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Les relations internationales âpres la guerre froide: analyses et perspectives

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par Merveil Ilonga leka bilimba
Université pédagogique nationale - Licence 2011
  

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§3. Splendide isolement et engagement global sélectif

La ressemblance avec les vues britanniques au lendemain des guerres napoléoniennes va jusqu'à l'adoption possible, pour certains, du concept de "splendide isolement". Vainqueur incontestable de la lutte gigantesque contre la France et puissance aux intérêts mondiaux, l'Angleterre de 1815 avait décidé de ne pas trop s'impliquer dans les affaires européennes et de se concentrer sur l'accroissement de sa richesse par l'expansion de son empire colonial.

72Henry A. Kissinger, «Balance of Power Sustained»,Rethinking..., pp. 238-248.

73T. L. Deibel, art. cit., pp. 83-86.

74Elliott Abrams, «Why America Must Lead», The National Interest, n° 28, été 1992, p. 58.

75Samuel P. Huntington, «America's Changing Strategic Interests», Survival, vol. 33, 1991-1, p. 12.

76Andrew C. Goldberg, «Selective Engagement : U.S. National Security Policy in the 1990s», The Washington

Quarterly, vol. 15, 1992-3, p. 16.

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Pour les tenants américains de ce type de politique, il faut maintenir une forte marine pour projeter la puissance autour du globe ; il ne faut pas stationner de grandes unités terrestres outre-mer ; il faut réduire le nombre et la dimension des bases aériennes en Europe, dans le Pacifique et l'océan Indien. La plupart des crises régionales devraient être résolues par les puissances régionales et les Etats-Unis n'interviendraient militairement qu'en dernier recours, quand cela servirait leurs intérêts vitaux, particulièrement économiques77.

L'argument est étayé par le constat de la "nouvelle insularité" des Etats-Unis. La fin de la menace soviétique a réintroduit la distance qui séparait traditionnellement l'Amérique des conflits mondiaux. Il en résulte une plus grande liberté d'action78.

La contribution américaine à la sécurité globale sera, pour Zbigniew Brzezinski, "plus subtile". Les conditions sont trop complexes et la santé intérieure des Etats-Unis trop précaire pour que soit mise en place une Pax Americana mondiale. La sécurité globale sera assurée de plus en plus par des formes de coopération régionales, appuyées par des engagements américains sélectifs et proportionnés. Même avec une présence militaire diminuée, l'Amérique restera ainsi le principal pôle de dissuasion nucléaire et la garantie ultime que tout perturbateur aura à faire face à une coalition écrasante. Ceci permettra aux Etats-Unis de se concentrer davantage sur leur renouveau intérieur, qui à son tour étayera leur capacité de maintenir à long terme une politique internationaliste79.

Le concept d'engagement global sélectif suppose aussi que les Etats-Unis accepteront l'émergence de nouvelles puissances militaires. Ils veilleront cependant à développer les forces et les technologies qui leur assureront le maintien de leurs avantages comparatifs, c'est-à-dire qu'ils devront mettre l'accent sur les forces navales et aériennes. Ils ne doivent plus considérer l'Europe et le Japon dans l'optique d'un partenariat automatique pour des objectifs globaux clairement définis.

Les intérêts intérieurs des Etats-Unis ne seront plus nécessairement en synchronie avec ceux "des puissances avec lesquelles ils se sont alliés dans le passé"80. A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les Etats-Unis étaient déjà prêts à adopter une stratégie d'engagement sélectif en continuité avec leur histoire et en accord avec leur position géographique, comme la Grande-Bretagne avant eux.

77Donald E. Nuechterlein, America Recommitted. United States National Interests in a Restructured World, Lexington, Ky., University Press of Kentucky, 1991, pp. 241-242.

78Andrew C. Goldberg, «Challenges to the Post-Cold War Balance of Power», The Washington Quarterly, vol. 14, 1991-1, pp. 52-53.

79Zbigniew Brzezinski, «Selective Global Commitment», Foreign Affairs, vol. 70, 1991-4, pp. 1-20.

80A. C. Goldberg, «Selective...», pp. 16-17.

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Le concept d'engagement global sélectif permettra à l'Amérique de s'adapter à la dure compétition économique internationale. L'époque est à l'antagonisme économique global, à la mise en place de blocs régionaux politico-économiques et à la diminution des affinités politiques. Les grandes puissances vont redécouvrir leurs intérêts propres de politique étrangère. Les Etats-Unis devront en faire autant.

Ils s'engageront financièrement ou militairement dans les seules situations où se manifestera une menace claire et imminente pour leurs intérêts, ou bien lorsque l'intervention aura toutes les chances de n'être ni coûteuse ni sanglante. L'administration Clinton a fait sien ce concept d'engagement sélectif pour tout usage de la force, dont les opérations de maintien de la paix81.

§4. L'élargissement : promouvoir la démocratie et l'économie de marché

L'engagement global sélectif n'est pas le seul concept de l'après-guerre froide qui offre une alternative au dilemme isolationnisme-internationalisme. La promotion des valeurs américaines peut constituer un nouvel axe de politique étrangère. James Baker avait suggéré le 30 mars 1990 que le principal objectif pourrait être "la promotion et la consolidation de la démocratie" à travers le monde82. L'administration Clinton a fait de ce thème le troisième pilier de sa politique étrangère, après la croissance économique et le maintien d'une défense solide83. Plutôt que de faire contrepoids aux ennemis, il faudrait cultiver les amis. Cela se ferait par une politique de préservation et d'expansion de la "communauté libérale"84. Le conseiller de Bill Clinton pour la sécurité nationale, Anthony Lake, a lancé à ce propos le concept d'"élargissement", qui succéderait ainsi à celui d'endiguement. Il n'est pas question de s'embarquer dans une croisade pour la démocratie, mais de pratiquer une stratégie défensive, pragmatique et sélective, là où ce sera le plus utile aux Etats-Unis. Il faudra cibler les efforts sur les Etats qui affectent les intérêts stratégiques américains, c'est-à-dire d'abord l'ancienne Union Soviétique, les nouvelles démocraties d'Europe centrale et de l'Est, les pays asiatiques du Pacifique85.

L'Amérique ne peut se permettre, pour reprendre l'expression de John F. Kennedy, de "payer n'importe quel prix, supporter n'importe quel fardeau"

81«Perry Calls for «Very Selective Use» of Military Force», USIS, Defense, 1er avril 1994 ; «Peacekeeping Directive Designed to Impose More Discipline», USIS, 9 mai 1994.

82James Baker, «Democracy and American Diplomacy», discours devant le World Affairs Council, Dallas, Texas, 30 mars 1990 (S. P. Huntington, art. cit., p. 7).

83Warren Christopher, «Economy, Defense, Democracy to be U.S. Policy Pillars», USIS, Foreign Policy, 14 janvier 1993, p. 7.

84Michael W. Doyle, «An International Liberal Community»,Rethinking..., pp. 318-331.

85Anthony Lake, «L'engagement des Etats-Unis à l'étranger : une nécessité», discours prononcé le 21 septembre 1993 à la Johns Hopkins' School of Advanced International Studies, U.S. Foreign Policy, Bruxelles, Ambassade des Etats-Unis, USIS, 1993, pp. 39-41.

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pour promouvoir la démocratie86. Mais les Etats démocratiques pourraient se regrouper en une vaste organisation de sécurité qui définirait et coordonnerait les intérêts communs, mettrait en place une gamme de "récompenses" et de "punitions". L'OTAN est évidemment l'organisation idéale "pour que continue derrière l'élargissement des démocraties de marché une sécurité collective essentielle"87.

La promotion de la démocratie ne signifierait donc pas son "exportation". Il s'agirait d'offrir un soutien moral, politique, diplomatique et financier aux individus et aux organisations qui luttent pour la libéralisation des régimes autoritaires. Il s'agirait également d'encourager la diffusion de l'économie de marché. Un monde plus démocratique serait plus sûr, plus sain et plus prospère, et ce serait tout à l'avantage des Etats-Unis.

Tous les courants de pensée trouveraient leur compte dans la promotion de la démocratie : les "libéraux" soucieux des droits de l'homme, les conservateurs préoccupés par l'ordre mondial et les internationalistes des deux camps, désireux de voir se poursuivre, pour les uns l'engagement, pour les autres le leadership des Etats-Unis dans le monde88.

Les entreprises privées représentent un allié naturel des tentatives faites en vue du renforcement des économies de marché, a dit Anthony Lake. Il a également précisé que la stratégie d'élargissement devrait viser à atténuer les capacités des "Etats réactionnaires" qui se défendent contre les "forces libératrices" de la démocratie et du marché89.

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