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L'hypothèse de la relance de la gestion d'une agglomération: le cas de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince

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par Carline JOSEPH
CTPEA - Maitre en Développement Urbain et Régional ( option gestion urbaine) 2011
  

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3. Les Contraintes de la Décentralisation en Haïti.

La mise en place du cadre légal de fonctionnement des collectivités territoriales a commencé, l'idée de décentralisation fait son chemin mais se heurte à des difficultés de divers ordres : politique, institutionnel, socio-économique, entre autres.

Les difficultés politiques.-

Il est nécessaire de rappeler les compétences partagées par l'Etat et les Collectivités territoriales en matière d'éducation, de Justice, et de mise en place du Conseil électoral permanent.

L'importance des enjeux que sous-tendent les Collectivités territoriales entraine des rivalités implacables entre les forces politiques qui évoluent sur le terrain. Vingt ans après l'entrée en vigueur de la constitution, le CEP permanent n'a pas encore pris fonction. Les luttes pour le contrôle, des Conseils municipaux, des CASECS, des Conseils départementaux, des Assemblées territoriales sont âpres et permanentes. Plusieurs joutes électorales ont été organisées depuis 1987 sans que les organes des pouvoirs territoriaux aient été mis en place, construits et renouvelés de manière régulière.

Les problèmes relatifs à l'orientation des Collectivités Territoriales sont à l'origine de retards dans les décisions à prendre les concernant. Les critiques soulevées autour de la lourdeur de la structure de décentralisation ont donné lieu à des débats confinés aux cercles d'experts, alors qu'une telle question devrait être appropriée par toutes les composantes de la nation. L'État influencé par la mondialisation s'est désengagé vis-à-vis des besoins sociaux et fondamentaux des populations au profit des intérêts privés. L'État décentralisé va-t-il prendre la même voie ?

Aujourd'hui, les élections indirectes n'ont pas eu lieu, la formation d'un conseil électoral permanent est toujours dans l'impasse. Des exigences de débattre de la réforme de l'État, d'appliquer les modifications apportée à la Constitution amendée, des malentendus entre les acteurs politiques semblent stopper le processus électoral. Des considérations portant sur le caractère souverain des élections, sur leur financement par la communauté internationale ont généré constamment des préoccupations sur le contrôle des collectivités.

Les responsables politiques lancés dans la course à la décentralisation deviennent agressifs à l'approche des élections territoriales, plus soucieux de défendre un clientélisme conservateur, d'impulser la construction des pouvoirs locaux autonomes et assis sur des bases démocratiques. D'autres obstacles continuent d'encombrer la route de la décentralisation.

Les Contraintes institutionnelles.-

L'organisation des Collectivités territoriales souffre de deux déficits majeurs : tous les organes prévus ne sont pas institués et les lois appelées à en régir le fonctionnement ne sont pas encore prises. Il en résulte une image de structure boiteuse, en situation de tâtonnement, cherchant à se réaliser.

Le rapport des Collectivités à l'État est difficultueux. Il se pose, d'entrée de jeu, la question de la démarcation entre les autorités du pouvoir central (proches des intérêts de l'État) et celles des Collectivités territoriales (proches des intérêts des populations). L'exercice de la tutelle opérée par le Ministère de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales s'accommode mal de l'autonomie administrative et financière prescrite par la Constitution et du rôle du Conseil interdépartemental auprès de l'exécutif. Le Fonds de Gestion et de Développement des Collectivités territoriales utilisé à la discrétion du dit Ministère est un instrument de cette tutelle au lieu d'être un outil de financement du développement local.

La gestion de certaines attributions communes à l'Exécutif et aux Collectivités comme dans les cas des articles 87.1, 87.2, 87.3 de la constitution traitant du Conseil interdépartemental ne va pas sans ambiguïté et équivoque. De même, les Finances locales sont un champ non exploité, non valorisé par la Direction Générale des Impôts, ce qui bloque d'avance toute progression vers l'autonomie des pouvoirs locaux. Une redéfinition des rapports et des compétences des Collectivités avec les instances centrales, en matière de fiscalité est impérative. La loi de 1996 sur la Collectivité territoriale de section communale et les décrets de 2005 adoptés sous le gouvernement Latortue représentent les instruments qui régissent les collectivités.

La loi de 1996 n'adresse que très partiellement le champ des Collectivités ; les décrets, pour leur part, sont largement contestés. Le gouvernement légitime de 2006 a ouvert les débats sur les décrets et sur l'orientation à donner à la décentralisation. Au plan de l'application des normes, en ce qui concerne les collectivités, notamment l'organisation des élections indirectes, les provisions des décrets ont fait l'objet d'analyses et de commentaires qui ont alimenté une controverse provoquant l'arrêt du processus de construction de la décentralisation.

D'autres problèmes liés au vide créé par l'élimination des chefs de section et les attributions des casecs ; aux découpages spatiaux et à l'évincement des collectivités par d'anciens mécanismes associatifs et participatifs(les mouvements communautaires) ; au refus de la bureaucratie centrale d'abandonner pouvoirs et privilèges, parachèvent un tableau de contraintes et de défis à lever.

Les blocages socio-économiques.-

Ces difficultés ont rapport avec les coûts onéreux de la décentralisation. Les investissements à consentir pour préparer des ressources humaines qualifiées, verser des salaires aux personnels des collectivités, financer des programmes de renforcement institutionnel, réaliser des infrastructures, fournir des services de base, sont lourds et peu disponibles. Les carences en ressources administratives et financières dans les collectivités, la concentration de richesses au sein de celles qui sont nanties, ne favorisent point l'atténuation des disparités communales ou régionales et ne plaident pas en faveur de la décentralisation. D'autres considérations sont faites en relation avec ces blocages socio-économiques.

La faiblesse des communes et des sections rurales fragilise le processus de décentralisation par l'absence des institutions étatiques notamment dans les sections communales. L'État en favorisant le développement de macrocéphalie comme Port-au-Prince et autres métropoles provinciales entraine le rachitisme de nombre d'entités territoriales frappées de carences multiformes. L'autonomie financière est le nerf de la décentralisation. En dehors des communes de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, les autres ne peuvent générer des ressources propres, ni gérer efficacement leur municipalité. La bonne gouvernabilité peine à s'imposer dans des conditions où les grands principes de gestion (planification, organisation, direction, contrôle) ne sont pas appliqués.

D'autres écueils sont relevés sur le chemin de la décentralisation. Ils s'expriment aussi parla faiblesse des organisations de la société civile.

Les organisations dites de la société civile sont généralement accusées de s'articuler autour de la défense des intérêts dominants garantis par l'économie de marché et de ne s'ouvrir ni à la concurrence, ni au respect de l'équité, ni au goût du risque qui caractérise l'entrepreneurship (en témoignent l'exploitation du consommateur sans défense, le règne de l'évasion et de la fraude fiscales, l'étroitesse du marché de l'emploi). Leurs démarches les a éloignées des syndicats, des groupements paysans, des organisations populaires etc qui ont occupé l'espace socio-politique durant les vingt dernières années et qui étaient porteurs d'un discours et d'une action qui jurent avec ceux de la société civile.

D'un autre côté, les organisations de base ont perdu leur élan et certaines d'entre elles leurs convictions. Les remous de la lutte les ont tantôt désorientées, tantôt dévoyées. Les objectifs de construction d'un projet démocratique donnant lieu à des interprétations diverses, voire contradictoires, ont dispersé les rangs des forces sociales qui ont eu raison de la dictature. Les partis politiques mal reçus par les populations et non financés par l'Etat sont restés en deçà d'une représentation politique susceptible de garantir des liens entre la société et l'État.

La préparation d'une relève en matière de cadres politiques, l'augmentation des capacités d'accueil des Universités, la formation politique de la population, de nouvelles pratiques des entrepreneurs potentiels et des forces associatives contribueraient à asseoir les bases de la décentralisation et de l'institutionnalisation de la démocratie participative.

L'État décentralisé, tel que prévu par la Constitution de 1987 est dans l'impasse. Les Collectivités ne se sont affirmées ni sur le plan politique, ni sur le plan financier, ni sur le plan administratif.

Or, les populations et les acteurs locaux doivent décider ensemble de l'avenir de leur commune. Pourtant, en Haïti, la gouvernance urbaine est limitée par le pouvoir central. Des réformes tant sur le plan administratif, institutionnel, budgétaire que politique sont donc indispensables. D'ailleurs, de la décentralisation et de l'absence de planification urbaine, dépend, malgré tout, certaines pistes de solution.

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