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L'usage des instruments de musique dans la communication chez les Kongo

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par Jean-Claude Moussoki
Université Marien Ngouabi - Thèse de Doctorat Unique 2015
  

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Chapitre 7 : Les contextes d'utilisation des instruments de musique

Les contextes d'utilisation des instruments sont multiples et dépendent de l'organisation sociale des Kongo185 qui aussi bien sur le mvila, luvila186c'est-à-dire le lignage que sur les sexes. Ce sont de « puissants moyens de communication » qui ne sauraient rester en marge de la dynamique sociale comme l'écrit H. Ward:

« Dans toute l'Afrique centrale, il existe un curieux système de communication entre les villages au moyen de battements de tambours. Ce système est d'origine fort ancienne et quand on voyage en Afrique, on est toujours annoncé d'avance par ce moyen. Le tambour qui est le plus communément employé pour cet usage consiste en une caisse de bois très dur, ayant environ six pieds de long et deux pieds de diamètre. (...) L'appel a lieu par une série de battements. Les indigènes peuvent ainsi conserver, et même, en temps de guerre, communiquer avec l'ennemi et discuter les conditions de paix. Ceci s'applique particulièrement aux tribus riveraines qui, ayant constaté que le son se transmet mieux à la surface de l'eau, ne manquent pas de venir au bord du fleuve avec leurs tambours, et leurs appels se répètent de village en village»187.

185De nombreuses études existent sur ce groupe ethnique

186 Le mvila ou kanda en langue kongo est l'équivalent du Ebora (chez les Mbétis), Ibora (chez les Kouyou), Ikouta (chez les Batsangui), Aladidjé (chez les Sara du Tchad). Ce terme est dansement utilisé par M.J kouloumbou et D. Mavouangui, In Actes du colloque scientifique sur les « Valeurs kongo : spécificité et universalité », 4-6 novembre 2010, Association Mbanza-Kongo et Département de philosophie, Brazzaville ; Paris : Université Marien Ngouabi ; L'Harmattan, 2013,

187H. Ward, Chez les cannibales de l'Afrique centrale, Paris, Plon, 1910, p.19.

136

L'usage de chaque outil est spécial188. Il se vérifie dans le cadre de la littérature ethnologique et ethnomusicologique : à chaque événement, un instrument spécifique est utilisé. A ce propos, Monique Desroches écrit ce qui suit :

« (...) rares sont les événements musicaux qui seproduisent

sans l'intervention ou la présence d'un ou de plusieurs
ambourineurs189» (sic)

La question est de savoir, quels instruments de musique sont utilisés pour quels contextes ?

La nature est sans nul doute au service de la facture instrumentale au point où un brin d'herbe tendu entre les pouces peut produire un son musical. Dans ce savoir-faire, la diversité des matériaux utilisés et l'ingéniosité que les Suundi déploient dans la fabrication des instruments ne cessent de surpasser l'imagination et l'intelligence. Ces instruments avaient joué un rôle important dans leur vie à telle enseigne que :

« Si les naturels du Congo s'adonnent aux pleurs et aux lamentations, ils aiment aussi les bals et les danses ; en effet, des jours et des nuits durant ils se livrent aux bals et aux danses. Il y a toujours deux ou trois d'entre eux qui ne cessent de frapper les tambours. Ceux-ci sont faits d'un morceau de gros arbre, évidé, sur lequel on a tendu une

188« L'emploi de chaque instrument de musique est déterminé par la société. Les occasions dans lesquelles un instrument est utilisé, aussi bien que les catégories des musiciens qui en jouent, sont fixées avec précision. Tel instrument est utilisé pour telle circonstance et non pas pour telle autre, et ne peut être joué que par tel musicien qui remplit les conditions nécessaires et non pas un autre », H. Zemp, « Comment devient-on musicien : quatre exemples de l'ouest Africain », La musique dans la vie t.1 : l'Afrique, ses prolongements, ses voisins, Paris, Office de Coopération Radiophonique, 1967, p.79.

189M. Desroches, Les instruments de musique traditionnelle (1984), pp.24-25.

137

peau. Ils produisent un son mat et très désagréable, d'autant plus qu'ils ne les frappent pas de bâtonnets mais de leurs mains190 »

Les instruments de musique accompagnent la danse ou le chant ; toute musique est rythmée et dansable. Ainsi, une parole scandée est considérée comme appartenant à la musique. La musique-danse constitue une protection contre l'angoisse, le mal et la maladie au point où « la musique adoucit les moeurs », dit un adage. Elles véhiculent également les esprits des ancêtres. La musique peut être classée en deux catégories : les musiques institutionnalisées et les musiques culturelles, rituelles.

Les musiques dites institutionnelles sont jouées au cours des naissances, des rites de passage à la puberté, certaines activités économiques (travaux champêtres, pêche, cueillette....), l'intronisation d'un chef ou la consécration d'un devin-guérisseur, la guérison de certaines maladies, la communion avec les esprits des ancêtres et les rites funéraires....« [L'art africain] est fonctionnel, c'est-à-dire qu'il annonce l'action plus encore qu'il ne s'offre à la contemplation191 ».

Les musiques rituelles, par contre, sont celles qui accompagnent les rites initiatiques (la magie, la sorcellerie, etc...). La musique n'est jamais utilisée pour elle-même. Elle est jouée au cours des occasions précises de la vie quotidienne (mariage, funérailles, retrait de deuil, travaux champêtres, etc...). Elle permet, également, de canaliser certaines émotions en les exprimant musicalement.

190 F. de Rome, « Danses et bals et des instruments de musique dont se servent les Congolais » La fondation de la mission des Capucins au Royaume du Congo (1648), Paris : Ed. Nauwelaerts, 1648, pp.123

191 Ph. Laburthe-Tolra & et J. P. P. Warnier, Ethnologie, Anthropologie, Paris, PUF, 2003.

138

7.1. Dans les cas de pratiques institutionnelles : dot ou mariage, naissances, funérailles...

Quand se produit un fait social, les instruments sont les principaux fidèles compagnons des acteurs sociaux qui interagissent (membres de la communauté).

7.1.1. La dot, le mariage ou les autres cérémonies de réjouissance ou de tristesse

Selon cet adage kongo : « le mariage est une affaire très importante à telle enseigne que les frais du mariage sont réciproques », c'est-à-dire : « Nsamu longo, nsamu wa mfunu kibeni, bila nki, bima bia longo ntobo

anzo192 »

Le mariage est une institution qui permet l'union de deux personnes, de deux familles. Il s'agit de matérialiser, devant les familles des futurs époux réunies, les paroles d'amour et de fidélité : « je t'aime », prononcées en cachette. Il crée un nouvel ensemble de parenté, c'est-à-dire le groupe des « alliés » selon M. Soret193. Sur le plan juridique, seul le mariage civil a une valeur légale194. Mais, le mariage traditionnel encore appelé mariage coutumier demeure une étape importante durant laquelle se déroule la cérémonie de la dot195qui conduit au mariage proprement dit.

192 P. Lenga, Institutions et civilisation à Kinkala selon la tradition, Mémoire pour l'obtention du grade de maitrise d'histoire, Université Marien Ngouabi, 1974, p.167.

193 M. Soret, Les Kongo : nord-occidentaux, op., cit., p.76.

194 C. Bounang Mfoungué, Le mariage africain, entre tradition et modernité : étude socio-anthropologique du couple et du mariage dans la culture gabonaise, http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/73/55/63/PDF/2012_bounang_mfoungue_arch.pdf, consulté le 20/01/2013

195 Cette dot assurait par ailleurs une protection efficace de la femme. En cas de divorce ou de décès, une dot n'étant pratiquement jamais remboursée dans son intégralité (si on entend par dot non seulement le principal mais aussi les accessoires : cadeaux versés avant et après le mariage), un homme fera son possible pour conserver sa femme, la soignera en conséquence, surtout s'il tient à conserver l'alliance de son clan (...), écrit M Soret, « Le mariage coutumier au Moyen Congo », In Résonnances : revue du Comité d'expansion culturelle de la France d'Outre-Mer, sn, p.84.

139

Qu'il s'agisse du mariage coutumier196 ou non, les instruments de musique sont, chaque fois, utilisés pour inviter les membres d'une même famille ou de diverses familles, habitant des villages lointains, à participer à la cérémonie.

Lors des fêtes ou des pèlerinages des chrétiens (nkutakanu), les gens habitant le même village arrivaient en groupe. Ils étaient convoqués au moyen des tambours ou d'une cloche en tenant compte de la zone d'émission.

Lors du règlement des différends inter-claniques, les cris de joie stridents des femmes qui poussent des biyeki-yeki197, accompagnés des battements des mains, brisent le suspens entretenu par les « juges traditionnels198 ».

Les roulements des tambours et les chants ne peuvent s'arrêter qu'à la fin de la cérémonie et, lorsque tous les présents sont offerts à la future belle famille.

A la conclusion du mariage, soit le tambour, soit tout autre instrument à vent (aérophone) est joué pour annoncer que le mariage vient d'être conclu. Ainsi comme le précise cet adage «le mariage est indemne des souillures, que pourrait produire le mélange des clans, s'ils étaient les mêmes199 ! « longo lunungini nkanu ku mafunsuka ma twila tu makanda ».

196Abbé Patrick Etoka Beka, « Mariage coutumier et mariage chrétien en Afrique », In La Semaine Africaine, n°3223, 07/09/2012, p.15.

197J. Van Wing, Etudes Bakongo : sociologie-religion et magie, 2 èd .éd., Paris : Desclée de Brouwer, 1959, p. 168. Les biyeki-yeki sont la marque d'un très grand respect et d'une très grande joie.

198Nzonzi, nzonji (en langue kongo) ou twere (en langue mbochi) qui veut dire juge traditionnel

199 J. Van Wing, Etudes Bakongo, op., cit., p.168

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140

C'est alors qu'une d anse200 (makinu) est dédiée au couple afin qu'il procrée. C'est dire quand «quand une femme n'a pas d'enfants, elle peut dormir sans souci»). La musique, elle se joue à l'occasion des fêtes, de la levée ou du retrait de deuil. Généralement, les couples l'exécutent201 aux rythmes des membranop hones.

Les conditions de mariage dans les principales villes202 et les villages kongo avaient, certainement, préfigurés celles décrites par G.

village, ell

femme car

le chef a

yono-M O bia203. Par le passé, les mariages se conclu aient selon les
coutumes : par exemple, dès la naissance d'une fille, son mari était déjà choisi. Ell e devait alors grandir selon les lois qui régissent le mariage ou la famille d ' appartenance de son « futur » époux . Si celui-ci est chef de e doit alors grandir tout en sachant qu 'elle ne sera pas l'unique l'obligation d'être polygame.

et la femme sont libres d'épouser l'élu (e) du influence, certaines coutumes continuent

est la première étape du mariage consiste pour la famille de l'homme

mariée et à remettre à la

l'homme

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141

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142

7.1.2. La naissance tout court ou la naissance des jumeaux

La naissance d'un nouveau membre dans une famille est souvent une source de joie aussi bien pour les parents biologiques que pour les membres de la communauté. Les Saintes écritures le recommandent « Soyez féconds, multipliez vous et remplissez la terre 204». Les tambours brisent le silence (diurne ou nocturne) au moment de la naissance y compris celle des jumeaux. La rythmique qui accompagne cette dernière naissance est très différente de celle des précédentes. La naissance des jumeaux205, « des intouchables par les sorciers206 » marque une rupture claire avec la pratique quotidienne207.

Pour les jumeaux, par contre, à leur naissance, on doit chanter208 et les décibels débités émis par les sons de tamtams indiquent l'implication de ces instruments.

Les parents des jumeaux : le couple est soumis à l'éthique communautaire qui consiste à respecter les tabous, tels que ne pas manger: les viandes faisandées de peur que le nouveau-né ne soit atteint de la gale et de la teigne ; le foie des animaux pour préserver le nouveau-né de la rate; le cerveau et la moelle épinière des animaux pour le préserver des otites. Il est difficile d'évaluer le degré de prohibition des rapports sexuels dans cette communauté qui excelle dans le respect de la fidélité.

204Genèse, 1 :27, écrit Mc Arthur, La Sainté bible, Génève, 2008, p.53.

205 Les jumeaux ne sont pas des enfants ordinaires mais des génies de l'eau, leur naissance donnait et donne encore lieu à des pratiques rituelles particulières, prises en charge par une spécialiste, la gardienne des jumeaux, obligatoirement une mère de jumeaux ou une femme qui a eu des révélations de la part des génies. Comme certains aspects de ces pratiques sont aujourd'hui négligés ou se trouvent modifiés, je commencerai par esquisser la manière dont elles étaient accomplies il y a quelques décennies pour ensuite mentionner les modifications actuelle s », écrit C. Plancke, « Rites, chants et danses de jumeaux chez les Punu du Congo-Brazzaville », In Journal des Africanistes, Vol. 79, n°1, 2009, p186.

206Ngoma-Massala & A. Mafoumbou Moody, « Les rites gémellaires chez les pygmées du Congo et leur évolution historique », In Annales de l'Université Marien Ngouabi et Direction Générale de la Population, Congo Brazzaville, sd, p.853

207Se démarque des autres naissances par sa religiosité, elle devient une nativité. Il existe des évocations portant sur eux, notamment leurs noms, leur ordre de naissance, leur sacralité, leur vénération mais surtout leur infanticide qui ont des implications sur les plans sociodémographique et économique

208 L. Verbeek, Les jumeaux africains et leur culte Chansons des jumeaux du Sud-Est du Katanga, Bruxelles : Musée royal de l'Afrique centrale, Tervuren 2007, p.81.

143

La femme devra se dispenser de dormir à plat ventre de peur d'une fausse couche. Les jumeaux, écrivent les auteurs précités, ne sont pas considérés comme des enfants à accoucher, mais plus tôt comme des êtres qui viennent à bord d'une pirogue ou des envoyés des dieux dont la naissance est accompagnée des signes prémonitoires209.

A la naissance, ce qui est un évènement insolite, un répertoire de chants spécifiques est interprété pour les honorer. Cette musique spécifique les accompagnera à chaque moment de leurs vies. Elle débutait par des berceuses, pour célébrer la double naissance qui, ensuite accompagnait la mère lors de la cérémonie des relevailles. Si les jumeaux se mariaient, jamais sans l'autre, un répertoire spécifique leur était joué pour l'occasion. Dans le cas de mariage d'une femme jumelle, l'époux devait passer la nuit de noces, en compagnie de sa femme, avec sa soeur jumelle pour éviter que cette dernière ne manifeste la jalousie et « envoûte » la mariée.

7.1.3. Le deuil, les funérailles

Qu'est-ce que les funérailles peuvent bien signifier chez les Bakongo210?

Tout décès d'un membre du clan ou de la famille est loin d'être un moment de réjouissance. Bien au contraire, tout le monde est affligé. L'annonce d'un tel évènement, qui sonne la désolation, se fait au moyen des instruments de musique. Ceux-ci sont utilisés tout le temps que durent les funérailles. Comme la voix humaine, les roulements de tambours, sont

209 «La femme en attente d'accouchement est conduite au bord d'une source d'eau que l'on a repérée d'avance car la source est prétendue être le refuge du dieu des eaux, génie des jumeaux qui doit lui-même conduire ses esprits incarnés auprès des hommes. (...), écrivent Ngoma-Massala & Arnaud Mafoumbou Moody, Ibid., pp.861-862.

210 J. Decapmaker, « Les funérailles chez les Bakongo », In Equatoria Coquilhatville, 1951, n° 4, vol. 14, pp.125-132

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Sources : de la mus de tradition orale, Paris : 2010.

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- Kinésique

- Proxémique

Paroles,
Gestes,
Espace

Multi-sémiotiques Signe naturel

Signe de ressemblance Signe par convention

Indice Icône Symbole

Indicateurs

145

A titre illustratif, les funérailles des patriarches Abraham Matuba à Hamon (Madzia)211, de Nkayi-Mbenza à Kissengha212 et de Tata Mouanda213 à Soukou-Bouadi furent édifiantes. La nouvelle concernant ces décès était vite parvenue chez les habitants des villages environnants au moyen du tambour à fentes en ces termes en ces termes :

1- « Luiza nsualu ku gata-Tambu Zingidi wélé » ou

« Mefumu bwala wele »,

Ce qui littéralement veut dire,

- « venez -nombreux le Chef, le Rroi est parti ».

211 R.D. Mabiala-Batamio, op. cit. Abraham Matouba était un grand Chef coutumier du canton de Hamon (Madzia) mort vers 1800 et père d'une multitude d'enfants et mari de plusieurs épouses. (15 environs)

212 Adolphine Kidilou, « Funérailles du patriarche Nkayi-Mbenza à Kissenga en 1950, sources orales n°09 (Nsoukou-Bouadi, le 9 septembre 2009)

213 Achilles Ngoma, « Funérailles du chef de village de Soukou-Bouadi : Mr Alphonse Mouanda, Soukou-Bouadi le 10/08/1994 » et utilisation des instruments de musique traditionnelle

146

Dès que la nouvelle est donnée, les populations accourent, souvent à pied, torse nu pour les hommes, les épouses habillées en blanc, cheveux rasés, les pleurs et les chants caractérisent cette marche.

Les dépouilles étaient exposées au milieu du salon de la case ou dans un hangar, local communautaire214, où tout le monde pouvait les voir et leur rendre un dernier hommage. Les femmes et les enfants étaient autour du lit mortuaire. Avec honneur, elles ont été conduites aux sons des tambours et de bien d'autres instruments de musique traditionnelle. Une fois au cimetière, la danse traditionnelle, destinée à honorer les morts, entre en scène. Elle se fait avec des insignes traditionnels qui, depuis les temps anciens, rappellent l'évolution de la société kongo à travers ses différentes péripéties. Selon la coutume kongo, on devait immoler un couple de pigeons ou un couple de boucs.

Pour rendre un hommage et un honneur aux Rois, on immolait aussi des esclaves. Mais cette pratique est aujourd'hui abolie depuis la mise en application de la déclaration universelle de droits de l'homme de 1948215.

Le système de communication relevé au cours des funérailles mettait en présence les acteurs sociaux de la communication selon le tableau ci-dessous.

214C'est autour de ce hangar que s'organisait la vie quotidienne, comme le montre ce récit de Kintouari : «les femmes servaient (la nourriture) & leur mari, et ceux-ci l'amenaient au mbongi pour la partager avec les camarades, et les femmes mangeaient dans les cases avec les enfants » et encore un peu plus loin : « chacun amenait sa part au mbongi et la femme et les enfants restaient avec la leur dans les cases ». Il s'agissait d'un véritable foyer communautaire, autour duquel on souhaitait avoir beaucoup d'hommes : « que souhaitez-vous ? » « Beaucoup d'hommes au foyer » (nki lu saka ? Mbongi batu) (formule rituelle employée lors du mariage), rapportent B. Guillot et A. Massala, « Histoire du pays Beembé », In Cahier O.R.S.T.O.M., série Sc. humaines, 1970, vol. VII, n° 3, p.53.

215 Déclaration universelle des droits de l'homme qui dans son préambule reconnait la dignité inhérente à tous les membres de la famille et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde. Mais, l'article 3 est évocateur : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sureté de sa personne », http://www .un.org.Declaration universelle (consulté le 4-02-2013)

147

-Nzo a mfumu

Cour royal (lieu de funérailles)

-Mungamba

-Esclave, servant du palais royal

-Mukondzi

Instrument de musique (communication)

Attributs Individus / Objet

-Epouse -Nkaka mwadi (première femme)

-Epouse -Nkaka Ntemina (du deuxième à l'avant

dernière femme)

-Epouse -Nkaka fuama (la dernière épouse)

-Progénitures, héritiers - Les enfants (bala)

-Notables, conseillers. -Les sages (ba mbuta)

-Chrétiens. -Les Choristes

-Propriétaire terrien -La famille Muni-Maziamu

-Frères, cousins etc. -Les hommes du village

Catafalque en rameau -Hangar (dans le texte)

-Lit mortuaire Mbuka mu fwidi

Redevances coutumières - draps, couvertures

Insigne royal -M'pungu

Insigne royal -Mbela mpoko

Danse royale -N'sangu, makinu

Sacrifices -Boucs, Pigeons

ut s'en r e posé d e

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148

216« En effet, lors des funérailles de jeunes gens en particulier, des groupes de jeunes cherchent régulièrement désormais à prendre le contrôle des obsèques pour leur donner un style contestataire, où le pouvoir politique se trouve directement invectivé par le détournement des paroles de chansons

149

formes de dénonciation et de revendication politiques telles qu'elles s'expriment à travers les chansons populaires dans les funérailles. Il s'agit, généralement d'un mélange, bien dosé, des chants hostiles à tel ou tel autre chef de parti politique est souvent exécuté lors des veillées funèbres. Cette attitude est pointée du doigt217.

7.2. Dans le cas des rites initiatiques

7.2.1. Les rites initiatiques

Le rite est un ensemble d'actes formalisés, expressifs, porteurs d'une dimension symbolique. Il est caractérisé par une configuration spatio-temporelle spécifique, par le recours à une série d'objets, par des systèmes de comportements et de langages spécifiques, par des signes emblématiques dont le sens constitue l'un des biens communs d'un groupe218. Il s'agit des gestes et des signes à caractère symbolique, utilisés dans la vie quotidienne et la vie spirituelle, la purification219.

En effet, l'initiation est synonyme d'éducation au sens large en milieu traditionnel, qui n'a pas pour but de dépersonnaliser l'individu. La finalité qu'elle poursuit est de former et de renforcer sa « personnalité », le « kimuntu » suivant une socialisation authentiquement typique du milieu. Elle (l'initiation) est une école qui prend en charge l'instruction et l'éducation (formation de la personnalité) des enfants ou des adolescents qui lui sont soumis afin de faciliter leur entrée dans l'âge adulte : c'est un

populaires à des fins de critique politique. Ainsi, l'article montre comment les funérailles constituent aujourd'hui potentiellement des espaces de subversion des formes de domination politique vécues par la population au quotidien », V. Dississa, « Pouvoir et chansons populaires au Congo-Brazzaville : les funérailles comme lieu de la dénonciation politique », In Civilisation : revue internationale d'anthropologie et des sciences humaines, 2009, vol. LVIII, no 2., pp.81-95.

217 Vincent Dississa, op. cit. p.85.

218 M. Segalen, Rites et rituels contemporains, Paris: Armand Colin, 2005, p. 127.

219 «L'initiation fait des néophytes de véritables hommes [...`], l'ensemble de la cérémonie leur confère les diverses vertus viriles, la bravoure, l'invisibilité, le droit et le pouvoir de procréer. Elle conduit à une nouvelle génération d'hommes », R. Gaillois, L'homme et le sacré, Paris : Ed. Gallimard, 1998, p.141

150

travail de fond, continu, qui construit l'individu suivant différentes initiations. Nous examinons les rites liés aux domaines de l'invisible, de la cosmogonie et du mysticisme.

7.2.2. Le mysticisme

A l'origine, le hochet, qui rend à chaque coup un crépitement sec et bruyant, servait à accompagner les événements sociaux importants tels que les cérémonies d'initiation, les devins, pour guérir les maladies en invoquant les esprits ou en chassant le mauvais sort du corps de leurs patients.

Aujourd'hui, les hochets ne servent plus qu'à accompagner et rythmer les chants et les messes. Ce langage tambouriné220que l'on rencontre aussi chez les Bijago221 de la Guinée Bissauest comme la voix des ancêtres : l'emploi des tambours parlants comme moyen de communication avec le « monde des esprits » est une donnée ethnographique fréquente. Sa fonction d'intermédiaire avec le monde des morts est évidente si nous considérons les occasions où il est utilisé. Au-delà des cérémonies initiatiques masculines- comme nous le verrons plus loin - il joue un rôle essentiel, le kumbonki est aussi indispensable dans les cérémonies relatives à l'interrogation de l'esprit du défunt pour établir les causes de la mort, dans les rituels qui sont exécutés un mois à un an après le décès d'une personne pour marquer la conclusion des rites funèbres et dans de nombreuses cérémonies de ce genre.

220L. Ibrahim Bordonaro, op, cit.

221 L. Bordonaro, Ibid. L'archipel des Bijagos est situé au large de la côte de la Guinée-Bissau, à quelques dizaines de kilomètres de Bissau, la capitale du pays... Bien que les Bijago possèdent plusieurs caractéristiques communes, ils ne présentent pas une homogénéité parfaite : d'une ile à l'autre, on remarque de nombreuses différences linguistiques et socioculturelles que l'on peut expliquer par les origines différentes de leurs habitants.

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Une étude sur le fétichisme bembé222, par exemple, nous a permis de relever des similitudes avec les autres peuples où les instruments de musique ne sont jamais en marge des activités de la vie quotidienne. Ce sont des véritables rites223.

(...)224.

Le cas de mysticisme peut être assimilé à des symboles qui intègrent une expérience unique et globale où entrent à la fois l'expérience positive ou ordinaire (réalité sensible, nature), et l'expérience mystique (puissances invisibles, surnaturelles). A titre d'exemple, quand meurt le dernier homme d'un certain totem, il lègue son titre (c'est-à-dire les mythes, les chants, les rôles dans les cérémonies, etc...) à un autre membre de la même région mystique que lui

7.2.3. La sorcellerie225

Avant d'analyser la communication sur les données supranaturelles et partant l'histoire des sorciers, il convient d'expliciter les termes que nous allons employer. Pour ne pas forger à coup de simplifications une totalité imaginaire, il faut prendre ici comme fil conducteur la notion de fétiche que les populations concernées se donnent pour qualifier les faits décrits comme relevant de la sorcellerie226 , kundu ou kindoki pour Alain

222H.Pepper, « Mumpa, cérémonie fétichiste Bembé », In Musique centrafricaine, Extrait d'Afrique Équatoriale Française de l'Encyclopédie Coloniale et Maritime, sd. p.14.

223Prestidigitation, gestes magiques, un air pédant, une componction grotesque, un attirail d'oripeaux et d'images grossièrement taillées, des bariolages bizarres tracés sur le visage et sur le corps, une couronne de plumes perchée sur la tête, les instruments bruyants qu'ils secouent à l'instar de castagnettes, de sistres ou de crotales ; l'idée préconçue qu'a le vulgaire de leur connaissance de choses étranges ; la croyance à leur pouvoir de déchaîner les pires maux par un geste, par un simple coup d'oeil ; la connaissance qu'on leur prête des herbes et des bêtes ; leur disparition fréquente en des retraites cachées, où ils sont censés se livrer à des opérations magiques et lier commerce avec les puissances surnaturelles : voilà bien les procédés de la sorcellerie de tous les temps, voilà ce qui prête aux nganga l'autorité, la réputation, une auréole assez solide pour que l'insuccès même ne puisse la dédorer, G. Vassal cité par Fl. Bernault, Ibid., p.757.

224 R. Piddington, Totemic system of the Karaddjeri tirbe, Oceania, II, 1932, p.376

225 P. Yengo, « Le monde à l'envers Enfance et kindoki ou les ruses de la raison sorcière dans le bassin du Congo », In Cahiers d'études africaines, n°189-190, 2008, pp.299-301.

226 Frank Hagenbucher-Sacripanti, Les fondements spirituel du pouvoir au Royaume Loango : République Populaire du Congo, Paris, Orstom, 1973, p.13, p.31. (Mémoires Orstom, n° 67). La

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Kinzila227 et Marcel Soret228, nkisi229, suivant le sens qu'il a reçu dans son acception en français. Il s'agit là d'une notion quasiment ontologique, mais aussi celle d'un vécu quotidien, situé au départ et à l'arrivée des pratiques lignagères qui mêlent inextricablement la fascination et la répulsion.

Ces termes (sorcellerie et fétiche), que les populations concernées emploient pour éviter les confusions sémantiques, peuvent induire les termes génériques français de sorcellerie et de fétiche. Ces termes trouvent leur occurrence lors d'un évènement malheureux : le kindoki dont l'organe de sorcellerie, le kundu, peut s'activer involontairement mais, pas toujours, nécessitant bien souvent la médiation du nkisi, l'objet-fétiche, dont la manipulation par un spécialiste, le féticheur, permet d'activer la puissance.

En parlant du fétiche F. Hagnebucher-Sacripanti230, écrit qu'il est temporellement séparé des vivants par la chaîne des ancêtres (esprits des morts) de toutes les générations écoulées depuis la fondation du clan ou son installation sur la terre qu'il occupe. Propriété exclusive du clan, la

définition du Nkisi introduit la dimension << magique » de la conquête, de l'affermissement du pouvoir, rejoint la notion de fécondité physiologique et économique, individuelle et collective dont il est avec le Nkisi si le meilleur garant, dispensateur parcimonieux ou généreux qui s'offre aux déterminations de l'homme, c'est-à-dire du ngüga (devin) instruit dans la maîtrise des forces de la nature. L'énumération et la comparaison des points communs et spécifiques du Nkisi et du Nkisi si permettent de différencier ces deux concepts sans toutefois résoudre le problème du « Nkisiisme » évoqué par le Révérend Père Dennett.

227 Le kundu et le kindok, écrit Alain Kounzila, sont des phénomènes très prégnants chez les peuples d'Afrique centrale, notamment chez les Kongo, sujet de cette étude. C'est avant tout des ondes. Partant de cette hypothèse, Alain Kounzila. La cherche dans son ouvrage à représenter scientifiquement (mathématique et physique) des phénomènes objet de son étude, notamment les ondes maléfiques, In Initiation aux Espaces Kundu, Paris, Ed. ICES, sd.

228 M.Soret : Le Kundu c'est l'art de faire le mal. Il est matérialisé par un animalcule dans le corps du ndoki, de celui qui a le mauvais oeil., In Les Kongo nord occidentaux, Paris, PUF, 1959, p.105

229 Le concept nkisi a largement été développé par Steve-Régis Kovo Nsondé dans un article intitulé « Evolution de la percpetion de la notion de nkisi : sainté, fétichisme, magie ou sacralité » , tiré des notes de recherches, De l'évolution de la représentation des figures de l'autorité politique et religieuse chez les populations koongo à Kongo, Loango, Ngoyo et Kakongo (XVIIe -XXe siècles) : note de recherche, Musée du quai Branly, 2014, pp.107-115.

230 Frank Hagenbucher-Sacripanti, Les fondements spirituel du pouvoir au Royaume Loango : République Populaire du Congo, op., cit., p.35.

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sorcellerie dépend de l'importance et du rôle politico-religieux qu'il joue dans la société. L'ancêtre du clan, honoré au cours de cérémonies publiques, constitue la justification religieuse de la distribution du pouvoir et de la bipartition de la société entre les princes et les détenteurs de la terre.

Ainsi, ceux qui s'adonnent à cette science, les sorciers, peuvent être compris comme étant:

« (...) des gens qui ont quatre yeux. Les deux premiers sont pareils à ceux de tout le monde. Les deux autres sont des yeux qui voient plus que le commun des gens. Les sorciers en font usage la nuit comme le jour. Celui qui a ces yeux peut se transformer en léopard, en crocodile, en éléphant, en sanglier, en oiseau. Il peut aussi s'introduire dans une personne et lui faire commettre de mauvaises actions 231 »

Selon Spencer et Gillen, ces « surhommes » avaient acquis leurs pouvoirs des parents biologiques. Tout d'abord, ne devient pas médicine-man qui veut. Le candidat est généralement désigné par des prédispositions présumées héréditaires s'il doit succéder à son père, le plus souvent révélées par des troubles nerveux. Il passe par une série d'épreuves réparties sur un long espace de temps. Dès le début, le novice est transporté dans le monde des puissances invisibles. Il se rend à l'entrée de la caverne habitée par les « esprits, les génies », pour s'offrir aux coups mortels d'un de ces esprits. Celui-ci lui vide le corps, devenu insensible. Il en retire les organes pour en introduire de nouveaux.

231L. Lévy-Bruhl, ibid., p.21.

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Quand le novice revient à lui, il a été dépouillé du vieil homme, au sens littéral du mot. Il n'a, cependant, pas perdu la conscience de sa personnalité, ni la mémoire de sa vie passée. Mais, il ne les retrouve pas tout de suite. Pendant les premiers jours, il demeure plus que bizarre, presque aliéné. Ses façons d'agir sont étranges. Il a l'air de quelqu'un qui serait tombé ici-bas venant d'un autre monde. Un peu plus tard, quand il aura repris sa place parmi les membres de la tribu, qu'il vivra de nouveau avec eux et comme eux (car sa qualité n'empêche pas que sa condition ne reste la leur), il subsistera cependant toujours une différence.

7.2.4. Les rites des jumeaux

Il existe des rites pour célébrer la naissance des jumeaux, pour les soigner (quand ils sont malades), pour leur mort, pour leurs funérailles232et pour la levée du deuil233. Ainsi, C. Plancke souligne que les chants et les danses, qui font partie intégrante de ces rites, ne peuvent pas se concevoir sans instruments de musique234.

Une naissance gémellaire était, parfois, accueillie comme un heureux événement, parfois non, Lévy-Bruhl décrit ces moments235. Les

232 « Les funérailles de jumeaux présentent aussi des particularités. Il est interdit de déclarer ouvertement qu'un jumeau est mort. Il faut dire qu'« il est allé couper des noix » ou qu'« elle est allée chercher de l'eau », afin que le jumeau survivant ne soupçonne rien et ne soit pas tenté de suivre le défunt. Pour la même raison, l'assistance ne peut pas pleurer et est tenue de chanter et de danser sans arrêt, le visage peint de points rouges et blancs. Une gardienne de jumeaux verse du vin de palme autour du jumeau défunt et lui souffle de temps à autre le médicament des jumeaux. C'est en courant à toute vitesse et en versant des seaux d'eau le long de la route que le défunt est emmené à sa tombe. Celle-ci se trouve au cimetière des jumeaux situé à un carrefour. Autrefois les jumeaux n'étaient pas enterrés dans un cercueil mais uniquement enveloppés dans des pagnes. Actuellement les Punu fabriquent pour eux des cercueils en planches légères. Au moment d'introduire le défunt dans la fosse, il faut faire particulièrement attention afin que rien n'y tombe, car les jumeaux n'aiment pas la saleté. Du vin de palme est ensuite aspergé dans la fosse (...), C. Plancke, « Rites, chants et danses de jumeaux chez les Punu du Congo-Brazzaville », In Journal des Africanistes, Vol. 79, n°1, 2009, p186.

233A. Tsiakaka et Pierre Erny, Fêter les jumeaux : les berceuses KÌ òongo. Paris : L'Harmattan, 2005.

234 « (...) Rendre un culte par des chants et des danses. Les danseuses frappent toutes en même temps rythmiquement le sol, en progressant dans le cercle. (...)», C PLancker, Ibid., pp.192-193.

235 Dès que la nouvelle du décès des jumeaux se répand qu'une mère vient de mettre au monde des jumeaux, tout le village est considéré comme souillé; les feux des foyers s'éteignent ; les cendres sont jetées à l'ouest dans une fosse, etc. Une cérémonie spéciale de la part des parents des jumeaux doit être

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jumeaux sont une source de joie et, deviennent des sujets de respect et d'adoration. Leurs parents sont félicités, fêtés, honorés. On ne saurait leur témoigner trop de reconnaissance pour la bénédiction qu'on leur doit.

7.3. Dans le cadre de la vie quotidienne (oratoire : contes, proverbes, chants, danse, jeux, folklore, couleurs, nombres, différences sociales...)

Si l'histoire de la musique africaine suit étroitement l'histoire globale de l'Afrique depuis la rencontre définitive avec les Européens (esclave, colonisation, décolonisation236), la musique des Kongo n'est pas en reste.

C'est ainsi qu'une étroite relation entre la musique, la danse, la parole et finalement la vie sociale rend souvent difficile l'établissement d'une distinction stricte entre la musique profane et la musique sacrée. Car, dans le domaine musical, comme partout ailleurs, les colons ont déployé les mêmes armes implacables pour la conquête de l'Afrique : à savoir l'église chrétienne et l'armée, la bible et le fusil de chasse.

Il existe, cependant, des genres musicaux qui appartiennent plus précisément au domaine sacré (musiques rituelles, musiques d'initiation) que d'autres (berceuses, complaintes), même si ceux-ci s'y rattachent aussi d'une certaine manière et, les instruments de musique jouent un rôle important.

faite pour purifier le village. Vouloir enfreindre une telle loi du tabou, ce serait encourir les plus graves malheurs, L.Lévy-Bruhl, L'Expérience mythique et les symboles chez les Primitifs, Paris : Librairie Félix Alcan, 1928, p.51., (Coll. Travaux de l'année sociologique)

236 M. Garba, « Divergences et convergences des musiques traditionnelles et modernes dans la culture nigérienne », Ibid., p.164.

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7.3.1. Les chants et les danses

On rencontre, chez les Kongo, des types de musique, relativement détachés du sacré et semblables au genre (chant de travail, musique de divertissement, berceuses, complaintes) et parfois même une structure musicale (la rythmique et les tournures mélodiques des chants d'enfants) qui se retrouve un peu partout dans le monde. Certaines musiques sont jouées dans la solitude pour endormir un enfant, pour exprimer la mélancolie ou tout simplement pour se divertir.

La musique et la danse sont souvent associées au point que l'une ne peut pas exister sans l'autre, tel ce divertissement des femmes qui chantent en s'accompagnant elles-mêmes d'une suite rythmique composée à partir d'un ensemble de percussions, d'entrechocs et de résonances exclusivement corporels, obtenus au cours d'une sorte de danse des mains jointes, doigts écartés.

La danse est exécutée en position assise dans un mouvement vertical de va-et-vient ; les deux mains jointes viennent percuter sur la tranche supérieure, tantôt contre le menton, tantôt contre le front. Au cours de cette danse, les doigts s'entrechoquent à chaque percussion contre le genou, le menton ou le front. Tandis qu'une seule femme chante véritablement, le jeu rythmique est obtenu au total par la combinaison de la danse des deux mains jointes et de claquements de langue. Le choc des mains jointes contre le menton provoque le vibrato de la voix. Il est impossible de citer les multiples occasions au cours desquelles la musique naît de ces danses embryonnaires que sont les gestes répétés du travailleur ou de ces femmes qui, par exemple, pilent le paddy ou les feuilles de manioc (saka saka) à plusieurs autour d'un même mortier en faisant danser les pilons qui percutent les uns après les autres en un rythme organisé. L'usage de ces instruments est manifeste au cours de bien d'autres

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circonstances. Ainsi, chez les Vili, par exemple, lors des calamités sanitaires ou économiques, après des épidémies, des pêches et des récoltes désastreuses, la tchinkhagi Tchibakisi, danse de circonstance est effectuée devant les bibila des principaux clans de la région affectée.

7.3.2 La musique sacrée

La musique rituelle représente un domaine élaboré, strictement organisé, un des plus riches de l'ensemble des manifestations musicales. L'initiation des garçons ou des filles donne lieu à d'importantes manifestations musicales représentant souvent les aspects les plus remarquables, les plus élaborés et les plus fidèlement transmis du répertoire musical de chaque société africaine. La musique accompagne le Musuundi depuis la nuit des temps. Elle est comme une aide dans l'expression de la joie, de la tristesse, de la solennité et de toutes sortes de sentiments. En ce qui concerne le sujet de cette étude, nous nous focaliserons sur les instruments de musique dans l'église, tout en gardant à l'esprit cet aspect universel de l'expression musicale. Vraisemblablement le chant est toujours accompagné d'instruments de musique237 .

La naissance des jumeaux est accompagnée par des musiques spécifiques : musique sacrée. Aussi, lors des funérailles, de nombreuses manifestations musicales et chorégraphiques ont lieu. Lors des fêtes villageoises (en chantant et en dansant), leurs chants, appris et mis au

237Dans les saintes écritures, les instruments se décomposent en trois catégories:

Les instruments à cordes: la Harpe, le psaltérion, (Psaumes 149.3)... (i) les instruments à vent: les Chalumeaux, Cornemuses, Cors, Flûte (1 Chronique 15.20-21, 1 Rois 1.40). Toutefois, la Bible ne mentionne pas l'utilisation de la flûte dans le Temple, même si elle était utilisée pour la musique sacrée (1 Samuel 10.5), cortège religieux (Esaïe 30.29). ; (ii) les instruments à percussion: tambourins (Psaumes 81.2), les Cymbales (1 Chronique 15.19) et (iii) cf Le nouveau dictionnaire Biblique Emaüs dit "En principe, le chant était toujours accompagné d'instruments" .2 Chroniques 5.12)

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point lors des veillées, sont accompagnés par d'énormes tambours ou des tamtams portatifs : musique sacrée.

Les récoltes, les semailles, la pêche et la chasse sont des occasions musicales importantes. La musique semble alors jouer un rôle de médiateur entre les hommes et les dieux ; elle détient le pouvoir d'attirer les premières pluies, de conjurer le mauvais sort, d'introniser un chef, de transformer les enfants en hommes adultes : musique sacrée.

En somme, dans leurs rituels, les anciens utilisaient la musique pour hypnotiser les adorateurs afin qu'ils soient des canaux ouverts aux « esprits des morts ». Le tambour devenait l'oreille des dieux, martelant ses rythmes répétitifs et hypnotiques dans l'être intérieur des masses en adoration. Les prêtres et les magiciens étaient aussi, pour la plupart, des musiciens. Ils utilisaient leurs connaissances musicales inspirées de Satan pour jeter un sort aux sujets soumis à sa majesté. L'emploi de la musique durant les cérémonies sacrées et les rituels chamaniques date des temps les plus reculés. Il a récemment été vérifié que le son peut être utilisé pour affecter et changer les ondes cérébrales. Les changements de ces fréquences créent des changements dans la conscience, permettant de provoquer des états mystiques... La relation entre la sagesse occulte et le son peut sembler, à première vue, quasi inexistante. Pourtant, dans les anciennes écoles mystiques d'Egypte, de Rome, de Grèce, du Tibet, d'Inde et d'autres centres d'apprentissage, la connaissance du son était une science très raffinée (...), écrit J. Godman 238 .

238Jonathan Goldman, Les sons guérisseurs, Le pouvoir des harmoniques, p. 11, cité par Brian S. Neumann, Le son de la musique : au coeur de la controverse, Paris ; 2d. Brian S. Neumann, 2006, p.32.

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7.3.3. La musique professionnelle

La plupart des musiques dont il a été question sont l'apanage des chasseurs, cultivateurs, initiés, enfants, etc.- pour qui la musique ne constitue pas l'activité principale. Il ne faudrait pas croire pour autant que ces musiques ne nécessitent qu'un apprentissage sommaire: s'il est vrai que les enfants apprennent à chanter en écoutant faire les autres, les jeunes hommes en cours d'initiation se sont entraînés pendant des mois à apprendre chants et danses ; certains d'entre eux parmi les plus doués, peuvent être admis à tenir les rôles de solistes ou d'instrumentistes. Dans la société des adultes, il en va de même: n'est pas chanteur principal ou tambourinaire qui le veut. L'appartenance à telle ou telle famille peut être exigée pour jouer certains instruments sacrés. Nous reconnaissons, chez les Suundi, des qualités musicales de tel ou tel dont la voix ou la virtuosité instrumentale sont jugées particulièrement remarquables. La musique, comme la langue, la religion, l'organisation sociale, représente une des bases importantes de toute société traditionnelle. Exceptionnellement isolée de tout contexte religieux et social, elle s'intègre admirablement aux divers aspects de la vie traditionnelle.

7.4. Dans les cas d'autres occasions

7.4.1. Dans les cas des conflits armés ou guerres inter claniques

« La musique adoucit les moeurs », dit-on ; ce qui n'empêche pas que les Kongo possèdent des instruments de musique, pour aller en guerre. Ce qui n'a rien d'adoucissant.

L'orientation de l'utilisation des instruments de musique traditionnels, dans le domaine militaire ou des luttes, est donnée par G.

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Balandier. Les instruments de musique peuvent être mis au service d'un « bataillon militaire ou d'une troupe239 ».

C'est dans cette optique que le Père de Modène relève l'utilisation militaire de grandes pirogues lors des conflits entre les chefs établis dans les îles annonce des « sortes de guerres civiles240 ». Celles-ci sont la résultante non seulement des rivalités pour le pouvoir mais aussi des compétitions économiques, intenses en région où le trafic négrier trouve son aboutissement et où sont établis les centres d'échange avec les trafiquants européens. Au Kongo, ajoute l'auteur, naquit la violence ; tout au long des règnes successifs, le pouvoir s'y toujours conquit ; la force y restera une valeur cardinale et les premiers « miracles », rapportés au Dieu chrétien et à ses saints, s'accomplirent sur les champs de bataille. Vita ntu, ku mabundu ko, la guerre est l'affaire du chef, non des sujets241« miracle prend le dessous sur la paix qui caractérisait les Kongo. C'est alors que les tambours symboles du royaume et du pouvoir, garants de vigueur et de fécondité, supports de la vie même des rois et des chefs politiques, livrent aussi la « parole » de la guerre. Mieux que d'autres chroniqueurs, Laurent de Lucques l'avait observé : « Il y a ici beaucoup de tambours grands et petits, qu'on fait résonner aux festivités, en temps de guerre et en d'autres occasions (...)242 »

239« Les chefs de guerre stimulent l'ardeur des soldats et transmettent leurs ordres à l'aide des signaux sonores. Ce code requiert l'emploi de trois sortes d'instruments, d'émetteurs : le tambour (ngoma), taillé dans le tronc d'un ricinodendron africanun, à peau unique battue au moyen des petits maillets d'ivoire, la cloche sans battants nommée ngongé, frappée à l'aide des verges de bois; enfin la trompe en ivoire (mpûngi) qui, d'après Pigafetta, donne une musique martiale, pleine d'harmonie, allègre (... )»,G. Balandier, La vie quotidienne au Royaume de Kongo : du XVIème au XVIIIème siècle, Paris : Hachette, 1965, p.118.

240 Le Père de Modène, cité par G. Balandier, op., cit, p.171.

241 G. Balandier, Ibid, p.112.

242 Laurent Lucques, cité par G. Balandier, op., cit., p.112.

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L'usage de ces mêmes instruments à des fins de guerre a été également mentionné par A.M. Gochet243. Pour déclencher des hostilités ou pour les arrêter, les tambours se firent entendre244. Pour l'auteur, les tambours peuvent à la fois déclencher les hostilités, commander la réédition, l'arrêt des combats. La « guerre » et « la paix » seraient-elles « commandées » par les sons de tambours ? :

« (...) Les tambours de guerre cessèrent de résonner ; les discours furent échangés ; le soir même, l'expédition était autorisée à s'établir près des villages ; le lendemain (...) les chefs acceptaient les présents de l'homme blanc ; le surlendemain, la paix était faite»245.

Quoi qu'il en soit, les tambours, les idiophones, comme le signale G. Balandier246, s'invitaient dans les guerres dont E. Mayoulou en présente les règles dans l'espace culturel kongo247. L'explorateur Antonio Pigafetta, qui avait accordé une attention à l'organisation militaire et aux techniques de combats des Bakongo, avait relevé l'usage des tambours utilisés dans des circonstances décrites ci-dessous:

243A. M. Gochet, Les congolais, leurs moeurs et usages : histoire, géographie et ethnographie de l'État indépendant du Congo Les congolais, leurs moeurs et usages : histoire, géographie et ethnographie de l'État indépendant du Congo, Ibid., pp. 92-93.Il rapporte de quelle manière les autochtones étaienthostiles à l'installation de Stanley sur la rive gauche en face de ces mêmes villages qui avaient lancés contre lui un nombre si considérable de canots de guerre.

244(...) La rive opposée s'anima ; comme autrefois les grands tambours firent entendre leurs appels belliqueux et les bords de la rivière se garnirent d'indigènes en armes. Mais deux canots seulement s'avancèrent en reconnaissances jusqu'à une certaine distance de la rive, où Stanley avait établi son camp provisoire et où tout son monde, bien en vue, demeurait immobile et fumant.

245 A.M Gochet, Ibid, p.93.

246 G. Balandier, op.,cit. p.109.

247 E. Mayoulou : Quelques fussent les enjeux de la guerre, on prenait garde à ce qu'il n'eût point trop de sang versé ni trop de morts, aucune bataille ne devait avoir lieu hors de l'espace réservé au combat de combat ; l'affrontement n'avait lieu que lorsque les deux camps étaient prêts. Il était interdit d'attaquer l'ennemi par surprise. Le combat doit-être royal. Le souci de rester humain est tel que les combattants doivent veiller à verser le minimum de sang possible. La partie qui violait ces règlements (kikondo : singulier en Kibembé et Kikengué (...), L'histoire des forces armées dans l'espace culturel koongo : des origines à la colonisation, Op., cit., pp.87-89.

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«(...) L'ordre de bataille des Mocicongo [Esi-Kongo] et des gens de l'Angola est à peu près le même. En effet, ils ne combattent qu'à pied, ils divisent leur armée en plusieurs corps, s'adaptent au terrain et brandissent leurs enseignes .Les mouvements du combat sont réglés par divers signaux sonores. C'est le général qui, marchant au milieu de son armée, donne le signal des mouvements qu'il veut exécuter : engager le combat, se retirer, avancer, tourner à droite ou à gauche ou faire n'importe quelle autre manoeuvre. Les ordres du général sont transmis au moyen de sons convenus et nettement fixés, comme le fait chez nous diverses batteries de tambour et sonnerie de trompes248»

Les guerres se déroulaient, par moment, sous forme d'épreuves divinatoires ou de test par petits combats et, finalement, se terminaient dès qu'une ou deux personnes avaient trouvé la mort, ils s'arrêtaient et sonnaient la cloche, ngongi, pour que les chefs négocient la paix ou la trève, en disant « Posez vos armes ! ». Tout le monde, retourne au village. Lorsqu'ils étaient prêts, ils frappaient le grand tambour à fente, nkoko; les musiciens sonnaient le ngongi à chaque entrée, et la guerre était terminée249.

7.4.2. Louanges, exaltation, religion et croyances locales

Les instruments de musique sont d'une importance capitale au point où rythmer la vie au quotidien devient leur champ de prédilection.

248 Pigaffeta, cité par G. Balandier, Ibid., pp.116-117.

249 (...). Les responsables des morts assumaient leurs responsabilités (...) et payaient le vainqueur en « cents » (mafunda, morceaux de tissus ou équivalents) et en esclaves ; si deux hommes étaient morts, (...), Source orale n°9 Mato David, (né vers 1933 au village Manzakala : entretien sur le contexte d'utilisation du ngongi dans le département du Pool, (Kinkala, le 27 avril 2009)

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L'usage de ces instruments débuta, selon certaines études250, bien avant le XVIIIèmesiècle, avec les premiers prêtres missionnaires qui débarquèrent en Afrique Centrale et Australe pour commencer l'évangélisation. C'est ainsi que la fondation des missions catholiques de Loango251, de Linzolo252et de Mfoa en 1887 (berceau de Brazzaville253) justifie amplement « l'introduction » de ces instruments dans la formation spirituelle de l'homme, la civilisation et la formation du chrétien. Ces instruments traditionnels trouvèrent une place de choix dans l'expression musicale des assemblées ou les églises chrétiennes254 couramment appelées « scholas populaires» ou groupe des chantres, kilombo255. En dépit de quelques moments de réticence, il le confirme en disant :

« (...) L'Église était encore réticente, au temps des premières «scholas populaires», à l'introduction de certains éléments traditionnels. Ainsi, les rythmes et les instruments trouvaient plus facilement leur place dans l'Église catholique que les modes et lignes mélodiques traditionnels ; phénomène déjà observé à travers les cantiques populaires 256 »

C'est dire que les instruments à percussion les plus utilisés par les Kilombos sont essentiellement composés de: cloche double ngongi,

250O.Marck, L'évolution de la pensée missionnaire en Afrique centrale au XXe siècle, au travers de la musique liturgique : cas des deux Congo, Mémoire de Master 2 « Sciences humaines et sociales » Mention : Histoire et Histoire de l'Art Spécialité : Histoire de l'art et Musicologie, Université de Grenoble, 2012, p.10.

251 H. Pepper, A la recherche des traditions musicales en pays vili, Paris, Office de la recherche scientifique d'outer mer, 1950, 6 p.

252C. Kinata, « La christianisation en Afrique équatoriale française » In Ann. Univ. M. Ngouabi, 2008 ; p.4

253 R. Witwicki SM, Marie et l'évangélisation du Congo t.1 : chronique de l'ère des missionnaires : 1594-1952 : Marie telle qu'ils l'ont fait connaître au Congo, Brazzaville : Centre Chaminade, 1995, p.69.

254 R. Bouesso Samba, La polyphonie du peuple Kongo dans la musique religieuse : cas des églises chrétiennes de Brazzaville, Brazzaville : Institut de la Jeunesse et de Sport, 2006, p.3.

255 O. Marck, Ibid., p.131. 256Ibid., p.141.

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hochet en boule, tambour à friction nkwiti, tambour membranophone de forme similaire mais utilisé par frappement, et une percussion idiophone constituée d'un morceau de bois rectangulaire frappé.

Au début de notre ère, jusqu'à une époque récente, la cloche257 avait été un instrument privilégié de musique et de «communication de masse258 qui a inspiré plus d'un auteur259.

Le tintement de la cloche est associé aux joies et aux deuils de la famille : trois fois le jour, il invite à prier la Sainte Marie au souvenir du mystère de l'incarnation; chaque dimanche et dans les grandes solennités, il convoque les fidèles dans le temple et au pied des autels, des dangers qui les menacent, des calamités qui sévissent et il élève les âmes jusqu'au pied du trône de Dieu pour en faire descendre secours et protection. Comme le symbolisme a des rapports très étroits avec l'usage religieux des cloches et la manière dont l'Eglise les bénit. La cloche, ngunga, était utilisée aussi pour annoncer l'arrivée de l'étranger, un hôte à l'entrée des maisons. Son usage s'est trouvé étendu avec les missionnaires venus évangéliser les peuples « barbares260».

257DOM Jules Baudot, Les cloches : [étude historique, liturgique et symbolique], Paris, Librairie St Cloud, 1913, p.10. Une étude sur les clochettes et les cloches est avant tout une étude religieuse. Sans doute, on pourrait sur ce sujet trouver matière à des considérations d'ordre scientifique et artistique dans lesquelles on suivrait pas à pas les progrès réalisés pour la fonte des métaux, la combinaison des alliages, la forme donnée aux instruments en vue d'obtenir la perfection dans la solidité, la sonorité, l'harmonie, on pourrait même rechercher les procédés qui ont permis de mettre en branle des nasses énormes avec la moindre dépense possible de forces physiques, mais il faut toujours en revenir à cette constatation que ces inventions du génie humain ont été réalisées, donnée, aux instruments en vue d'obtenir la perfection dans la solidité, la sonorité, l'harmonie ; on pourrait même rechercher les procédés qui sont à travers les siècles comme un moyen d'inviter les hommes à la louange du Seigneur, à la prière, à la manifestation d'une joie ou d'une tristesse qui élève l'âme vers Dieu ou du moins rapproche l'âme de Dieu.(sic)

258 E. Sutter, ibid., p.3.

259 J. Corblet, « Notice historique et liturgique des cloches », In Revue d'Arts Chrétiens, 1858.

Farmier, « Notice historique sur les cloches, suivi des prières et cérémonies de bénédiction », Robecourt, 1883.

260 L'évangélisation, acte et processus de communication. Il y a lieu de reconnaître que dans sa pastorale l'Eglise catholique privilégie habituellement les moyens traditionnels. Elle fait particulièrement usage des chants, de la danse, du tambour, des proverbes, des mimes. Ces moyens sont abondamment employés dans la prédication et lors des célébrations liturgiques (...), écrit M.Philippart, « la communication : une priorité pour le synode africain », In Information bulletin Cameco, n°4, 1993, 4 p.

165

7.4.3. Réunions, visites officielles

En pays kongo, de manière générale, le chef de village est le détenteur exclusif de l'instrument convenu au sein de la communauté. Il est utilisé pour convoquer les hommes au Conseil, aux palabres. A titre d'exemple, tout départ à une partie de chasse collective, tout rassemblement, est toujours précédé d'un ou de plusieurs sons de cloches ou de coups de tambour à fente. Les visites officielles obéissent, aussi, au même protocole : celui du roulement des instruments de musique.

D'après l'histoire sociopolitique du Congo, dans certains villages, de nombreuses personnes qui n'avaient jamais voulu ni payer l'impôt sur le revenu (époque des « trois francs» : mfalanga tatu », ni se faire

recenser pour travailler dans l'administration coloniale (les
Matsouanistes261) ou ni contribuer à l'effort de développement économique, telle que la construction du Chemin de Fer Congo-Océan (C.F.C.O.), ces personnes là suivaient de près le mouvement des agents recenseurs ou des percepteurs d'impôts au moyen des tambours Elles savaient à peu près le jour où ceux-ci arriveraient, et prenaient la fuite et se cachaient dans la brousse jusqu'à ce que les envoyés de l'Etat, découragés, retournent en ville.

L'arrivée de l'étranger était annoncée au moyen du tambour. L'étranger qu'on savait pacifique était attendu avec honneur et allégresse ; tandis que le « méchant », le « trouble-fête » comme l'administrateur colonial, le mbulu mbulu, trouvait le village vide, désert et abandonné par ses habitants. Aussi, quand un chef de clan ou de village décide, pour une raison ou une autre, d'aller rendre visite à un collègue, chef de clan voisin,

261Matsouanistes : Adeptes et fidèles à la pensée philosophique et religieuse du résistant André Grenard Matsoua (fondateur de l'Amical).

166

ce dernier est averti par le visiteur en utilisant ces mêmes moyens de communication. C'est dire qu'avant l'arrivée de l'homme blanc262, le guetteur disposait, par ailleurs, d'une cloche qu'il frappait suivant un code conventionnel ou convenu, certainement en TI et en TAH.

Dans le cadre de la lutte contre les maladies évitables par la vaccination comme la fièvre jaune, la poliomyélite ou le choléra et parfois contre les autres pathologies telles que la trypanosomiase humaine (maladie du sommeil), l'invite des populations à l'adhésion et à la prise de bonnes décisions263 et la transmission des messages se font au moyen de ces objets sonores. C'est, généralement, le tambour à fente dont la portée est plus importante que la cloche et le tam-tam qui était utilisé. Des espèces des moyens de communication de masse264 dont l'apport visant le changement de comportements a été démontré par Maiga Ibrahima Allamir265 et K. E. Kouamé et J. Niangnehi Sia266. Ce tocsin267 est demeuré largement utilisé dans les zones rurales jusqu'au milieu des années 1990 où l'usage de la cloche va être remplacé par des sirènes, alerte mécanique, à l'image des unités de productions industrielles268 , des

262Le Mundele, c'est l'homme à la peau blanche. Il pouvait être un missionnaire, un collectionneur d'impôt ou un agent de l'ordre colonial. Les autochtones parvenaient à distinguer de par les parures (accoutrement). C'est à l'aide de ces parures qu'il était jugé soit bon soit mauvais, soit gentil ou brutal. Ainsi, « l'habit fait le moine », dit un dicton.

263 OMS, UNICEF, USAID, Communication pour l'éradication de la poliomyélite et la vaccination systématique : listes récapitulatives, Genève : OMS, 2002, p.5.

264 Dans cet ouvrage l'auteur précise que la communication de masse est ce mode particulier de la communication moderne qui permet au destinateur de la communication (l'individu ou le groupe dont elle émane) de s'adresser à la fois à un très grand nombre de destinataires. Bref, il s'attache aux types de fonctionnement social qui caractérise la communication de masse (....), écrit O. Burgelin, La communication de masse, Paris, S.G.P.P., 1970, 300 p., (Coll. le Point en question).

265Maiga Ibrahima Allamir, Impact des messages de sensibilisation sur le changement de comportement des jeunes de Goundam face au danger du sida, Mémoire de fin d'Etudes Mémoire pour l'obtention du diplôme d'Etudes Supérieurs en Communication, Dakar, Ministère de l'Education nationale, sd., 76 p. 266K. E. Kouamé et J. Niangnehi Sia, « Les Formes de Communication Traditionnelles en Côte d'lvoire et leur Utilisation en Matière d'Education pour la Santé », In Africa Media Review, vol.7, n° 2, 1993. 267Le tocsin est une sonnerie faite avec les cloches publiques pour alerter la population d'un danger tel qu'un incendie, une invasion, une guerre etc...

268La sirène, cet instrument est largement utilisé à la société sucrière du Congo (SUCO) de Nkayi (département de la Bouenza). A des moments bien précis de la journée pour annoncer, le rassemblement (précédent le départ des travailleurs aux champs de canne à sucre), la fin de la journée de travail, etc.... Son écho est devenu une sorte d'horloge qui régule, au sens large du terme, toute la vie des habitants de cette localité.

167

écoles modernes pour annoncer le début et la fin du travail, le début ou la fin des classes pédagogiques.

7.4.4. Révoltes269, revendications et affirmations identitaires

Les évènements politico- militaires (la Deuxième guerre mondiale, la défaite de l'armée française en Indochine à Dien Bien Phu en 1954, la conférence de Bandoeng en avril 1955, etc.) ont été des raisons suffisantes pour que les « peuples opprimés » s'aperçoivent de « l'infaillibilité » du colonisateur. Certains moyens de communication avaient servi à préparer, à coordonner et à organiser les résistances. C'est au moyen des tambours à fentes ou des cloches que les manifestants étaient invités au rassemblement afin d'opposer la résistance270. Une résistance, qui selon Robert Mangoua Fotsing, «(...) consiste à investir les lieux du silence et en arracher des raisons d'agir et de vivre aujourd'hui271». Ainsi, sans ces instruments, de nombreux mouvements de résistance menés par des illustres personnages tel que André Grenard Matsoua s'inspirèrent en partie des thèses développées par d'autres pionniers du combat anticolonialiste comme Mabiala Ma Nganga272, Mouanda-Mbambi,

269Les causes de résistances populaires sont liées au système d'oppression économique, politique et culturelle mise en place par les colonisateurs européens. Qu'il s'agisse du système administratif français en Afrique de l'Ouest, ou du système des grandes compagnies concessionnaires par les Anglais, les Allemands et les Français en Afrique centrale, orientale et australe, les mêmes effets sont partout ressentis par les masses africaines (...) Dans ce genre de condition, les roulements de tambour sont les plus utilisés pour inviter les hommes au rassemblement immédiat, écrit R. Pélissier, « Résistances africaines noires à la colonisation », In Cahier d'Etudes Africaines, 1980, vol.20, n°80, pp.509-514. 270Résister c'est riposter aux attaques d'un adversaire, l'empêcher de gagner du terrain, d'atteindre nos forces vives et, dans la mesure du possible, de l'affaiblir pour pouvoir reprendre l'offensive et

l'initiative dans le conflit qui nous oppose à lui.

271R. Mangoua Fotsing, « Gommage et résistance dans le processus de mythification postcoloniale », Présence Francophone: Revue internationale de langue et de littérature, 2004, n° 62, pp. 56-70.

272 Mabiala Ma Nganga : Décédé le 23 octobre 1896. Féticheur et activiste anticolonialiste, d'ethnie hangala dans le Pool. Opposé au travail forcé colonial, il organisa une révolte en 1892 dans les villages de Mindouli et Missafou, en pays bahangala. Ses actions consistaient principalement en des actes de sabotage des intérêts coloniaux. Son quartier général était établi dans une grotte naturelle aménagée, et gardée secrète. Il y résidait avec une vingtaine de ses lieutenants. Le capitaine Marchand en place ne pouvant y mettre fin, dû faire appel à Baratier, alors en Route pour Fachoda. Trahi par un autre hangala pour un ballot d'étoffes, Mabiala Ma Nganga fut asphyxié par le capitaine Baratier qui mit le feu à

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Nkayi-Mbenza, Nzaou-Nkayi, Bouéta-MBongo, Samba Mundongo, Kongo-Dia-Mukuba, Biza, Mvouaka, Tchimpa-Vita, Abraham Matouba, Félix Mbiémo, etc... n'auraient certainement, pas connu de réels succès.

Opposés à l'autorité coloniale, ces chefs cantons et des villages, dont ils avaient la charge d'administrer, avaient organisé des mouvements de résistances au moyen des instruments de musique. La musique s'affirmait, petit à petit, comme un moyen privilégié de résistance pacifique.

Par ailleurs, l'identité du peuple, mise à mal par les atrocités et les privations de liberté, trouve dans la musique la force de se redéfinir et de se réaffirmer. Ce processus de construction identitaire sera renforcé par l'intérêt que lui portent certains ethnomusicologues. C'est ainsi qu'on assiste alors à la réappropriation du savoir scientifique, la revendication d'une spécificité culturelle, comme chez les Chopis273 engagés dans la bataille pour l'accession à l'indépendance. Cet instrument va être très important dans la transmission des messages entre les individus en quête de liberté.

« Un captif s'empara de la baguette du tambour de guerre. Il commença à battre le tam-tam en une succession de coups forts et saccadés. Le tambour vomit avec rage ses notes d'alarme ; le vent les emporta et l'écho les répandit partout aux alentours274»

l'entrée de sa grotte. L'insurgé y mourrut en compagnie d'une dizaine de ses fidèles qui refusèrent de se rendre. Sauf le vieux Mabala. Deux de ses lieutenants qui ne se trouvaient pas dans la grotte lors de l'assassinat, Mayoké et Missitou, purent se réfugier dans des villages tékés environnants. Mais les chefs locaux, en apprenant la rédition du vieillard Mabala sans conséquences, livrèrent Mayoké et Missitou à l'administrateur Mangin. Ils furent arrêtés et fusillés le 17 novembre 1896. Ce fut la fin de la révolte bahangala et le bannissement de Mabala comme étant celui qui sans doute avait livré Mabiala mâ Nganga. Pourtant, les babeembé qui avaient rejoint Mabiala, poursuivirent la résistance jusqu'en 1911. 273Moira Laffranchini, « Métamorphose identitaire à travers la musique : le timbila des Chopi du Mozambique », In Cahiers d'ethnomusicologie, 2007, n°20, pp.133-145.

274Amadou Hampaté BA, Oui, mon commandant !, (Mémoires - II), Paris, Acte Sud, Babel, 1994.

169

Les arts du spectacle: chansons, contes, danse et théâtres populaires (marionnettes notamment), n'ont-ils pas été les fers de lance275 des

« soulèvements contre la domination étrangère ? ». Dans le milieu
professionnel, l'avènement du multipartisme syndical276 en Afrique deviendra aussi le « le fer de lance de l'action syndicale et pour négocier (...) »277. Des travailleurs vont jusqu'à utiliser utilisent des ustensiles de cuisine comme les casseroles278, des gobelets pour manifester explicitement une position sociale inconfortable. Mués en instruments de musique, ces ustensiles servent à légitimer les protestations, les manifestations et les revendications des personnes lésées, peut on remarquer.

En République du Congo, les travailleurs licenciés de certaines entreprises publiques (BCC, ONPT, BIDC etc...) au début des années 1990, avaient, après multiples négociations infructueuses, obtenu le paiement de leurs droits de licenciement grâce aux concerts de casseroles279. Ces artistes « musiciens improvisés » et «déchainés » avaient fait courber l'échine de leurs anciens « employeurs » entre temps tenaces. Des manifestants «occasionnels et circonstanciels » qui luttent pour recouvrer leurs droits.

275 H.K Ranganath, Un problème toujours actuel : fonction et dimensions culturelles des médias en Inde, Paris, Unesco, sd., (Coll. Commission internationale d'études des problèmes de communication ; n°92)

276 « Le pluralisme syndical qui, dans la plupart des cas, a suivi le processus de démocratisation en Afrique francophone trouve sa légitimation dans la convention no 87 qui n'en fait pas une obligation mais exige qu'il demeure en tout cas possible pour assurer la démocratie syndicale. Ainsi, dans beaucoup de pays, il a effectivement permis de libérer les travailleurs du joug de la Centrale nationale unique affiliée au parti unique au pouvoir », BIT. Pluralisme syndical et prolifération des syndicats en Afrique francophone, Genève, BIT, 2010, p. v.

277 BIT, Ibid.

278Violaine Sizaire, « La mémoire populaire urbaine au Musée de Lubumbashi », In Civilisation : revue internationale d'anthropologie et des sciences humaines, vol. LIV, nos 1-2, 2009, pp.209-222.

279 Lorsqu'un peuple a en ras le bol (marre), il trouve toujours une manière de le manifester. Dans un pays où les actes de barbaries et d'injustices sociales ne font que se multiplier, les habitants se lèvent comme une seule personne et décrètent les concerts de casseroles qui deviennent un « fer de lance » de leurs revendications sociales ou politiques, etc... (Observations personnelles)

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171

malade est placé sur un fauteuil suspendu (le tipoye280) entre deux brancards supportés par deux couples de porteurs, un à l'avant, un à l'arrière. Une sorte de mode de transport281 en usage dans certaines localités pour transporter les notables. Disons qu'en matière des soins de santé primaires, la localité de Kingoyi (Bas-Congo) disposait d'un hôpital de référence et, faute de moyens de transport, seule la force motrice humaine (tipoye) était mise à contribution. Pour un si long voyage, nécessitant d'importants moyens matériels techniques et humains, celui-ci devrait être précédé des coups de gong ou de roulements du tambour pour appeler les hommes valides au rassemblement et les avertir de l'imminence du départ. Durant le voyage282 les chants des marcheurs sont « rythmés » aux sons des instruments (membranophones et idiophones) comme le kisansi ou la sansa (de petite taille).

Lors des travaux champêtres, de construction des cases d'habitation, des parties de pêche, les chants sont tout aussi rythmés par les instruments de musique. C'est dire que la musique non institutionnalisée était plus immédiate que la musique rituelle et, comportait une plus grande liberté. Sa portée était divertissante, parfois didactique dans le cas du conteur

280 L'existence du tipoye au 20e siècle est confirmée dans une notice du "Grand Robert de la langue française". La définition est la suivante :" ... Chaise à porteurs, souvent constituée par un hamac fixé à un ou deux bambous, portée par une équipe de deux ou quatre porteurs. Le tipoye était utilisé à l'époque coloniale pour le transport des notables ; il sert aujourd'hui (Rwanda) au transport des blessés ...In NGONGE, Carnets de Sciences Humaines Bulletin d'information de la Paul Raymaekers Foundation- 6 / 2011, p.31. Tipoy est emprunté au portugais tipóia, nom féminin, lui-même repris d'une langue amérindienne du Brésil (le tupi-guarani). On trouve ce mot à la fin du seizième siècle, désignant une sorte de filet ou un vêtement féminin (une pièce d'étoffe) dans lequel les mères indiennes portent leurs jeunes enfants. Tipoye veut dire »chaise à porteurs africaine». Entre 1880 et 1920, le transport de marchandises ou des personnes célèbres s'effectuait à pied par les caravanes qui reliaient Loango à Brazzaville et mobilisait de nombreux porteurs. Puis un peu plus tard, principalement dans les villes, le pousse-pousse prend le relais. Dans la tête des Congolais, le Blanc ne "sait" pas marcher ! Il est vrai que l'homme citadin venu d'Europe aurait beaucoup de mal à suivre certains marcheurs africains habitués à faire des dizaines de kilomètres. (...) Exténuante tâche pour les porteurs dont la tête et les épaules sont soumises à rude épreuve, cf. A. Rey, Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française de Paul Robert", tome 6, Paris : Ed. Robert, 2001, pp. 1224-1225.

281NGONGE, Carnets de Sciences HumainesIn Bulletin d'information de la Paul Raymaekers Foundation- 6 / 2011. Bulletin d'information de la Paul Raymaekers Foundation

282M. Brandily, « Brandily Monique, « Dire ou chanter? L'exemple du Tibesti (Tchad) », In L'Homme, 2004, vol. 3 n° 171-172, p.3.

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chantant des légendes historiques. Elle était présente sous différentes formes : un chant de travail, une mère berceuse à son enfant, un accompagnement de danse.

Au cours de ces danses, chacun pouvait participer en dansant, en chantant, en jouant un instrument ou en frappant dans ses mains. La musique pouvait également être destinée uniquement à celui qui la pratiquait, pour son propre plaisir et pour celui d'un éventuel auditoire. Elle était dans ce cas plus intimiste. Les instruments de musique intervenaient dans les parties de chasse, mbingu. Ce changement de lieu est fonction des saisons : en saison de pluies, on peut chasser pratiquement partout ; mais durant la saison sèche, en raison de la baisse du niveau des cours d'eau, la chasse à lieu surtout au voisinage des rivières et des points d'eau où le gibier va s'abreuver.

Au début de la partie de chasse283, très souvent, on attache sous le ventre du chien un grelot en bois, dibu, qui permet à son maître de le suivre, car il est rare qu'un chien garde un gibier mort. Ordinairement, il le dévore. Lors des parties de chasse collective, les bâtons de bois dur, les sagaies, les machettes qui permettent aux rabatteurs de se frayer un chemin, mais aussi d'abattre l'animal si celui-ci revient en arrière sont aussi de véritables moyens de communication qui établissement la communication entre les acteurs.

7.4.7. Le palais de justice ou tribunal traditionnel (mbongi)

Le tribunal ou l'espace de règlement des conflits, cette sorte d'« école traditionnelle284 », est un lieu de retrouvailles, un réfectoire, par

283 La chasse proprement dite, mbingu, est à distinguer du piégeage, lebeka ntambu, se fait seul, konda, soit avec un chien veta soit en groupe binga,Elle a lieu aussi bien ne forêt qu'en savane M. Soret, La chasse en pays Bakongo, [Paris], Office de la recherche scientifique et technique Outre-mer, 1957, p.2.

284 Ecole traditionnelle : le mbongi, mwandza, le hangar appluvial couvert d'un toit soutenu par des poteaux. Il s'agit d'une case communautaire qui ne remplit plus la fonction de vecteur dans le processus

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excellence, des membres masculins du lignage habitant le même village, le soir surtout. L'occasion de resserrer leurs liens fraternels et de consolider les liens de solidarité au sein de la communauté. Très souvent, les orphelins et les déshérités du lignage y trouvaient, également, leurs comptes.

Le mbongi, est un cadre approprié pour assurer la transmission des connaissances, du savoir traditionnel par le biais des instituteurs qui ne disposent ni de salles de classes, ni de tableaux noirs : le mbongi285. Mais, ce sont des sortes d'écoles et des maîtres typiquement congolais286. L'enseignement des règles de la vie, la transmission de l'expérience, de la morale et de l'histoire passe exclusivement par le biais de la parole et dont cet espace est le « médium ». Il est reconnu grâce à son âme287: « un feu qui s'allume sans interruption ». Ce haut lieu de communication entre les vivants et les ancêtres, les Kongo l'utilisent pour transmettre à leur descendance les connaissances liées à l'organisation et au fonctionnement des clans. On prépare l'enfant, à mieux gérer la « chose publique ».

de transmission et de conservation des valeurs culturelles d'autrefois : courtoisie, respect des biens de la communauté, l'obéissance, la dévotion et la sincérité sont aujourd'hui des mots vides de sens. Ces valeurs sont supplantées par l'égocentrisme, l'indifférence. A l'intérieur du Mbongi, Mwandza, se trouve un foyer quotidien autour duquel les familles se réunissent, se réchauffent et vivent ensemble. Au dehors, on se sépare ; chacun va de son côté : les uns vont au travail ou à la pêche, les autres aux champs ou à la promenade. Le mbongi kongo est l'équivalent du Kanza, Obaba ou Mbale chez les Mbochi de Makoua et Kouyou et Mbochi de Mossaka (Département de la Cuvette), du mbale chez les Mbochi de Mossaka du Mwanza chez les Suundi (Départements du Pool, de la Bouenza et du Niari), du Obamba dans les localités de Mossendjo, Divenié et Mayoko (Département du Niari), du Olebé chez les Mbetis (Département de la Cuvette-Ouest, du Ekanda chez les Bangoulou (Département des Plateaux), du Mbaze chez les Kwele et du Mohito chez les Mbondzo (Département de la Likouala) et du Optishio chez les Luba de la RdC.

285 « Est une case située souvent au centre des villages qui sert de lieu de rencontres des villageois pour partager des repas et pour raconter des contes et des légendes de la brousse. Il est aussi le lieu où siège le tribunal traditionnel et, le hangar qui accueille les étrangers de passage au village », R Nkounkou, « Qu'est-ce que le mbongi ? » In Liaison, n°13, juillet 1951, pp.21-22, cité par Philippe Moukoko, Dictionnaire du Congo-Brazzaville : alphabétique, analytique et critique avec des annexes et un tableau chronologique, Paris : L'harmattan, 1999, p.229.

286Ngoma-Ngambou, Initiation dans les sociétés traditionnelles africaines : le cas kongo, Kinshasa: Presses de l'Université Nationale du Zaïre, 1981, p.45.

287G. Menga, Les aventures de Moni -Mambu, Yaoundé : Clé, 1982, p.19.

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L'éducation commence dès le bas âge : parler, manger, marcher, tout cela s'apprend. Avant que le père ne prenne le relais à l'école traditionnelle, lorsqu'il s'agit d'un garçon, la mère est presque seule à assurer toutes ces activités élémentaires.

A l'opposé des filles, l'éducation des garçons se déroule dans le cercle familial, un abri constitué de piliers en bois supportant un toit à deux pentes recouvert de chaume avec un foyer central. C'est là que les hommes du lignage se retrouvent pour discuter et prendre en commun tous leurs repas, assis sur une longue chaise dite, tanawa, ta na muyuwa (parle, j'écoute). Il consomme les repas apportés par les épouses dans des assiettes ou des marmites à même le sol...

L'homme qui déroge à cette obligation collective est appelé «égoïste», « m'fwekene ». Le petit garçon se retrouve donc au milieu d'une communauté d'hommes qui remplit le rôle de «père». Du reste, l'enfant appelle «papa» non seulement son père mais les frères, voire les amis de son père. De leur côté, les filles quant à elles restent aux côtés de leur mère auprès de qui elles reçoivent l'éducation nécessaire.

Notons que « n'importe qui ne joue pas n'importe quelle musique à n'importe quel moment de n'importe quel instrument et pour n'importe où ? ». Il existe des musiques qui ne se jouent qu'à des occasions particulières, d'autres sont associées uniquement à telle ou telle cérémonie, à telle ou telle activité (récoltes par exemple), d'autres ne peuvent être entendues que par les hommes. Chaque membre de la société apprend à danser, à chanter les musiques qui lui reviennent selon son sexe, son appartenance à telle ou telle classe d'âge, sa fonction sociale. Il est difficile de généraliser, tant est vaste et diversifié, l'univers culturel kongo.

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Ainsi on rencontre, par exemple, des musiques jouées exclusivement par des professionnels et d'autres par profanes.

Dans l'ensemble, les instruments de musique apparaissent comme des langages « visibles » aux vertus exceptionnellement puissantes dont on ne doit pas user inconsidérément. En Afrique, tout comme chez les Kongo, la musique est faite pour être vécue et l'impact sur la communauté des Basuundi est grand.

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Chapitre 8 : L'impact des instruments de musique sur la communauté des Suundi à travers les espaces et les acteurs sociaux de la communication

La communication au moyen des instruments de musique, se pratiquant à l'intérieur des groupes et sous-groupes d'un même espace culturel, est d'une part, régie par un ensemble des procédures, des codes et, d'autre part, par des modalités qui varient en fonction des interactions. Les relations entre les acteurs sociaux et les espaces où se déroulent les échanges sont d'une importance capitale. Elles se déroulent dans de nombreux espaces: les marchés288, les temples ou les terrains de sport (aires de jeux), les églises etc...

Dans la communauté des Suundi, les instruments de musique ayant servi dans la communication de proximité n'ont plus d'importance dans la diffusion de l'information sur des longues distances. Les mass-médias les ont détrônés. Les atouts de ces instruments sont énormes. Les nombreux espaces où ils sont utilisés entretiennent des liens très étroits avec les principaux acteurs sociaux.

Ainsi, selon P. Banzouzi:

« Chaque grande période de l'histoire commence par un phonème d'appropriation de l'espace culturel au centre de la

288 P. Samuelson & W.D. Nordhaus, Principes d''économie moderne, 16ème éd., Paris : De Boeck; Baumol, W.J et A.S. Etudes Vivantes, 2000, p.27. Pour le commun des mortels, le marché désigne le rassemblement à but commercial, généralement périodique et dans un lieu prédéterminé, de marchands, de vendeurs et de personnes acheteuses, consommatrices ou non. Par extension, le marché désigne également le lieu aménagé (ou non) où se tient le marché. En économie, un marché est la quantité ou la valeur totale des produits ou de services d'une catégorie donnée vendue sur une période de temps donnée sur une zone géographique donnée. Pour les économistes, le marché est le lieu virtuel om s'opère la détermination du prix d'un bien ou d'un article.

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cité. L'agora de la ville grecque, le forum romain, la cathédrale du Moyen Age, la plazza italienne en sont des exemples fameux. L'espace public devient le centre de l'échange. Ainsi l'espace culturel s'est déplacé au Congo de l'espace communautaire (mbongi) et de l'espace public, (zandu, "marche") à celui de la rue. Aujourd'hui cette dimension devient dominante. La sociabilité traditionnelle par quartier et par rue disparaissant, une nouvelle sociabilité s'est substituée à l'ancienne, et maintenant assure les fonctions essentielles de la ville. Le véhicule de cette nouvelle sociabilité (...) le bar dancing, le café restaurant, c'est à dire l'endroit public où l'on se rencontre où l'on parle, on boit, on mange; il est devenu l'endroit du discours»289

Effectivement, dans la majorité des cas, les espaces de communication, sont des puissants canaux de communication. Toutes les sortes d'informations y sont véhiculées. Les informations, même, les plus, sordides et les plus saugrenues, d'entre elles, y sont données: c'est le siège de la « rumeur290 ». La rumeur est partout, quelles que soient les sphères de notre vie sociale. Certains auteurs voient dans ce phénomène « le plus vieux média du monde 291». Au fil du temps, le bouche à oreille a été

289 J.P Banzouzi, Histoire du Congo à travers les rues de Brazzaville : Journées d'Etudes sur Brazzaville : actes du colloque, Brazzaville 25-26 avril 1986, Brazzaville : Mission Française de Coopération et d'Action Culturelle, 1986, p.83.

290 Rumeur est une Information non vérifiée qui circule généralement de bouche à oreille (bruits qui courent), la rumeur circule suivant des processus que l'on cherche à déterminer (vitesse, expansion, déformation progressive...). Grand Dictionnaire de la communication. Les rumeurs sont inhérentes aux rapports sociaux. Anodines ou pernicieuses (nuisibles, médisantes, calomnieuses...), les rumeurs occupent une place non négligeable dans notre univers quotidien. Elle concerne tous les milieux sociaux, elles alimentent les conversations et les représentations sociales, elles cristallisent bon nombre de préjugés. « Dossier : Qu'est-ce que la rumeur ? », In Revue Sciences Humaines,

291 Du latin rumor qui signifie bruit vague, bruit qui court, nouvelle sans certitude garantie. La rumeur est sans doute le plus média du monde, « Avant que n'existe l'écriture, le bouche-à-oreille était le seul canal de communication dans les sociétés. La rumeur véhiculait les nouvelles, faisait et défaisait les réputations, précipitait les émeutes ou les guerres. L'avènement de la presse, puis de la radio et enfin l'explosion de l'audiovisuel ne l'ont pourtant pas éteinte. Malgré les médias, le public continue à tirer une

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relayé et relégué au second plan par des moyens de communication plus puissants comme la presse écrite, la radio, la Télévision et l'Internet). Avec Julien Bonhomme, il faut reconnaître que :

(...)292 ».

« Faire circuler une rumeur (en la créant ou en ne faisant que la retransmettre) permet ainsi aux acteurs de jouer un coup dans le champ agonistique de la politique, tout en minimisant les risques de la prise de parole du fait du caractère anonyme et officieux de l'information (fuite organisée dans la presse, confidence

Pour moi, la rumeur peut se concevoir, chez les Suundi, comme est, « ...un outil de la communication informelle. Déjà la communication informelle véhicule des informations officieuses et emprunte des voies qui échappent aux structures de l'organisation. La rumeur n'est pas toujours le symptôme d'un dysfonctionnement social. Comme pour certains sociologues, la rumeur présente un intérêt celui de : créer du lien social entre les personnes. Elle est une forme d'échange : elle fait naître la discussion, la critique, la moquerie, la connivence voire la complicité. Il faudrait aussi bien utiliser la rumeur au risque de voir votre personnel détruit.

8.1. Les espaces sociaux de la communication

Les instruments de musique traditionnelle, partie intégrante du processus de « communication », agrémentent notre quotidien et sont

partie de son information du bouche-à- oreille. L'émergence des premiers, loin de supprimer la rumeur, l'a seulement rendue plus spécialisée: chacun a désormais son territoire de communication », J.N. Kapferer, Rumeurs: le plus vieux média du monde, Paris, Seuil, 1987, p.10

292J. Bonhomme, « Philippe Aldrin, Sociologie politique des rumeurs », L'Homme, 180, 2006, pp.242-243.

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accompagnateurs de nos démarches journalières. Quelle que soit leur forme, ils investissent et sont utilisés de nombreux lieux publics ou privés pour véhiculer certains types de messages au sein de la communauté. Ils ne sont jamais très loin de leurs acteurs sociaux.

8.1.1. Le vestibule du chef, l'arbre à palabre

Dans les principaux villages (ghâta, vata) et villes (mavula, mbanza), du Royaume kongo, les rassemblements, les réunions se tiennent suivant les cas, soit dans le vestibule, soit à l'ombre d'un grand arbre (muti, nti), l'arbre à palabre (tribunal traditionnel), soit sous un édifice conçu à cet effet (comme le lemba ou le mbongi293, par exemple). Ces lieux sont des précieux vecteurs pour régler les conflits, des différends entre les membres d'un même clan. Les idiophones les tambours, les cloches, ngongi, sont sollicités pour annoncer le début ou la fin d'une cérémonie quelconque ou pour prononcer une sentence : une condamnation ou un acquittement.

8.1.2. Le marché294

Le marché, zandu, est une vieille institution en pays kongo. De façon récurrente et à des dates définies étaient organisés des itinérants.

293Le mbongi, valeur de la cohésion sociale, est un espace de rencontre quotidienne, de dialogue et de partage, de concertation et de convivialité : celui qui sortait de cet espace était appelé nkotila (hostile au partage). L'étranger de passage pouvait aussi s'y restaurer. A côté du mbongi, le lemba sorte de conciliabule où se tenaient des entretiens secrets, pratique encore en cours aujourd'hui dans le règlement des affaires traditionnelles à caractère surtout judiciaire (mfundu : concertation secrète pour dénouer une affaire). C'était le lieu des initiations.L'ordre social était protégé par la répression des déviances sociales : vol, viol, meurtre, etc. On enterrait vivant à la place du marché ou on vendait le récidiviste impénitent, écrit F. Lumwamu, Préface au 2ème festival de musique et de culture Kongo, «La nécessaire osmose», In Valeurs Kongo : spécificité et universalité, Paris, L'Harmattan, 2013, p.12

294J.P. Guingane, « Le marché africain comme espace de communication : place et fonction socioculturelles du Marché Africain », Conférence - Débat organisé le lundi 7 Mai 2001 au Centre Lacordaire, Rue des Augustins, Montpellier (France). L'auteur a consacré une communication entière sur le marché sous deux angles : le marché entant qu'espace de socialisation et de ses fonctions socioculturelles.

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Les Dondo et les Suundi des villages au sud de Boko-Songho (Minga, Mankala, Midimba, Manzaou, Kabadissou, Manzakala, Minga, etc) se retrouvaient le 5 de chaque mois pour commercer (échanger, achat des produits divers). La veille, la ville gronde de monde. Les paysans vivant dans les zones des montagnes et les paysans des plaines (Plateaux de Boko-Songho et de Mfoati) comme Kinanga Ntaki, Kinkémbo, Manguembo, Kitidi-tunga, Manzaou, Loudima venaient se retrouver à Boko-Songho pour écouler leurs vivres et se procurer des biens de toute sorte. Si la localité s'embellissait, les hommes et les femmes, de leur part, portaient, à leur tour, leurs plus beaux vêtements. Ainsi, les commerçants, les vendeurs et les acheteurs se bousculent pour occuper les meilleurs espaces pour réaliser les meilleures ventes.

Le marché, lieu d'échange par excellence des echanges commerciaux, devenait aussi, un agréable espace de communcation où des alliances s'y nouaient et s'y dénouaient. Toues sortes d'information, au propre comme au figuré, y étaient véhiculées.

Aussi, « je peux l'affirmer, on va plus souvent au marché qu'on ne croit, sans intention ni de vendre, ni d'acheter. Alors, pourquoi est-ce qu'on va là ? Moi, c'est ça qui m'intéresse », écrit J. Guingane. De par cette fonction de communication, il ajoute que:

« C'est au marché que les populations allaient s'informer des nouvelles du pays, des amis, des parents. Quand il y avait une commission à faire, on était sûr de trouver au marché un ressortissant du village intéressé qui se chargerait de la mission C'est peut-être en partie pour faciliter ce type de contact que l'occupation du marché a été organisée comme je

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vous l'ai dit. C'est aussi au marché que les chefs de village, par l'intermédiaire du chef du marché (le chef du village ne vient jamais au marché. (...). La fonction d'information et de communication du marché est certainement la plus importante, de mon point de vue après celle, économique, parce que jusqu'à aujourd'hui, si vous avez un meeting politique, vous avez une campagne de vaccinations (...) vous savez que c'est au marché qu'il faut aller le dire en passant par le crieur public. Sinon personne n'est au courant295»

Nous marquons notre accord avec ce point de vue d'autant plus que aujourd'hui, certains hommes politique ou certains relais communautaire296, utilisent ce « puissant » canal pour des actions de séduction, de markéting et même de sensibilisation pour solliciter l'adhésion de la population à la vaccination (accepter l'augmentation de l'immunité297 des enfants contre les maladies évitables par la vaccination)

8.1.3. Les maquis298, les cabarets et les débits de boisson (nzo malafu)

Dans les villages, les maquis, les débits, les lieux de convivialité ont permis l'échange de certains types de messages, on peut le redire. Les cérémonies liées à certaines pratiques culturelles, les rassemblements

295J.P. Guingane, Ibid.

296 Lors des campagnes de vaccination contre les maladies évitables par la vaccination (Choléra, Poliomyélite, rougeole, variole, coqueluche, méningites, fièvre jaune, etc...) et tout récemment dans le cadre la lutte contre le virus Ebola, les marchés ont été pris d'assaut par les messages invitant les populations à observer des règles d'hygiène quant à la consommation des primates et autres mammifères vecteurs de la maladie. (Observation personnelle)

297 Il s'agit des enfants dont la tranche d'âge est comprise entre 0 à 59 mois ou 5 ans.

298Les Maquis c'est notre manière d'appeler les bars, c'est un africanisme. Il est l'endroit où il y a des chaises, des tables, on sert de la boisson, on sert de la banane grillée avec des brochettes, des poissons ou du poulet braisé et certains jeunes africains ont réussi à amener tout ce monde dans les boîtes de nuit au Congo. (Observations personnelles)

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importants sont des occasions qui permettent de partager les informations entre les membres de la communauté. Ce partage se fait au moyen d'un système de communication spécifique au milieu où agit l'intersubjectivité. C'est un code accessible et commun, à l'ensemble des membres de la communauté, basé sur la langue, les signes, les images, les symboles : les idiogrammes. Les instruments de musique occupent une place de choix dans la mise en commun des émotions et sentiments : les conversations.

Le musicien peut, l'instrument en main, soit en solo, soit en duo ou soit au sein d'un groupe (musical), animer une retrouvaille des membres d'une même communauté célébrant un évènement: heureux ou malheureux. Au fil des temps, ces instruments favorisent les rencontres et même l'éclosion de nombreux ensembles musicaux, d'une part, et d'autre part, des espaces de danses comme les bars dancing. Ce faisant la musique se jouera à l'aide des outils plus élaborés : lecteurs de disques (tournes disques de 45 Tours et 33 Tours) reliés à des amplificateurs de son, d'une part, et d'autre part, au moyen des radiocassettes débitant des sonorités intenses. Ces maquis seront à l'origine du développement des phonothèques299 et des discothèques. Parallément aux photothèques et phonothèques, les instruments de musique et les espaces musicaux se sont développés.

8.1.4. Les espaces de sport (stades)

Si nous avons, chez les Suundi, observé l'existence des tambours de dance, des tambours de guerre, des tambours de paix, des tambours de dieux servant à la médiation avec le monde invisible, il existe des

299 Phonothèques : Les anglo-saxons utilisent le terme de" sound archives "plutôt que celui de phonothèque. Elle signifie un lieu ou une collection de phonogrammes inédits ou commerciaux est réunie sur un thème précis ou de manière encyclopédique à des fins de conservation

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tambours dits « tambours des stades300 ». Avant toutes rencontres sportives, la montée des équipes sur l'aire des jeux est précédée par l'exécution des hymnes nationaux au moyen des instruments de musique301 : les fanfares. Dans les stades où se déroulent ces rencontres, les supporters de chaque équipe utilisent les instruments de musique pour « booster » et pousser les joueurs de leur équipe à gagner une rencontre. Très précieux, ils jouent le rôle de « douzième (12ème) homme302 ».

Dans les stades, ça chante, ça joue, ça danse303. Les supporters chantent mais aussi jouent de la musique, des airs souvent vagues. Le «vuvuzela304 ». Au sujet des supporteurs des équipes sportives, la République du Congo a des talentueux animateurs305 qui, au moyen des mêmes instruments, sont capables d'« électriser » les foules et les gradins. Ils sont de précieux baromètres, peut-on, se demander. De par les prestations, ils peuvent être à la base de la victoire ou de la défaite de l'équipe.

300 De nombreux instruments de musiques, notamment, les ngoma, sont emmenés, par les supporter, fanatiques, dans les stades de sport pour stimuler l'ardeur des sportifs lors des renconrres sportives selon les disciplines. Le football passe pour le sport où ces instruments sont amplement utilisés (Observation personnelle)

301 Instruments de musique modernes utilisés par la fanfare nationale ou les instruments hybrides utilisés par les ensembles de musique invités à l'occasion

302 Terme spécifique au jargon de la presse sportive

303 Jérôme, « Dans les stades, ça chante, ça joue, ça danse, « http://bmol.bm-grenoble.fr/dans-les-stades-ca-chante-ca-joue-ca-danse/, (consulté le 4/03/2012)

304Cet aérophone, une trompette fabriqué à partir des matériaux recyclés, plastic, a défrayé la chronique lors de la coupe du monde de football organisée en Afrique du Sud en 2010. Son utilisation fait déjà débat car le son qu'elle produit est primaire et assez affreux, une sorte de gros bourdonnement de frelons. Certains craignent même que la compétition en soit gâchée... c'est pour dire. http://www.youtube.com/watch?v=SrYb9qtO8OQ&feature=player_embeded, (site consulté le 4/03/2012)

305 L.-A. Mpassi, Mbemba Jonas Tostao : « légende de meilleur footballeur du Congo-Brazzaville », Paris : Ed. Edilivre Aparis, 2009, p.32. La formation des Diables Noirs par exemple a connu un un nombre incalculable d'animateurs en allant de Chinois à Massalou Olivier dit Ambassadeur à Sardine, Médard Lémina, Démoukos, Mwa Tintin....sans oublier le groupe d'animation « 108 ». Tous ont été des portes étendards de l'animation ou l'ambiance dans et hors gradins des stades du pays.

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8.1.5. Les églises

Les études sur les églises dites « traditionnelles 306» et ou de réveil307, ont révélé qu'elles (églises) sont de précieux viviers où se réunissent des fidèles qui placent leurs espoirs en un Etre suprême. Les églises, devenues « des lieux de refuge pour les personnes frappées par le chômage, la maladie et tous les autres maux qui minent la société congolaise : elles y trouvent des ressources pour faire face aux menaces extérieures de la vie du « monde308 », elles sont, par ailleur, les meilleurs espaces, pour célébrer un culte. Dans ces églises309 les instruments de musique, de toute sorte, y sont largement utilisés.

En pays suundi, comme en pays téké, par exemple, la parole est sacrée; elle se fait avec solennité et autorité. Elle est celle du Chef qui parle à son peuple, elle est prononcée pour exhorter, pour enseigner et pour bénir. Elle est aussi utiliser pour prononcer les malédictions et des imprécations. Elle est aussi serment de Justice et de Vérité que l'on retrouve dans la Bible. Elle est sagesse par la richesse des métaphores, des proverbes, des paraboles et des contes. L'usage des proverbes et autres figures de styles sont très appréciés dans les prêches ou prédications au Congo où les instruments de musique ne manquent pas de jouer un rôle appréciable.

306 J. Tonda & J.P. Missié (dir.), Les églises et la société congolaise d'aujourd'hui, Paris : L'Harmattan, 2006, 193 p., (Coll. Etudes africaines).

307 M.S. Fallu, Les églises de réveil en Afrique centrale et leur impact sur l'équilibre du pouvoir des Etats : le cas du Cameroun, du Gabon et de la République du Congo, Paris : Ministère de la Défense-Délégation des Affaires stratégiques, 2012, pp.37-41

308 J.P. Missié, Les églises et la société congolaise d'aujourd'hui, Ibid.

309 Les Scholas populaires pour les églises catholiques et les kilombos pour les chorales des églises protestantes, écrit Oriane Marck, L'évolution de la pensée missionnaire en Afrique centrale au XXe siècle, au travers de la musique liturgique : cas des deux Congo, Mémoire de Master 2 « Sciences humaines et sociales » Mention : Histoire et Histoire de l'Art Spécialité : Histoire de l'art et Musicologie, Grenoble : Université de Grenoble, 2012, p .134.

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Au cours de la prédication, faite des gestes et des symboles qui annoncent les oracles, la libération, les avertissements, l'encouragement, le réconfort et la consolation durant les épreuves, la propension des instruments musicaux locaux est devenue très importante à telle enseigne qu'ils interviennent au moment des louanges et des adorations. Par conséquent, les églises sont, à tort ou à raison, taxées d'« industries polluantes310 ».

Elle est, pour certains, une atteinte à la vie privée311 et, pour d'autres, un facteur de risques aux maladies psychosomatiques et cardiovasculaires. Dans ces conditions, la nuisance apparaît comme un véritable « problème de santé publique » qu'il faille aborder avec beaucoup de sérieux car « trop de bruit porte atteinte à la santé312 ». Mme Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l'Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) pour la zone Europe déclarait que « la pollution sonore n'est pas seulement une nuisance environnementale mais aussi une menace pour la santé publique313». L'incidence du bruit sur la santé, a fait

310Une pollution, un bruit ou une nuisance d'origine sonore, Willy Musitu Lufungula et Willy Kitoko Matumona, Nouveaux mouvements religieux et identité culturelle, Université Humboldt de Berlin, 2006, p.14-15. Les Églises de réveil organisent leurs cultes dans différents lieux pouvant être des cours de maisons d'habitation, des parcelles abandonnées, des terrains municipaux, des marchés populaires ou des stades de football. (...) Si ces bruits, qualifiés à juste titre de nuisance sonore, sont tolérés en Afrique, ils sont en revanche considérés comme insupportables par les riverains en occident où les Églises de réveil organisent aussi généralement leurs cultes dans des locaux inappropriés. À Anvers par exemple, deux de ces Églises ont été fermées par l'autorité municipale. Les chefs d'Église ici, en ce qui les concerne, sont conscients du problème.

311Tintamarre au Congo "Une atteinte quotidienne aux libertés publiques", http://www.congo-internet.com/societe/tintamarre-au-congo-une-atteinte-quotidienne-aux-libertes-publiques/, article et téléchargeable sur indiqué ci-dessus (site consulté le 4/03/2012)

312Michel de Muelenaere, « Trop de bruit nuit à la santé », L'auteur rapporte que « Il ne s'agit pas seulement de simples dérangements ou de problèmes de sommeil. Le bruit cause ou contribue à des problèmes cardiaques, à des difficultés d'apprentissage et à des acouphènes ». Alors que jusqu'à présent le dossier était rangé au rayon des embarras, mais de plus en plus d'études documentent ses effets sur la santé. L'affaire est d'autant plus importante que l'exposition au bruit est à la hausse en Europe. Désormais, il est scientifiquement prouvé que l'exposition à de forts niveaux de bruit contribue à l'hypertension et à certaines maladies cardiaques. Selon l'étude de l'OMS, « 1.8 % des attaques cardiaques observées dans les pays européens sont attribuables à des niveaux de bruit du trafic supérieurs à 60 décibels », http://www.lesoir.be/archives?url=/lifestyle/sante/2011-04-01/trop-de-bruit-nuit-a-la-sante-831776.php (site consulté le 4/03/2012)

313 Zsuzsanna Jakab, « Nouvelles bases factuelles de l'OMS sur les effets sanitaires du bruit causé par la circulation en Europe », http://www.euro.who.int/fr/what-we-publish/information (consulté le 14 janvier 2013).

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l'objet de nombreuses recherches314 qu'il ne faut pas négliger. Nous n'allons pas trop nous étendre sur cet aspect.

8.2. L'impact des instruments de musique sur les acteurs sociaux et leurs limites dans les relations interpersonnelles

Qu'est ce qui justifie l'exploitation actuelle des instruments de musique dans le processus de communication actuelle ?

Il s'agit de l'accessibilité des moyens de communication modernes, des difficultés rencontrées dans l'usage des moyens de communication traditionnels et de l'abandon des moyens de communication traditionnels ou semi traditionnels au profit de la « galaxie du numérique ».

8.2.1. Les difficultés rencontrées dans l'usage des moyens de communication

La flûte, le tambour, la corne d'antilope, les signaux de feu étaient des moyens que nos grands-pères utilisaient, autre fois, pour communiquer. Ils ont été d'une grande importance.

Aujourd'hui, les technologies de l'information et de la communication ont tout remplacé. Nous-nous rendons compte que avec leur avènement, les anciens moyens étaient d'une grande lenteur voire même d'une inefficacité notoire ne matière de la transmission des messages. Ils pouvaient contribuer à la détérioration même de l'information ou du message.

314Camille Saïsset, « Mieux comprendre l'impact des nuisances sonores », http://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/nuisances-sonores/impact-nuisances-sonores.php4 (site consulté le 14 janvier 2013)

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Tableau 1 : Les difficultés rencontrées dans la communication traditionnelle en zone urbaine

Difficultés rencontrées pour :

Effectif

Pourcentage

Tambour

21

24.8%

Flute

23

27%

Corne d'antilope

33

38.8%

Face à face

8

9.4%

Total

85

100%

Source : Notre enquête, avril 2011

Comme il est visible dans le tableau ci-dessus, les personnes interrogées en zone urbaine approuvent l'usage de la corne d'antilope 38.8%, du tambour 24.8%, la flûte 27%, n'est pas d'une grande importance dans le monde communicationnel actuel, vu la place presque inexistant qu'ils occupent au sein de la société moderne de l'information. « Avec l'avènement du téléphone et de l'internet, nous ne pensons pas que, ce qu'on peut qualifier d'outils traditionnels de communication, aient encore de la place dans le monde moderne où les TIC embrassent presque tous les domaines de la vie quotidienne de chaque individu », souligne un enquêté.

On n'ignore pas la place qu'ils ont occupée durant les décennies ou au cours des siècles précédents. L'arrivée ou l'introduction des moyens modernes de communication ont révélé les imperfections au niveau technique de ses prédécesseurs traditionnels en ce qui concerne la transmission et la réception des messages ou informations multiples qui

188

sont principalement la détérioration et la lenteur d'envoi ou de la réception du message.

9.4% des personnes interrogées soulignent qu'il n'y a pas rencontré de difficultés dans la communication traditionnelle du face à face, à part celui de ne pas laisser des traces des informations échangées, «Oui, le face à face est très aisé parce qu'il nous permet un contact physique, mais le problème réside au niveau des informations échangées, il en reste des traces», souligne un enquêté.

Tableau 2 : Les difficultés rencontrées dans la communication traditionnelle en zone rurale

Difficultés rencontrées pour :

Effectif

Pourcentage

Tambour

51

60%

Flute

16

18.82%

Corne d'antilope

15

17.64%

Face à face

3

3.52%

Total

85

100%

Source : Notre enquête, avril 2011

A la lecture du tableau ci-dessus, les personnes interrogées en zone rurale approuvent l'usage du tambour 60%, de la corne d'antilope 17.64% et de la la flute 18.82%. Ces instruments occupaient une place importance dans le monde communicationnel traditionnelle. Vu la place presque inexistant qu'ils occupent au sein de la société moderne de l'information,

189

qu'on peut procéder à la pérénisation de cet acquis, qui peut toujours servir à certaines occasions. Comment par exemple, communiquer avec un interlocuteur en période de crise aiguë ? C'est là tout l'intérêt de « se ressouvenir » de l'usage des techniques de fabrication des instruments de musique traditionnelle et à travers eux les techniques d'emission des messages au sein de la communauté.

8.2.2. Les difficultés rencontrées dans la communication moderne

L'utilisation des technologies d'information et de communication engendreraient des obstacles d'ordre techniques vu que leur introduction dans la vie quotidienne est encore récente au sein de notre société. Bref, certains usagers rencontrent des problèmes d'ordre technique, d'autres les utiliseraient pour des fins inappropriées.

Tableau 3 : Les difficultés rencontrées dans l'usage des outils modernes de communication en zone urbaine

Difficultés rencontrées pour :

Effectif

Pourcentage

Internet

47

55.3%

Téléphone

20

23.5%

Fax

9

10.6%

Courrier postal

9

10.6%

Total

85

100%

Sources : Notre enquête, avril 2010

190

C'est bien, en effet, dans cette perspective que les moyens modernes de communication peuvent rendre de grands services à l'ensemble du pays qui est tenu d'importer des techniques et même parfois des modèles pour leur développement. Le problème qui se pose est celui de l'appropriation de ces techniques nouvelles importées qui imposent des problèmes de méthodes adaptées aux normes collectives spécifiques à la population et de savoir-faire au regard des valeurs culturelles à sauvegarder315. Une minorité des enquêtés déclare que l'usage du fax est à 10.6% et du courrier postal (10.6%) ne pose pas vraiment des problèmes d'ordre technique. «Certaines personnes pensent que l'usage du fax est facile, bien sûr il n'est pas compliqué comme l'ordinateur, mais il nécessite une connaissance aussi, vu même qu'il est d'usage moins courant au sein de notre société », souligne un enquêté.

A côté de la radio, la télévision et l'Internet, le courrier (postal, ancêtre du SMS), mukanda, nkanda, est l'un des moyens de communication par excellence. Il nous permet d'apprendre les événements les plus importants, des dernières décennies, comme l'arrivée de l'homme sur la lune ; les divertissements (jeux, films,...), les catastrophes naturelles, etc.

Mais, l'usage de la télévision en soi ne pose pas de problèmes. Appuyer sur une touche pour « marche/arrêt » et sélectionner une chaîne ne nécessite pas un apprentissage très développé. Cependant, l'introduction de la télévision et de l'internet dans la société n'est pas un enjeu de maîtrise technique de l'outil seulement, mais aussi d'apprentissage de réflexion sur l'image, l'information... Cependant, les usagers doivent les utiliser d'une manière contrôlée, les considérer

315htpp:// www.un.org/french/geninfo/afrec/science.html (site consulté le 4/4/2011).

191

seulement comme un moyen de communication et ne pas croire tout ce qui est dit à travers eux.

Ne pas avoir conscience qu'une technique arrive équipée d'un programme de changement social, maintenir que la technique est neutre, penser que la technique est toujours l'amie d'une culture, est une stupidité pure et simple. Les études sur l'usage des medias suggèrent une utilisation modérée. « Il s'agit d'un très bon moyen de communication, mais la qualité des programmes, des émissions laisse à désirer. Il y a beaucoup d'émissions médiocres et sans intérêts316».

Tableau 4 : Les difficultés rencontrées dans l'usage des outils modernes de communication en zone rurale

Difficultés rencontrées pour :

Effectif

Pourcentage

Internet

54

63.52%

Téléphone

15

17.64%

Fax

10

11.76%

Courrier postal

6

7.05%

Total

85

100%

En zone urbaine, autant il se pose la question d'appropriation de ces nouveaux moyens, autant en zone rurale, la question se pose en termes d'adaption. Un grand nombre de personnes enquêtées 63.52% déclarent que l'usage d'internet n'et autre chose que de la magie. Elles n'ont jamais été formées à l'utilisation de cet outil, largement répandu en milieu urbain.

316 http://www.strategies.fr/emploi/formation/management.html(site consulté le 13/04/2011).

192

Pendant ce temps, avec un taux d'utilisation de 17.64%, le téléphone est entré dans les habitudes des congolais. De plus en plus utilisé, il est devenu ce que la radiodiffusion était au lendemain des indépendances : le principal moyen de communication. Pratiquement, dans chaque village, cahque famille, on trouve au moins ou au plus deux appareils de téléphones qui servent au commerce des informations.

Mais, pour palier aux difficultés d'accès à l'énergie électrique ou solaire récurrentes en zone rural, les populations de ces zones ont fait appel à leur génie inventif pour recharger les batteries des téléphones. Un système un bout de fils conducteur de courant alternatif relie l'appareil à des piles, sources d'energie.

Le fax et le courrier postal, par endroit, sont encore largement utilisés comme le déclarent les enquêtés (11.76% pour le fax et 7.05% pour le courrier postal). Dans ces zones, on trouve des personnes qui savent lire et écrire et qui généralement se mettent aux service de la communauté pour servir de scripts.

Force est de constater le recul de l'usage de ces moyens de communciation en zone rurale au profit des moyens modernes. Petit à petit, ils disparaissent les uns des autres pour laisser la place aux moyens les plus utilisés en zone urbaine.

8.2.3. L'abandon des instruments de musique au profit des moyens modernes

Au regard à l'engouement de la population face aux nouvelles technologies d'information et de communication qu'offre le monde moderne, nous asssitons à un net recul dans l'utilisation des moyens traditionnels de communication (tambour, flûte, messager...) au profit des

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techniques nouvelles (téléphone, internet, messagerie Whatsapp, réseaux sociaux, courrier électronique, bases de données documentaires etc...).

Tableau 5: L'abandon des moyens traditionnels de communication au profit des moyens modernes

Abandon des moyens traditionnels de communication au profit des moyens modernes

Effectif

Pourcentage

Oui

70

82.3%

Non

15

17.7%

Total

85

100%

Source : notre enquête, janvier 2012

L'analyse des résultats d'enquête dans le tableau ci-dessus indique que 82.3%% des enquêtés soulignent un récul ou un abandon des outils traditionnels de la communication au profit des outils modernes.

La révolution de l'information modifie en profondeur notre conception de la société, de son organisation et de sa structure. Nous sommes placés devant l'alternative suivante : soit nous saisissons les chances qui s'offrent tout en maîtrisant les risques, soit nous nous plions aux circonstances avec toutes les incertitudes que cela comporte. Ce pourcentage affirme toujours que l'usage des outils modernes de communication et d'information est une nécessité pour un développement garanti de la société. Les TIC suscitent depuis quelque temps, un intérêt marqué de la part du monde économique, des médias, des pouvoirs

194

publics ainsi que du milieu académique ; c'est la raison pour laquelle nous devons les promouvoir pour assurer un développement durable et un futur prometteur », souligne un enquêté. 17.7% d'enquêtés sont contre cet abandon, ils se montrent conservateurs de la tradition. L'ordinateur ne répond pas à un besoin. Il le crée. Chaque vague d'informatisation a été précédée d'un tir de barrage idéologique conséquent, dont l'objectif est de prouver que la technique est la solution» souligne un enquêté.

8.2.3.1. La colonisation, l'exode rural et la mondialisation

Importées depuis les pays occidentaux, les nouvelles technologies d'information et de communication sont venues bouleverser les systèmes de communication.

Dans de nombreux villages, l'utilisation des instruments de musique traditionnelle comme le tambour à fente avait été interdite aux « indigènes » par le colonisateur. Celui-ci s'était, vite, rendu compte que cet instrument ne servait pas seulement à la musique, mais pour véhiculer, entre eux et entre les villages, des messages en faveur ou à l'encontre des étrangers.

Au fils des temps, les appareils de phonie venus d'Occident (les tambourins...) plus légers à porter que les rupestres tambours à fentes, vont intégrer les habitudes des congolais.

Ainsi, l'idéologie civilisatrice a conduit l'Africain à nier, même l'existence de sa propre culture et à établir une hiérarchie des valeurs dans laquelle celles de l'Afrique occupent le bas de l'échelle. Ces considérations négatives ont conduit au sortir de la seconde guerre mondiale à une réaction des élites africaines, décidées à « réhabiliter les

195

cultures et la personnalité négro-africaines 317». Le tam-tam est abandonné au profit de la radio, de la télévision, du journal, de la flûte et du téléphone (fixe ou mobile) surtout l'écriture en évolution constante. Au bout de compte, que reste-t-il des valeurs culturelles congolaises dans le domaine du transfert des messages inter villages?

8.2.3.2. L'imprimerie : le courrier318 postal et l'écrit319

Nous reviendrons ultérieurement. Les différences du code oral et le code écrit est au niveau grammatical.

A l'opposé des instruments de musique, l'écriture, est devenue le support le plus fiable pour fixer les connaissances humaines. Il détermine ainsi le jeu du code sonore.

8.2.3.3. Les méfaits des moyens de communication modernes

S'il est un phénomène caractérisant la société contemporaine, c'est bien l'extraordinaire développement des moyens de communication, tous les bénéficiaires ne s'en servent pas pour des mêmes fins. Ici, nous

317Magloire Somé, « Les cultures africaines à l'épreuve de la colonisation », In Afrika Zamani, Nos. 9&10, 2001-2002, p.42.

318 A l'heure d'internet et du téléphone, ce média est encore très actif pour ceux qui appliquent les méthodes du marketing direct même si sa part de marché décroit. Le message écrit, transmis par la poste ou déposé dans la boîte aux lettres, garde son efficacité, surtout pour les grands distributeurs. Mais il reste également le bon moyen pour inviter à l'inauguration de votre magasin ou le lancement d'une vente privée... Le média courrier se place en cinquième position derrière la presse, la télévision, la radio et internet mais devance la publicité extérieure, en terme de budget. Si les annonceurs utilisent plusieurs supports, http://ac-franchise.com/article/le-courrier-un-moyen-de-communication, (site consulté, le 8/4/2011)

319Une lettre peut avoir des objectifs très différents ; il faut donc bien analyser le sujet pour l'identifier : Il peut s'agir de raconter un événement (style narratif). Il peut s'agir d'écrire un texte argumentatif, afin de plaider la cause de quelqu'un ou de quelque chose ou de la dénoncer. Il peut s'agir de faire l'éloge ou le blâme de quelque chose ou de quelqu'un : « A un(e) ami(e) qui refuse de lire de la poésie, vous écrivez pour faire l'éloge d'un recueil de poésie que vous avez lu et qui vous a touché ».Il peut s'agir d'imaginer la confession d'un personnage, sa réflexion sur ses actes, son passé (sujet plus rare, du fait de la disparition de l'autobiographie du programme).

196

éluciderons quelques-uns des méfaits que présentent ces moyens modernes de communication chez les Kongo.

Tableau 6: Méfaits des moyens modernes de communication

Méfaits des moyens modernes de

communication

Effectif

Pourcentage

Débauche

10

11.8%

Mensonge

27

31.8%

Délinquance des enfants

18

21.2%

Infidélité

11

12.9%

Perte des valeurs culturelles

19

22.3%

Total

85

100

Source : Notre enquête, avril 2010

Comme nous pouvons le remarquer, ci-dessus, les méfaits des moyens modernes de communication sont présents au sein de notre société, 11.8% des enquêtés nous ont témoigné en avoir relevé y compris l'Internet. Ce moyen est parmi les stimulateurs de la prostitution. «Maintes fois nous avons été alertés par des annonces sur internet qui proposaient clairement de la débauche moyennant un montant bien déterminé sans occulter les cas d'arnaque en ligne ou au téléphone portable», souligne un enquêté.

31.8% des personnes enquêtées nous ont fait part de leur mécontentement à l'égard de l'escroquerie et du mensonge qui se font sur internet et au téléphone. Un jour, un homme s'est vu proposer une affaire

197

alléchante: passer pour un fournisseur de bicarbonate de potassium, un produit utilisé dans la pêche continentale ou industrielle, à des sujets non congolais. Une affaire, si elle était réelle, rapporterait des sommes d'argent importantes en dépensant plus de la moitié du gain. De l'arnaque ! Il s'en est bien sorti.

«Dans ma boite E-mail, je reçois en moyenne trois (100) messages par semaine m'annonçant que j'ai gagné un prix après un tirage au sort ; à ma surprise, on me demande de payer un certain montant avant le transfert du prix gagné ! Ne pensez-vous pas que c'est de l'escroquerie pure et simple ça ?», souligne un enquêté.

21.2% des enquêtés ont souligné que sur internet se fait de la délinquance aussi. «La jeunesse actuelle va sur internet pas pour actualiser leurs connaissances, s'instruire, s'informer mais plutôt visionner des vidéos obscènes à caractère pornographique, sans parler de ce qu'elle suit sur certaines chaînes câblées de télévision », se lamente un enquêté.

12.9% d'enquêté ont souligné qu'il était possible d'arranger des rendez-vous via internet et finir un jour par se rencontrer. «Que vous soyez marié ou pas, sur internet via des sites communautaires, il est possible de faire connaissance avec des inconnus et finir par les rencontrer, et la suite je ne dis rien, vous comprenez vous-même», souligne un enquêté.

22.3% de personnes interrogées ont mentionné qu'il y aurait atteinte à nos valeurs culturelles due à l'introduction des nouvelles technologies de communication et d'information qui font qu'il y ait acculturation, d'où un

198

mixage de nos moeurs, de nos coutumes et de nos traditions avec celles des pays occidentaux jugées en dégénérescence.

8.2.3.4. Les critiques face à la société informationnelle moderne

Depuis un certain nombre d'années, la notion de société de l'information est présentée comme le seul moyen de surmonter, de résoudre les crises économiques et sociales actuelles, au moyen de la dissémination généralisée de l'information dans toutes les activités humaines. De ce point de vue, nous tenterons de montrer en quoi la notion de société de l'information consiste-t-elle à méconnaître les valeurs culturelles des Kongo basées sur la personnalité et le respect aussi bien du prochain que de la chose publique.

Tableau 7: Opinions sur la société informationnelle moderne

Opinion sur les moyens de communication moderne

effectif

pourcentage

Opinion négative

41

48.2%

Opinion neutre

30

35.3%

Opinion positive

14

16.5%

Total

85

100%

Source : notre enquête, janvier 2013

199

Comme nous le remarquons, les avis des enquêtés concernant les critiques face à la société informationnelle moderne ne sont équilibrés. Près de la moitié des enquêtés soit 48.2%, ont une opinion négative à l'égard de la société informationnelle moderne. «Le téléphone, l'internet, sont autant des moyens dont nombreux se servent pour faire du mal aux autres, notamment l'escroquerie qui se fait par le biais de l'internet sans toutefois des nombreux harcèlements sur téléphone dont certaines personnes sont victimes chaque jour », souligne un enquêté.

L'impact des nouvelles technologies sur le comportement n'est pas négligeable, au contraire.

Dans la société actuelle, l'individu est soumis à une forme de harcèlement médiatique, l'explosion des échanges informationnels par Email, par téléphone ou par réseaux sociaux se mesure au quotidien par centaine de mille. Certains sont même persuadés qu'il faut être équipé pour être branché. Ceci nous montre qu'il y a une aliénation ou une dépendance face à l'équipement eu égard à la société actuelle. Il convient, par ailleurs, de relever la disparition des fabricants des instruments de musique qui épousent les techniques et les instruments « importés » d'Europe ou des objets recyclés.

16.5% des personnes interrogées ont souligné que la société informationnelle moderne n'était pas un obstacle au développement social en général.

Ainsi, le village planétaire de Mc Luhan devient une réalité à telle enseigne que:

200

« (...) Si aujourd'hui nous connaissons ce qui se passe en Europe ou partout ailleurs dans le monde, c'est pour une large part grâce aux nouvelles technologies d'information et de communication, sans toutefois ignorer leur rôle dans le développement du monde moderne 320 » souligne un enquêté.

«La société de l'information est au coeur des questions politiques, sociales, culturelles et économiques auxquelles nous devons faire face en ce début du 21ème siècle». Par conséquent, nous devons non seulement nous baser sur la technologie pour son rôle dans le développement économique, mais aussi pour son influence sur l'être humain en tant que composante de la société321 ».

35.3% des enquêtés se sont montrés neutres à l'égard de la question. «Il est impossible de ne pas remarquer le rôle des TIC en matière de développement économique, mais aussi les TIC font que l'homme s'isole du monde affectif », souligne un enquêté.

8.2.3.5. Les instruments de musique et le raffermissement des relations sociales

Chez les Kongo, nous avons relevé les avantages induits par les instruments musicaux dans le raffermissement des relations. Quelle place ces instruments occupent-ils, du point de vue relationnel dans la société ? Quel est l'impact, quelle efficacité au plan économique et socioculturel des instruments de musique ?

320http// :www.eu-esis.org/homebasics.html (site consulté le 23/04/2012).

321http// :www.afrique-demain.org/debat-100-lesjeunes-aficains-identite.hpt (site consulté le
23/04/2012).

201

Le milieu d'étude est celui habité par les Kongo, une bonne partie de l'ancien royaume Kongo.

Nous avons ciblé des personnes détentrices des informations utiles à la recherche. En effet, nous allons identifier nos enquêtés selon les critères démographiques suivants : la structure par âge, la structure par sexe, le niveau d'étude, la profession ainsi que l'état matrimonial.

8.2.3.5.1. La répartition des enquêtés selon le sexe et les zones géographiques

Tableau 8: Répartition des enquêtés selon le sexe et par départements

Zones géographiques
(départements)

Femmes

Hommes

Nombre
d'enquêtés

Bouenza

35

45

80

Pool &Brazzaville

50

75

125

Lékoumou

25

35

60

Niari

35

45

80

Kouilou & Pointe-Noire

15

25

40

Total

160

(41,55%)

225

(58,41%)

385 (100%)

Source : Notre enquête, avril 2011

41,55% de la population enquêtée était de sexe féminin, 58,41% de était des hommes ; ce qui nous a donné plus d'avis des hommes que des femmes. En majorité, les femmes se réservaient ou étaient moins ouvertes que les hommes.

202

8.2.3.5.2. La répartition des enquêtés par tranche d'âge

Tableau 9: La répartition des enquêtés par tranche d'âge

Tranche d'âge

Effectif

Pourcentage

20-25

76

30.8%

26-29

72

26%

30-35

62

14%

36-39

62

14%

40-45

56

7%

46-50

57

8.2%

Total

385

100%

Source : Notre enquête, avril 2011

Dans le tableau ci-dessus, il est clair que près d'un tiers des enquêtés, 30.8% sont âgés de 20 à 25 ans ; 26% sont âgés de 26 à 29ans ; 14% sont âgés de 30 et 5ans ; 14% des enquêtés sont âgés de 36-39ans, par contre 7% des personnes sont dans la tranche d'âge de 40-45ans et 8.2% seulement des enquêtés sont âgés de 46-50ans. Ce qui explique la présence de certains commentaires sur l'usage des instruments de musique. De façon générale, nos enquêtés sont majoritairement jeunes. Ils sont par conséquent attirés ou ont un goût trop prononcé des nouveaux outils et par ricochet les technologies de l'information et de communication.

203

8.2.3.5.3. La répartition des enquêtés selon le niveau d'instruction

Tableau 10: La répartition des enquêtés selon le niveau d'étude

Niveau d'étude

Effectif

Pourcentage

Primaire

137

43.5%

Secondaire

134

40%

Universitaire

114

16.5%

Total

385

100%

Source : Notre enquête, avril 2011

Suivant le tableau ci-dessus, près de la moitié des enquêtés ont un niveau d'étude primaire soit 43.5% contre 40.6% des enquêtés qui ont un niveau d'étude secondaire ; un pourcentage faible, soit 16.5% ont un niveau d'étude universitaire. A partir de ces résultats affichés dans le tableau ci-dessus, nous remarquons que les personnes enquêtées ont toutes une instruction scolaire même si cette instruction n'est pas égale. Tous les enquêtés sont capables de lire et de comprendre les questions.

8.2.3.5.4. La répartition des enquêtés selon la profession

Tableau 11: La répartition des enquêtés selon la profession

Profession

Effectif

Pourcentage

Sans emplois

70

11.8%

Agents de l'Etat

75

17.6%

204

Secteurs privés

70

11.8%

Enseignants

80

23.5%

Etudiants

90

35.3%

Total

385

100%

Source : Notre enquête, avril 2011

Dans le tableau ci-dessus, sur un total de 385 enquêtés, 11.8% des enquêtés ne disposent pas d'un emploi, 17.6% des enquêtés sont des agents de l'Etat, soit au district ou au secteur para étatique; 11.8% des enquêtés travaillent dans les secteurs privés. 23.5% des enquêtés sont des enseignants, dans les établissements publics ou privés et enfin, 35.3% des enquêtés sont des étudiants à l'université publique ou privée.

8.2.3.5.5. La répartition des enquêtés selon l'état matrimonial

Tableau 12: La répartition des enquêtés selon l'état matrimonial

Etat matrimonial

Effectif

Pourcentage

Célibataires

220

82.4%

Mariés

165

17.6%

Source : notre enquête, avril 2011

Comme nous le remarquons dans le tableau ci-dessus, un pourcentage important des enquêtés est celui des non mariés soit, 82.4%,

205

tandis que 17.6% des personnes interrogées sont mariées. Cela ne surprend pas car la population est, en majorité, jeune.

8.2.3.5.6. Les instruments de musique les plus utilisés pour communiquer à distance

Il s'agit d'identifier, d'après les résultats obtenus sur le terrain auprès des enquêtés, les moyens utilisés fréquemment pour communiquer (à distance), pour la réception ou la transmission des messages.

Tableau 13: Les moyens modernes de communicationnels plus utilisés pour communiquer à distance

Moyens modernes de communication fréquemment utilisés

effectif

pourcentage

Téléphone

250

64,93%

Internet

100

25,97%

Tambour

0

0%

Messager

25

6,49%

Courrier postal

10

2,59%

Total

385

100%

Source : Notre enquête, avril 2011

Comme nous pouvons le remarquer dans le tableau ci-dessus, 64,93% des répondants affirment utiliser les téléphones comme moyens de communication à distance, 25,97% des enquêtés recourent à l'Internet, 0%

206

de personnes enquêtées utilisent le tambour, 6,49% recourent aux messagers et, enfin 2,59% utilisent encore le courrier postal pour transmettre le message avec tous les risques qu'ils prennent dans la transmission et la réception du courrier et des messages.

Ces résultats montrent à quel niveau l'usage du téléphone est d'usage courant par rapport à d'autres outils de communication. Celui-ci est talonné par l'internet, dont l'usage s'avère intéressant pour un grand nombre du public, même si les moyens pour se payer un accès se montrent toujours difficiles.

Peu de congolais envoient, encore, une personne, un émissaire (Binati mpolo, Ntumi ou Bituami) pour transmettre l'information à cause de l'avènement du téléphone qui a tout basculé. Il est jugé plus facile de passer un coup de fil que de transmettre le message par l'intermédiaire d'une tierce personne. Comme il est clair, on n'utilise plus le tambour322 pour communiquer vu la facilité que la technologie nous offre ; par contre certaines personnes écrivent une lettre qu'ils font parvenir au destinataire via la poste. Les techniques relatives à l'encodage et au décodage des messages ont évolué, révolutionnant, du reste, l'organisation de nos sociétés.

Aujourd'hui, les nouvelles technologies, et notamment celles de l'information et de communication ouvrent la voie à des modèles de société et de communication plus durables.

322 Pr. Michel Tjade Eone, L'Afrique dans le temps global de la communication. du local au planétaire, Yaoundé : Ed. SOPECAM, 2007, le tam-tam ou tambour d'appel considéré comme le précurseur des récentes technologies de la communication, est une réflexion de cet auteur sur les médias traditionnels

207

8.2.3.5.7. L'efficacité des outils traditionnels de la communication

De nos jours, le manque de communication est devenu un problème crucial dans les relations humaines. Pour arriver à comprendre et à être compris, nous devons connaître et comprendre notre interlocuteur, ainsi que nous-mêmes. Nous en voudrons pour exemple, le blackout auxquelles certaines populations, dans certains pays, ont soumis a eu de profondes répercutions sur tous les plans du commerce, communication, transport, santé, etc...

Tableau 14 : Degré d'efficacité des outils traditionnels de communication

Degrés d'efficacité

Effectif

Pourcentage

Très efficaces

0

0%

Efficaces

13

15.3%

Moins efficaces

33

38.9%

inefficaces

39

45%

Total

85

100%

Source : Notre enquête, avril 2011

Il est clair dans le tableau ci-dessus, 15.3% des enquêtés estiment que les outils traditionnels de communication, notamment, le tambour, la clochette et le grelot sont efficaces dans la transmission d'informations. Ces avis appartiennent, notamment, à ceux qui ont un esprit conservateurs.

208

« N'oublions pas que l'avènement des nouvelles technologies d'information et de communication remplacent continuellement les outils de communication traditionnels ; cependant, il serait ingrat de passer sous silence ce que ceux dits traditionnels ont contribué dans le quotidien de nos sociétés, notamment dans diverses cérémonies comme le mariage ou la dot ; la présence des batteurs de tambours ou ceux qui chantent avec la flute véhiculaient un message très important, vu que ces instruments symbolisent en eux-mêmes la tradition», affirme un enquêté.

38.9% estiment que ces moyens de communication dits traditionnels, sont inefficaces à cause de leur lenteur dans la transmission des informations. « Je ne pense pas qu'il y ait toujours des personnes qui utiliseraient le tambour, la flute ou la corne d'antilope pour faire parvenir une information à une tierce personne, aujourd'hui, la technologie a tout rendu facile. Evidemment certaines églises utilisent la cloche pour rappeler à leurs fidèles l'heure de prière, mais il serait plus efficace de la remplacer par d'autres moyens plus modernes comme les hauts parleurs que les musulmans utilisent à la mosquée », souligne un enquêté.

45.9% des personnes interrogées éprouvent un sentiment de méfiance à l'égard des outils traditionnels de communication et estiment que l'usage de ces outils est inefficace ; voire même inutile. « A l'ère actuelle qui utiliserait la flûte ou le tambour pour transmettre une information à une personne qui est éloignée ?

De notre point de vue, nous estime que c'est une perte de temps de songer à ces instruments, je n'ignore pas, jadis, ils nous ont été d'une grande utilité, mais aussi on ne doit pas négliger les exigences de ce monde moderne, notamment la qualité des services à rendre!», évoque un

209

interrogé. Au sujet de l'usage des NTIC, les personnes interrogées ont un point de vue qui est radical : ils préfèrent la facilité que leur offrent les nouvelles technologies.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe