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La radiodiffusion au Cameroun de 1941 à  1990

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par Louis Marie ENAMA ATEBA
Université de Yaoundé I (Cameroun) - Master II en Histoire des Relations Internationales 2011
  

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IV-MOTIVATIONS DU CHOIX DU SUJET

Notre passion pour des questions liées à la radiodiffusion résulte de notre entrée dans le cycle supérieur. En tant qu'étudiant en Histoire, nous nous sommes adonné au questionnement sur les mobiles ayant suscité la configuration de la radio nationale. En adoptant l'Histoire des Relations Internationales comme spécialisation, nous avons découvert que la présence coloniale française et britannique a été pour beaucoup dans l'avènement des mutations qui ont entaché l'univers des médias au Cameroun depuis le Deuxième Guerre mondiale. L'objectivité scientifique nous amène à reconnaître que les études supérieures ont canalisé nos opinions en la matière. En guise de précision, nous notons quelques questions que nous nous posions, concernant la radiodiffusion : pourquoi le P.N. de la C.R.T.V. intéresse-t-il peu de Camerounais ? Qu'est-ce qui explique la tendance des radios privées à s'insurger contre les systèmes politiques en place ? Qu'est-ce qui justifie la préférence des intellectuels camerounais pour les radios étrangères ? Ces questions nous ont conduit à aborder le présent travail sous un angle historique.

V-OBJECTIFS DU TRAVAIL

Ce travail a pour but de lever un pan de voile sur l'incidence de la radiodiffusion du Cameroun sur ses structures politiques, économiques et socio-culturelles. Il vise à forger l'opinion sur le rôle joué par la radiodiffusion dans le positionnement international du Cameroun. À travers ce travail, nous ambitionnons de présenter les rapports entre la radio nationale et les pouvoirs publics du Cameroun. L'influence des radios étrangères sur les programmes de la radio nationale sera également la préoccupation de ce travail, de même que les mutations qui y ont eu lieu. Le but de ce travail est aussi de faire connaître l'attitude des populations camerounaises à l'égard de la radio nationale au lendemain de l'indépendance du pays.

Nous envisageons également de faire connaître les mécanismes qui ont suscité l'augmentation du taux d'écoute de la radiodiffusion de la nation, et sa place dans la vie quotidienne des Camerounais. Nous examinerons les approximations relatives à la mainmise des pouvoirs publics sur la radio d'État, ainsi que ses limites liées à la ligne éditoriale, qui contraste avec les missions classiques de la radiodiffusion qui sont d'éduquer, d'informer et de divertir. Nous démontrerons que la vulgarisation de la notion de « liberté » n'a pas suffisamment modifié l'esprit de la radio nationale. Nous projetons de surcroît de dégager le cadre juridique qui régit la radio nationale, et les avancées qu'elle a connues de l'indépendance du pays à l'adoption de la démocratie. Nous entendons dégager le niveau d'application de la déontologie au sein de la radio nationale, faire un bilan objectif sur la radio d'État, et montrer qu'elle a contribué à pérenniser la domination occidentale sur le Cameroun. Les disparités entre les grilles des programmes en français et ceux diffusés en langue anglaise seront aussi abordées dans ce travail. Nous ne pouvons faire l'économie du rôle que la radio jouera dans la promotion de la paix6(*).

Le présent travail est destiné à donner à voir l'évolution de la radiodiffusion du Cameroun entre 1941 et 1990. Il est question de mener une analyse objective sur les circonstances qui ont conduit à la création du P.N. de radiodiffusion camerounaise. Nous nous proposons de démontrer que l'indépendance du Cameroun oriental impliquait l'indépendance de sa radiodiffusion, et que sa réunification avec sa contrée occidentale avait suscité la naissance d'un poste national commun aux deux régions, répondant ainsi de façon directe à l'idéal d'unité prôné par le président Ahmadou Ahidjo. Il est important de souligner que l'E.S.I.J.Y., née au début des années 1970, et qui formait des cadres de la radio nationale, posait, une fois de plus, le problème de la marginalisation des populations anglophones du pays, car elle dispensait une formation exclusivement francophone. D'où le caractère douteux de l'aspect national de la radiodiffusion au Cameroun après l'indépendance ; ses émissions atteignant approximativement la cible (les populations de toute l'étendue du territoire).

Nous nous sommes donné pour devoir de démontrer que les insuccès de nombre de projets de développement du Cameroun résultaient en partie des défaillances de la radio nationale, quant à sa mission éducative et pédagogique, vis-à-vis des populations. Notre travail s'articulera aussi autour de la dynamique de la radio d'État, liée à l'accession au pouvoir du président Paul Biya en 1982, et à l'avènement de la télévision nationale en 1985. Nous mentionnerons l'incidence du multipartisme politique, au début des années 1990, sur la radio nationale ; les recherches menées jusque-là tendant à faire penser à l'augmentation du temps d'antenne consacré à la politique.

* 6 La notion de paix est en effet complexe. La paix renvoie ipso facto à l'absence de guerre. Mais il existe des guerres idéologiques qui relèvent des guerres non violentes et des conflits armés relatifs aux guerres violentes. Si le Cameroun s'est impliqué de manière directe dans la guerre froide, et a connu plusieurs fois des mouvements de revendication, notamment les « villes mortes » de 1991, et que les témoins de première génération de cette période affirment un certain dégoût contre le système en place à cause de sa rigidité exceptionnelle, il est possible d'affirmer sans risque de se tromper que le pays n'a pas été totalement un pays de paix entre 1961 et 1990, même s' il est évident que la durée et l'ampleur des affrontements qui y ont eu cours n'ont été qu'éphémères.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway