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L'impact de l'état du lieu théàątral sur la pratique et la consommation du théàątre au Cameroun: le cas de Yaoundé

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par Cyril Juvenil ASSOMO
Université de Yaoundé 1  - Master 2014
  

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I.3. Vers un dogme définitoire des concepts

Afin de désigner l' « espace textuel »72(*), la salle, et les espaces de la représentation, il semble utile de classer tous les espaces fictifs sous l'appellation d' « espace... ». Ainsi, l'espace dramatique désignera l'espace fictionnel du texte théâtral, c'est-à-dire celui pouvant être déduit des didascalies intra et extra-diégétiques. L'espace théâtral représentera quant à lui l'aire de la représentation qui est constituée principalement de la salle avec ses regardés et ses regardants. Enfin, l'espace scénique devra être appréhendé comme toute la partie de la salle que foulent ou qu'est censée fouler les comédiens lors de la représentation.

Quant à ce qui concerne les termes à « lieu... », ils désigneront tout simplement les cadres physiques, les conteneurs d'espaces. Le lieu théâtral est le conteneur de l'espace théâtral et par ricochet de l'espace scénique, tandis que le lieu scénique est le conteneur de l'espace scénique. En d'autres termes, le lieu théâtral et le lieu scénique représentent respectivement la salle et le plateau de scène. La scène pouvant être une plate-forme bien délimitée ou alors aller au delà de cette plate-forme pour envahir la salle. La salle de théâtre est donc l'hyper-espace du théâtre. Un hyper-espace qui connaît des mutations perpétuelles depuis plusieurs millénaires.

II. Genèse et évolution du lieu théâtral

II.1. Genèse du lieu théâtral

Les premiers lieux théâtraux sont nés en Grèce, pays où le fait théâtral tire officiellement ses origines au Ve siècle avant Jésus Christ. La genèse du lieu théâtral est intimement liée à la tragédie antique et à son développement ; car si les racines de cette dernière puisent dans les cultes dionysiaques organisés notamment à Athènes, il en est de même pour le lieu théâtral.

En effet, Rush Rehm dans son ouvrage intitulé Greek tragic theatre73(*) illustre à travers un chapitre consacré au théâtre de Dionysos, la naissance et le développement de l'édifice théâtral à la grecque. Ainsi, au centre de l'agora qui était le coeur administratif et commercial de la ville, des hommes avaient coutume de former un cercle et d'entonner des chants dithyrambiques destinés au dieu Dionysos. Mais au fil du temps, à cause des contraintes urbaines liées à l'expansion démographique de la cité, ce choeur se voit obligé d'investir le flanc de montagne situé à l'extérieur de la ville. Ce flanc de montagne offrait déjà un cadre spatial vaste, ainsi qu'une courbe naturelle permettant d'abriter d'éventuels spectateurs, une sorte de préconfiguration du théâtre grec tel que connu à ce jour. Les constructions définitives du théâtre grec ne viendront donc que s'adapter à ce paysage naturel qu'offraient ces espaces. Premièrement espace vides, ces lieux théâtraux abriteront par la suite des gradins et des lieux scéniques en bois, puis dans leur ultime stade d'évolution comme l'illustre le théâtre d'Epidaure, le lieu théâtral grec sera bâti en pierre. Rehm situe ainsi le quatrième ou le troisième siècle avant Jésus Christ comme étant la période de l'aboutissement de l'architecture théâtrale grecque : « the form of the greek theatre, including the orchestra, did not become standardized until relatively late, probably under the influence of the theatre at Epidauros (with the first bone fide circular dancing place), built in the late fourth/third century »74(*).

Le lieu théâtral grec est donc l'ancêtre de l'architecture théâtral telle qu'elle s'est développée en occident et ailleurs75(*) au fil des siècles. Cette enceinte dans laquelle se représentent les mythes et les travers de la société, se présente sous la forme d'un grand espace semi-circulaire et élevé, constitué de trois principales entités que sont : Les gradins, l'orchestra et le proscenium. Les gradins de pierre (koilon) forment un hémicycle élevé, adossé au flanc d'une montagne, et pouvant accueillir des dizaines de milliers de spectateurs. Au pied de l'hémicycle se trouvent les deux principaux espaces de jeu. Il s'agit dans un premier temps de l'orchestra, qui est un espace circulaire réservé au choeur qui chante, danse et rythme le drame tragique ou comique. Au milieu de l'orchestra se trouve toujours l'autel de Dionysos (thymélé) qui démontre à suffisance le caractère religieux du lieu théâtral grec. L'orchestra est suivi du proscenium qui est la scène sur laquelle jouent les trois comédiens de la tragédie grecque. Les passages réservés à l'entrée du choeur (parodos) se trouvent généralement des deux côtés du proscénium. Derrière la scène, se dresse enfin un mur de scène (skéné) serti de trois portes d'un bout à l'autre, et représentant généralement la façade d'un palais. Le mur de scène permet de cacher les comédiens de la vue du public lors des changements de costumes, et fait également office de régie technique76(*). Le théâtre grec apparaît ainsi comme un édifice simple, mais dont la forme et l'emplacement géographique offrent une visibilité et une acoustique parfaites aux spectateurs77(*). C'est ce théâtre dont les vestiges ont survécu aux affres du temps qui constitue le point de départ de l'évolution du lieu théâtral en occident, évolution qui se repartit en grandes périodes.

* 72 Espace à ne pas confondre avec l'espace textuel de PAVIS.

* 73 Rush REHM, Greek tragic theatre, London-New-York, Routledge, 1994.

* 74 Rush REHM, Ibid., p.33.

* 75 On peut toutefois émettre des réserves pour ce qui est du théâtre asiatique.

* 76 Derrière la Skéné peut jaillir l'ékkykléma machine roulante servant à montrer les scènes qui se déroulent à l'intérieur du palais. Et au dessus, la deus ex machina permet d'élever un acteur pour symboliser l'apparition d'un dieu.

* 77 Cf. Annexe V, photos1 et 2, p.163.

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