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La rationalité comme fondement du bonheur

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par Pasteur MUGISHO
Philosophat Isidore Bakanja (Bukavu) R.D.Congo - Graduat en Philosophie et Sciences Humaines 2016
  

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CHAPITRE PREMIER : DE L'ORDRE NATUREL DES BIENS

Le bien ne peut être saisi, de manière immédiate et totale, que par intuition. George Edward MOORE*

Préambule

Depuis Socrate, la morale est définie comme une science permettant à l'homme de savoir distinguer le bien du mal. Dès lors, l'homme connaissant le bien ne peut que le faire. De même, connaissant le mal, il ne peut que l'éviter. En plus, dans le déroulement de l'histoire de l'humanité, l'agir de l'homme est porté soit vers le bien soit vers le mal. Et l'homme rassemble bien et mal dans son sac de l'histoire pour que lors de la révision, il fasse triompher le bien sur le mal. Ceci est valable pour le sens commun et l'esprit scientifique. Mais la spécificité de l'esprit scientifique, soutenue par Aristote et sur laquelle nous allons insister dans ce chapitre, est de permettre à l'homme, par l'usage de la raison, de distinguer bien et bien suprême dans la hiérarchie qui rapproche l'un et l'autre au Bonheur. Pour ce faire, notre préoccupation dans ce chapitre, est de chercher à savoir ce que peut être ce « bien » qui fonde toute une science de la conduite des hommes. Nous voulons savoir s'il existe un seul ou plusieurs biens dont l'homme aurait besoin pour sa morale et s'il existerait plusieurs, lequel serait le bien par excellence c'est-à-dire le souverain bien pour l'homme.

Avant d'aller plus avant, faisons une mise au point. Le bien dont il est question est, selon André Lalande, « tout ce qui est objet de satisfaction ou d'approbation dans n'importe quel ordre de finalité : parfait à son genre, favorable, réussi, utile à quelque fin »2(*). Il poursuit en disant que ce bien doit posséder une valeur morale à l'égard des actes accomplis. Ce bien doit être approuvé par les hommes dans leur interaction. C'est-à-dire que le bien n'est pas bien pour une seule personne ni pour sa logique propre ; il doit être approuvé par tout homme dans les mêmes conditions. Pour savoir s'il existe un bien unique ou plusieurs et lequel de ces plusieurs serait le bien suprême, analysons maintenant la notion du bien chez Aristote et l'ordre des biens selon les genres de vies.

I. 1. LA NOTION DU BIEN CHEZ ARISTOTE

Dans les premières phrases du premier livre de l'Ethique à Nicomaque, Aristote affirme que toute connaissance, toute décision réfléchie et tout choix délibéré porte l'intention d'un bien quelconque3(*). Et parmi les biens que l'homme peut poursuivre dans sa vie, il y a la bonne gestion de la cité ou la politique. L'homme en tant qu'être singulier peut poursuivre le bien comme la fin de tous ses actes. Mais le bien que poursuit la communauté a plus de valeur que celui recherché par un individu. Ce bien a encore plus de valeur s'il est recherché à la fois, par un individu pour lui et pour la cité et recherché par la cité pour chacun de ses membres.

Etant donné que le bien est la fin de toute résolution de l'esprit humain et que chaque être humain a envie d'agir pour le bien, les biens poursuivis se diversifient par rapport aux arts, aux actions et aux sciences qui les produisent. Le bien recherché en médecine, par exemple, n'est jamais le même que celui recherché en stratégie (c'est-à-dire l'art de la guerre) ou en architecture4(*). Ainsi la santé est le bien de la médecine, la victoire celui de la guerre et la maison pour l'art de l'architecture.

A ce sujet, Saint Thomas d'Aquin, soutenant Aristote reconnaît que ces biens sont hiérarchisés et la hiérarchie, elle-même, est proportionnelle : c'est-à-dire que tous les biens sont voulus d'une manière subordonnée. Ainsi donc la santé dont nous venions de parler est en vue de la possibilité d'un épanouissement social, l'acquisition du maniement du pinceau est en vue du beau et l'acquisition d'autres techniques pour d'autres fins ultimes. Ces biens sont donc relatifs les uns aux autres, et cela parce qu'il y a une fin suprême, qui est voulue d'une manière absolue. Si le médecin poursuit la bonne santé des citoyens, ces derniers ne peuvent être épanouis que lorsque la paix ou la sécurité leur sont garanties par la force de l'ordre ; une fois en paix et en bonne santé, les citoyens auront encore besoin de la protection contre les intempéries et/ou même de contempler le beau (ce qui relève des travaux de l'architecte, du peintre et du sculpteur). Tout cela c'est en vue d'une fin suprême qui est, pour St. Thomas, le Bonheur ou la Béatitude. Sans cette fin nul de ces biens ne serait subordonné à l'autre et tous auraient la même valeur. Il faudrait, insiste St. Thomas « que tout ce que l'homme veut et désire , soit nécessairement pour sa fin ultime »5(*). C'est pourquoi il condamne les passe-temps, les temps-morts, l'oisiveté qui n'ont aucun désir, ni nécessité, ni finalité dans la vie de l'homme. La norme reste celle de faire du bien l'unique motivation d'agir.

Nous venons de voir plus haut qu' avec Aristote, autant les sciences et les résolutions de l'esprit humain sont diverses, autant les biens recherchés sont multiples. Il reste alors, par souci d'harmonie et de logique, de classer ces biens par ordre. Mais pourquoi un ordre ? Saint Thomas nous aide encore une fois à répondre. Nous ordonnons parce que :

«  le bonheur qui est la fin dernière de l'homme est au sommet des biens, et plus une chose[un bien] est proche de cette fin, plus élevé est son rang parmi les biens humains. Mais le bien le plus voisin de cette fin est la vertu et toute autre chose qui favorise chez l'homme le bon agir grâce auquel il atteint la béatitude; puis c'est le bon comportement de la raison et des activités qui lui sont soumises; après cela, c'est la santé du corps, nécessaire pour la facilité de l'agir; enfin, ce sont les biens extérieurs dont nous usons, comme de modestes auxiliaires pour la pratique de la vertu.»6(*)

Dire que le Bonheur est la fin dernière des tous les biens, on l'a vu plus haut, c'est par relativité et subordination de tous ces biens. Car, comme nous l'avons vu, la médecine étant en vue d'avoir une bonne santé, cela permet l'épanouissement qui, lui-même, permet d'être heureux. De même, la connaissance est en vue de la perfection de l'intelligence qui, elle aussi, permet de jouir de ce qui est connu et cette jouissance rend heureux. Ces exemples peuvent s'étendre à tous les biens et cela nous permet de déduire que les biens prennent leurs valeurs selon leur proximité avec le Bonheur. D'où un désir d'ordre clair, précis et hiérarchisé de ces biens. L'ordre que nous propose Aristote est un ordre naturel car il se fait remarquer toujours ainsi dans toute société selon les genres de vie. Au bas de l'échelle, il y a les plaisirs sensibles ou volupté, qui correspondent au premier genre de vie : la vie de jouissance matérielle. Vient ensuite la gloire et les honneurs recherchés dans le deuxième genre de vie qui est la vie politique et active. Au sommet de l'échelle se trouve la contemplation qui est le bien par excellence et correspond au troisième genre de vie : la vie contemplative ou théorétique.

* *George Edward MOORE est un philosophe anglais (1873-1958) qui, dans son principia éthica, montre que le bien a un caractère indéfinissable au sens classique, on ne sait exprimer sa définition dans des mots mais il est toujours pris comme une propriété, une valeur ou un caractère des faits.

2 A. Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, PUF, Paris, 1999, p. 112.

* 3 Aristote, Ethique à Nicomaque. Trad. J. Barthélemy st Hilaire, Librairie Générale Française, Paris, 1992, p.34.

* 4 Aristote, op. cit.,p. 36.

* 5 Thomas d'Aquin, Somme théologique,( Ia, IIae, Q1, art. 6, réponse), Cerf, Paris, 1997, p.21.

* 6 Thomas d'Aquin, Somme contre les gentils,( III, CXLI), consulté sur : http://www.livres- mystiques.com le 06 janvier 2015 à 20h15'.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote