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Les relations internationales âpres la guerre froide: analyses et perspectives

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par Merveil Ilonga leka bilimba
Université pédagogique nationale - Licence 2011
  

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§1. La sécurité multilatérale

Les institutions internationales organisant la défense (OTAN) ou la sécurité collective (ONU, CSCE à un niveau moindre) peuvent être des "multiplicateurs de force" pour la politique américaine, spécialement quand la situation ne demande pas une solution militaire immédiate65. Il y a intérêt à étendre, par l'intermédiaire des Nations Unies, le règne du droit international. Cela contribuera à fournir un point de référence dans un monde qui, depuis la fin de la Guerre froide, manque de certitudes. Cela peut rendre les événements internationaux plus "prévisibles".

L'Amérique a toujours eu besoin d'une dimension morale dans sa politique étrangère. Le soutien des institutions internationales vouées à la sécurité collective et au maintien de la paix pourrait redonner à la politique étrangère américaine sa dimension morale, tout en servant les intérêts nationaux. Selon James Chace, le nouvel internationalisme doit conduire les Etats-Unis à renforcer l'Organisation des Nations Unies, comme c'était leur objectif après la Deuxième Guerre mondiale. Ils doivent aussi prendre la tête dans la recherche de nouvelles structures de préservation de la paix et d'accroissement de la prospérité66.

La "sécurité multilatérale" est un des concepts qui ont inspiré la politique extérieure de l'administration Clinton. Selon cette doctrine, parfois identifiée au secrétaire d'Etat-adjoint pour les Affaires politiques Peter Tarnoff, les Etats-Unis n'utiliseraient plus la force que dans un contexte multilatéral, à moins que certains de leurs intérêts vitaux ne soient en jeu.

63Le professeur Richard Gardner, de l'université Columbia, a contribué à définir les options de politique étrangère de Bill Clinton (Michael Kramer, «Clinton's Foreign Policy Jujitsu», Time,30 mars 199Q, p. Q8).

64Richard N. Gardner, «Practical Internationalism», Rethinking...,pp. Q67-Q68.

65R. E. Hunter, art. cit., p. 40. Après avoir été directeur des Etudes européennes au Center for Strategic and International Studies de Washington, Robert E. Hunter a été choisi par Bill Clinton pour être l'ambassadeur américain auprès de l'OTAN.

66J. Chace, op. cit., pp. 176-179 et 185.

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L'accent serait mis non seulement sur les mécanismes de la sécurité collective mais aussi sur une politique de "sécurité coopérative". Celle-ci, plutôt que de contrer les menaces, s'efforcerait de les prévenir, par une extension des accords bilatéraux et multilatéraux de maîtrise des armements.

Les sévères critiques reçues par l'administration Clinton pour son traitement des crises bosniaque et somalienne ont conduit le Président et son équipe à abandonner quelque peu leur concept de sécurité multilatérale67. Ils ont tenu à rappeler que l'action unilatérale était toujours à envisager, que le multilatéralisme était un moyen, non une fin en soi68.

§2. L'indépendance stratégique et le maintien de l'équilibre des forces

Lié à la possibilité d'une action multilatérale, le concept d'"indépendance stratégique" a fait son apparition pour désigner la posture de "balancier au large" (offshore balancer) que devraient adopter les Etats-Unis dans un monde multipolaire69. Au coeur du concept d'endiguement se trouvait la volonté d'empêcher que l'Eurasie fût dominée par une puissance hégémonique. Cet objectif resterait inchangé mais, au lieu d'assumer la responsabilité première pour contenir la montée d'un "hégémon", les Etats-Unis s'appuieraient sur un réseau d'équilibres globaux et régionaux des puissances.

L'indépendance stratégique mise sur les avantages géopolitiques inhérents aux Etats-Unis : leur insularité, leur dotation en armes nucléaires, leur éloignement des théâtres de crise potentiels, leurs capacités militaires. Dans un système multipolaire, une grande puissance insulaire jouit de la plus large gamme d'options stratégiques. Elle peut aussi bénéficier des rivalités entre les autres puissances. C'est ainsi qu'au milieu des années 1890, l'Amérique tirait parti de l'instabilité européenne, comme la Grande-Bretagne l'avait fait auparavant70.

Voilà du vieux vin dans de nouveaux fûts : l'indépendance stratégique ne fait que reproduire le vieux concept de maintien de l'équilibre des forces. Pour l'Amérique, il s'agira d'empêcher la guerre en faisant rapidement contrepoids face aux agresseurs potentiels. Il sera plus difficile de mobiliser l'opinion car le but sera de préserver la paix plutôt que de contrer une puissance hégémonique, ce qui était plus facile à expliquer au public71.

67Charles Krauthammer, «The U.N. Obsession», Time, 9 mai 1994, p. 52.

68Mark T. Clark, «The Future of Clinton's Foreign and Defense Policy : Multilateral Security», Comparative Strategy, vol. 13, 1994, pp. 181-195.

69Christopher Layne, «The Unipolar Illusion : Why New Great Powers Will Rise», International Security, vol. 17, 1993-4, p. 47.

70Ibid., pp. 48-49.

71John J. Mearsheimer, «Disorder Restored», Rethinking...,pp. 214-237.

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On ne s'étonnera pas de retrouver le concept d'équilibre des forces sous la plume d'Henry Kissinger. Pour lui, le monde dans lequel nous entrons sera infiniment plus compliqué que celui de la Guerre froide. Les Etats-Unis devront obligatoirement admettre qu'ils ne pourront s'occuper de tous les problèmes à la fois : ils devront opérer une sélection. Certaines menaces nécessiteront une intervention américaine unilatérale, d'autres seront seulement traitées de façon multilatérale, enfin certaines ne concerneront pas les intérêts américains et ne mériteront pas une intervention militaire.

Il ne faut pas espérer édifier un ordre mondial basé sur un sens de la communauté qui répondrait aux attentes américaines. L'objectif doit être plus limité et Kissinger applaudit à la création d'une zone américaine de libre-échange débutant avec le Mexique, le Canada et les Etats-Unis. D'une façon générale, l'Amérique doit travailler au maintien de l'équilibre des forces, particulièrement au Moyen-Orient, en Asie et en Europe. Une telle politique connaît peu d'ennemis et d'amis permanents72.

Le monde de l'après-guerre froide donnera l'occasion d'appliquer ce système avec davantage de souplesse. Il y aura davantage de puissances de niveau égal et les différences idéologiques s'estompant, les alignements seront moins rigides. L'équilibre des forces restera le seul jeu possible et les Etats-Unis seront l'indispensable "balancier"73.

En jouant ce rôle, l'Amérique jouera celui de l'Angleterre au XIXe siècle. La Pax Britannica a permis la paix parce qu'une puissance, sans dominer vraiment, servait de leader, veillait au respect des règles et avait la volonté d'intervenir, au besoin par la force, pour maintenir la stabilité du système74. Les Etats-Unis sont dans la position de l'Angleterre après 181575. Ils peuvent jouer le rôle de l'"honnête courtier" - si tant est que l'Angleterre a vraiment joué ce rôle en 1815 : elle a d'abord veillé à ses intérêts76.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams