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Formation en informatique. Ouverture sociale et sexisme. Le cas Epitech.

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par Clémentine Pirlot
Université Paris VII Diderot - Master II Sociologie et Anthropologie option genre et developpement 2013
  

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2.2 Chez les enqueté.e.s

Parmi les quinze enquêté.e.s ayant participé à des entretiens semi-directifs, sept filles et huit garçons, onze personnes ont obtenu un bac S, 2 ont un bac ES, une a un bac STI et une autre un bac STG. Sept personnes sur quinze ont fait un prêt pour payer l'école, pour sept autres l'école est payée par leurs parents, et pour un enquêté, sa mère a payé une année et il a travaillé en même temps pour payer les années suivantes. On peut distinguer huit enquêté.e.s en mobilité sociale ascendante qu'on peut considérer forte, les sept autres pouvant être considéré.e.s en mobilité sociale ascendante faible. Seul un des enquêté.e.s est en stabilité, c'est-à-dire que ses deux parents sont cadres.

Mobilité sociale ascendante forte

Julie, qui est en cinquième année à Epitech lors de l'entretien, peut être considérée comme étant en mobilité sociale « ascendante » par rapport à ses parents. Sa mère est factrice et son père agent de maintenance dans une clinique. La catégorie socioprofessionnelle de sa mère est donc « employée », mais celle de son père peut être « employé » ou « profession intermédiaire ». Dans tous les cas, Julie est aujourd'hui cadre, employée depuis peu en CDI. En première année, son père lui dit d'arrêter Epitech parce qu'elle ne dort presque plus, elle n'a pas le temps d'aller voir ses parents ni ses amies, elle pleure très souvent, elle me dit donc que son père veut qu'elle arrête Epitech et lui coupe même les vivres mais elle tient bon et il cède, bien qu'elle précise : « ils ont eu un peu de mal à gérer les années qui ont suivi ». Sa mère lui a dit récemment : « tu sais t'aurais arrêté Epitech, t'aurais fait un autre boulot ça aurait été aussi bien pour ton père et moi, nous on s'en foutait ». Il semble donc que ses parents ne soient pas dans un idéal capitaliste d' « homo économicus » car la mobilité sociale pour eux n'est pas synonyme de bonheur, au contraire, cette mobilité s'est faite dans la douleur pour Julie et ses parents. A eux deux, ses parents gagnent environ 2700 euros par mois mais sont propriétaires de leur maison. Le cdi qu'elle vient de commencer est payé environ 2100 par mois, ce qui fait plus que chacun.e de ses parents : « j'ai appelé ma mère, elle me dit t'as pas l'air contente, je lui ai dit `mais tu te rends pas compte je gagne plus que toi et papa. Je suis contente, c'est pas le problème mais vis à vis de vous qui travaillez depuis

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je sais pas combien d'années ça me fait bizarre de dire que je vais gagner tant ». Son salaire est pourtant en-dessous de la moyenne d'Epitech pour le premier emploi qui est de 37 000€ par an (elle est à 33 000).

Sam, en troisième année lors de notre entretien, semble avoir moins de difficultés à vivre sa mobilité sociale. Sa mère est agente de service dans une école maternelle, et son père agent de sécurité, tous deux sont donc « employé.e.s ». Sam n'est pas fils unique, « j'ai deux grands frères ils ont huit ans de différence par rapport à moi. L'ainé il était dans l'armée et là il va dans la police municipale et l'autre est censé être frigoriste mais il est plus frigoriste-plombier dépanneur tout ça. » Il a une vie toute planifiée : « j'habite toujours chez [mes parents] j'ai pas le choix en fait j'espère vite me débarrasser du prêt étudiant pour pouvoir m'acheter un appartement je veux pas louer et je veux acheter et une fois que je l'ai acheté que j'ai fait ma petite vie j'ai fait des économies je déménage je vais m'acheter un pavillon et comme ça je loue l'appartement. » Il n'avait pas spécialement envie de faire un bac scientifique, mais ses parents l'ont convaincu : « ils m'ont dit de faire un bac S en me disant bac S c'est mieux avant je pensais qu'un bac général c'était mieux mais en fait je me suis rendu compte que non. Disons qu'on a beaucoup de portes ouvertes mais tu sais rien faire alors que bac pro là on a de la pratique quand on arrive en entreprise on sait faire des choses. » Ses parents gagnant peu, ils ne pouvaient pas payer l'école : « j'ai pris un prêt étudiant parce que sinon j'aurais pas pu.. A un salon il y avait une personne qui était là qui me disait que pour aller à Epitech ses parents ne dépensaient pas, il payait tout seul et il avait juste pris un prêt étudiant à son nom et qu'il avait réussi et du coup je me suis dit pourquoi pas. » Sam se situe dans la tranche des familles ayant peu de revenus, mais gagnant tout de même trop pour avoir une bourse de l'enseignement supérieur : « je n'ai pas droit à la bourse, parce que les revenus de mes deux parents sont trop pour avoir une bourse. » La mobilité sociale ascendante de Sam semble être bien vécue, si l'on considère son plan de vie ambitieux. N'étant qu'en troisième année, il ne se rend pas encore vraiment compte de cette mobilité qui ne deviendra réelle qu'à la fin de ses études.

La situation de Louis est un peu différente, en cinquième année lors de l'entretien, il est arrivé à Epitech en 3ème année, après avoir travaillé pendant plusieurs années. Il vivait au Cameroun jusqu'alors : « J'ai ma mère ici, elle est ici depuis que j'ai eu mon bac je ne l'avais pas vue. Et moi j'étais resté au Cameroun avec ma grand-mère. » Sa mère est auxiliaire de puériculture (il n'est pas en contact avec son père), profession qui correspond à la catégorie « employé.e », mais a tout de même pu payer la première année à Epitech : « je travaille aujourd'hui donc je peux largement payer mais à l'époque ma mère m'a aidé un peu un an et c'était bon après j'ai commencé à travailler à Bouygues Télécom pendant un an. Ma mère a payé la troisième année et les deux dernières je travaillais. » C'est donc en travaillant en même temps qu'il a pu financer lui-même les deux années restantes. Louis est très conscient de sa mobilité ascendante : « moi je dépense beaucoup d'argent dans ma vie, en Afrique et je participe à des projets pour ma famille parce que je suis le seul enfant de ma mère et c'est ma grand-mère qui a tout fait pour moi mes oncles quand ils ont des projets je finance ils sont comme mes frères. Je suis aujourd'hui le flambeau de ma famille ça c'est un secret. » En contradiction avec ces

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déclarations, il dit également qu'il ne considère pas avoir vraiment réussi : « je sais pas si c'est une réussite parce que pour moi j'ai pas réussi tout le monde trouve mais moi non j'ai pas réussi comme je voulais parce que j'ai pas eu le support qu'il me fallait avec le peu de ce que ma grand-mère m'a apporté la force que j'ai pu avoir et l'aide du ciel. Je suis à près de trois ans de retard j'avais prévu qu'à 25 ans je serai marié avec une petite maison. » Louis sent donc que sa situation est très bonne, il est maintenant cadre salarié d'Epitech, et dirige le laboratoire réseaux. Mais ses ambitions ne sont pas individuelles, il souhaite que sa mobilité sociale profite également à d'autres : « je rentrerai en Afrique peut-être un jour. J'aime beaucoup ma famille. Peut être que je rentrerai là bas pour porter tout ce qu'on peut fait à Epitech, pour peut-être le porter là-bas un jour je verrais bien. Je veux leur donner la chance d'aller au-delà de ce qu'ils ont pu imaginer je sais qu'ils en sont capables ils manquent de moyens les moyens qui leur faut sont pas que des moyens financiers il faut aussi des moyens d'encadrement. »

Marc est également venu à Epitech en 3ème année, après avoir passé deux ans dans une autre école du même type, l'Exia à Rouen. Mais avant cette école, il était allé en IUT au Havre et l'expérience n'avait pas été concluante. Sa mère est infirmière (son père est décédé), et l'aidait à payer un appartement au Havre, mais a refusé de payer l'école à Rouen: « ma mère était pas trop d'accord donc là c'était prêts étudiants, elle m'a dit, si tu veux continuer c'est toi qui vois mais là c'est prêt étudiant, tu te débrouilles. » Pour les trois dernières années, à Epitech, sa mère a accepté de l'aider : « j'ai fait l'astek (assistant) toute la quatrième année et puis ben merci maman. Parce que du coup quand elle a vu que j'avais bien réussi à l'Exia, elle a dit ah tiens je paie Paris en fait. »

Le colocataire de Marc, Thibault, avait déjà commencé Epitech mais avait dû partir en cours d'année, faute de moyens financiers. Il rentre donc à Rouen et vit avec sa mère, tout en travaillant dans le service informatique d'un hôpital, bien qu'il n'ait pas de diplôme autre que le bac. Thibault va ensuite à l'Exia, où il rencontre Marc et le convainc de finir leurs études à Epitech. Sa mère est secrétaire et son père opérateur en raffinerie avec un statut de cadre. Au moment de l'entretien, il travaille au pôle trading de la BNP, où il fait son stage de fin d'études. Mais il n'aime pas y travailler et affiche un esprit anti-capitaliste : « Moi je suis encore un gros révolutionnaire dans le fond. Le bien commun c'est pas encore inscrit dans le cerveau de tout le monde. » Sa mobilité sociale, bien qu' « objectivement » pas évidente (son père est cadre), est tout de même réelle car ses parents ne gagnent pas assez pour lui payer Epitech et il a du travailler en tant qu'astek pendant ses études pour pouvoir payer les frais quotidiens (loyer, nourriture...). Il ne souhaite cependant pas être un pion du système capitaliste mais souhaite plutôt travailler pour une entreprise de sécurité informatique.

Matthieu est en deuxième année à Epitech lors de l'entretien, et a obtenu un bac STI. Il est très conscient de sa mobilité sociale ascendante, et sait qu'il a une vie plus facile que ses parents :

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« mon père a travaillé dans les usines à 13 ans il devait soulever des sacs, au Portugal c'était dur avant. Maintenant il est conducteur de travaux il a un salaire respectable et il a une vie plutôt tranquille. Maintenant la seule chose qui nous pose problème encore c'est par exemple les endettements pour la maison et tout ça. Il est employé. Il a pas de diplôme mais il a une grande expérience. mon père je sais qu'il dormait que 3h par jour parce qu'il devait à la fin de la journée aller prendre soin du bar de ses parents. Et il devait ensuite aller à l'école le matin et l'après-midi allait à l'usine. Je sais que si un humain a surmonté ça, ça veut dire que moi aussi en étant humain que je peux faire ça. Quand tu dois faire quelque chose ton mental doit pas fléchir. Quand par exemple j'ai envie de m'en sortir avec un bon salaire mon mental il doit pas fléchir en disant t'es fatigué vas dormir. »

Son père a donc une profession qui rentre dans la catégorie « professions intermédiaires », et sa mère, qui est conseillère conjugale et familiale peut exercer en tant qu' « employée », « profession intermédiaire » ou encore « libérale », mais ses parents ne gagnent quand même pas assez pour pouvoir payer Epitech : « j'ai fait un prêt. Mes parents sont pas garants. Le banquier il a dit je connais ce genre d'école c'est des écoles professionnelles je sais que votre fils s'il s'en sort il va avoir un bon salaire donc je sais que vous allez pouvoir le rembourser. » Matthieu sera le seul de sa famille à être cadre : « j'ai une soeur aussi qui fait des études de coiffure. Là elle a 16 ans elle fait un bac pro. » Sa mobilité sociale ascendante est particulièrement forte si l'on considère que son père n'a pas fait d'études supérieures, et que sa mère a simplement suivi une formation de deux ans, une fois arrivée en France. Matthieu a également une petite soeur qui fait un bac professionnel de coiffure, on peut donc penser qu'elle ne fera pas d'études supérieures. Il est donc le seul de sa famille à entamer des études supérieures et aura le statut socioprofessionnel le plus élevé.

Chloé, en deuxième année également, est entrée à Epitech avec un bac STG. Sa première passion était le dessin, mais ses proches l'ont convaincue qu'il n'y avait pas de débouchés et elle s'est tournée vers l'informatique :

« je suppliais ma mère je lui ai fait s'il te plaît paies moi l'école, paies moi l'école. Du coup elle a fini par céder. Parce qu'on n'a pas beaucoup d'argent ni rien. Au final mes études c'est moi qui les ai payées parce que ma mère et elle me les a payées et puis comme je faisais n'importe quoi avec l'argent de la bourse, c'est-à-dire que je m'achetais à manger, j'ai une bourse sur critères sociaux échelon 2 et je gagne 377€. Et je dépensais tout ça en bouffe. Donc ma mère a pété un câble. Donc j'ai fait un prêt étudiant et là je me finance moi-même. »

Au moment de l'entretien, Chloé fait son premier stage : « là je suis payée 436€ mais ce qu'il se passe c'est que, il y a un truc extraordinaire qui s'est passé, tu vois Pirelli ? Ils m'ont proposé un stage chez eux alors que j'étais déjà en stage dans une boîte à la con. ils me proposent un salaire de 900 € par mois plus les frais de la cantine. » 900€ est un salaire très élevé pour un premier stage, et ce salaire pourrait lui donner un aperçu de la mobilité sociale à venir, mobilité dont elle est déjà consciente :

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« je suis 100 % garante de mon prêt. Ma mère , depuis ses 16 ans elle travaille dans la coiffure. A l'époque il faut savoir que c'était très facile de travailler, elle a pas de diplôme. Son expérience lui donnerait au moins 10 diplômes. Là elle a aucun diplôme, même pas le bac. Quand elle m'a donnée naissance après elle a dû arrêter le travail. Forcément. Et quant elle a repris pour être plus proche de moi elle travaillait dans la même maternelle que moi. Elle a bossé dans les écoles, pour nettoyer. Donc elle travaillait dans des salons, on lui promettait des promotions parce que c'est elle qui faisait le plus gros chiffre à chaque fois et qui attirait la clientèle, elle devait avoir 500 € ma mère donc elle s'est fait abuser dans le sens où ils lui devaient 500 €. Plus d'une fois. En plus elle a signé un papier pour les 35 heures alors qu'elle en faisait 50. Donc elle s'est faite vraiment exploiter jusqu'au bout. Là elle a monté son propre salon à Châtelet. »

Aujourd'hui dans une meilleure situation, la mère de Chloé a donc élevé sa fille toute seule (Chloé ne connaît pas son père). La mère de Chloé n'ayant pas de diplôme, cette dernière est donc en mobilité ascendante forte à la fois du point de vue du niveau d'études, du niveau de revenu attendu et du statut socioprofessionnel.

Le dernier enquêté que l'on peut considérer en mobilité sociale « ascendante » est David, en troisième année à Epitech lors de l'entretien. David a un père « commerçant », qui est passé par nombre de « petits boulots » depuis son arrivée en France (il est vietnamien), et n'a plus de contacts avec sa mère : « ma mère je l'ai pas vue depuis longtemps. Mon père il travaille sur les marchés ils vend des produits asiatiques qu'il fait lui-même. Il fait ça cinq jours par semaine c'est vraiment son métier. » Son père gagnant peu, il bénéficie d'une bourse de l'enseignement supérieur :

« j'ai la bourse qui me fait à peu près 400 € et après je faisais justement des petits boulots par-ci par-là en informatique je suis auto entrepreneur donc dès qu'il y a un contrat qui se présente je suis là et je facture des heures. Ça va pas être un souci cette année parce que je vais trouver un part time j'espère. Les deux premières années c'était assez difficile on s'est fait aider un peu par la famille etc. j'avais pas fait de prêt c'est beaucoup par la famille. Je vais certainement faire un prêt pour l'année prochaine ça va être un prêt de 10 000 €. Mais je vais quand même rembourser mon père plus tard. Je compte apporter une aide financière quand je serai assez bien il aura un virement permanent tous les mois. »

Sa mobilité sociale est donc consciente et recherchée, dans le but d'aider son père dès qu'il le pourra. Grâce au réseau familial, il n'aura pas autant de dettes que s'il avait dû faire un prêt pour les cinq années, ce qui lui permettra de donner de l'argent à son père plus rapidement. David n'est pas le seul à devoir travailler pour financer ses études, c'est également le cas de sa soeur : « j'ai un petit frère et une petite soeur qui a 20 ans et mon frère il a 18 ans. Mon frère il est dans une école en alternance il fait un BTS Management des Unités Commerciales et ma soeur elle est à la fac en écogestion et elle est aussi caissière en même temps. » Par rapport à son père qui n'a pas de diplôme, David ainsi que sa soeur et son frère, font tous des études supérieures, ce qui les place tous les trois en mobilité ascendante forte.

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Mobilité sociale ascendante faible

Les sept enquêté.e.s restant.e.s, bien que n'étant pas en stabilité (seul un a les deux parents cadres), sont en mobilité sociale moins importante, car le décalage avec leurs parents n'est pas aussi grand. Dounia, en deuxième année à Epitech, vient d'une famille d'intellectuels : son père était médecin en Algérie et sa mère professeure de chimie. Mais en venant en France, ils ont été confronté à la non reconnaissance de leurs diplômes et ont dû changer de profession :

« mon père quand il est venu ici on lui a demandé de refaire deux ans avant d'avoir l'équivalent du diplôme et mon père il voulait pas il pouvait pas en fait parce que moi je suis née et mon père il pouvait pas se permettre. Il a refait six mois en fait mais il a arrêté parce qu'il faisait des gardes de nuit pour avoir de l'argent il dormait pas quasiment. Donc il a acheté un bar, et il l'a revendu pour acheter un tabac restaurant, il l'avait depuis cinq ou six ans et il a vendu la semaine dernière. Ma mère travaille pas elle, maintenant elle fait des cours aux petits de troisième et tout des cours particuliers. Elle fait ça genre trois fois par semaine. Juste pour s'occuper en fait. »

Son père avait de grands projets pour elle et l'a poussée à faire des études supérieurs :

« mon père il voulait que je fasse comme lui médecine j'avoue mais en terminale, mes parents ils ont fait des bac S tous les 2 mais c'est moi qui ai choisi parce que c'est les matières scientifiques j'aime le plus. Mon père m'a suggéré de faire médecine et je lui dis jamais de la vie je pourrais pas mais sinon il a dit école d'ingénieurs c'est bien moi je voulais école de commerce mais j'ai dit OK c'est bien aussi après je fais école d'ingénieurs. Mais médecine je voulais pas. Ma mère elle s'en foutait je fais ce que je veux. »

Après avoir obtenu son bac, Dounia est donc entrée directement à Epitech, et ses parents paieront les cinq années.

Baptiste, en troisième année à Epitech, a également subi la pression de ses parents lors de sa scolarité :

« j'ai même pas essayé d'aller en S c'était mes parents qui voulaient que j'y aille ils m'ont fait redoubler ma seconde en fait ma première seconde j'avais passage en L ou ES et ils voulaient que j'aille en S ils m'ont fait redoubler. J'arrive en deuxième seconde j'ai eu tous les passages que je veux je pouvais aller dans n'importe quelle filière j'ai dit je vais aller en ES. » Baptiste admet qu'il ne vient pas d'une famille modeste : « c'est vrai que je suis d'une famille assez aisée en fait mon père est chef d'une boîte d'huissiers de justice. Et ma mère dans les assurances elle travaille à temps partiel. mon père voulait que je fasse du droit mais c'est pas mon truc du tout et au début mon père comprenait pas mais il a accepté très rapidement. »

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Il n'a donc pas eu besoin de faire de prêt : « mon père paye mon loyer et l'école et il me donne de l'argent pour manger et payer mes factures et moi je leur ai demandé d'arrêter de me donner de l'argent parce que j'ai trouvé du taf. » Baptiste n'est donc pas en réelle mobilité sociale, puisque son niveau de vie sera plutôt équivalent à celui de ses parents.

Mélanie a également un père chef d'entreprise, mais sa mère a été « employée » et est pour le moment sans activité professionnelle :

« Mon père il avait une grosse entreprise en fait à Paris [...] et il a remonté une entreprise à côté de Bordeaux il a fait ça pendant quelques années c'était pareil de la mécanique générale et là il a revendu son entreprise. Ma mère ne travaille pas actuellement mais avant elle était fleuriste. Mon père il a pas vraiment de diplômes en fait il voulait être médecin sauf que son père avait une grosse entreprise de 300 ou 400 salariés à Paris et quand mon père a eu 16-17 ans son père lui a dit tu arrêtes le bac tu me rejoins dans l'usine. Donc il a pas eu le choix parce qu'il était enfant unique c'était à lui de reprendre l'affaire. Et ma mère en fait elle avait fait un diplôme de secrétariat et quand elle était venue en vacances en France elle a rencontré mon père et finalement ils se sont vus et ils se sont dits on va vivre à Paris et ma mère ne parle pas le français et du coup elle s'est dit les fleurs elle s'y connaissait à peu près elle a réussit à se faire embaucher chez un fleuriste. »

Malgré les moyens de son père, Mélanie n'a jamais été gâtée et ne reçoit pas plus de 300€ par mois pour les frais courants. Son père paie l'école et son loyer. Mélanie a choisi de faire un bac ES, ce qui allait à l'encontre de la « tradition » familiale : « j'étais la première de la famille à ne pas vouloir faire S et dans la famille de mon père si tu veux tout le monde a fait S, et ils faisaient des repas de famille le dimanche pour que tout le monde parle de ça mais je voulais pas craquer. Parce que j'avais la moyenne pour aller en S mais je voulais pas. » Son père a soutenu sa décision d'aller à Epitech mais a posé quelques conditions: « Il a fait un contrat avec moi et ma soeur et il nous a dit qu'on faisait les études qu'on voulait et qu'il s'engageait à nous payer les études du moment qu'on avait les résultats que lui attendait. Les résultats qu'il attend pour nous c'est les moyennes c'est un peu compliqué mais pour ma soeur c'est 13,5. Et il vérifie toujours les notes. » Mélanie est donc en mobilité sociale ascendante par rapport à sa mère, mais en stabilité par rapport à son père du point de vue du statut socioprofessionnel, tandis que du point de vue du niveau d'études, étant donné que son père n'a pas fait d'études supérieures, elle est en mobilité ascendante forte. On ne peut cependant pas la considérer en mobilité ascendante forte du fait du statut et du niveau de revenus qui ne sont pas éloignés de ceux de ses parents, en particulier de ceux de son père. Au moment de l'entretien, elle a fini Epitech et a été embauchée en CDI avec un bon salaire.

Anissa, en deuxième année à Epitech, n'a pas eu besoin de faire de prêt pour payer l'école : « C'est mon père qui paie. Il a bien voulu. En fait je lui ai dit que s'il voulait pas je prendrais un prêt. Donc mon père voulait éviter les prêts et les frais que je sois endettée. » Ses parents sont tous deux diplômés mais l'arrivée

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d'enfants a brusquement mis fin à la carrière de sa mère : « ma mère est une mère au foyer. Elle a eu un diplôme de chimie, elle était chimiste. Mais elle a travaillé pendant des années dans un laboratoire en Égypte seulement quand elle a eu des enfants, surtout quand elle commencé à avoir trois enfants, elle a arrêté le travail parce qu'elle ne pouvait plus gérer tout en même temps. Et mon père il est architecte. Il a sa propre entreprise. » Le poids des attentes de ses parents lui a longtemps pesé : « j'ai fait une terminale S mais je voulais pas faire S je détestais la S. Ils m'ont obligée mes parents m'ont obligée. C'est pour ça que je refuse que maintenant ils m'obligent à faire quoi que ce soit. » Elle a donc pris seule la décision d'aller à Epitech, et ses parents l'ont soutenue. Anissa est donc en stabilité sociale relative, si l'on considère son père, mais une certaine mobilité sociale peut être reconnue si l'on considère que sa mère n'a pas d'activité professionnelle depuis longtemps.

Le cas d'Amélie est également complexe : sa mère est infirmière et son père, décédé, exerçait une profession libérale : « J'ai fait des prêts étudiants depuis le début. Mon père il était vétérinaire, il avait son cabinet. » En mauvais termes avec sa mère, elle est partie vivre avec son fiancé dès la première année d'Epitech et n'a jamais reçu d'argent de sa mère. Après deux ans, elle a décidé d'intégrer l'ETNA, l'école en alternance du groupe Ionis (qui possède Epitech) : « la troisième année, j'ai payé la moitié et la moitié c'était mon entreprise. La quatrième année c'est mon entreprise qui a financé en entier. Et j'étais payée en plus à côté, enfin je n'avais pas un salaire énorme. » Elle est tout à fait consciente que sa famille a joué un grand rôle dans son orientation vers l'informatique : « clairement moi si je n'avais pas eu deux de mes frères qui étaient ingénieurs en informatique et pas mal d'amis qui ont fait ça que je ne suis pas sûre que j'aurais fait de l'informatique. En plus mon père était franchement geek. Je ne suis pas sûre que si je n'avais pas eu ce contexte là j'aurais fait ça. »

Marie est entrée en troisième année à Epitech, après un BTS. Elle n'a pas eu besoin de faire un prêt mais ses parents se sont beaucoup sacrifiés :

« mes parents me payent tous les frais en fait ils partent du fait que je gagne pas ma vie donc ils doivent subvenir à mes besoins donc ils payent l'appartement ils payent aussi la bouffe tout ça ils payent l'école mais là ils me disent si tu pouvais trouver un travail à côté ça serait bien donc du coup c'est pour ça j'ai trouvé un part time. Mes parents ils ont pas que moi ils ont aussi mon petit frère, ils se serrent la ceinture. Ils se serrent la ceinture très dur donc moi ça me fait chier de gagner moins, je voudrais bien les délester un peu. Ma mère est secrétaire de mairie dans deux mairies différentes une de 600 habitants une de 300 habitants. Et mon père est chef d'entreprise, il est artisan il fait de la menuiserie. »

Dans le cas de Marie, il y aura donc un relatif changement de statut socioprofessionnel par rapport à son père mais une ascension sociale par rapport au statut de sa mère. Si l'on considère le niveau de revenu, la mobilité ascendante semble être réelle car ses parents ne semblent pas gagner énormément, puisqu'ils doivent faire de

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nombreux sacrifices pour permettre à Marie et à son frère de faire des études supérieures dans de bonnes conditions. La différence de revenus ne sera cependant probablement pas énorme car ses parents peuvent tout de même payer Epitech, qui coûte entre 6000 et 8000€ par an.

Le dernier enquêté est Guillaume, qui a la plus faible mobilité sociale, et est même en stabilité au niveau du statut socioprofessionnel. Les deux parents de Guillaume sont cadres dans l'enseignement, sa mère est principale adjointe d'un collège et son père proviseur d'un lycée, anciennement professeure de mathématiques et professeur de physique-chimie. Ses parents ne l'ont jamais poussé à s'engager dans une voie plutôt qu'une autre, d'après lui, et son père en particulier l'a toujours soutenu : « d'un côté mon père aurait bien aimé faire les études que je fais c'est le genre de trucs qu'il a pas pu faire parce que mon grand-père avait pas l'argent. Mon grand-père faisait pas non plus un travail qui rapportait énormément, mon père a fait la faculté de physique chimie après il a pu faire professeur. » Guillaume a de grandes ambitions et un certain désir d'élévation sociale : « Moi j'ai envie d'aller loin, je veux pas faire la même chose qu'une personne qui sortirait d'un BTS ou d'une faculté d'informatique je veux forcément aller dans quelque chose de plus technique de plus poussé. » Ses parents paient l'école et ses frais courants : « Le prix ça allait enfin aujourd'hui je sais pas combien de temps ça va marcher si ça va marcher jusqu'au bout là je suis en troisième année, ça fait déjà trois ans ça commence à faire conséquent niveau argent et après il y a la quatrième année avec le voyage à l'étranger et forcément ça va coûter encore plus et pendant ce temps-là il y a aussi ma soeur qui a ses études aussi. » Guillaume, bien que n'ayant pas de réel changement de statut social, semble toutefois en relative mobilité subjective, par rapport à son père qui aurait aimé faire les mêmes études que lui, mais qui n'avait pas assez d'argent.

Diversité

La diversité est palpable parmi les enquêté.e.s, huit des quinze étudiant.e.s ont au moins un parent qui n'est pas né.e en France métropolitaine. Seulement deux des quinze enquêté.e.s ne sont pas né.e.s elles/eux-même en France. D'autres, comme Sam, sont dans une situation intermédiaire : leurs parents sont nés ailleurs qu'en France métropolitaine tandis qu'eux/elles sont né.e.s en France : « Mes parents sont nés tous les deux en Martinique et ils sont venus habiter en France. Moi je suis né en France. Je sais pas pourquoi ils sont venus ici je me suis jamais vraiment intéressé à ça je me suis dit peut-être que c'était plus facile de trouver du travail en métropole. » Les parents de David, qui sort également avec un étudiante d'Epitech, sont tous les deux nés au Vietnam mais ne s'y sont pas connus : « ma copine, ses parents sont nés en France mais aux Antilles. Mes parents sont nés au Vietnam mon père il est venu dans les années 80 ou 85 ça fait pas très longtemps il est venu en fait pour se réfugier de la guerre et ils se sont connus en France. » Louis et Dounia, quant à eux, ne sont pas né.e.s en France mais respectivement au Cameroun et en Algérie. Deux des enquêté.e.s ont un parent français et

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l'autre n'étant pas né.e en France. La mère de Baptiste est Egyptienne, et a rencontré son père en France, et la mère de Mélanie est née aux Pays Bas et a également rencontré son père en France.

Perception de l'ouverture sociale à Epitech

Afin d'avoir une idée de la perception de l'ouverture sociale d'Epitech par les enquêté.e.s, une des questions posées à l'entretien était « penses-tu qu'il y a des origines sociales différentes à Epitech ? » Les réponses portaient sur l'ouverture en terme de classes sociales, ainsi qu'en terme d'origine géographique. L'ouverture à différentes classes sociales semble faire l'unanimité, aucun.e enquêté.e ne constate vraiment qu'une seule classe sociale est représentée. Beaucoup des enquêté.e.s n'avaient jamais vraiment réfléchi à la question, comme Sam :

« j'ai jamais demandé si les gens sont riches ou pas mais je sais qu'il y en a qui sont riches il y en a qui le sont moins déjà moi je fais partie de ceux qui le sont moins j'en connais qui ont des parents docteurs je sais qu'il y en a qui sont aisés et d'autres qui triment un petit peu qui sont un peu dans mon cas qui font des prêts étudiant, ils se débrouillent, qui font du travail à côté et du coup nous on a plus de difficultés à payer on s'investit plus dans l'année parce qu'on a pas le droit à l'erreur. Si moi je redouble une seule année je suis dans la merde parce que je fais un prêt de 30 000 € et je commence à le rembourser cinq ans après que je commence le prêt donc si je redouble une année je la paye quand je suis en cinquième année. »

Pour Marie, la mixité sociale est une réalité à Epitech : « il y en a beaucoup [d'origines sociales différentes], il y a du mec qui a de l'argent de poche 4000 € par mois par ses parents là tu fais ouais quand même. Jusqu'à la personne qui s'endette à 20 000 € pour payer les études, je connais une personne qui doit avoir une connexion Internet chez elle mais le PC qu'elle a, elle peut pas installer plus que Windows 95 parce qu'il est très vieux. »

A Bordeaux, Mélanie ne considère pas que l'ouverture sociale soit encore réelle : « Dans ma promotion il doit y en avoir que trois ou quatre qui ont fait des prêts. Je pense qu'à Paris c'est différent mais à Bordeaux on était tellement une petite promotion et l'école était pas encore connue donc je pense que les gens qui sont venus là ils avaient les moyens. Mais c'est vrai que dans la promotion c'était pratiquement tous la même chose. »

Matthieu, lui, a une toute autre perception de l'ouverture sociale : « En fait je pense qu'au niveau des classes, je pense qu'on est la même tranche, elle est plutôt large mais c'est la même tranche. C'est ceux qui ont un revenu qui leur permet de survivre, pas de vivre mais de survivre. Il doit y en avoir un ou deux qui ont plein d'argent mais en moyenne pondérée ça doit être ça. »

Chloé choisit de donner un exemple extrême : « Étant donné que je suis pas riche, ouais. Après c'est vrai qu'il y a des gens qui sont thunés. Il y a même un mec qui arrive à être plus riche que ses parents. Il a des actions en

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bourse, son oncle est trader il lui apprend les ficelles du métier. Le mec il paye tout seul ses études il est tranquille ça me fout vraiment la mort. »

A l'opposé, Amélie met l'accent sur les personnes aux revenus plus modestes :

« j'ai des amis qui à partir de la troisième année, quand ils ont fait un part time c'est eux qui payaient le loyer de leurs parents. Parce qu'en travaillant trois jours par semaine, ils gagnaient plus que leurs deux parents réunis en 5 jours par semaine. Donc si tu veux c'est des gens qui viennent d'un milieu modeste. C'est une personne en particulier, mais c'est des gens qui viennent de milieux modestes mais qui ont quand même été acceptés à Epitech parce que les recruteurs ont senti qu'ils avaenit le potentiel et qu'il fallait les aider justement pour mettre en valeur ce potentiel là. Donc clairement il y a des gens qui viennent de différents milieux. Et quelque part en fait j'ai envie de dire c'est largement effacé, enfin je veux dire on n'en parle pas. Il n'y a pas de discrimination vis-à-vis des autres, vis-à-vis de ton origine. C'est vraiment à plat. C'est-à-dire que tu arrives et tu es vraiment jugé sur tes compétences et ton envie d'apprendre. Sur ce que tu vas accomplir plus que par là d'où tu viens. Parce qu'il y a des gens qui viennent et qui ont plein de fric, bon au début ils le montrent mais ils comprennent vite que c'est pas comme ça qu'ils vont réussir. »

Pour ce qui est de l'ouverture en terme d'origine géographique, la perception n'est pas la même pour tou.te.s les enquêté.e.s. Le vocabulaire employé non plus, oscillant entre celui de l'origine géographique, c'est-à-dire le lieu de naissance des élèves ou de leurs parents, et celui de la couleur de peau. Pour Guillaume, les élèves d'Epitech sont issu.e.s d'origines géographiques variées :

« disons qu'il y a beaucoup de français, comment dire il y a aussi des marocains je crois enfin des gens je saurais pas dire mais au niveau des typages pour le dire comme ça, on sent qu'il y a des personnes qui sont de toutes les origines donc il n'y a pas de problème à ce niveau-là. Mais après je sais juste qu'il y en a quelques-uns qui viennent des pays francophones du Nord de l'Afrique. Parce que justement ils parlent français donc il n'y a pas de problème mais je sais que ça devient international parce que la nouvelle promo il y a des gens qui viennent de partout il y a des cours qui commencent à être en anglais. »

Matthieu semble partager cet avis : « Origine géographique... Mes parents sont nés au Portugal il y a que moi qui ai la nationalité française. A Epitech je pense qu'il y a pas mal de gens dont les parents sont pas nés en France. » Chloé fait un constat similaire : « Il y a vraiment des gens qui viennent de partout. Mon premier copain il venait de la Réunion, il y en a d'autres il y a un gars je sais plus s'il venait d'Algérie ou du Maroc. Il y a des Belges aussi. » Sam a une perception plus mitigée de l'ouverture aux origines géographiques : « Après géographiquement nous sommes à côté du 13e donc il y a pas mal d'asiatiques il y a pas mal de métropolitains aussi, et je crois il y a un américain aussi. Après c'est un peu tout ça de mélangé un peu tout et n'importe quoi en fait. Je pense qu'il y a plus de métropolitains plus de blancs en général en même temps on est à Paris donc s'il y avait plus d'autre chose ça serait bizarre. »

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Dounia, à l'opposé, constate qu'« il y a beaucoup de français il y a une minorité d'arabes et de noirs. On va dire que 80 % de français et 10 % de noirs 10 % d'arabes à peu près sur la promo de 100 personnes. » Pour Mélanie, il faut distinguer le campus de Paris, plus mixte socialement, et celui de Bordeaux où c'est plutôt l'uniformité qui règne :

« En termes d'origine géographique je pense qu'à Paris il y a des gens différents mais à Bordeaux non tout le monde était français il y avait juste un petit chinois qui était vraiment très bizarre c'est lui il avait été adopté par des Français et il venait du Vietnam ou un truc comme ça c'était un enfant qui avait été couvé, il a fait trois ans d'Epitech et il en a eu marre il a arrêté et là ses parents lui paient la nouvelle école encore plus chère. Et l'autre personne c'était Yacine je crois qu'il est de nationalité française mais quand tu le voyais tu pouvais te poser la question. Au niveau de la mixité sociale pour moi il y en a pas à Epitech, en tout cas pas à Bordeaux, ça va arriver. »

Résultats et conclusions

Nos entretiens révèlent donc quinze étudiant.e.s d'Epitech, qui bien que différent.e.s les un.es des autres, forment un groupe plutôt homogène. On peut cependant distinguer deux groupes : celui des enqueté.e.s en mobilité sociale ascendante forte (Julie, Sam, Louis, Marc, Thibault, Matthieu, Chloé et David), et celui des enqueté.e.s en mobilité ascendante faible (Dounia, Baptiste, Mélanie, Anissa, Amélie, Marie et Guillaume). Si l'on considère le sexe des enquêté.e.s, on ne constate pas de distinction flagrante entre les filles et les garçons, bien que ces derniers soient légèrement plus nombreux dans le groupe en mobilité forte.

Les multiples dimensions de la mobilité sociale sont prises en compte ici : le statut socioprofessionnel, le niveau de revenus, mais aussi le niveau d'études. Sept des enqueté.e.s n'ont pas eu besoin de faire de prêt, leur parents ayant les moyens de payer Epitech pendant les cinq années. Pour les huit autres, un prêt a été nécessaire pour payer les frais de scolarité. Au niveau du statut socioprofessionnel, quatorze personnes, en supposant qu'elles/ils deviennent cadres à la sortie d'Epitech (94% des élèves d'après la brochure d'Epitech), auront un statut socioprofessionnel différent de celui de leur mère et de leur père, tandis qu'une personne (Guillaume) aura le même statut que ses deux parents.

Les entretiens ont révélé une part importante de mobilisation des familles pour assurer l'avenir scolaire de leurs enfants, que ce soit à travers une pression pour faire un bac S (Sam, Baptiste, Mélanie), dans le sacrifice de ceux qui ont peu de moyens (Marie, David), ou simplement en les poussant ou en les soutenant dans leur décision d'entrer à Epitech (Guillaume, Marc, Matthieu, Chloé, Mélanie).

Pour quatre des enquêté.e.s (Matthieu, Chloé, David et Mélanie) la mobilité ascendante est claire si l'on considère le niveau d'études, car au moins un de leurs parents n'a pas fait d'études supérieures.

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La diversité est bien réelle chez nos enquêté.e.s car huit d'entre elles/eux ont un parent né hors de France métropolitaine et deux (Louis et Dounia) ne sont pas né.e.s en France.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery