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Politique de l'enseignement universitaire en République Démocratique du Congo (1947-1993)

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par Aurélie Maketa
Université de Kinshasa - Licence 2011
  

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B. Réforme de 1981

Les forces en présence étant d'accord sur le fait que la réforme de 1971 avait mené à une impasse et qu'il était essentiel de trouver des solutions, la Décision d'Etat n°09/CC/81 du 1er juin 1981 a essayé de corriger le problème de la trop grande centralisation dont les résultats n'ont pas été satisfaisants, en proposant une certaine décentralisation et une autonomie de gestion plus grande pour les différents établissements.

Ainsi, l'UNAZA fut scindée en trois universités d'Etat, à savoir: l'Université de Kinshasa (UNIKIN), l'Université de Kisangani (UNIKIS) et l'Université de Lubumbashi (UNILU). Chacune de ces universités était dotée par la réforme « d'une personnalité juridique et gérée de manière autonome » par le Conseil de l'Université, lui-même dirigé par un recteur. Mais cette « autonomie de gestion» se fait sous la supervision d'un Conseil d'administration commun à toutes les trois universités. A ce niveau, le conseil d'administration était lui-même sous le contrôle supérieur d'un conseil de tutelle140. La raideur administrative que l'on avait déplorée sous la première reforme, et qu'il avait fallu combattre, était toujours présente car là encore, chacun des établissements n'a toujours pas la liberté totale de définir sa politique compte tenu des réalités rencontrées sur le terrain. La centralisation est toujours d'actualité, ce qui fait dire au professeur Ngub'usim que « la réforme de 1981 n'était [...] à plusieurs égards, qu'une restructuration de façade »141 de l'UNAZA, avec toujours à sa tête Mgr Tshibangu, ancien recteur, devenu le président du Conseil d'administration des Universités.

Dans le nouveau système, l'Etat garde toujours son pouvoir de décision et de pression sur les Universités, car c'est à elle que revient le pouvoir de nommer les autorités en présence. L'article 14 de l'ordonnance n°081-142 du 3 octobre 1981 précisait que « le recteur est nommé par le président de la République, [...] parmi les membres du personnel académique ayant rang de professeur ordinaire ». Il faut souligner que dans le nouveau système, le recteur de l'Université peut être comparé au vice-recteur de l'ancien système. On pourrait donc se réjouir du fait que désormais, c'est parmi les

140 TSHIBANGU, T. (Mgr), Op. Cit., p.143-144 : les instituts supérieurs Pédagogiques, et les instituts supérieurs techniques, possédaient aussi leurs conseils d'administration. Ce sont ces trois conseils d'administration qui se retrouvait sous le contrôle du département de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

141NGUB'USIM, R., Op. Cit., p.197

professeurs que l'on retrouve les dirigeants de l'université. Mais l'article précise plus bas que « sans égard aux dispositions de l'alinéa précédent, le Président de la République [pouvait] nommer Recteur tout Zaïrois jugé digne et compétent »142. Il y a donc une régression par rapport à l'ancienne législation. Car, auparavant, légalement du moins, le vice-recteur devait au moins avoir un diplôme de licence. Ici la compétence n'est même plus un critère de sélection des responsables de l'université.

Dans le même temps les problèmes de financement de l'Université persistent et s'aggravent même car l'Etat, principal bailleur de fond de l'enseignement, n'a plus du tout les moyens de sa politique.

A partir de 1975, l'Etat zaïrois traverse une crise économique profonde dû à une mauvaise gestion du pays143. L'Etat, pour survivre et sortir de la crise, se met sous la tutelle des organes de financement internationaux, qui l'astreignent à des mesures drastiques. Il se trouve contraint, pour recevoir cette aide, de faire des coupes importantes dans certains secteurs sociaux. La baisse du budget alloué au secteur de l'éducation en fait partie. Si au départ l'insuffisance du budget du système universitaire est définie comme résultant du désir du pouvoir de mettre les universités à genoux afin de briser la contestation, à ce moment de l'histoire, l'Etat n'a réellement plus les moyens d'investir dans le système éducatif, et donc d'atteindre les objectifs qui sont assignés aux universités.

En 1984, la table ronde sur l'Etat et l'avenir de l'ESU admet qu'il existe « une inadéquation entre, d'une part, les objectifs et les grandes orientations politiques de la Réforme de 1981et d'autre part, les moyens mis en oeuvre pour atteindre ces objectifs et par conséquent, pour réussir la Réforme, moyens qui sont insuffisants, étant donné notamment que leurs prévisions ne sont pas judicieusement articulées. » 144

Cette réforme n'arrive donc pas à réparer les lacunes existant dans l'Université et la dérive du système continue.

142 TSHUND'OLELA, G., « Pour une (re)définition des libertés académiques en République démocratique du Congo » dans Universités et libertés académiques en République démocratique du Congo, Dakar, CODESRIA, 2005, p.114

143NDAYWEL, I., Histoire générale du Congo. De l'héritage ancien à la République Démocratique du Congo, Paris-Bruxelles, Duculot, 1998, pp. : Le Congo connu une certaine croissance à ses débuts grâce à une politique assez heureuse, il y eu la renégociation du contentieux belgo congolais, la réforme monétaire de 1967, et la promulgation en 1969 d'un nouveau code d'investissement. En 1973 eu lieu la zaïrianisation qui donna de nombreuses entreprises à des membres du gouvernement qui ne surent les gérer, cela constitua l'une des premières raisons de la crise.

144 TSHIBANGU, T. (Mgr), Op. Cit., p. 125

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