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Analyse des systèmes de production rizicole et des risques sanitaires y afférents dans la commune de Malanville, Nord Bénin

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par Rostaing Akoha
Université d'Abomey- Calavi (Bénin ) - Ingénieur agronome 2009
  

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2.5. Les travaux sur le riz au Bénin

Partant des nombreux travaux menés sur le riz au Bénin, il ressort que cette spéculation occupe une place importante dans la consommation alimentaire. Autrefois considéré comme aliment de luxe, le riz est aujourd'hui abondamment consommé aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain. En effet, on a estimé de 6 à 20 kg en zone rurale et entre 10 et 30 kg en zone urbaine, la consommation de riz par tête et par an en Afrique (Troudé, 1997 cité par Adégbola et Sodjinou, 2003).

Les projets RIVERTWIN et IMPETUS conduisent depuis 2001 des études sur le fleuve Ouémé, et en particulier au niveau de sa vallée. Ces études sont souvent concentrées sur des données techniques d'hydrologie, de maîtrise et d'utilisation de l'eau en relation avec la production agricole. Ainsi, elles ont montré par des modèles économétriques chronologiques,

qu'il existe dans le temps une corrélation positive entre la pluviométrie et les rendements agricoles obtenus. Dans le cadre de la conduite des ces études, les aspects socio-économiques ont été très peu abordés. Selon la Direction du Génie Rural du Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche, les superficies bénéficiant d'irrigation pour la production agricole ont accru de 25% entre 1995 et 2004. Au Nord-Bénin, plus de 20000 producteurs des Communes de Karimaman et de Malanville ont bénéficié au cours de la même période de systèmes d'irrigation et de renforcement de capacité pour la maîtrise de l'eau en production agricole (DGR, 2005). Mais ces études menées par la direction du Génie Rural ne se sont pas intéressées aux aspects économiques d'utilisation de l'eau pour la production agricole. Or, ces aspects sont très importants pour la conception et la mise en Suvre de projets de promotion de la maîtrise de l'eau pour une production agricole durable. Pour Shiklamanov (1991), moins de 1% des terres cultivables sont irriguées au Bénin. Cette faible performance en maîtrise de l'eau serait due à la moindre importance accordée à l'eau dans les politiques agricoles. Les conséquences en sont que la productivité agricole a diminué, l'offre des produits agricoles a baissé et leurs prix ont augmenté.

Dans son étude sur l'approche participative de gestion de l'eau pour une agriculture durable dans les pays sous-développés, la FAO (1998) a montré que les producteurs qui maîtrisent la gestion de l'eau avaient des revenus supérieurs à ceux qui ne la maîtrisaient pas. Les derniers avaient plus de difficultés à assurer la sécurité alimentaire dans leur ménage.

Dans la région de l'Ouémé supérieur au Bénin, Dagbénonbakin (2003) a montré que l'utilisation de l'eau en production agricole était hautement efficiente dans les systèmes de cultures à fumure minérale et à combinaison de fumures minérale et organique, comparativement à ceux sans fumure minérale ou organique.

Adégbola (1985), a révélé que l'échec constaté de l'intensification de la production rizicole dans le département du Borgou est dû à la non prise en compte du fonctionnement du moulin de Royen.

Les résultats de Houndékon (1996) concernant le Nord-Bénin ont montré, grâce à l'outil d'analyse "Policy Analysis Matrix" (PAM), que la production de riz est rentable dans tous les systèmes et seul le système irrigué permet aux paysans de réaliser le profit le plus élevé à l'hectare dans le cas où le dispositif d'irrigation fonctionnerait correctement. L'auteur, en comparant le riz aux autres cultures de la zone, a montré qu'il est financièrement plus rentable en ce qui concerne le système irrigué et occupe la deuxième place aussi bien dans le système de bas-fonds aménagé que non aménagé. Dans tous les systèmes qu'il a définis, seuls les systèmes irrigués et les systèmes de bas-fonds non aménagés ont un avantage comparatif à

produire le riz pour concurrencer les importations. Mais cette production rizicole est devenue compétitive aussi bien dans les zones de production que les zones de consommation depuis la dévaluation du franc CFA.

Sadou (1996), en étudiant l'économie des systèmes de production de riz dans le département du Borgou (Commune de Malanville), a abouti à la conclusion selon laquelle la production de riz en système irrigué ou en bas-fonds est rentable, mais la production du système de bas-fonds l'est encore plus.

Ahoyo (1996) mène une autre étude avec la même approche d'analyse mais combinée avec la programmation linéaire au Sud. Les conclusions auxquelles cette étude économique des systèmes de production rizicole de la région est parvenue, montrent que la culture du riz est l'activité la plus exigeante en travail et le riz est cultivé pour régler des problèmes de liquidité et de trésorerie de la famille. Les rendements de riz dans les systèmes identifiés par l'auteur sont faibles et la rémunération de la journée de travail agricole est plus faible pour le riz que les autres produits cultivés. Les contraintes essentielles de la culture du riz dans cette région (l'exigence en travail, les rendements faibles, et les prix bas) ne lui confèrent pas une rentabilité pour concurrencer les autres cultures des systèmes de production.

A partir de la modélisation des exploitations agricoles de la zone d'étude à l'aide de la programmation linéaire, il a été constaté que l'amélioration des rendements de riz peut avoir comme impact, l'augmentation de la production et du revenu à condition de diminuer les emblavures des autres spéculations. De plus, une plus grande disponibilité du travail agricole dans l'exploitation provoquerait l'accroissement des superficies de riz et de vivriers alors que celle du coton sera diminuée. L'augmentation du prix au producteur augmentera le revenu familial au niveau du système irrigué. La dévaluation du franc CFA a également amélioré la rentabilité de la production du riz au Sud-Bénin et le pays épargne des devises en substituant le riz importé au riz local dans le cas du système pluvial.

Selon une étude menée par l'INRAB (2000) sur le développement des technologies rizicoles, les rendements ont subi une augmentation et les paysans interviewés ont toujours émis de très bonnes appréciations sur les nouvelles technologies introduites. Adégbola et Sodjinou (2003) dans l'une des plus récentes études, mesurent la compétitivité des systèmes de production du riz au Bénin en utilisant la Matrice d'Analyse de Politique (MAP). Les systèmes ont été identifiés, caractérisés et analysés dans de grandes zones du pays.

- Au Sud, on distingue trois (03) systèmes : la maîtrise totale de l'eau, les bas-fonds non
aménagés et les bas-fonds aménagés. La production du riz est financièrement rentable dans
ces systèmes. L'analyse de l'avantage comparatif révèle que seul le premier système dégage

un profit positif pour la collectivité alors que les deux (02) autres ne possèdent pas un avantage comparatif dans la production pour concurrencer le riz importé.

- Au Centre, cinq systèmes (05) ont été identifiés, et se sont révélés socialement rentables à l'exception du système pluvial strict qui seul ne possède pas d'avantage comparatif à concurrencer le riz importé.

- Au Nord-Est, dix (10) systèmes ont été identifiés contre sept (07) au Nord-Ouest. Dans ces deux (02) régions, seul le système bas-fond non aménagé utilisant la variété traditionnelle ne possède pas un avantage comparatif à concurrencer le riz importé.

Une autre étude concernant l'analyse de filière effectuée par les mêmes auteurs présente la situation du riz depuis la production jusqu'à la consommation. Cette analyse a été effectuée dans chaque zone du pays à travers des systèmes de production définis. Les résultats en ce qui concerne la production montrent que les systèmes de riziculture du Nord-Est sont relativement plus mécanisés que ceux des autres régions. Les indicateurs de rentabilité ont montré que les systèmes de riziculture irriguée sont plus rentables que les autres systèmes. De même, les systèmes du Sud sont plus performants financièrement que ceux des autres régions. Les résultats les moins intéressants sont obtenus dans le Nord-Ouest.

Ces auteurs concluent que la filière riz dégage de façon globale une valeur ajoutée et des résultats d'exploitation positifs. Cela suppose que la filière riz est globalement rentable et donc viable.

Les résultats les plus intéressants sont observés au Sud, ensuite vers le Centre. La région Nord-Ouest donne des résultats négatifs au niveau du producteur. Quant aux producteurs du Nord-est, ils n'obtiennent qu'une très faible partie du total du résultat net d'exploitation généré par toute la filière, contrairement à ceux du Sud et du Centre qui ont une très forte proportion.

Ces études donnent une vision d'ensemble sur l'évolution de la production du riz au plan national. Elles ont identifié les grands systèmes, de même que les sous-systèmes de production du riz rencontrés dans le pays. Elles ont également montré la rentabilité comparée et la compétitivité du riz de chaque type de système dans différentes régions. Elles paraissent de ce fait trop globales et n'abordent pas réellement les spécificités liées aux productions dans chaque système comme par exemple les types de variétés utilisées et la détermination des facteurs qui influencent les rendements obtenus.

Les conséquences sanitaires de la mise en Suvre d'aménagements hydro-agricoles de grande ampleur sont désormais prises en compte par les aménageurs, opérateurs et autres décideurs. Cependant, certains épisodes, certes de grande importance pour la santé des populations, font

peut-être penser un peu à un "déterminisme" inéluctable, et malheureusement négatif, des aménagements hydro-agricoles sur la santé des populations riveraines (Handschumacher et al, 2001). On peut ainsi citer le cas de la vallée du Nil et le développement de la bilharziose qu'elle a connu à la suite de la mise en eau du barrage d'Assouan.

D'après les recherches, le paludisme constitue une contrainte majeure selon 34% des exploitants. De plus, l'implantation de périmètres irrigués à proximité des villages a favorisé la prolifération d'autres maladies notamment les maladies hydriques. Ces résultats concordent avec les remarques faites par Agbossou (2001) qui fait mention des maladies comme le paludisme, les infections gastro-entériques, la bilharziose, les dermatoses, qui sont plus fréquentes dans les milieux humides que sur les plateaux.

Dans une autre étude menée sur un périmètre agricole irrigué, on retrouve le paludisme dans 93,75% des plaintes en matière de santé (Orékan, 1998). Azonhè (2005) quant à lui, aboutit à une conclusion similaire, quand il souligne que les petites retenues d'eau constituent de très bons gîtes larvaires de moustiques.

Victhoekè (2006) en évaluant les impacts socio-économiques et sanitaires de la mise en valeur du bas-fond « Ouantégo » dans la commune de Covè, montre qu'aucune maladie hydrique particulière ne menace ceux qui l'exploitent. Cet état de chose est induit par le port des bottes par les producteurs. Toutefois, ils contractent les maladies liées à l'eau. Par contre Alonzo et al., (1991) dans une recherche parasitologique conduite entre 1982 et 1991 sur 18512 habitants des villages environnants de Zinvié ont révélé que 9554 sujets (soit 50,6 %) sont atteints de parasitoses.

En s'affranchissant des risques sanitaires liés au milieu tropical et en créant des plans d'eau et des canaux d'irrigation à ciel ouvert, les aménageurs ont, non seulement accru les risques de transmission du paludisme par la multiplication des écosystèmes favorables au développement des moustiques mais ont encore favorisé l'implantation d'écosystèmes favorables à la multiplication des mollusques, hôtes du parasite responsable de la bilharziose. Le cas du Sénégal est flagrant et fait ressortir les diverses maladies acquises par les producteurs au fil du temps. En effet, les premiers cas de bilharziose intestinale ont été diagnostiqués à Richard Toll (ville située sur le fleuve Sénégal à une centaine de kilomètres à l'Est de St Louis) en 1988 soit deux (02) ans après la mise en service du barrage de Diama situé à 30 kilomètres au nord-est de Saint Louis au Sénégal. Depuis, la prévalence dans cette ville est passée de 42 % en 1989 à plus de 90 % en 2003 avec une population importante d'enfants touchés par ce fléau. En fait, c'est toute la population riveraine du fleuve (non soumise au régime océanique) qui est atteinte par ce fléau. Dans cette région tropicale du

Nord Sénégal, tous les facteurs sont réunis pour favoriser la transmission de maladies infectieuses et parasitaires : absence d'hygiène, inaccessibilité à l'eau potable, absence de dispositif de traitement des eaux sales, présence de vecteurs tels que moustiques, rats etc.&

Le développement de l'agriculture par irrigation laisse entrevoir à la population une relative autosuffisance alimentaire. Mais force est de constater que parallèlement, ce développement a accru les risques sanitaires en exposant la population à des maladies infectieuses supplémentaires (comme la bilharziose) dont l'impact à déjà des effets contraires sur l'amélioration de la vie des populations.

En effet le paludisme, responsable de la mort de millions de personnes sur le continent africain a une incidence notoire sur son économie. L'impact économique du paludisme se chiffre, d'après l'OMS à 38 % du PNB du continent. Y ajouter l'incidence des maladies dites hydriques comme les bilharzioses et les infections diarrhéiques, ne fait qu'empirer une situation déjà bien précarisée par l'absence de gestion des eaux. (Martegoutte, 2009).

Enfin, des études de rentabilité et d'efficacité ont été menées sur le périmètre rizicole de Malanville. Très peu d'études se sont appesanties sur l~évaluation des facteurs expliquant la variation des rendements du riz d'une part et les déterminants du niveau de risques sanitaires y afférent d'autre part. La présente étude vise à analyser les déterminants des variabilités du rendement selon les divers systèmes d'irrigation dans la commune de Malanville et à définir les facteurs socio-économiques qui influencent le niveau de risque sanitaire lié à la riziculture.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera