WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les clauses de recours à  l'arbitrage dans les traités bilatéraux d'investissement liant la France et les pays d'Afrique francophone

( Télécharger le fichier original )
par Adèle Daudré-Vignier
Université Paris Sud 11 - Sceaux - Master 1 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2. Les limites liées au fonctionnement même de l'arbitrage comme mode de règlement des différends

L'investissement direct étranger est considéré comme un outil déterminant de l'essor des pays en développement et du soutien de la croissance économique des pays développés. Les Etats, pour attirer les investisseurs étrangers, ont donc adopté des politiques de promotion et de protection des investissements étrangers. Dans les traités bilatéraux de protection et de promotion des investissements, l'arbitrage est souvent prévu comme étant le mode de règlement des différends. Cependant, dans la pratique, il est apparu que ce mode de règlement des différends comporte des limites de divers ordres : il lui est reproché d'être rendu en faveur des investisseurs étrangers, et de manquer de caractère démocratique.

a. Un arbitrage rendu en faveur des investisseurs étrangers

Le corps de ces traités bilatéraux vise la protection et la promotion des investissements des parties privées sur le territoire d'un Etat hôte, autre que l'Etat dont il a la nationalité. Ces traités ont donc pour objectif la protection d'un seul, l'investisseur. C'est l'essence même du traité. Un certain nombre d'obligations standard sont à la charge des Etats signataires. Ces obligations figurent dans les traités et ont été énumérées précédemment. A ceci s'ajoute un accès facile et direct à l'arbitrage international.

Cependant, lorsqu'un différend survient et que le recours à l'arbitrage est engagé, les parties se retrouvent, en principe, sur un pied d'égalité. L'arbitre doit statuer sur le différend relatif au respect des dispositions du traité, et sur ces seules dispositions. Mais l'arbitrage permet ici de

32

juger la responsabilité de l'Etat en dehors de son ordre juridique. Et ce droit substantiel appliqué lors de l'arbitrage international n'est constitué que par les engagements pris par l'Etat dans l'accord. Ce droit est donc nécessairement en faveur des investisseurs étrangers. L'analyse du Tribunal porte exclusivement sur la possible violation par l'Etat hôte des obligations issues des dispositions du traité. Il existe donc un déséquilibre entre la relation existant entre l'Etat hôte et l'investisseur et le fait que la responsabilité du seul Etat hôte puisse être engagée. Le déséquilibre porte sur l'aspect unilatéral de cette relation.

b. La mise en cause du contenu démocratique du mécanisme d'arbitrage.

Le contenu démocratique du mécanisme d'arbitrage a provoqué une vive inquiétude chez certaines figures politiques. Axelle Lemaire, secrétaire nationale du Parti socialiste aux droits de l'Homme et secrétaire d'Etat chargée du Numérique a ainsi mis en doute la légitimité du rôle dévolu aux arbitres. Selon elle « Il est demandé à des personnes privées, sans légitimité démocratique aucune, de se prononcer sur des mesures de politique nationale prises à l'instigation de gouvernement démocratiquement élus (...) En outre, il est reproché aux arbitres de ne manifester qu'un intérêt très relatif pour les politiques publiques menées par les Etats, favorisant ainsi, intentionnellement ou non, les intérêts des investissements privés È55. Pour certains, il s'agit là d'une faille poussant à l'abus de droit des investisseurs étrangers, mais, si la bonne foi des investisseurs ne peut pas être remise en cause aussi aisément, on peut tout de même considérer que cette remarque soulève la véritable question de l'impartialité des juges dans les sentences arbitrales. Le système traduit en effet le manque d'intérêt réel de l'arbitre pour la situation de l'Etat hôte, alors pourtant que ce dernier existe pour la situation de l'investisseur.

Ainsi, l'arbitrage peut présenter des limites liées à la fois à d'éventuelles pratiques abusives de l'auteur de l'ouverture de la procédure, et à son fonctionnement. Les solutions semblent trop souvent être rendues en faveur des investisseurs et, même si tel n'est pas le cas, c'est sa situation, et elle seule qui est protégée. Ce recours, pourtant formé sur un accord réciproque présente des effets unilatéraux. Les sentences arbitrales n'étant que peu souvent publiées, il est difficile d'illustrer ce propos, cependant, les vives critiques formulées par les auteurs sur le sujet rendent indéniables les limites de cette procédure.

55 Axelle Lemaire, Le nouveau visage de l'arbitrage entre Etat et investisseur étranger : Le Chapitre 11 de l'Alena, in Revue de l'arbitrage, Paris, n°1, 2001, pp. 70 à 81.

33

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle