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Intervention de la puissance publique dans la promotion de la consommation du manioc à  Goma

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par Leonard DOMENGO NTUITE
Université de Goma - Licence en science economique dans le departement de l'économie publique 2015
  

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CHAPITRE PREMIER : LE MANIOC DANS LE VECU QUOTIDIEN DE L'HOMME

I.1.ORIGINE ET QUELQUES ASPECTS SOCIO-CULTURELS DU MANIOC

Le manioc (manihot esculenta) est une espèce tropicale originaire de l'Amérique Latine et des régions australes et occidentales du Mexique, où il porte le nom de YUCCA. Il a son centre principal de diversification au Brésil. Les archéologues ont prouvé qu'il était déjà cultivé au Pérou voilà 400 ans. Ce fut, en fait, une des premières plantes domestiques selon la FAO (1990).

En effet, la dernièreédition publiée par la FAO (période 1979-1981) montre que la RDC est le pays où les produits dérivés du manioc contribuent le plus à la couverture des besoins énergétiques des populations.

L'importance du manioc dans la ration alimentaire moyenne congolaise est confirmée par la comparaison des contributions respectives du manioc et des autres aliments.

Comme ci-haut dit, le manioc, plante originaire du nouveau monde a été introduite en Afrique centrale au XVIe siècle par des navigateurs portugais. Cette introduction répondait à la volonté de ces derniers de se servir d'une culture dont ils avaient apprécié la valeur énergétique chez les populations du nouveau monde, pour faciliter l'acclimatation des esclaves potentiels aux Amériques.

Par la suite, les populations fuyant à la fois les razzias et les disettes, conséquences de la traite négrière, se réfugient dans des zones impropres aux cultures traditionnelles de l'époque, essentiellement le millet blanc et l'éleusine. Le manioc, trouve alors dans ce contexte les conditions de son expansion. C'est ainsi qu'au XVIIe siècle sa culture se développe dans le royaume kongo.

Après sa chute en 1665, les populations Kongo migrent vers l'actuel territoire congolais et y assurent la diffusion de la culture du manioc. Les populationsautochtones adoptent, sans grande modification, les techniques culturales importées du Brésil par les navigateurs7(*).

Concernant les transformations, les procédés utilisés sont, au départ, également ceux importés du nouveau monde, mais ils subissent par la suite des modifications importantes.

C'est ainsi que, selon différents auteurs, la technique de rouissage serait apparue en Afrique centrale et que le râpage des racines effectués par les populations du nouveau monde aurait été remplacé par une étape de frottement des racines rouies à l'aide de pierres donnant une pâte appelée kwanga, mot qui signifie frotter en kikongo. De ce terme kwanga dérive le mot chikwangue qui désigne la forme de consommation du manioc obtenue par voie humide à partir de pâte pétrie, modelée et cuite une ou plusieurs fois.

Par ailleurs, étant donné que, contrairement aux procédés utilisés dans le nouveau monde et en Afrique de l'ouest (râpage, fermentation), le rouissage assure la détoxication des racines sans en altérer les structures cellulaires, il a pu apparaître la consommation d'une forme peu élaborée : la racine rouie et cuite encore appelée TCHIKEDI en kikongo et NTUKA en lingala.

La technique de fabrication de la farine ou foufou dériverait de procédés utilisés au Brésil, mais sa préparation sous forme de pâte, également appelée foufou, serait une imitation de celle d'une céréale locale appelée lucu dans le royaume kongo.

L'utilisation du manioc comme aliment de base s'intensifie au Congo pendant la période coloniale avec l'utilisation des travaux forcés, la création des compagnies concessionnaires, la construction des chemins de fer, la naissance de l'urbanisation. La conjugaison de ces éléments crée des besoins sans cesse croissants en matière d'alimentation et place progressivement le manioc au premier plan des denrées commercialisées.

De cette intensification de l'utilisation du manioc découle un bon nombre d'innovations technologiques endogènes.

Après l'indépendance en 1960, on assiste à une croissance accélérée de la demande urbaine en matière d'approvisionnement alimentaire. Dans ce nouveau contexte, la production nationale ne suffit plus pour répondre aux besoins des populations. C'est alors que commencent les importations massives des produits européens, en particulier celle de farine de blé. De plus, la demande sociale en matière d'alimentation change aussi de nature : les populations urbaines recherchentdes produits de qualité constante, commodes à l'emploi et de plus en plus élaborés.

Face à la concurrence de la farine de blé, on assiste à un recul de la place du manioc dans le modèle de consommation alimentaire congolais.

Les difficultés rencontrées par le système de distribution des denrées locales et la faiblesse dupouvoir d'achat des populations poussent de plus en plus les consommateurs urbains à préférer les produits plus disponibles, peu coûteux et d'une plus grande commodité d'usage.

Toutefois les changements se faisant plus lentement en zones rurales, les produits dérivés du manioc gardent au niveau national la place prépondérante dans le système alimentaire.

Dans l'économie familiale d'autosubsistance, les dérivées du manioc ont une signification affective et une valeur symbolique pour les populations.

La chikwangue, par exemple, incarne les valeurs ancestrales et reste un lien d'attache entre les individus et leur environnement socio-culturel. Cet environnement met au centre de la vie familiale, la femme, mère ou épouse, qui assure, dans chaque famille, de la production à la transformation et à la préparation des produits dérivés du manioc. Le service des repas dans lesquels ces produits occupent une place importante sont, en effet, autant d'occasions pour la ménagère de légitimer son statut social. 

La consommation du manioc demeure ainsi dans une large mesure, un élément d'attache à la société congolaise. De sorte que les dérivés du manioc sont au centre des coutumes et traditions congolaises héritées de la société précoloniale et qu'ils participent actuellement à l'élaboration de la culture nationale dans sa forme moderne.

Le rôle symbolique du manioc est aussi mis en évidence par la place qu'il tient dans toutes les cérémonies à caractère coutumier : retrait de deuil, pose de pierre tombale, célébration du mariage...

Un grand nombre d'expressions populaires, d'adages et de récits se réfèrent abondamment au manioc.

Cet aliment est tellement ancré dans la mentalité populaire comme étant un héritage des ancêtres qu'il est impensable pour la majorité des individus de le concevoir comme un aliment importé d'Amérique il y a moins de quatre siècles.8(*)

L'attachement aux traditions ancestrales est probablement beaucoup plus marqué dans notre milieu d'étude, c'est en tout cas ce que semble montrer l'importance de la consommation du manioc que révèle l'enquête que nous avons menée récemment dans ce milieu.

* 7 www.wikipedia.com, historiques du manioc, le 3/5/2016 à 8h 15'.

* 8 T. SEBURIRI SEMPAME, inventaire des mauvais herbes dans les champs de culture à base de manioc dans trois groupements de la chefferie de BWISHA, territoire de RUTSHURU/Nord-Kivu en RDC, inédit,2014-2015.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote