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Cooperation transfrontaliere entre le Cameroun et la Guinee equatoriale

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par Eric Bertrand BELINGA
Universite de yaounde II=Soa, Institut Des Relations Internationales Du Cameroun - Master 2 2013
  

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b. L'action de la diplomatie des autorités administratives et traditionnelles locales dans les zones transfrontalières

Du fait de la multiplication des incidents entre populations riveraines de certains fragments frontaliers d'une part et de l'éloignement de ces zones par rapport aux centres de décision d'autre part, les deux gouvernements ont délégué le pouvoir de règlement des conflits mineurs aux autorités administratives et traditionnelles locales92(*). Ceci a l'avantage d'accélérer les procédures en gagnant en coût et en efficacité, dans la mesure où ces responsables locaux se côtoient au quotidien. C'est ainsi que au niveau de la région des deux frontières, il est possible de distinguer la diplomatie des autorités administratives et la diplomatie des autorités traditionnelles.

· La diplomatie des autorités administratives locales

De manière générale, dans la lignée d'une politique transfrontalière les représentants de l'Etat veillent à entretenir des relations de bon voisinage avec leurs homologues de l'autre coté de la frontière. Ces velléités des concertations entre représentants étatiques peuvent transparaitre au travers de conventions officielles, mais aussi sur le terrain. Sur ce dernier point, l'action menée par les représentants étatiques locaux est primordiale du fait notamment des affinités éventuelles nouées de part et d'autre de la frontière entre agents de l'Etat.

En effet, le partage d'une population commune contribue à instaurer de bon rapport entre les autorités de part et d'autre de la région des deux frontières. Ceci s'explique par le fait que ces derniers sont souvent appelés à collaborer afin de régler certains litiges liés au passage des frontières. Dans ce sens, les autorités installées de part et d'autre de la région des deux frontières entretiennent des rapports cordiaux, qui se développent pour la plupart dans un cadre informel. C'est ainsi que le préfet de la vallée du Ntem à Ambam au Cameroun estime que, son homologue d'Ebebeyin en Guinée Equatoriale « est un ami et frère93(*) ». Ces rapports se développent généralement dans un cadre informel tel les visites de courtoisie, les appels téléphoniques, la participation aux fêtes nationales des différents Etats, les rencontres amicales. Dans le cadre de ces relations informelles ou spontanées, ces autorités sont souvent appelées à résoudre des litiges qui concernent leurs populations respectives. Il s'agit par exemples des questions liées à la sécurité de leurs différentes localités, telles que les agressions, les vols à mains armées et même des conflits mineurs qui opposent leurs différentes populations. Ces questions, qui ont une portée mineure pour les Etats, peuvent être résolues par le biais d'entente tacite ou d'arrangements passés entre les autorités de part et d'autre des frontières.

· La diplomatie des autorités traditionnelles locales

Si la contrainte de la frontière limite les zones de compétence et d'intervention des corps de contrôle, elle peut être franchie plus facilement par les autorités coutumières, dont l'influence s'exerce la plupart du temps indifféremment de part et d'autre de la frontière. C'est ainsi que le pouvoir de Madame le chef de village de Kyé-Ossi est bien circonscrit : en vertu du droit coutumier, elle octroie aux nouveaux venus la permission de s'établir sur les terrains vacants du village et elle dénoue les petits litiges locaux. Par ailleurs, elle joue un rôle de médiation entre les habitants de Kyé-Ossi et les autorités communales. Elle fut notamment la porte parole de l'attribution des boutiques du nouveau marché de Kyé-Ossi pour discuter avec le Maire du projet de déménagement du marché de Komban et du mode d'attribution des lots communaux sur le nouveau site. Elle apparait de ce fait comme un partenaire incontournable aussi bien pour les commerçants que les autorités municipales et les agents de l'Etat. Elle s'investit aussi dans la gestion des litiges familiaux en collaboration avec ses vis-à-vis du coté équato-guinéen. C'est à ce titre qu'elle se présente comme un acteur du jeu diplomatique dans cette zone transfrontalière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale.

Tout comme les relations entre les autorités administratives, la coopération transfrontalière entre les autorités coutumières de la zone transfrontalière, touche pour la plupart à la gestion des litiges qui opposent leurs différents administrés. C'est dans ce sens que le chef de village de Kyé-Ossi fait état des « très bonnes relations » qu'elle entretient avec son homologue d'Ebebekyoa en Guinée Equatoriale. Elle souligne à cet égard qu'ils travaillent en étroite collaboration pour résoudre les problèmes entre leurs différents administrés, litiges qui ont généralement «  un caractère familial » du fait de l'existence des mêmes familles de part et d'autre de la frontière. Ceci, selon elle afin de régler ses problèmes sans faire intervenir les autorités administratives.

Au total, il convient de souligner que l'ensemble de ces initiatives spontanées de coopération sont complémentaires. En effet, elles participent toutes de la stabilité et du développement socio-économique de la région des deux frontières car, elles contribuent à faciliter la circulation des personnes de part et d'autre des frontières et partant, renforcent l'intégration socio-économique de ces deux territoires d'Afrique centrale.

Dans le contexte actuel de construction communautaire entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale, la coopération transfrontalière constitue un facteur de rapprochement non seulement entre les populations mais aussi entre ces deux Etats au niveau de la zone frontalière du fait des contacts qu'elle induit. Ainsi, la coopération transfrontalière apparait comme un élément qui favorise le développement des échanges transfrontaliers ainsi que l'établissement des relations pacifiques entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale dans les zones frontalières, lesquelles relations sont régies par divers instruments juridiques.

Ces différentes rencontres au sommet entre les deux diplomaties, ont permis aux deux Etats, la création et la mise en oeuvre d'un cadre d'évaluation bilatéral de leurs relations multiformes.

* 92 ONANA Mfegué, A, le Cameroun et ses frontières, une dynamique géopolitique complexe, Paris, L'Harmattan, 2004.

* 93 Propos recueilli au cours d'un entretien avec M. le Sous-préfet de Kyé ossi, réalisé par nous même le 05 Novembre 2012, à la Sous- préfecture de Kyé-ossi au Cameroun.

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