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Presse congolaise et son financement

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par PASSI BIBENE
Senghor dà¢â‚¬â„¢Alexandrie - Master 2013
  

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Quelques caractéristiques du paysage télévisuel congolais

Submergé par la couverture quasi quotidienne des colloques, séminaires ou voyages de certains dirigeants, l'audiovisuel congolais ne développe presque pas une politique d'économie d'attention. Il véhicule des contenus majoritairement orientés vers la politique ainsi que le témoigne l'omniprésence des formations politiques sur le petit écran. Le public visé demeure fortement urbain et les programmes télévisuels proposés foncièrement généralistes et quasi-identiques. Et jusqu'à ce jour, seules deux opérateurs : Télé Congo (opérateur public) et DRTV (opérateur privé) ont pu se mettre sur satellite et étendre leur couverture. Cependant, même pour la télévision nationale, la couverture intégrale de toute l'étendue du territoire national congolais est aléatoire ou simplement une vue de l'esprit. La domination des télévisions de proximité telle que les signaux émis par un opérateur donné ne peut couvrir plusieurs localités à la fois. Dans un registre tout à fait différent, on remarque aussi que la télévision est aujourd'hui un outil de m'as-tu-vu. La pertinence d'une telle analyse est à chercher dans les propos du directeur général de DRTV lorsqu'il déclare : « Comme les Congolais aiment bien se voir à la télévision, nous allons les filmer et nous diffusons un reportage d'une minute sur leur vie ». Et nous associons volontiers cette affirmation à l'anecdote d'une directrice qui assiste au montage après la couverture d'un événement dans l'institution dont elle a la charge pour sélectionner les séquences (gros plan, plan large) sur lesquelles elle est télégénique. Beaucoup plus qu'une simple anecdote, ces récits donnent un aperçu sur la soif d'exposition qui caractérise les Congolais en général et leurs dirigeants en particulier. D'ailleurs, il n'est pas rare de voir l'ouverture d'un colloque ou d'une conférence être retardée parce que la presse (allusion faite aux caméras de la télévision) n'est pas encore sur les lieux de la cérémonie.

Des télévisions au financement dérisoire

Au lancement, certaines chaînes de télévision ne disposent que de fonds de roulement aléatoire. Pour le cas de DVS + par exemple, « les fonds nécessaires au fonctionnement ne sortaient rien que de la poche du patron/promoteur »73(*). Dans cette structure comme dans bien d'autres, « il est difficile de parler d'un budget de fonctionnement par rapport à l'amortissement du matériel »74(*) qui nécessite un renouvellement permanent. DVS + représente un échantillon élargi des médias pour lesquels l'aide publique à la presse et la redevance audiovisuelle ne comptent pas parmi les sources de financement.

Dans certains cas, quoi que disposant de budget, plus d'une chaîne de télévision (publique comme privée) doit trouver des stratégies visant à surmonter les difficultés financières... Ainsi, en dépit de son budget annuel de 500 millions de francs Cfa75(*), DRTV qui à l'ouverture du paysage télévisuel en 2001 jouissait d'un monopole, est désormais soumise à l'épreuve de la rude concurrence qui n'a pas manqué de réduire les parts de ses recettes publicitaires. Selon un article de JeuneAfrique sur les télévisions privées à Brazzaville, la majorité d'entre elles sont « à la recherche d'une stabilité financière ».

Par ailleurs, du côté de l'opérateur public (Télé Congo), les budgets de fonctionnement alloués aux médias d'État sont aussi jugés limités. Détenue à 100 % par la société publique de radiodiffusion et télévision de l'État congolais, le Centre national de Radio Télévision congolais  (CNRTV), Télé Congo bénéficie d'un budget annuel de l'ordre de 135 millions de francs CFA. Cependant, ce budget est destiné au fonctionnement et non à la production et le « mécanisme de décaissement est lent »76(*). D'où l'arrivée tardive des fonds ; ce qui expose les directions de radio télédiffusions nationales à la précarité et la débrouillardise, mais aussi une dépendance (en matière de production audiovisuelle) vis-à-vis de la France.

Les télévisions : le modèle du tout payant

En réponse au déficit de financement, entreprises médiatiques et journalistes ont fait de l'information un produit intéressé. Dans une formule ironique un journaliste77(*) en poste à Télé Congo affirme : « on va en reportage chercher l'argent et non l'information ». Ce témoignage donne la mesure d'une prostitution de l'information et du métier de journaliste.

En plus d'une publicité au marché réduit où l'espace publicitaire est bradé, d'une part le spot d'une minute et demie est facturé au cas par cas selon la taille de l'annonceur : pour un salon de coiffure par exemple, le coût du spot s'élève à 30.000 Fcfa contre 50.000 Fcfa pour un transitaire78(*). D'autre part, faute d'un cadre juridique et professionnel organisé régissant la publicité, l'information en forme de journal télévisé, reportage ordinaire (à la différence du publireportage), communiqué ou émission, sert à générer des fonds. La recherche du profit semble l'emporter sur le droit du public à une information pluraliste, honnête, équilibrée, pertinente et neutre. Cette mauvaise pratique journalistique est très répandue de sorte que certains journalistes/présentateurs ou animateurs d'émissions sollicitent de leurs invités le versement d'une contribution financière ou d'une contrepartie financière officiellement destinée à l'achat du matériel de production (bande magnétique, minidisque, DVD...) alors qu'il existe un budget pour répondre à ce genre de besoins. Dès lors, une tendance à n'inviter que les plus offrants sur les plateaux de télévisions se dessine. À Télé Congo ou sur le plateau de DRTV, des invités au journal télévisé ne versent quelquefois pas moins de 150.000 francs Cfa pour un passage à l'antenne. Ce qui prédisposerait les entreprises médiatiques à accorder plus de visibilité aux classes sociales dont les revenus sont considérables. C'est peut-être d'ailleurs le cas au regard du « No Comment », une séquence pensée par la direction de DRTV pour combler le rétrécissement de son espace publicitaire au cours de laquelle ceux qui souhaitent la médiatisation de leur vie ou activité paient le prix d'un spot publicitaire, c'est-à-dire 45 000 F CFA [soit 68 euros], expliquait Paul Soni-Benga, directeur général de Digital Radiotélévision (DRTV) à JeuneAfrique79(*).

* 73 Entretien avec Bill Thierry, chargé des programmes, de la production et des ressources humaines à Diamasco Vidéo et Son Plus en signe DVS+ (chaîne de télévision commerciale créée le 1er mai 2006 par Martin Diafouka)

* 74 Idem

* 75 http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2646p096.xml0/

* 76 Entretien avec Charles OBASSA, Directeur départemental de Télé Pointe-Noire

* 77 Discussion libre avec Ede Chevry Diazz, journaliste animateur de l'émission Art & Ames à la télévision nationale

* 78 Entretien avec Bill Thierry, chargé des programmes, de la production et des ressources humaines à DVS+

* 79 http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2646p096.xml0/

Si d'autres chaînes comme Réhoboth, DVS Plus Télé, Canal Bénédiction Plus, Canal Océan, Canal 7 TV animent le paysage audiovisuel congolais, elles sont toutes confrontées à la même difficulté : l'étroitesse du marché publicitaire. Un spot d'une minute coûte entre 40 000 et 45 000 F CFA à peine, quand les clients ne marchandent pas !

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984