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La radiodiffusion au Cameroun de 1941 à  1990

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par Louis Marie ENAMA ATEBA
Université de Yaoundé I (Cameroun) - Master II en Histoire des Relations Internationales 2011
  

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X-DIFFICULTÉS

Ce travail a connu dans ses débuts des difficultés liées à notre immaturité en matière de recherche. En effet, bien que passionné par le thème, nous avons été confronté au problème de consultation des sources. Le thème se rapportant à la radiodiffusion, les documents y relatifs étaient indisponibles dans des centres de documentation spécialisés sur l'Histoire. De ce fait, nous avons consulté des bibliothèques axées sur la communication et le journalisme (l'E.S.S.T.I.C., la C.R.T.V.). Ce qui n'a pas été chose aisée, dans la mesure où nous ne fréquentions pas assez ces milieux, dès notre entrée dans le supérieur. La deuxième difficulté à laquelle nous avons fait face était liée à l'indisponibilité de nos informateurs-clés. Ces derniers sont en effet des cadres à la C.R.T.V. ou au MIN.COM. Certainement, leurs occupations permanentes ne leur ont pas permis de nous recevoir dans les délais impartis. Cela nous a contraint à des pertes de temps.

Au cours de nos recherches, nous avons fait face au refus quasi catégorique de certains informateurs importants de nous accorder des entretiens, certainement en raison de leur souci de protéger leur statut social et de se positionner davantage au niveau professionnel, car notre thème qui s'avère sensible. Il s'agit notamment de certains cadres de la C.R.T.V. et du MIN.COM., sensés avoir un maîtrise approfondie du fonctionnement de la radio nationale et de ses impacts au lendemain de l'indépendance. À la phase finale de ce travail, nous avons été confronté aux ruptures intempestives d'électricité qui suscitaient l'endommagement de nos dispositifs électroniques. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui expliquent le retard avec lequel nous l'avons soumis à l'appréciation de nos encadreurs.

XI-PLAN

Pour rédiger ce travail, nous avons opté pour une approche à la fois chronologique et thématique. Ainsi, nous présentons respectivement : la radiodiffusion au Cameroun avant les indépendances ; l'apport de la radiodiffusion du Cameroun indépendant ; le rayonnement international de cette radio, ses difficultés et ses défis.

CHAPITRE I

LA RADIODIFFUSION AU CAMEROUN AVANT LES INDÉPENDANCES (1941-1959)

L'idée de la création d'une radio au Cameroun était portée par le lobby colonial, influencé par la Deuxième Guerre mondiale. Ainsi, en 1941, la France mit sur pied un poste en ondes courtes à Douala, pour répondre aux nécessités d'information et de propagande dans l'effort de guerre. Mais dès 1946, le Cameroun, en tant que territoire sous tutelle de l'O.N.U., disposait d'une station de radio, ayant vocation à le conduire à l'indépendance et à la réunification, conformément aux revendications des nationalistes de l'U.P.C.

I- NAISSANCE ET ÉVOLUTION DE LA RADIODIFFUSION DU

CAMEROUN

La mise en place d'une radio au Cameroun était la manifestation de l'ambition de la France d'asseoir sa domination sur le pays, et d'en faire une chasse-gardée, d'autant plus que le contexte international, caractérisé par la Deuxième Guerre mondiale, s'y prêtait.

I.1. LA NÉCESSITÉ D'UN POSTE ÉMETTEUR AU CAMEROUN

En 1919, La Conférence de paix de Versailles, créant la S.D.N., fait du Cameroun, un territoire sous mandat. La S.D.N. reçoit pour mission de favoriser l'évolution du Cameroun. Elle adopte comme pays mandataires la France et l'Angleterre. Vu son échec dans sa mission de maintien de la paix mondiale, la S.D.N. est remplacée par l'O.N.U. Le Cameroun devient alors un territoire sous tutelle de l'O.N.U. Ainsi, il a un statut particulier, par rapport aux autres possessions territoriales. Aussi était-il nécessaire pour le Cameroun d'avoir un poste de radiodiffusion propre.

I.1.1. La justification : l'inexistence au Cameroun d'un système de radiodiffusion propre

En Afrique, les premières stations de radiodiffusion ont fait leur apparition vers les années 1940. La première station de radio à émettre au Cameroun fut Radio-Douala, en 1941. Son importance pour les puissances administrantes, la France et l'Angleterre, n'était plus à démontrer.

De 1941 à 1943, un poste en ondes courtes, installé à Douala, répondait aux nécessités d'information et de propagande dans l'effort de guerre de la France libre. Le Cameroun ne disposait jusqu'en 1947 d'aucun moyen de radiodiffusion propre. Léonard Israël Sah le souligne avec pertinence, en ces termes : « la radio avait été introduite au Cameroun par la colonisation française au début des années 1940. L'objectif de la France était, dans ce projet, de répondre à ses nécessités de guerre, car elle était en proie à des attaques militaires des Nazi »19(*). Les populations camerounaises écoutaient le poste émetteur de Radio-Brazzaville ou les postes locaux du Nigéria britannique. Le Cameroun ne comptait d'ailleurs en 1947 qu'un millier de récepteurs, majoritairement européens. Cette situation parut anormale en 1947.

Placé sous la tutelle de l'O.N.U., le Cameroun pouvait s'affirmer au niveau international. La nécessité de cette affirmation internationale avait conduit à la création d'un poste de radiodiffusion conforme au statut du pays. Dans cet esprit, dès 1947, le gouvernement local avait décidé de créer, au Cameroun, une station de radiodiffusion, au moment où le MIN.F.O.M. se proposait d'y installer, à délai bref, un émetteur d'un kW en ondes courtes. Le statut particulier de ce pays avait suscité l'établissement d'un régime nouveau devant concrétiser son association à la France métropolitaine. Le gouvernement local avait alors envisagé une société anonyme, dont les actions devaient être réparties entre le territoire du Cameroun et la France libre. Les actions attribuées à la France devaient être gérées par une société d'État, à savoir la SO.FI.RAD., et devaient représenter des apports en matériels. Le Conseil d'Administration devait comprendre des représentants français et africains du Cameroun, et des représentants de la France (SO.FI.RAD. et MIN.F.O.M.). Le Haut-Commissaire devait avoir des pouvoirs de contrôle sur le poste, le Département en conservant la surveillance technique. Dans ce projet, la société devait recevoir du Cameroun la concession exclusive de la radiodiffusion au sein du territoire. Ses dépenses d'exploitation devaient être couvertes par une dette radiophonique complétée par une subvention locale. Pour permettre la constitution de la société, le matériel issu du MIN.F.O.M. devait être concédé à la SO.FI.RAD., par contrat entre celle-ci et l'État. Ce projet est resté lettre morte. En juillet 1947, le Haut-Commissaire chargea une commission d'examiner les conditions dans lesquelles pourrait être immédiatement organisé « un service d'émissions radiophoniques susceptibles d'intéresser et de toucher les masses africaines.»20(*)

Après la Première Guerre mondiale, et la Conférence de paix de Versailles, tenue le 28 juin 1919, la S.D.N. place le Cameroun sous mandat français et britannique. Les puissances mandataires ont des obligations multiples : faire disparaître l'esclavage et, en particulier la traite ; ne procéder au travail forcé que pour des ouvrages publics essentiels ; exercer un contrôle rigoureux sur le trafic des armes et des munitions de guerre, ainsi que sur les spiritueux et des boissons alcooliques ; limiter le service militaire des autochtones aux seuls besoins intérieurs du territoire; garantir la liberté de conscience et de culte ; tenir compte des coutumes indigènes dans les transferts des propriétés foncières. En décembre 1946, le Cameroun reçoit un statut de tutelle qui le place en dehors de la République française et oblige celle-ci d'en accélérer le progrès politique.

I.1.2. La propagande dans l'effort de guerre aux côtés de la France et de l'Angleterre

Au début de la Deuxième Guerre mondiale, la France est affaiblie. Le gouvernement de la France libre mobilise son empire colonial. Le 18 juin 1940, le Général de Gaulle lance un appel à l'effort de guerre à la B.B.C. En plus, pour la France, il est question de rompre le mouvement germanophile qui se profile dans les anciens territoires allemands.

Suite aux défaites répétées de la France, face à l'ennemi nazi, le Général de Gaulle fait appel à son empire colonial. L'Empire colonial anglais, tout comme celui français, répond favorablement à l'appel du Général de Gaulle. Par le truchement de la radio, les messages relatifs à la guerre parviennent aux administrateurs coloniaux. Quelques indigènes instruits et quelques ressortissants européens, disposant d'un poste récepteur, peuvent accéder aux informations de la métropole, avant leur transmission, en tant que de besoin, au reste de la population. Ainsi, les soldats camerounais sont embauchés, pour participer à la guerre, aux côtés des Alliés. Des provisions sont prévues, à la demande du gouvernement métropolitain, pour alimenter les soldats en guerre.

En bref, la radiodiffusion du Cameroun, en tant que moyen de transmission rapide des informations de guerre, avait servi à la mobilisation des indigènes, au travers du profond travail de sensibilisation mené par l'administration coloniale, dans le sens du renforcement de la force anti-nazie.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l'Allemagne vaincue se voit retirer toutes ses possessions territoriales. Elle est sommée de payer de lourdes réparations, car accusée d'incitation à la guerre. Ces décisions sont prises durant la conférence de paix de Versailles de 1919, en l'absence de l'Allemagne. Ainsi, un esprit de rancoeur s'installe chez les Allemands. La crise économique mondiale de 1929 accentue cette rancoeur allemande, dans la mesure où elle facilite l'accès au pouvoir du radical Hitler, qui promet aux Allemands le renversement de la tendance. L'Allemagne entame un processus de regermanisation de ses anciens territoires. Elle encourage des regroupements des Camerounais autour de l'idéal de réunification, car le pays, après l'implantation des Français et des Anglais, avait été divisé : ce fut le mouvement germanophile, celui des personnes d'origine locale ou non, souhaitant le retour au « Kamerun » allemand. Mais la France entend préserver les acquis afin de consolider sa puissance. L'un de ses défis majeurs est alors de compromettre toute idée de regermanisation du Cameroun. Moyen de communication orale moderne, le plus accessible aux indigènes, la radio devait permettre à la France de combattre le retour au Cameroun allemand.

* 19 Léonard Israël Sah, 58 ans, enseignant d'Histoire, Université de Yaoundé I, Yaoundé, 19 avril 2009.

* 20 ANY, 1.AC.623, Radio-Stations, équipement de la station radio de Maroua, Garoua, Ngaoundéré, Batouri et Yaoundé, 1947, pp.13-15.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway