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Le management des professionnels d'un établissement d'accueil pour personnes à¢gées : intérêts et limites des méthodes spécifiques au coaching.

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par Christelle JUSTES
UPEC - Université Paris Est Créteil - Master : Intervention et Développent social parcours Direction d?établissement et de services pour personnes âgées  2016
  

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7) LA PAROLE AUX PROFESSIONNELS

J'ai donc réalisé 3 entretiens.

Même si j'ai choisi attentivement mes interlocuteurs, mon panel est trop succinct pour

me permettre d'être affirmative dans mes remarques.

Je peux cependant proposer quelques pistes d'analyses et dégager quelques tendances.

J'ai considéré successivement plusieurs points:

- Comment les personnes interviewées sont-elles arrivées au coaching

- Quelles définitions donnent-elles du coaching

- Les limites et critiques de l'approche coaching du point de vue des personnes

interviewées

- La part donnée à la réciprocité et la notion de partage entre collaborateurs

- Les spécificités du coaching dans le champ du vieillissement

Je vais les considérer successivement pour proposer une analyse transversale de mes

entretiens.

Je chercherai, pour chacun de ces points, à établir des liens avec les auteurs de ma

problématique.

A) Comment les personnes interviewées sont-elles arrivées au coaching?

Je commence par l'histoire de Christophe car il a donné beaucoup de détails lors de son interview.

Christophe a d'abord fait des études d'ingénieur, il nous explique qu'il vient d'une lignée d'ingénieurs car la valeur fondamentale de sa famille est la construction. Nous retrouverons dans son itinéraire la conjugaison de son héritage, la construction, et de son esprit novateur qui s'appuie sur deux idées qui ne le quittent pas: la notion d'humanité et le projet. Nous verrons comment il réussit à nourrir son projet pour le lier à la notion d'humanité et, après plusieurs étapes que je vais détailler ci-après, comment a-t-il été amené à travailler pour les maisons de retraite.

Christophe comprend intuitivement qu'il doit associer l'humain à la construction, il dit: « Ceci dit, ce qui m'a paru intéressant une fois arrivé dans l'école d'ingénieurs c'est que les enjeux de la construction du monde de demain étaient davantage de l'ordre de l'humain

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que du technique ... je voulais garder cette dimension de construction et, en même temps, ce qui m'intéressait avant tout c'était la notion d'humanité ».

Il ajoute une pensée novatrice qui est d'allier la construction et l'humain mais dans une dynamique de projet. Son idée se précise alors, il est question de construire un projet autour de l'humain au travail.

Le hasard fait qu'il rencontre un consultant lors d'un déjeuner et que ce dernier lui fait découvrir le métier. Il raconte : « il m'a invité à des interventions, des stages deformation, j'ai trouvé ça passionnant».

Cette rencontre a incontestablement confirmé l'approche qu'il cherchait pour mettre en place son projet. Christophe décide alors de créer sa propre société en tant que consultant. Il franchit sa première étape.

Pour débuter, il propose ses services en commençant par de la formation continue auprès de grandes entreprises. Sa première idée était de former les personnes pour les aider à se construire en compétence et en affirmation de soi. Au fil de cette expérience, il prend conscience de l'importance de certains éléments liés aux grandes entreprises et se rend compte qu'il ne peut y atteindre son but, il dit: « A la suite de ça, je me suis rendu compte que le développement de la personne dans un contexte professionnel était très lié au management, et à la culture interne, la communication interne, le fonctionnement interne, donc sur les grandes entreprises c'était difficile d'intervenir à ce niveau là ».

Cette expérience a apporté une nouvelle dimension à son projet, celle d'identifier le mode managérial et de le faire progresser en intégrant l'étendue de l'être humain au travail. Il construit alors une école de management avec des chefs d'entreprise. Très vite, il n'y trouve pas son compte, cela diffère de son projet initial, il dit: « j'ai travaillé à la création d'une école de management avec des chefs d'entreprises, mais qui ne m'a pas satisfait parce qu'en fait, très vite, on est sorti de la problématique de management au profit d'une préoccupation de développement personnel des chefs d'entreprise, ce n'est pas ça qui m'intéressait. Ce qui m'intéressait était d'avoir des managers qui intègrent pleinement la dimension humaine ».

Obstiné, Christophe ne quitte pas la voie qu'il s'est tracée, il s'intéresse alors à des petites entreprises, plus accessibles à la transformation interne. Cette expérience lui fait découvrir deux enjeux nouveaux à intégrer dans son projet: le sens et la finalité. Il explique: « je me suis rendu compte que la structuration des entreprises se faisait

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beaucoup autour du sens, donc quand on travaille sur la cohésion on se pose la question de la finalité ».

L'itinéraire de Christophe se précise de plus en plus, de nouvelles clés apparaissent: la construction, la notion d'humanité, le projet, l'être humain au travail, le management, le sens et la finalité.

Il quitte finalement les petites entreprises car l'organisation de ces entreprises se fait davantage dans des logiques de marché technique.

A ce stade, nous pouvons nous rendre compte qu'à chaque étape Christophe précise son projet et démarre alors une autre quête auprès d'une cible différente.

Avec ces nouveaux éléments il décide donc de s'intéresser à la fonction publique car le management ne peut s'y faire qu'autour du sens, il précise pourquoi: « le management de la contrainte n'est pas possible, parce que le salarié, l'agent est tellement protégé que finalement, la seule façon de fédérer et de gérer, c'est de ramener au sens et d'aller chercher la motivation ».

Il rajoute alors un nouveau mot à intégrer à son projet: la motivation.

A ce moment là il s'intéresse aux maisons de retraite lors de la réforme de la tarification. Cette nouvelle réforme va effectivement faire résonnance à ses valeurs, il explique: « on est passé du soin au projet, du social à la construction, donc on était dans une profession... On était généreux avec des personnes en souffrance, vulnérables et compagnie. On essaie de faire en sorte que ce soit moins difficile pour elles. On essaie de créer une cohésion, une dynamique de projet, mais c'est quoi un projet pour une personne âgée en maison de retraite ? ». Nous retrouvons donc dans ses propos la construction et le projet mais nous retrouvons aussi et surtout la notion d'humanité qu'il recherchait, il répond à sa question: « Et donc c'est arrivé à la question de la fin de vie, donc vivre jusqu'au bout. Et à partir de cette notion ou on n'est pas là pour sauver des gens qui se noient, mais davantage là pour accompagner des personnes jusqu'au bout, donc et dans cette logique là, le fait de découvrir l'humanité dans ce qu'elle a de plus vulnérable, et en même temps de plus épanouie, parce qu'une personne âgée en fin de vie, il n'y a pas plus libre, elle n' a plus aucun enjeu que son humanité, donc finalement c'est une très belle approche et une très belle découverte de l'humanité à mon sens ».

Christophe fait alors la découverte et l'expérience de sa quête humanitaire personnelle dont il avait l'intuition.

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Il revient d'ailleurs sur cette notion d'humanité en divisant bien l'accompagnement du personnel d'une entreprise commerciale et d'une maison de retraite. Il ajoute que dans une entreprise commerciale on est dans une logique de jeu alors que dans une maison de retraite, on est dans une logique de sens, il précise: « Dans la logique du jeu on gagne à réussir, on décroche un marché, on gagne de l'argent, on réussit une belle opération, tout ça c'est très amusant, mais c'est pas forcément relié à la finalité...le problème est que le jeu est un éternel recommencement et n'entre pas dans une dynamique de construction ». Nous retrouvons donc la finalité et la construction, deux valeurs qui comptent pour lui. Par ailleurs, il rajoute que l'accompagnement du personnel en maison de retraite est plus abouti car il se fait autour de la notion du sens. Et pour accentuer la dimension humaine qu'il retrouve en maison de retraite, il ajoute: « C'est à dire, ce qui différencie à mon sens le jeu du projet c'est que un moment donné la question se pose pour l'être humain de se dire « je suis sur cette planète pour une centaine d'années au maximum » pour faire simple (rire), « et finalement quelle va être ma contribution ? A ce moment là, je m'inscris dans l'histoire de l'humanité, je prends, je fais un bout de chemin avec l'humanité et quel va être mon apport». Et donc moi ça rejoint mon aspiration à la construction. Ceux qui sont dans le jeu, au bout d'un moment, se posent cette question là parce que l'âge avance et après on se dit a partjouer à quoi je sers ? »

Christophe trouve ce qu'il cherche depuis le départ. Il savait ce qu'il voulait faire sans savoir comment le faire. Ses différentes étapes ont nourri sa quête et son métier d'ingénieur lui a permis de construire pas à pas son parcours.

Sonia a eu un itinéraire différent. Son approche du coaching est venue plus tard dans son expérience professionnelle. Elle a commencé par faire des études en Sciences de l'Education, elle dit que ces études ont été sa première approche pour mieux comprendre par la suite les membres du personnel à manager. Son parcours professionnel l'a ensuite conduite au sein d'une préfecture au niveau de la politique des publics défavorisés. On peut alors déjà se rendre compte qu'elle se tourne naturellement vers l'être humain et l'éducation. Son travail auprès des publics défavorisés l'a amené à se mobiliser sur le sujet de la précarité qui touchait les personnes âgées. Ce cheminement l'a alors conduite à s'intéresser aux différents moyens de prise en charge des personnes âgées. C'est ainsi qu'elle a pris la décision de devenir Directrice d'un établissement pour personnes âgées dépendantes.

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Dans ce résumé, on devine bien l'attirance vers l'être humain quand elle parle de « comprendre le personnel » et qu'elle s'intéresse aux publics défavorisés. Ses études en sciences de l'éducation qui l'ont amené à s'interroger sur l'être humain sont déjà un signe d'intérêt naturel pour les sciences humaines et comment l'éducation et le management peuvent y apporter des réponses.

Sonia explique qu'elle a commencé à s'intéresser à l'outil coaching en tant que Directrice de maison de retraite quand elle a été elle--même coachée, elle raconte: « Et bien j'y ai été sensibilisé parce que j'ai eu la chance en fait d'avoir un accompagnement moi-même, pour ma prise de poste, de type coaching et j'ai pu vivre de l'intérieur effectivement ce que ça apportait comme aide à la prise de recul, face à la responsabilité, face à des choses à mettre en place, face au management... je me suis sentie quelque part recadrée mais avec bienveillance, recadrée dans ma pratique professionnelle, mais avec beaucoup de bienveillance, comme une... commentje pourrais dire ça... comme une éducation en fait». Son approche est effectivement plus de l'ordre de l'expérience interne. On y retrouve le mot « éducation ». Lors de son coaching elle a vécu de l'intérieur cette éducation qui lui parlait intuitivement et qu'elle a essayé de trouver dans ses études. Elle a pu alors mettre des mots sur ce qu'elle recherchait: aide à la prise de recul, responsabilité, management, être recadrée, bienveillance. Son vocabulaire est différent de celui de Christophe. Elle emploi des termes tels que: « je me suis rendue compte... », « j'ai remarqué... ». D'ailleurs elle dit: « Voilà en fait, j'ai appris de l'intérieur cette pratique là, comment être reconnu et responsabilisé dans son rôle sans être écrasée, en fait».

Sonia explique le mot « écrasée » qu'elle ressent: elle dit que le travail en maison de retraite est très fragilisant émotionnellement et qu'avec cette pratique elle a compris comment gérer ses responsabilités, ses émotions, tout en restant professionnelle, très humaine et sans se sentir écrasée par les responsabilités ou ses propres émotions.

Lors de son expérience en tant que coachée, Sonia s'est également rendu compte que le travail effectué sur le sens avait été très salvateur et très aidant, elle l'explique ainsi: « On m'a expliqué mes responsabilités dans ce rôle là, mais qui n'était plus écrasantes telles que je les vivais avant. Mais des responsabilités que j'étais capable d'assumer parce qu'il y avait un cadre, parce qu'il y avait un sens, parce qu'il y avait un objectif qui était en l'occurrence le bien être des résidents. » . On retrouve le mot « sens » employé également par Christophe et le mot « objectif», qui rejoint celui de « finalité » que Christophe mettait également en avant. Sonia parle plusieurs fois de responsabilité, ce qui nous fait

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ressentir l'ampleur qu'elle vit personnellement concernant cette fonction et la réponse qu'elle en a trouvée au travers du coaching qu'elle a vécu.

Sonia a donc décidé de mettre en pratique ce qu'elle a vécu de l'intérieur pour aider le personnel.

Christophe de son côté avait déjà des convictions personnelles, il cherchait à les préciser et les mettre en place. Sonia a d'abord dû les vivre personnellement pour en avoir la conviction et ensuite les mettre en pratique au sein de l'établissement qu'elle dirige.

Elle utilise alors cet outil comme une transmission de l'éducation qu'elle a reçue, l'éducation qui fait grandir et rend professionnel et autonome. Elle l'exprime ainsi: « dans le management... c'est un outil qui prenait en compte les salariés, c'est un outil bienveillant, c'est un outil qui appuie beaucoup sur l'autonomie et la responsabilité. J'ai remarqué que les salariés, à partir du moment où on les regardait, on leur parlait comme des personnes sensées, des personnes capables de réfléchir, des personnes capables d'autonomie, des personnes... capables d'être responsables de leurs actes, qui sont capables d'avoir de bonnes idées, qu'on les respecte... je me suis rendu compte qu'ils devenaient matures, professionnels ».

En ce qui concerne Jessica, elle a toujours su qu'elle voulait être coach, dans le sens du guide, c'est sa personnalité. Elle a commencé par faire des études de Droit avant de se lancer dans des études sur la gestion des établissements hospitaliers et de santé. Ses choix professionnels ont très vite pris cette orientation puisqu'elle a occupé la direction d'une Maison d'accueil spécialisée. Elle a donc pu guider toute une équipe dans la gestion de l'établissement. Elle a ensuite eu la direction du pôle handicap de l'association. Puis elle a quitté cette association pour prendre la direction d'un pôle pédiatrique dans un institut. Aujourd'hui elle dirige le pôle médico social d'une fondation à Paris. Toutes ces expériences l'ont confortée et renforcée dans son rôle de guide, celle qui montre la direction.

Sa vision de guide exclut toutes directives dénuées de sens. Elle dit avoir toujours su intuitivement qu'en s'intéressant à l'être humain avant tout, l'entreprise avançait mieux. Elle met alors un point d'honneur à comprendre et guider chaque être humain au travail, pour les impliquer plus sur la mission, recueillir tout leur potentiel et obtenir les résultats voulus. Ce sont les raisons qui lui donné envie de devenir coach professionnel.

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Une recherche commune se dessine avec, pour chacun, un terme différent: Jessica parle de résultat, Sonia parle d'objectif et Christophe parle de finalité. Nous retrouvons également la notion de sens donné à l'action, abordée dans ma problématique.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon