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Comment guider un groupe vers des connaissances, des apprentissages en prenant en compte l'individualité de chacun ?

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par Sarah, Salomé, Leslie Aberwag, Carolo, Lepaisant
Université Paris Est Créteil - Licence Sciences de là¢â‚¬â„¢Education et Sciences Sociales 2015
  

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II- Définition du sujet

Tout d'abord, notre questionnement à pour intérêt de nous apporter des connaissances qui pourraient nous être utiles dans notre futur métier d'enseignant. Salomé se voit comme une future enseignante à l'écoute de tous, du moins, dans la mesure du possible. Elle se souvient d'enseignants, notamment au collège qui ne prenaient en compte que les élèves qu'ils qualifiaient comme meilleurs (souvent ceux aux premiers rangs) et délaissaient les autres. Ces enseignants répétaient souvent « si nous ne comprenez pas c'est que vous n'écoutez pas ». Généralement, quand l'enseignant ne leur prêtaient pas particulièrement attention, Salomé et ses amis n'écoutaient plus le cours, et moins ils écoutaient, moins l'enseignant les valorisait, comme un effet boule de neige. Salomé aimerait que tous ses futures élèves puissent suivre les enseignements sans ressentir que l'enseignant ne les voient pas, et surtout qu'ils soient intéressés et aient l'impression d'être pris en compte, d'être écoutés lorsqu'ils n'y arrivent pas ou lorsqu'ils ne comprennent pas. Lors de son année en CP, Leslie a eu une professeure qui l'a marquée positivement dans le sens où elle était attentive aux besoins de chaque élève, aucun n'était mis de côté. Elle avait toujours le sourire et se souciait de la réussite de ses élèves et c'est comme cela que Leslie voudrait exercer son métier. Leslie a pour but d'être le plus possible à l'écoute de tous ses élèves afin que ceux-ci ne se sentent pas exclus, quel que soit leurs besoins ou leurs compétences. Il est vrai qu'au collège notamment, elle a connu des professeurs qui valorisaient et portaient leur attention surtout sur les élèves qualifiés de «bons élèves » et ainsi, délaissaient souvent inconsciemment les élèves rencontrant des difficultés ou bien même perturbateurs. Ce n'est pas le schéma que Leslie veut reproduire, au contraire. Bien que chaque élève soit différent, elle tentera au maximum de le prendre en compte afin de les digérer vers la réussite du mieux que possible. En tant que futur enseignant Sarah se voit comme une personne dynamique pour intéresser ses futures élèves, pour qu'ils soient eux même dynamique dans leur travail. Elle veut pouvoir leur transmettre des connaissances. Pour elle il est important d'encourager les élèves et aussi d'avoir un bon contact avec eux. Elle prend comme modèle un professeur qu'elle avait en CM2. En effet, c'était une enseignante qui savait se faire respecter, elle savait être sévère

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quand il le fallait, savait tenir sa classe et rendait ses cours intéressants, elle savait s'adresser à des enfants. Sarah a également rencontré des professeurs qui négligeaient certains élèves, ou arrivaient en classe sans cours construits, cela désintéressait forcement les élèves au fur et à mesure. Avec les différents professeurs qu'elle a eu, elle sait donc à qui elle préfère s'identifier pour pouvoir devenir le futur professeur qu' 'elle souhaite être.

En effet, il nous semble important pour un professeur des écoles de pouvoir prendre en compte chaque élève dans son individualité afin de l'amener vers des connaissances. L'individualité concerne les caractéristiques d'un être qui le rend tel qu'il ne puisse être confondu avec un autre être. Chaque enfant est différent, il n'y en a pas un qui apprend de la même manière qu'un autre. Il est vrai que selon Howard Gardner, il existe différentes formes d'intelligences (Théorie des intelligences multiples, 1980). Il y a l'intelligence logico-mathématique, il s'agit d'une sensibilité aux modèles logiques ou numériques et une aptitude à les différencier ainsi qu'à soutenir de longs raisonnements. Vient ensuite l'intelligence spéciale qui concerne l'aptitude à percevoir le monde spacio-visuelle et à y apporter des transformations. L'intelligence kinesthésique est l'aptitude à maitriser les mouvements de son corps et à manipuler des objets avec soin. Quant à l'intelligence linguistique, elle se réfère à une sensibilité aux sons, aux structures, à la signification et aux fonctions des mots et du langage. L'intelligence musicale est la capacité à produire et à apprécier un rythme, une tonalité et un timbre (appréciation des formes d'expression musicale). Concernant l'intelligence naturaliste, elle a pour particularité l'aptitude à discerner l'organisation du vivant. L'intelligence interpersonnelle (ou sociale) permet à l'individu d'agir et de réagir avec les autres de façon correcte et adaptée. Enfin l'intelligence intra-personnelle permet d'accéder à ses propres sentiments et à reconnaître ses propres émotions (connaissances de ses propres forces et faiblesses). Chacun d'entre nous dispose de ces intelligences, dont chacune se développera selon un rythme qui nous est propre. D'une manière générale, les différentes intelligences ne se développent pas toutes au même niveau. D'ailleurs, on observe le plus souvent qu'une intelligence domine et c'est à partir de cette dominante que la personne appréhende le monde. Notons que le niveau de développement propre à chacune des intelligences explique la différenciation des humains et donc des élèves.

Notre recherche peut donc nous donner des clés afin d'appréhender les différences d'apprentissages dont les profils sont au nombre de 7 d'après Jean-François Michel que nous décrirons un peu plus loin. De plus, la prise en compte de l'individualité peut-être bénéfique pour les élèves car ainsi ils pourront assimiler des connaissances à leur rythme tout en

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acquérant tous les mêmes compétences. La connaissance renvoie à l'état de celui qui connaît ou sait. C'est l'ensemble des choses connues d'un savoir. La connaissance est indissociable d'un sujet connaissant. Lorsqu'une personne intériorise un savoir, elle transforme ce savoir en connaissance. Elle « construit » cette connaissance. La même connaissance construite par une autre personne ne sera pas tout à fait la même. Il n'existe donc aucune connaissance parfaite et absolue. Un « connaisseur » ne dispose pas de toute l'expérience de recherche qui caractérise un « savant ». La connaissance peut désigner la façon dont un « apprenant » s'est approprié un savoir. La connaissance relève de l'Être et du singulier. D'après P. Perrenoud, professeur à la faculté de psychologie et des sciences de l'éducation (FPSE), la compétence est la "capacité d'agir efficacement dans un type défini de situation, capacité qui s'appuie sur des connaissances, mais ne s'y réduit pas. La compétence désigne la mobilisation d'un ensemble de ressources (savoirs, savoir-faire, savoir être) en vue de résoudre une situation complexe appartenant à une famille de situation problème. Jean Piaget est psychologue constructiviste, il considère donc que le savoir n'est pas reçu passivement par un individu mais qu'il est construit activement par chacun. Pour lui, l'adaptation de l'individu à son milieu se fait grâce à l'assimilation et à l'accommodation. L'assimilation se fait grâce aux schèmes qui se modifieront par accommodation. Les schèmes constituent l'unité de base pour agir ou réagir. Tout ce que nous connaissons a été construit à partir de schèmes que nous avons dès la naissance. Le bébé naît avec 3 schèmes de base : la vision, la succion et la préhension. Un schème se conserve, se consolide par l'exercice, il peut se modifier soit en se généralisant, soit en se modifiant sous la pression du monde extérieur. La mobilité des schèmes est déterminante pour le développement de l'intelligence. C'est avec ces schèmes que le principe d'assimilation se met en place. Selon Piaget, l'assimilation est un mécanisme très général qui permet d'expliquer l'intégration de tout élément nouveau dans les structures mentales de l'individu. L'assimilation correspond au mouvement d'intégration de l'environnement extérieur dans l'individu. Elle est donc déterminée par l'individu. L'accommodation est une modification d'un schème existant pour intégrer une nouvelle donnée (expérience ou connaissance). Elle est déterminée par les objets. Ces deux mécanismes sont complémentaires et indissociables. Les échanges entre un individu et son milieu tendent à favoriser son équilibre dans ce milieu par des processus de rééquilibrations successives basées sur les structures antérieures, les dépassants en les intégrants dans une synthèse nouvelle. L'enseignant devrait donc permettre à ses élèves une assimilation personnelle. Tous les enfants devraient par conséquent se sentir plus écoutés notamment par leur professeur et avoir une meilleure estime de soi. L'estime de soi représente la part évaluative de la conscience de

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soi. La conscience de soi est la représentation que l'on fait de soi-même. Elle surgit chez les enfants grâce aux interactions qu'ils ont avec les objets présents dans leur environnement. Elle évolue ensuite jusqu'à ce que l'enfant, dans la période de 3 à 7 ans développe certaines habiletés cognitives qui lui permettent de se découvrir et d'affirmer son identité. L'enfant accède alors au concept de soi qui désigne l'ensemble des représentations qu'une personne possède d'elle-même. Cette construction est à la fois descriptive et évaluative. L'estime de soi est donc cette part évaluative, c'est-à-dire, la valeur qu'une personne s'accorde à elle-même. Elle évolue et se précise au fur et à mesure que l'enfant grandi, mais peut aussi se détériorer. L'estime de soi se façonne à travers les interactions de l'enfant avec ses parents mais aussi avec ses professeurs à l'école. Tous les acteurs qui entourent l'enfant ont un rôle important dans son estime de soi (parents, enseignants, éducateurs...), mais n'en ont pas toujours conscience. Un enfant qui a une estime de lui-même élevée a des avantages par rapport à d'autres car cela va lui permettre de développer des compétences sociales qui elles-mêmes renfonceront son estime de lui-même. L'estime de soi est importante dans les problèmes d'adaptations à l'école et aussi dans les problèmes d'apprentissages1. Le fait de valoriser chaque enfant dans son individualité permet de ne pas privilégier certains élèves par rapport à d'autres.

Suite à l'atelier du photo-langage et des thèmes qui en ont découlés, nous avons élaboré une première question de départ qui était « comment guider un groupe vers des connaissances, des apprentissages en prenant en compte l'individualité de chacun ». Nous devions alors faire des recherches, construire un cadre conceptuel à partir de lectures pour savoir ce qui avait déjà été traité sur ce sujet et tester la question en créant un guide d'entretien pour affiner notre question de départ.

Pour cela, nous sommes allées à la bibliothèque une première fois et nous avons cherché tous les livres qui nous semblaient correspondre à notre sujet. Puis, nous nous les sommes partagés et les avons feuilletés dans le but de sélectionner ceux qui paraissaient les plus pertinents. En parallèle, nous avons élaboré notre guide d'entretien. Concernant nos lectures, Leslie s'est concentrée sur un ouvrage écrit par Jean-François Michel présentant les 7 profils d'apprentissages. L'auteur nous détaille tout au long du livre, les différents profils d'apprentissages. Au sein d'un profil d'apprentissage il y a le profil d'identité, le profil de motivation et le profil de compréhension. Après avoir pris en compte ces trois profils, nous

1 Cours de psychologie de l'enfant et de l'adolescent de L2 - SESS de Nathalie Savard

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pouvons établir le profil d'apprentissage des différents individus. Il y a 7 profils d'identité. En premier il y a l'intellectuel qui aime apprendre. Généralement, il affectionne la solitude. Introverti, il peut paraître distant vis-à-vis des autres. Il est souvent bon élève. Vient ensuite le dynamique qui aime agir, il a le don de réussir dans ce qu'il a décidé d'entreprendre. Cela n'en fait pas automatiquement un bon élève. Il compte beaucoup sur son sens de la débrouillardise. Quant à l'aimable, il travaillera plus pour faire plaisir à ses parents, à ses professeurs. Sociable et gentil, c'est un élève très agréable. Cependant, il a besoin d'attention pour pouvoir s'épanouir. Le perfectionniste a horreur de mal faire. Il a une facilité à voir ce qui pourrait aller de travers. Soucieux et inquiet, il prend le temps de faire les choses correctement. L'émotionnel lui, agit en fonction de ses émotions difficilement contrôlées et peut réagir de façon théâtrale. Il possède un esprit très créatif et aime se différencier de ses camarades. Pour l'enthousiaste, c'est la joie de vivre qui prime. Il a une grande faculté à voir le côté positif des choses. Cependant, l'ordre et la discipline ont tendance à le frustrer. Enfin, il y a le rebelle. De peur d'être blessé, il évite de montrer tout signe de faiblesse. Il n'hésite alors pas à rentrer en confrontation mêlée à des excès de colère. Il peut donc devenir un élève difficile. Concernant les profils de motivation, ils sont au nombre de 4. Il y a le profil « quelle utilité ». Ici, la motivation dépend du degré d'utilité perçue de l'enseignement. Ces personnes aiment d'avantage le concret. En second, nous avons le « vais-je apprendre », qui relate d'une motivation pour apprendre. Ces personnes aiment savoir pour savoir et sont curieuses d'esprit. Ensuite, il y a le profil de motivation « avec qui ? ». La motivation est centrée sur les personnes : quel professeur vais-je avoir ? Avec quels camarades vais-je faire des travaux pratiques ? Enfin, le dernier est « où ça se situe ? ». Les personnes qui ont ce profil ont besoin de situer les choses, dans un plan, dans une vision globale, dans un lieu. Ces personnes sont sensibles à l'environnement. Pour finir, il y a 3 profils de compréhension : l'auditif, le visuel et le kinesthésique. Pour l'auditif, la compréhension s'effectue principalement par l'écoute. Le visuel lui, comprend principalement par ce qui est vu. La compréhension pour le kinesthésique s'effectue principalement par ce qui est ressenti. C'est apprendre en faisant. Grâce à la classification de l'auteur, nous pouvons plus ou moins savoir quelles seront les attitudes, selon le profil de chaque élève, quelle sera sa motivation mais aussi comment il préfèrera apprendre (selon son profil de compréhension). Sachant cela, nous pouvons d'avantage appréhender les comportements des différents élèves. L'auteur nous aide même en disant quel serait le comportement à adopter selon le profil d'apprentissage que l'on rencontre, mais aussi quel type d'apprentissage est le plus adapté pour que l'élève s'investisse. En effet, selon notre profil d'apprentissage, nous n'apprenons pas de la même

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manière, n'avons pas la même motivation à apprendre mais aussi nous n'avons pas le même comportement. Il est bien connu qu'au sein d'une classe ou bien d'un groupe d'élève, chaque élève est différent et détient un profil propre. C'est ce que nous confirme l'auteur de ce livre en prenant, tout au long de son écrit, des exemples de différents profils d'identité. Il nous montre ainsi concrètement comment s'y prendre avec chacun de ses exemples et comment appréhender un apprentissage afin que les élèves s'y intéressent au mieux et qu'ils soient motivés. Cet ouvrage pourra donc faire avancer notre projet de recherche dans le sens où il y a la description de chaque profil d'identité mais aussi, il répond à la question : comment prendre en compte ces différents profils. De plus, dans les derniers chapitres, l'auteur décrit ce qu'il y a de mieux à faire comme activité selon les profils d'apprentissages, ce qui peut nous aider dans la prise en compte de l'individualité de chaque élève.

Salomé a lu L'efficacité des enseignants, Sociologie de la relation pédagogique de Georges Felouzis. Elle a donc pu remarquer que d'après l'auteur, l'effet-enseignant est quelque chose de très important pour l'acquisition des connaissances des élèves. La pédagogie choisie par l'enseignant peut, entre autre chose, déterminer la réussite des élèves. En effet, le contexte d'apprentissage est important pour les acquisitions des élèves et a une forte influence sur l'échec et la réussite scolaire. La classe et l'enseignant sont des éléments contextuels des plus pertinents d'après l'auteur. L'effet-enseignant et en particulier l'efficacité pédagogique de celui-ci a néanmoins un impact plus important sur l'apprentissage d'un élève. L'enquête sur laquelle s'appuie cet ouvrage est faite auprès de lycéens en classe de seconde et de leurs professeurs mais ces résultats sont valables pour toutes les classes. Ici, le groupe-classe est très peu évoqué, c'est vraiment l'enseignant, sa relation pédagogique aux élèves et son jugement professoral qui sont mis en avant. D'après l'auteur, c'est d'abord les représentations même de l'auteur et son rapport aux élèves qui influencent son efficacité ou non. Par exemple, si ce dernier est déjà dans l'optique que ses élèves sont mauvais, alors, ils le seront puisque l'enseignant qui n'aura que des attentes négatives aura des pratiques pédagogiques peu intensives vu qu'il n'attend pas grand-chose de ses élèves. Au contraire si l'enseignant est proche de ses élèves, les pense capable de réussir, et accepte leurs difficultés, ses pratiques s'en ressentiront et par conséquent les résultats des élèves aussi. Ce type d'enseignant sait se remettre en question et se réadapter sans altérer le contenu et les connaissances qu'il transmet. De plus, ils ont une stratégie pédagogique qui consiste à valoriser l'élève, cela va agir sur son estime de soi et lui donner envie d'évoluer. Ces pratiques pédagogiques sont donc centrées sur l'élève et c'est ce qui constitue son efficacité.

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Quant à Sarah le livre qu'elle a lu aborde le sujet de la pédagogie différenciée. Ce livre permet de savoir comment prendre en compte l'hétérogénéité des nouvelles réalités sociales et scolaires par une pédagogie différente de la pédagogie traditionnelle : la pédagogie différenciée. La pédagogie traditionnelle est celle du modèle transmissif. Sur le triangle pédagogique de Jean Houssaye2, professeur en sciences de l'éducation à l'Université de Rouen, elle se situe du côté du savoir, elle privilégie ainsi la démarche didactique de l'enseignant. La pédagogie traditionnelle serait celle du savoir, du modèle, de l'autorité, de l'effort, de l'individualisme et de la sanction.3 D'après l'auteur Halina Przesmycki, la pédagogie différenciée se définit comme une pédagogie individualisée, qui reconnait l'élève comme une personne ayant ses propres représentations. L'élève était autrefois considéré comme une boîte muette à qui il fallait enseigner une discipline. Les élèves étaient en fait présents uniquement pour écouter l'enseignant sans partage avec ce dernier. L'élève n'était donc pas considérer comme une personne à part entière capable d'avoir des opinions propres. Des questions ce sont alors posées notamment par une didacticienne en physique : Laurence Viennot. Lors d'une étude sur les raisonnements, elle a montré, en analysant des paroles d'élèves, qu'ils ont effectivement une logique propre, qu'ils construisent des théorèmes spontanés, même s'ils ne sont pas exacts qui leur permettent de résoudre les questions posées. Autrement dit les élèves ont des représentations sur les différents points abordés, la logique mathématique n'est pas la seule à intervenir dans un raisonnement d'élève. En effet, il existe une autre logique, celle des associations d'idées qui permet de passer d'une représentation à

une autre.
On introduit donc l'idée que chaque élève peut avoir son raisonnement propre qu'il faut comprendre et étudier pour l'aider dans son apprentissage. La pédagogie individualisée est fréquemment utilisée en pédagogie différenciée c'est aussi une modalité complémentaire de cette dernière. La pédagogie différenciée est appliquée à tous car tous les styles d'apprentissage sont immanquablement représentés dans un groupe classe lors que la

pédagogie individualisée s'adresse à des personnes en nombre limité, parfois sur le temps de

cours, en s'appuyant sur des dispositifs périphériques pendant les heures de cours.

Ce livre alimente notre projet de recherche dont une des questions est de savoir comment prendre en compte l'individualité de chaque élève. En effet, la pédagogie présentée dans cet ouvrage propose plusieurs démarches s'opposant ainsi au mythe de l'uniformité selon lequel

2 Voir annexe 1 - Triangle pédagogique

3 CLASS-EDU - Site personnel de conseils pédagogiques/didactiques

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tous doivent travailler au même rythme, dans la même durée et par les mêmes moyens. Il n'y a pas deux apprenants qui progressent à la même vitesse, qui soient prêts à apprendre en même temps ou qui utilisent les mêmes techniques d'études. Il est donc important d'analyser l'hétérogénéité à la fois dans leurs cadres de vie non scolaires et scolaires, puis l'hétérogénéité dans leurs processus d'apprentissages. Pour se faire, des élèves sont répartis en plusieurs groupes qui travaillent chacun simultanément sur les mêmes objectifs selon des processus différents, mis en oeuvre à travers des pratiques diversifiées de travail autonome. La différenciation des processus est déterminée par une analyse préalable la plus fine possible de l'hétérogénéité des réussites et des difficultés. Cela nous permet donc d'avoir une idée sur la problématique de notre projet de recherche.

Pour nos premiers entretiens, nous avons commencé par interviewer une professeure des écoles. Il s'agit d'une connaissance de Sarah, nous l'avons interrogé toutes les trois. Beaucoup de points nous semblant importants sont ressortis de cet entretien. Elle nous a décrit des choses concrètes qu'elle met en place au sein de ses classes. Elle nous a notamment expliqué comment elle mettait en place des groupes de besoin dans certaines matières et quel était le but de cette pédagogie. L'idée de groupe de besoin est lancée par Philippe Meirieu, chercheur et écrivain français, spécialiste des sciences de l'éducation et de la pédagogie, dans les années 1980. Selon lui, les meilleurs élèves autant que ceux qui sont en difficulté ont des « besoins » en termes d'apprentissage. Les groupes de besoin sont constitués en fonction des besoins des élèves, à un moment donné, sur des objectifs précis. Les groupes de besoin peuvent évoluer. La notion de besoin permet pourtant des regroupements plus originaux qui évitent de stigmatiser les bons ou les moins bons mais permettent de regrouper des élèves temporairement pour développer des compétences spécifiques. Concernant l'individualité de chaque enfant, l'enseignante interrogée, ne tient pas compte des différences sociales ou ethniques, elle prend en compte uniquement les différences de compétences des enfants. Elle adapte donc beaucoup son enseignement, notamment au travers de la notation, pour que chaque enfant puisse évoluer, voir son évolution et rester motivé. Par exemple, elle est "un peu moins regardante lorsque les enfants ont des "troubles dys" (dyslexie, dysgraphie, dysorthographie...) et un peu plus sévère avec les meilleurs élèves". Cependant, elle met un point d'honneur à ce que les enfants ne remarquent pas cette différenciation, l'important étant qu'aucun d'entre eux ne se sente lésé. Elle applique donc une pédagogie différenciée. Lorsque nous avons abordé l'égalité des chances comme but ultime de l'Ecole, elle a tout de suite émis des réserves. En ce qui concerne leurs acquis en matière d'apprentissages, les élèves ne partent

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pas tous du même point de départ. En effet, avant même leur entrée à l'école maternelle, les enfants ne sont pas neutres, ils ont déjà été l'objet d'une socialisation primaire qui leur a formé un premier capital culturel.4 Les enfants ne faisant pas parti du même milieu social, de la même famille, n'ayant pas le même capital culturel à l'entrée de l'école, il est quasiment impossible qu'ils aient tous le même niveau à la fin de l'année. Il y a toujours des degrés d'écart entre le meilleur, souvent ayant une culture proche de la culture scolaire et le moins fort de la classe ayant une culture bien plus éloignée de la culture scolaire. L'objectif de l'enseignante est donc de tous les faire progresser et de réduire au maximum le degré d'écart. En allant dans le même sens, l'enseignante nous a avoué qu'il n'y a pas de RASED (Réseau d'Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté) dans l'école dans laquelle elle travaille. Elle n'a donc que très peu d'outils pour compenser les difficultés de certains enfants. Les difficultés touchent aussi les élèves ayant de bons résultats car ils ne sont régulièrement pas pris en compte. Cette enseignante fait donc très attention aux besoins de chacun. A notre demande, elle nous a aussi rapidement expliqué plusieurs types de pédagogies comme la pédagogie différenciée qu'elle tente au mieux d'appliquer, la pédagogie traditionnelle (ou "frontale"), la pédagogie Freinet, et celle de Montessori. Pour finir, elle nous a parlé des redoublements qui étaient aujourd'hui interdits en école primaire, ou du moins extrêmement limités. Pour elle, le redoublement serait bénéfique dans certains cas, car c'est à l'école primaire qu'il faut mettre les moyens pour aider les élèves, et non au collège, où il est déjà trop tard.

Pour notre second entretien, que nous avons également réalisé toutes les trois, nous avons décidé d'interviewer un futur professeur des écoles afin de voir comment il appréhendait son futur métier et comment il voyait les choses, comment il pensait s'y prendre plus tard. De cet entretien en est ressorti que, pour prendre en compte l'individualité de chacun, il avait l'intention de faire des groupes de niveaux. Pour ce, il nous a dit qu'il voulait mettre les élèves ayant le plus de difficultés ensemble et ceux qui en ont pas dans un autre groupe. On a pu constater tout de même qu'il était assez hésitant, ce qui était sûrement dû au fait qu'il n'était pas encore complètement sur le terrain. Il s'est inspiré de ses connaissances, de ses expériences personnelles, comme notamment un stage qu'il a déjà effectué. Cependant, pour notre mémoire, cet entretien ne nous a pas apporté de réponses précises avec des exemples et des cas concrets.

Enfin, le troisième entretien dirigé uniquement par Sarah, concernait une professeure de danse qui exerce depuis 16 ans maintenant. La professeure enseigne la danse à des enfants de 2 à 14

4 Cours de sociologie de L1 SESS de Séverine Chauvel, Chapitre 2 - Les inégalités scolaires et culturelles

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ans. Cette dernière a d'abord expliqué comment elle formait ses groupes. Ils sont constitués en fonction de l'âge des enfants. Elle a donc 4 groupes : un groupe de 2 à 5 ans, un de 6 à 8 ans, un de 8 à 10 ans et un autre de 10 à 14 ans. Lorsque qu'elle inscrit un enfant, elle l'inscrit donc dans le groupe de son âge. Selon elle, les groupes d'âge favorisent un meilleur enseignement car les enfants ont les mêmes capacités. Cela permet d'apprendre la même chose à tous les enfants, de leur faire faire des exercices qui sont en accord avec leurs capacités pour chaque groupe d'âges. Dans un groupe de danse, il y a des plus petits et des plus grands. Cela permet aux plus grands d'aider les plus petits. Cela leur donne de l'autonomie et les responsabilise. Il est important de prendre en compte l'avance qu'ils peuvent avoir sur les autres pour éviter de les faire régresser ou stagner. Selon Vygotsky, c'est l'apprentissage qui pilote le développement. Il distingue donc deux situations, celle où l'apprenant peut apprendre et accomplir seul certaines activités et celle où l'apprenant peut apprendre et réaliser une activité dans le cas présent des éléments de danse avec l'appui d'un autre. Entre ces deux situations se situe la "Zone Proximale de Développement " (ZPD) dans laquelle l'individu peut progresser grâce à l'appui de l'autre. La ZPD se situe entre la zone d'autonomie et la zone de rupture. Elle se définit comme la zone où l'élève, à l'aide de ressources, est capable d'exécuter une tâche. Une tâche qui s'inscrit dans la ZPD permet à l'élève en apprentissage de se mobiliser, car il

sent le défi réaliste.
Afin de permettre aux élèves de se situer dans leur zone proximale de développement, il pourrait être nécessaire pour l'enseignant de différencier les contenus, les structures, les processus et les productions pour éviter que les élèves se retrouvent, soit en zone de rupture car cela leur paraitrait trop difficile, soit en zone d'autonomie car cela leur paraitrait trop simple. L'enseignant doit encore proposer à l'élève des situations d'apprentissages diversifiées qui visent sa zone proximale de développement. Ainsi il lui sera possible de poursuivre le développement de ses compétences en mettant à profit ses connaissances antérieures, le

soutien de l'enseignant et l'interaction avec ses pairs.
Certaines études sur l'apprentissage ont montrées que l'on apprend avec les autres et que tout le monde n'apprend pas de la même façon ni au même rythme. L'apprentissage par les pairs est un système d'apprentissage mettant en relation plusieurs personnes dans une aide mutuelle qui désirent apprendre en développant et en consolidant leurs acquis. Au sein des cours de danse on met donc les enfants en situation d'apprentissage entre pairs car l'enseignant, avec beaucoup d'élèves, ne peut pas être partout, avec plusieurs enfants en même temps. En effet, les plus jeunes du groupe peuvent prendre exemple sur les plus grands et les copier pour pouvoir, par la suite, prendre leur place en tant qu' "ancien du groupe " lorsque les plus grands

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passeront dans le groupe supérieur. Néanmoins, pour un enfant pratiquant la danse depuis longtemps, étant capable d'accomplir les tâches qu'on lui demande dans son groupe d'âge, on peut l'inscrire dans le groupe supérieur, même si son âge réel ne correspond pas au groupe d'âge. La professeure de danse a ensuite expliqué qu'il était important en tant que professeure de danse, de savoir enseigner à des élèves d'âges différents. En effet, ils ont des capacités, des modes d'apprentissages et de compréhensions très différents. Un jeune enfant, aussi doué qu'il soit, n'aura pas les mêmes besoins et ne demandera pas la même attention. Elle a donc comparé les enfants du groupe des 2 à 5 ans. L'enfant de 2 ans et l'enfant de 5 ans auront à apprendre les mêmes choses, cependant, la professeure n'aura pas les mêmes exigences pour chacun d'eux. L'enfant de 2 ans ne va pas encore à l'école, il n'a donc pas encore l'habitude de participer à des activités avec d'autres enfants et va réclamer une grande attention qu'il faudra lui donner tout en ne négligeant pas les autres. La professeure a expliqué qu'elle utilisait la différenciation simultanée. Cela signifie que dans le processus d'apprentissage, les objectifs et les contenus sont différents selon l'élève. Elle doit prendre en compte la taille de l'enfant, son agilité, mais aussi sa capacité de concentration. Elle essaye donc d'adapter les apprentissages en fonction de chaque enfant surtout chez les tous petits. Car en effet, plus ils grandissent et plus on peut leur enseigner la même chose sans forcément faire de distinction.

Nos entretiens et nos lectures nous ont permis de confirmer notre question de départ qui était « comment guider un groupe vers des connaissances, des apprentissages en prenant en compte l'individualité de chacun ? ». Nous avons donc pris le parti de ne pas modifier cette question de départ qui est alors devenue notre question de recherche.

III- Etat des travaux actuels sur notre sujet

Après avoir fait nos recherches, nous avons pu constater que beaucoup de travaux ont été fait à propos de notre sujet. En effet, l'école a connu de nombreuses évolutions suite à la massification scolaire, qui est l'accès massif d'enfants des classes populaires à l'enseignement qui, jusque-là, était réservé à l'élite. Aujourd'hui ce n'est plus le cas, les classes défavorisées aussi ont accès à l'école. Avec le développement de l'école publique, la mise en place progressive d'une scolarité obligatoire et la multiplication des filières, le nombre d'élèves scolarisés a fortement augmenté au cours du XXe siècle. En France, l'instruction obligatoire laïque et gratuite est instituée par la loi du 28 mars 1882 (dite « loi Ferry »). L'instruction

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primaire devient alors obligatoire pour les enfants des deux sexes âgés de six ans révolus à treize ans révolus. L'Ordonnance du 6 janvier 1959, signée par le président de la République Charles de Gaulle, a ensuite décidé que l'âge de fin de la scolarité obligatoire sera à 16 ans. La massification de l'enseignement par la prolongation de la scolarité obligatoire à 16 ans et par la création du collège unique (1975) visait l'élévation du niveau de formation des nouvelles générations. Elle avait également pour objectif la réduction des inégalités des destins scolaires. Ainsi, le public scolaire a évolué dans le sens où les classes populaires ont pu avoir accès à l'école. Lorsque s'est levée la barrière d'une sélection, un nombre considérable d'enfants, auparavant écartés, se sont trouvés précipités dans un système qui n'était pas conçu pour eux. Le filtre culturel et social ayant été retiré, l'école s'est trouvée mise au défi d'instruire des enfants de moins en moins éduqués et avec peu ou pas de repères culturels. Ces « nouveaux écoliers » ont posé, année après année, à un système scolaire figé, des problèmes car ce système n'était pas adapté pour eux. Des inégalités ont vues le jour, que ce soit sociales ou culturelles. Des élèves issus de classes populaires et ceux issus de classes supérieures n'ont, pour la plupart du temps, pas la même culture. Les élèves de classes supérieures ayant, en général, une culture plus développée. L'école a donc dû s'adapter à ces évolutions, en prenant en compte l'individualité des élèves. Car, comme le cite Marguerite Yourcenar, « Notre grande erreur est d'essayer d'obtenir de chacun en particulier les vertus qu'il n'a pas, et de négliger de cultiver celles qu'ils possèdent ». Il est donc nécessaire de changer le système éducatif qui, jusque-là était adapté seulement pour l'élite. Le collège unique mis en place en 1975 par la loi Haby, par exemple, a été une bonne chose dans la mesure où il permet d'amener tous les élèves au même niveau en troisième. Ce qui est injustifié, c'est l'idée que les inégalités sociales détermineraient les inégalités scolaires. Il est indéniable que tous les élèves n'ont pas les mêmes personnalités, ni les mêmes capacités et que celles-ci ne sont d'ailleurs pas forcément exploité par les professeurs. Ils ne sont donc pas égaux face à une notion. C'est pourquoi la prise en compte de leur individualité est importante. De nombreuses lois et réformes ont vu le jour pour faire face à dans un premier temps, l'échec scolaire qui était un problème majeur suite à la massification scolaire des « nouveaux écoliers ». Plusieurs causes existent quant à l'échec scolaire comme notamment l'hétérogénéité des élèves qu'il faut savoir prendre en compte. De ce fait, le but principal des lois et des réformes mises en place est de réduire au maximum les inégalités qui existent entre les élèves. Il y a par exemple eu la loi de la refondation de l'Ecole comme nous l'avons vu précédemment. Aussi, des modèles éducatifs ont été mis en place comme la méthode Freinet et celle de Montessori que nous avons citées et développées. Nous pouvons ajouter que, suite à la commande

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ministérielle passée en octobre 2013, le Conseil supérieur des programmes (CSP) a publié le projet de socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Le CSP a été conçu pour que les programmes soient élaborés par une instance impartiale (composée de trois députés, trois sénateurs, deux membres du Conseil économique, social et environnemental et 10 personnalités qualifiées). Le socle commun de connaissances, de compétences et de culture entrera en vigueur avec les nouveaux programmes de l'école élémentaire et du collège à la rentrée 2016, il doit permettre de construire la culture commune que vont acquérir les élèves tout au long de leur scolarité obligatoire. Beaucoup de mesures ont été prises afin de tenter de baisser au maximum les inégalités présentes au sein de l'école, mais aussi suite au fait qu'avec l'enquête PISA (programme international pour le suivi des acquis des élèves), nous voyons la France en bas du classement. PISA évalue l'efficacité des jeunes (de 15 ans) en compréhension de l'écrit, en culture mathématique et en culture scientifique au moyen des tests communs à l'échelon international. Depuis l'enquête PISA de 2000 jusqu'à aujourd'hui, nous pouvons remarquer que la France perd des places d'année en année. Ce n'est pas l'image que la France veut renvoyer aux autres pays, c'est pourquoi elle tente sans cesse de s'améliorer afin d'obtenir une meilleure place. Pour autant, des inégalités persistent, c'est pourquoi la prise en compte de l'individualité de chaque élève ne peut être un fait résolu. Il y a tout de même plusieurs solutions possibles qui s'offrent à nous quant à la prise en compte de l'individualité des élèves mais il peut s'avérer compliqué de trouver la solution la plus adaptée parmi toutes celles proposées. Chaque élève est différent et les générations également, c'est pourquoi il est difficile de trouver la solution qui s'adapte le mieux à tous ces changements. De plus, une solution peut fonctionner pour un groupe et ne pas être constructive pour un autre. Il serait donc nécessaire de continuer les recherches et d'innover afin de pouvoir au mieux prendre en compte l'individualité de chacun.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote