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Stratégies indigènes d'adaptation aux changements climatiques: cas des populations autochtones et communautés locales autour du parc national de boumba bek, est cameroun

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par Lionel Constantin FOSSO
Université de Dschang, Cameroun - Master recherche II en Gestion de l'Environnement 2014
  

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4.4.1.1 Diversification plus élevée des cultures au sein de la même parcelle (Polyculture)

Les changements climatiques ayant affecté considérablement la résistance des plantes à certaines maladies, affectant ainsi la production, les PACL ont trouvé bon pour ne pas perdre leur productivité d'associer plusieurs plantes dans la même parcelle (polyculture). Cette association ayant non seulement pour objectif de diminuer la susceptibilité des plantes, mais aussi de multiplier la qualité des plants dans le champ de sorte que, si une des plantes présente dans les champs succombe aux variations dues aux changements climatiques, une autre pourrait résister, et ainsi, l'objectif de production des denrées agricoles sera atteint. La polyculture est une tradition chez les Bantous, et elle est adoptée par les Bakas comme stratégie pour s'adapter aux perturbations climatiques. Il est à relever que cette polyculture va de manière croissante, car des observations faites permettent de remarquer une augmentation de la diversité des cultures au sein de la même parcelle, d'où cela pourrait être considéré comme stratégie d'adaptation. Les photos suivantes présentent des champs en polyculture mis en place par les PACL.

Figure 23 : Champs en Polyculture des PACL (champ Nkounabembe et plantation Baka)

Figure 24 : Polycultures mixtes

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Il ressort de ces figures que les PACL associent les cultures vivrières nécessaires pour leur alimentation aux cultures annuelles, et parfois aux cultures pérennes lorsqu'il s'agit de polyculture et agroforesterie. Cette pratique se fait au sein de toutes les Ethnies, qui perçoivent les effets des changements climatiques sur leurs activités agricoles. De nouvelles cultures telles que le Mais ont été introduites dans les cultures vivrières dans les années récentes.

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4.4.1.2 Système de prédiction traditionnel du début et de la fin des saisons de pluies

Les Bakas et les Mvong Mvong ont cité le repérage du début effectif de la saison des pluies à partir du début de l'apparition des chenilles comestibles à tête noire, comme une stratégie d'adaptation à l'irrégularité des pluies. Les chenilles comestibles à tête noire apparaissent très régulièrement deux semaines avant que les pluies ne deviennent abondantes. S'il arrive qu'une pluie tombe au cours d'une période de l'année et que sur les feuilles des arbres (Sapeli, Ayous, Fraké...) les chenilles comestibles à tête noire n'ont pas encore commencé à proliférer, les PACL identifient cette pluie comme fausse pluie. Ce n'est que lorsque les chenilles commencent à proliférer sur les feuilles des arbres (saison des chenilles à tête noire) qu'ils repèrent l'arrivée d'une abondance des pluies qui se fait exactement deux semaines après le début de la saison des chenilles à tête noire. L'arrivée des pluies marque la fin de la saison des chenilles qui dure exactement deux semaines selon les PACL. La figure 25 présente les chenilles comestibles vivantes récoltées par les PACL et le tableau 21 donne la liste des essences sur lesquelles ces chenilles à tête noire prolifèrent.

Tableau 21: Liste des arbres à chenilles comestibles

Nom commun Nom Scientifique Nom Vernaculaire

Sapeli Entandrophragma cylindricum HEKOUT

Ayous Triplochiton scleroxylon MVOKOUT

Fraké Terminalia superba MEMVOUT

Figure 25: Chenilles comestibles qui annoncent le début effectif de la saison des pluies

Ces chenilles comestibles ne prolifèrent que sur les feuilles de certaines essences forestières ci-dessus citées, qui sont abattues lors de la récolte des chenilles par les pygmées et les Mvong mvong. L'abatage de ces essences forestières par les PACL pour la récolte des

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chenilles met en péril le potentiel de régénération d'où la menace qui pèse sur ces repères traditionnels. Si l'exploitation anarchique entraine la disparition de ces essences, cela entrainerait la perte de ce savoir traditionnel tant bien important pour les PACL. La filière Chenille comestible est aussi une importantes source de revenus pour les PACL car une cuvette de chenilles peut coûter jusqu'à 25 000 FCFA, et une communauté en récolterait plusieurs dizaines de cuvettes par saison.

Le repérage de la fin effective des pluies se fait aussi à partir des indicateurs naturels tels que l'apparition des fourmis, des termites, des criquets et sauterelles, ainsi que des libellules en bordure des cours d'eau et des papillons. Ces types de repères permettent aux PACL d'identifier les périodes propices pour leurs activités agricoles, afin d'éviter de semer très tôt ou de récolter trop tard et de perdre des semences ou des récoltes.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe