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Aménagement du territoire et croissance urbaine au Cameroun

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par Chouaibou MOUNTON
Université de Yaoundé II SOA - Master II professionnel en politiques urbaines et des collectivités territoriales décentralisées 2016
  

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INTRODUCTION

L'objectif de cette partie est de présenter les liens éventuels entre l'aménagement du territoire et la croissance urbaine. La méthodologie déployée est la recherche documentaire.

La partie s'organise autour de deux chapitres :

- Le premier met en exergue l'influence de l'aménagement du territoire sur la croissance urbaine ;

- Le deuxième met en exergue l'influence de la croissance urbaine sur l'aménagement du territoire.

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CHAPITRE I : LA CROISSANCE URBAINE, UNE CONSEQUENCE DE L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

L'objectif de ce chapitre est d'analyser l'influence de l'aménagement du territoire sur la croissance urbaine. La littérature laisse penser que cette influence peut être positive ou négative. Notre chapitre s'organise autour de deux principales sections :

- la première section met en exergue l'influence positive de l'aménagement du territoire sur la croissance urbaine ;

- la seconde section met en exergue l'influence négative de l'aménagement du territoire sur la croissance urbaine.

Section I : L'influence positive de l'aménagement du territoire sur la croissance urbaine.

Diverses théories tentent de mettre en exergue l'influence positive de l'aménagement du territoire sur la croissance urbaine. Nous nous intéresserons aux théories liées aux modèles de croissance endogène (A) et celles liées aux économies d'agglomération (B).

A. Aménagement du territoire et croissance endogène

Les politiques publiques d'aménagement du territoire présentent des atouts indéniables lorsqu'elles sont véritablement mises en oeuvre. Leurs succès passent par la réalisation des infrastructures importantes, les services publics, la maîtrise du foncier ainsi qu'une différenciation du territoire.

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A.1. Dépenses publiques et croissance urbaine

SCHEMA 1 : DU BUDGET DES DEPENSES PUBLIQUES AUX SERVICES PUBLICS.

BUDGET DES
DEPENSES
PUBLIQUES

BUDGET

D'INVESTISSEMENT

BUDGET D'INVESTISSEMENTS COURANTS

CAPITAL PUBLIC

INFRASTRUCTURES PUBLIQUES

TARIFICATION UNIFORMISEE

SERVICES PUBLICS GRATUITS

SERVICES PUBLICS

SERVICES PUBLICS

SERVICES PUBLICS
AVEC CONGESTION

Source : Charlot (1996) et traitement de l'auteur

SERVICES PUBLICS PAYANTS

Le schéma ci-dessus décrit le budget des dépenses publiques. Il montre l'importance de ces dépenses dans la relance des activités économiques grâce à la mise en oeuvre des infrastructures et des équipements indispensables pour les agents économiques.

Meade (1952) considère que le capital public a deux rôles dans la sphère économique : il peut être un facteur de production non-rémunéré mais, aussi, une variable d'environnement qui

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contribue à augmenter la productivité du capital privé et du travail. Ceci peut être traduit en termes d'externalités. Les services publics sont à la base de deux grandes catégories d'externalités technologiques.

Ils sont tout d'abord source d'externalités technologiques directes. Ils sont en effet des facteurs de production non-rémunérés (Barro, 1990) ou rémunérés à un taux inférieur à leur productivité marginale. Les services tels l'utilisation de réseaux électriques ou de canalisations rentrent dans la fonction de production des entreprises sans engendrer de coût supplémentaire.

Outre cette externalité directe, les services publics engendrent des externalités technologiques indirectes. L'existence de services de transport et communication, même s'ils sont payants, améliore la circulation des sources de progrès technique comme les innovations, la connaissance. Les produits joints de la production circuleront plus rapidement entre les agents, si les infrastructures sont développées. Les infrastructures de transport et communication constituent un support de transmission des externalités directes procurées par le capital humain, les innovations, le progrès technique. Elles favorisent donc les externalités de "spillover" (Artus et Kaabi, 1993) et développent les organisations de type réseaux.

Que l'externalité soit directe ou indirecte, les services publics sont complémentaires aux facteurs privés. Ils accroissent en effet la productivité du capital privé et du travail, et améliorent les combinaisons productives. Ils peuvent accroître le nombre de combinaisons productives possibles et modifier les complémentarités et/ou substitutions existant entre les autres facteurs. Par exemple, dans l'analyse de la croissance de Kaldor (1959), la substitution entre travail et capital n'est pas élevée pour un processus donné mais varie avec les infrastructures qui transforment ce processus de production.

L'offre publique de services aux entreprises permet également d'obtenir des gains par l'allongement du détour de production. Cet allongement stimule la division du travail et la spécialisation des tâches (Kaldor, 1970). Il s'agit également d'effets que les agents ne contrôlent pas individuellement et qui vont pourtant accroître leur utilité future, en transformant la structure des coûts de production. Ces effets peuvent être décrits en termes d'externalités pécuniaires (Charlot, 1996).

Les politiques de développement économique des territoires peuvent permettre de tirer le meilleur parti de leurs atouts, même s'ils sont modestes, et d'enrichir leur base productive. Au

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besoin, des politiques de redistribution sont susceptibles de compenser partiellement les inégalités de revenus qui, dans certains cas, sont même susceptibles de servir de moteur de croissance par un effet de caractère keynésien (Prager et Thisse, 2009).

De même, les théories économiques modernes ont élargi le paradigme de la croissance de façon à rendre endogène la capacité d'innovation. Cette action s'est faite par la mise en exergue de la relation entre la croissance et les composantes institutionnelles au travers de la motivation à investir dans l'innovation (Aghion, 2002). Ainsi, une meilleure protection des droits de propriété intellectuelle, un contexte entrepreneurial favorable aux activités innovantes et une plus grande efficacité institutionnelle de la recherche sont perçus comme étant de nature à stimuler la croissance.

Cette approche offre un solide cadre théorique permettant d'expliquer les différences institutionnelles entre les pays faisant l'expérience d'une croissance économique soutenue et ceux qui stagnent. Les premiers sont ceux où le système juridique et le système d'éducation permettent aux entrepreneurs de profiter de la diffusion des connaissances, faisant ainsi évoluer le pays vers la frontière technologique. Par contre, les pays manifestant une forte instabilité dans les règles du jeu économique dissuadent les élites d'investir dans des activités innovantes et les orientent vers la lutte pour la capture de la rente publique («rent-seeking»). Cette lutte se fait alors au détriment de la rente d'innovation (Baumol, 2002).

Les modèles de croissance endogène tiennent compte de ces externalités positives dans l'analyse de l'évolution de long terme des taux de croissance des économies. Les premiers modèles se sont centrés sur la connaissance (Römer, 1986, 1990) et la formation (Lucas, 1988), puis les dépenses publiques au sens large ont été évoquées (Barro, 1990 ; Artus et Kaabi, 1993). Ces derniers travaux mettent en avant la nécessité de la production par l'Etat de certains services source d'externalités. Le rôle économique de l'Etat est alors clair: produire des services qui vont accroître la productivité (Barro, 1990) et/ou accroître l'utilité des ménages (Artus et Kaabi, 1993), sans être directement financés par les agents mais par une taxe, et permettre à l'économie de se positionner sur une trajectoire de croissance optimale (Charlot, 1996).

Selon Lucas (1993), la formation et la croissance des villes s'expliquent par la présence de rendements croissants liés à la spécialisation industrielle et à la formation d'un marché local du travail, mais également au potentiel de la demande finale localisée, c'est-à-dire au potentiel de

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marché que représente une agglomération. Il initie, par-là, un ensemble de modèles de croissance endogène qui prennent en considération les dynamiques d'agglomération engendrées par la formation d'un capital humain localisé.

La théorie générale de l'emploi de l'intérêt et de la monnaie a été popularisée par John Maynard Keynes dans les années 30. Elle montre qu'on peut stimuler la croissance économique par la consommation, l'investissement ou les dépenses publiques.

Keynes stipule que le chômage est le résultat d'une insuffisance de la demande effective. L'Etat peut agir sur les deux composantes de la demande globale :

- sur la consommation : l'Etat peut augmenter les revenus disponibles en réduisant la fiscalité. Plus directement, l'Etat peut accroître sa propre consommation (la consommation publique).

- sur l'investissement : en réduisant les taux d'intérêt, l'Etat va réduire le coût des emprunts pour les ménages et le coût de financement des investissements pour les entreprises.

Dans les faits, l'action de l'Etat se traduira par une politique budgétaire expansive. L'impact sur l'économie sera plus que proportionnel, c'est ce que l'on appelle l'"effet multiplicateur".

La théorie de la base exportatrice est une transposition territoriale des modèles post-keynésiens de croissance par la demande. Les activités d'exportation sont l'élément principal de la dynamique économique régionale, alors que la croissance des branches productrices des biens et services pour le marché local dépend des revenus distribués par le secteur d'exportation. L'approche en termes de clusters5 lui est associée et est devenue un élément incontournable des doctrines de développement régional, malgré sa fragilité aussi bien théorique qu'empirique. C'est le bon mélange des clusters, aussi bien dans leur nombre, et leur importance que dans leur variété qui fait la richesse d'un territoire.

5 Un cluster est une concentration géographique d'entreprises et d'organismes divers (associations, banques, sociétés de conseil, infrastructures de formation,...) se rattachant à une activité. Il permet donc à chacun de ses membres de bénéficier d'économies d'échelles en gardant la souplesse d'une PME (Porte 2001). Les clusters peuvent être décrits et analysés de trois manières complémentaires qui se réfèrent chacune à un « type idéal » correspondant à une perspective particulière de l'agglomération (Gordon et Mc Cann, 2000) :

· le modèle traditionnel du « complexe industriel », concentration géographique d'activités reliées dans une même chaîne de valeur, autour, en général, d'une ou plusieurs grandes entreprises directrices (automobile, aéronautique, chimie, ..) ;

· l'agglomération d'entreprises - le plus souvent des PME -, relevant de la même activité, induite par la division du travail et les avantages liés à la spécialisation locale d'inputs humains, physiques ou immatériels, l'ensemble étant le fruit d'arbitrages entre coûts de transaction et économies d'échelle ;

· le modèle du tissu économique et social, des réseaux sociaux, formels ou informels, qui contribuent à renforcer la confiance et à faciliter la circulation des connaissances dans une aire géographique déterminée, la proximité géographique restant un facteur de réduction des incertitudes et des coûts de transactions dans les activités innovantes.

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La théorie de la base inverse la théorie traditionnelle faisant dépendre la croissance des variables internes telles la croissance démographique ou l'accumulation du capital. Cette théorie avait l'intuition majeure de faire dépendre la croissance de petits ensembles territoriaux aux variables exogènes en l'occurrence les exportations. Selon cette théorie, la croissance urbaine est due principalement à des facteurs extérieurs à la ville, en particulier par la demande d'exportations. Sa formulation la plus simple part d'un constat clair : « seuls les ensembles économiques de grande dimension, sont maîtres de leur développement au point que celui-ci dépend de variables internes, de proportions qui leurs sont propres. Si l'on considère des « morceaux d'espace » infranationaux incomplets, spécialisés, ils ne peuvent plus tirer de leurs efforts ni de leurs aptitudes propres les moyens de leur croissance. Celle-ci dépend des signaux venus de l'extérieur». Cette théorie d'inspiration mercantiliste, keynésienne et même néoclassique (le modèle de l'échange international) a inspiré un grand nombre de travaux (Hoyt, 1954 ; North, 1955). La théorie a des racines mercantilistes puisqu'elle repose sur le rôle primordial des échanges commerciaux de la ville avec le monde extérieur; son appartenance au keynésianisme est apparente : la théorie permet la définition du coefficient multiplicateur. Quant à la filiation néoclassique; on peut établir le coefficient de localisation à partir de la notion d'intensité relative d'une activité dans l'espace.

Selon cette théorie, les activités d'exportation sont l'élément principal de la dynamique économique régionale, alors que la croissance des branches productrices des biens et services pour le marché local dépend des revenus distribués par le secteur d'exportation.

Des auteurs comme Czamanski (1964) ont essayé d'aboutir à un schéma dynamique qui développe les propos de la théorie ; ils ont proposé que le processus de développement urbain se succède selon des phases au cours desquelles certaines activités auront un rôle moteur de la croissance et des phases où ces mêmes activités seront liées par d'autres. Ces auteurs proposent d'expliquer les différentes étapes de la croissance urbaine selon un schéma d'ensemble qui n'est pas sans rappeler celui de Walt Rostow (1963) pour le développement économique général.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway