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La production littéraire tchadienne écrite d'expression française : essai d'analyse sociologique.

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par Robert MAMADI
Université de Ngaoundéré - Master ès Letrres 2010
  

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3. L'ère de la démocratisation : La quatrième République

Sous la menace d'Idriss Déby, chef militaire ressortissant du Nord, H. Habré est aux abois. Le 1erdécembre 1990, il quitte le pouvoir alors que les troupes débyiennes sont fortement installées à 700 Km au Nord de la capitale, N'Djaména. Des groupes ethniques et militaires ont profité de la crise sociale du moment pour gonfler les rangs des mécontents de son régime. En ce dernier décembre du règne de Habré, plusieurs observations ont attesté que beaucoup de militaires ont refusé de combattre. Leur solde n'a pas été versée pendant longtemps.

3.1 Déby et la prise du pouvoir en 1990

La fin du régime d'Hissène Habré fut le produit de plusieurs facteurs. D'abord, les relations du président tchadien avec la France se détériorèrent en 1990. Il faut se souvenir de l'attitude de Habré lors du sommet franco-africain, tenu à La Baule. Il s'opposait alors durement au Président Mitterrand sur la question de la démocratisation, avec une agressivité et une aigreur peu commune : H. Habré a refusé le néocolonialisme qui se cache derrière l'imposition de la démocratie. Enfin, il refuse les recommandations de la Conférence des Chefs d'État de France et d'Afrique, tenue en juin 1990. En bon dictateur il n'a pu accepter ce que le président Français Mitterrand prêche comme nouvelle philosophie. Mitterrand prônait la démocratie avec un schéma tout prêt : système représentatif, multipartisme, liberté de la presse, indépendance de la magistrature, refus de la censure, etc.

Cette attitude intransigeante réveilla des très mauvais souvenirs sur les actes criminels du président tchadien avant et après son accession au pouvoir et sur les multiples humiliations qu'il avait fait subir aux troupes françaises du dispositif Épervier, pourtant ses alliées. Idriss Déby, chef rebelle et ancien collaborateur de H. Habré, ayant déjà des partisans au sein de l'armée nationale (il avait fait l'École de guerre à Paris en 1985-1986) et des services de renseignements, part favoris. Il lance la marche sur N'Djaména et occupe le fauteuil présidentiel le 1er décembre avec la « bénédiction » de la France.

3.2 La critique des moeurs politiques débyiennes

Déby, bien qu'ayant participé au gouvernement de Habré, s'est fait sauveur. Il proclame la liberté d'expression et d'association, dissout la police politique et autorise le multipartisme. Varsia fait allusion aux services de renseignements qui ressemblent fort bien à la DDS de H. Habré, à la répression dans le sang, de la guerre, à la répartition ethnico-

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religieuse des places à la fonction publique et à la gestion dictatoriale du multipartisme. La relation Tchad-Libye a inquiété plus d'un. À peine arrivé au pouvoir, Déby libère neuf cents prisonniers libyens et reçoit la visite de plusieurs missionnaires et investisseurs libyens.

Deux ans après la prise du pouvoir, les institutions politiques ne sont pas remises en place et aucun forum n'a été prévu pour un débat franc et sincère entre les fils du pays. La liberté de presse et d'expression n'est pas effectuée et matérialisée. Alors qu'à l'occasion de son premier discours, Déby disait : « je ne vous apporte ni or, ni argent, mais la liberté ! » (Masra et Béral, 2008 : 77-78). Cette liberté devient problématique selon les défenseurs de droits de l'homme qui estiment qu'une année après ce discours la grève des étudiants a été sévèrement interdite et sanctionnée.

Plusieurs écrivains à l'instar de Masra et Béral dénoncent la fusion Zaghawa-Goranes au service d'une satisfaction matérialiste égoïste : « ce fut comme si sur le pays, s'était soudainement abattue une tribu de matérialistes obsédés, particulièrement passionnés de motos ! » (Masra et Béral, 2008 : 79). À la tombée de la nuit, des hommes en tenues abattent les motards pour un engin. Amusant, Béral pense qu'au lieu de donner la liberté, les tenants du régime sont venus, sans or, ni argent, prendre le peu d'argent dont disposerait le peuple. Ce point de vue est discutable.

Sur le plan politique, les chefs des partis à l'opposition réfléchissent beaucoup plus aux postes ministériels à la solde débyienne. Ainsi, ils ne peuvent pas opposer une lutte démocratique sérieuse pour la prise du pouvoir. En 1993, les dirigeants de l'UST sont suspendus. Ces membres ont perdu leurs emplois pour avoir organisé une grève des agents de la fonction publique.

Parlant de la liberté de la presse, l'organe régulation des médias, le HCC, dirigé par des proches du parti au pouvoir distribue des sanctions à la presse privée pour la garder hors de la danse royale organisée par la presse publique. Les journalistes qui ont cru en la liberté d'expression l'ont payé de leur vie. Maxime Kladoumbaye, journaliste à l'Agence Tchadienne de presse est assassiné en janvier 1992. A. Madjigoto, journaliste à la Radio nationale est abattu à tout portant le 04 octobre 1992. La liste des assassinats est longue.

Sur le plan économique, aucune politique rentable n'a été définie en 1990. La douane et la Cotontchad, les deux mamelles de l'économie tchadienne ne profitent pas exclusivement à l'État, mais à des individus. L'État compte beaucoup plus sur la Libye, le Soudan et la

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France pour devenir politiquement et économiquement stable. La CNS tenue du 15 janvier au 12 avril 1993 essaye de revoir le problème tchadien de la division Nord-Sud. Les jeunes tchadiens vont vivre, dans leur majorité, le chômage. Les partis politiques ne pensent qu'à la démission du « nouveau général des corps d'armées, chef suprême des armées, président du conseil des ministres chef de l'Etat, son excellence Idriss Déby» (Masra et Béral, 2008 : 89) qui, lui, a reçu sa mission par les armes. Le ralliement des partis autour de la table présidentielle commencent après 1996 en masse. Seul le parti FAR de Yorongar a pu tenir à l'opposition radicale avec des discours impressionnants.

Avec l'avènement du PAS, l'éducation nationale a été une priorité de l'État. Malheureusement l'école tchadienne a formé, en plus des citoyens consciencieux, nationalistes et dévoués, des nullards, irresponsables et malhonnêtes qui n'ont pas le sens du bien public. La corruption, des élèves à l'administration en passant par les enseignants, met à mal le système éducatif Tchadien. Quelques nouveaux parvenus, malgré leur grille salariale moyenne construisent des villas, achètent des voitures de luxe et font des dépenses sans égal lors des cérémonies. Le détournement devient leur règle de jeu.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo