaucoup amélioré avec le désenclavement effectif de plusieurs régions. Au début des années 1990, il était de 4 700 km. Il s'en était suivi, un essor du parc automobile togolais aussi bien privé (surtout) qu'administratif. Ce dernier, géré par le Garage central, s'était vu freiner dans son élan par les exigences du Programme d'ajustement structurel entrepris par l'Etat sous la pression des bailleurs de Fonds (FMI et BM).

Ainsi, la politique de réduction des dépenses publiques pour corriger les déséquilibres macro-économiques a eu pour corollaire, le rétrécissement de la ligne budgétaire d'achat de véhicules administratifs. Par ricochet, le patrimoine automobile étatique s'était rétréci (4 000 véhicules toutes qualités confondues en 1990). Il s'était détérioré avec les crises

235 On nous a fait lire cette lettre au Garage central administratif, section Reforme.

sociopolitiques qui ont eu cours au Togo dans les années 1990 avec désormais une perversion dans sa gestion.

Dans les années 1980 et surtout 1990, la situation du parc automobile n'a pas été rose. Les services étaient alors limités en moyen de transport automobile. Toutefois, il n'a pas joué un rôle effacé. Ainsi, immatriculés en 1976, les véhicules automobiles, meilleur moyen de transport dont disposent les pouvoirs publics, ont participé au fonctionnement de l'appareil administratif en assurant la mobilité géographique des agents et la circulation des biens de l'Etat. La Présidence d'Eyadema Gnassingbé s'en était servie pour faire tourner sa structure. Ils ont permis aux départements ministériels de satisfaire leurs besoins de déplacement interne et de joindre leurs services extérieurs techniques qui s'en étaient aussi servis pour accomplir les missions qui leur étaient dévolues. Le Ministère de l'Intérieur a aussi fait des automobiles, un moyen de déplacement important pour assurer l'administration territoriale du Togo à travers les tournées et visites de travail qu'il effectuait dans les collectivités secondaires (Régions, circonscriptions et postes administratifs puis préfectures et sous préfectures, et communes) qui en disposaient également pour leur fonctionnement. Ces moyens de transport n'ont jamais été suffisants.

Au terme de cette partie, il s'avère nécessaire de faire le point sur le transport automobile administratif au Togo de la veille de l'indépendance aux débuts des années 1990 marquées par des crises multiformes.

Après une léthargie entre 1958 et 1966, le transport routier en général, connut une relance à partir de 1966 avec les plans quinquennaux. Il a bénéficié de l'amélioration de ses équipements de base. Ainsi, le réseau routier s'est étendu et comptait 7 170 km de routes carrossables en 1976 avec plus de zones désenclavées et ouvertes à la circulation automobile. Il était arrivé à un niveau assez satisfaisant à la veille des années 1990. Cet essor a eu pour corollaire, l'augmentation sensible des véhicules opérant sur le territoire. Contrairement à celui privé, le patrimoine automobile de l'Etat a reçu du plomb dans l'aile à partir des années 1980 dans un contexte économiquement difficile dans le cadre du PAS. Sa situation se compliqua à partir des années 1990 avec les crises sociopolitiques qui ont eu cours au Togo. En 1990, il comprenait seulement 4 000 automobiles toutes qualités confondues. Or, il était en pleine croissance depuis le début des plans quinquennaux.

Gérés par le Garage central, les véhicules de l'Etat ont contribué à tout moment au fonctionnement du système administratif au Togo indépendant. Ainsi, ils avaient favorisé la mobilité des agents et le convoi des matériels aussi bien de l'administration centrale (Primature, Présidence et Ministère) que celle territoriale. Ils avaient beaucoup apporté au transport d'utilité publique dans les différentes unités territoriales (circonscriptions, postes administratifs puis préfectures et sous préfectures à partir de 1981, et communes) et dans les services qui s'y trouvaient. C'est en partie grâce aux véhicules que des liaisons étaient établies entre les pouvoirs publics d'une part et avec les administrés d'autre part, à travers des tournées et visites. Pendant au moins une décennie après l'indépendance, la SGGG a assuré en partie le transport administratif dans les cercles du Nord-Togo.

Toutefois, il faut signaler que la circulation automobile a connu des limites diverses selon les périodes. Ainsi, de la veille de l'indépendance jusqu'à la lisière des années 1980, c'est l'enclavement de certaines zones par faute de réseaux routiers automobilisables qui constituaient un frein à cette circulation. A cela s'ajoute l'insuffisance des véhicules pour satisfaire tous les besoins de transport des services. A partir des années 1980, si la desserte du territoire togolais était assez avancée, c'est plutôt la restriction du parc automobile étatique qui posait plus problème. Elle était due à la politique de réduction des dépenses dans le cadre du PAS et à partir des années 1990, à la mauvaise gestion des véhicules étatiques. Les services ont par ricochet assez souffert de l'insuffisance de moyens de transport. Ces différentes contraintes ont limité la couverture administrative sur le territoire.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein