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Les relations internationales âpres la guerre froide: analyses et perspectives

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par Merveil Ilonga leka bilimba
Université pédagogique nationale - Licence 2011
  

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§5. La sécurité économique

Déjà présente dans d'autres concepts tels que le préalable du renouveau intérieur ou la promotion de l'économie de marché, la dimension économique doit être érigée pour certains en thème central de la politique étrangère américaine. Le bien-être économique pourrait bien prendre le pas sur la "sécurité" et la projection des valeurs90. La primauté de l'économique correspond aux intérêts américains des années 1990. A la place de deux superpuissances militaires, le noyau du système mondial se constitue désormais de trois superpuissances économiques.

Une tripolarité remplace la bipolarité de la Guerre froide. Pour Stephen J. Solarz, ancien représentant démocrate de l'Etat de New York devenu ensuite collaborateur de Bill Clinton, le premier défi dans le domaine de la sécurité

86Carl Gershman, «Freedom Remains the Touchstone», America's Purpose..., p. 38.

87A. Lake, art. cit., p. 41.

88Larry Diamond, «Promoting Democracy», Foreign Policy, n° 87, été 1992, pp. 25-31.

89A. Lake, art. cit., p. 42. Voir l'analyse critique de Jacques Decornoy, «La chevauchée américaine pour la direction du

monde», Le Monde diplomatique, novembre 1993, pp. 8-9.

90T. L. Deibel, art. cit., p. 99.

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nationale est désormais la compétition économique avec l'Europe et le Japon91. La confrontation idéologique entre le capitalisme et le communisme cède la place à une compétition entre trois versions de l'économie de marché.

Les alliances s'adapteront à cette évolution et donneront lieu à des regroupements régionaux "plus naturels"9Q. Dans ce contexte, les objectifs américains seront de maintenir les marchés ouverts pour le commerce et les investissements internationaux et de restaurer la force compétitive des Etats-Unis. Il s'agira encore de pratiquer un endiguement mais cette fois au niveau des risques de conflits entre les superpuissances économiques. Car la poursuite des intérêts économiques poussera souvent les Etats-Unis à affronter l'Union européenne ou le Japon et cela nuira à leurs relations.

La politique étrangère américaine aura tout avantage cependant à promouvoir des systèmes de leadership collectif dans les questions d'économie et de sécurité. Les Etats-Unis ont maintenu des relations plus étroites avec les Européens d'une part et les Japonais d'autre part que ceux-ci n'en ont entre eux.

Les Etats-Unis sont donc dans une meilleure position pour mettre en place de nouveaux arrangements internationaux qui protégeraient leurs intérêts. Si un tel leadership collectif ne se met pas en place, on verra émerger des blocs régionaux de plus en plus restrictifs et exclusivistes et ce serait contraire aux intérêts américains.

Pour cela, l'Amérique ne doit pas se retirer prématurément de ses engagements de sécurité. L'interdépendance est trop grande sur le plan économique pour que les Etats-Unis puissent contempler un repli isolationniste. La seule alternative véritable serait un effort désespéré pour maintenir l'hégémonie, en suivant les plans prévus par le Pentagone et divulgués en mars 1992. Mais cela coûterait beaucoup trop cher... Mieux vaut travailler à un certain nombre d'"arrangements"93.

Les questions économiques font bien partie des préoccupations de sécurité de l'après-Guerre froide. Le secrétaire d'Etat Warren Christopher a déclaré que la "sécurité économique" était le premier objectif de la politique étrangère de l'administration Clinton94. Le département d'Etat s'attache désormais à développer une "diplomatie pour une compétitivité globale" et recycle son personnel dans les questions économiques et commerciales95.

91Stephen J. Solarz, «On Victory and Deficits», America's Purpose..., pp. 90-9Q.

9QC. Fred Bergsten, «The Primacy of Economics», Foreign Policy,n° 87, été 199Q, pp. 3-7.

93Ibid., pp. 8-Q4.

94W. Christopher, art. cit., p. 6. Voir aussi Bill Clinton, «A Democrat Lays Out His Plan», USIS, Bruxelles, Ambassade des

Etats-Unis, 13 novembre 199Q, pp. 6-7.

95Audition de Strobe Talbott, secrétaire d'Etat-adjoint, devant la Commission des relations extérieures du Sénat le 8 février

1994, USIS, 9 février 1994, p. Q.

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Si les observateurs ont longtemps eu du mal à discerner un concept central dans la politique extérieure de Bill Clinton, ils se sont rendu compte, fin 1993, que l'intérêt porté au commerce en tenait lieu. La promotion de la démocratie, la protection des droits de l'homme, l'interventionnisme humanitaire, tous ces beaux projets du début de la présidence Clinton sont passés au second plan.

Anthony Lake a été jusqu'à déclarer que les intérêts américains exigeraient parfois de nouer des liens d'amitié avec des Etats non démocratiques et même de les défendre, pour des raisons de "bénéfice mutuel". Comme l'avait dit le président Calvin Coolidge dans les années 1920, "the business of America is business"96. La puissance économique de l'Europe et du Japon ne leur confère pas encore une puissance militaire comparable à celle des Etats-Unis, mais elle les autorise à tendre vers une plus grande influence politique, avec la possibilité d'arriver à des positions autonomes en matière de sécurité.

Nous sommes entrés dans une nouvelle ère de sécurité, où la puissance économique pourrait assurer une plus grande influence politique. Sans la force modératrice exercée par la Guerre froide et par le besoin de la protection américaine, les conflits de politique commerciale et industrielle pourraient devenir plus prononcés97. Or l'économie américaine ne se distingue plus suffisamment par les proportions de son marché intérieur et le caractère avancé de ses technologies pour que la politique étrangère en tire avantage98.

Si l'on assiste à l'émergence d'une tripolarité économique, il sera donc dans l'intérêt des Etats-Unis d'intégrer au maximum les questions de géo-économie dans un contexte géopolitique plus vaste, où ils conservent encore les meilleures cartes99. Pour cela, il faut pousser au maximum à l'intégration de la communauté internationale, à un système commercial global et ouvert. Les Etats-Unis, selon le secrétaire d'Etat-adjoint Strobe Talbott, devront veiller à ce que les groupements régionaux ne contrecarrent pas ces objectifs qui expriment l'intérêt supérieur des Etats-Unis100.

SECTION 4. LE TIERS MONDE DANS LA PENSEE STRATEGIQUE AMERICAINE

La fin de la Guerre froide signifie, pour certaines régions du monde, le retour des guerres réelles. Pour les Etats-Unis, le défi stratégique passe du global au régional. C'est dans certains régimes "renégats" du Tiers Monde

96Michael Kramer, «Putting Business First», Time,6 décembre 1993, p. 37.

97Stanley Hoffmann, «A New World and Its Troubles», Sea-Changes..., p. 285.

98Michael Borrus et John Zysman, «Industrial Competitiveness and National Security», Rethinking..., pp. 164-169.

99R. E. Hunter, art. cit., p. 41.

100Audition de S. Talbott..., p. 4.

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qu'ils voient désormais la menace principale : celle de la prolifération des armes de destruction massive. Y a-t-il pour autant une nouvelle "grande stratégie" américaine à l'égard du Sud ? La guerre du Golfe a pu laisser croire à une volonté américaine de veiller, tous azimuts, à l'instauration d'un nouvel ordre mondial. Mais le retrait peu glorieux de Somalie au printemps 1994 a montré les limites de l'interventionnisme. Cette étude explore différentes facettes de la pensée stratégique américaine relative au Tiers Monde, de Ronald Reagan à Bill Clinton.

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