WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Formation en informatique. Ouverture sociale et sexisme. Le cas Epitech.

( Télécharger le fichier original )
par Clémentine Pirlot
Université Paris VII Diderot - Master II Sociologie et Anthropologie option genre et developpement 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

4. Vocation de l'informatique

Un des critères d'admission affiché par Epitech est la « passion » pour l'informatique. Mais cette passion semble profondément genrée. Isabelle Collet dans son livre L'informatique a-t'elle un sexe?, analyse le système dissuasif chez les jeunes filles et montre que les mécanismes qui découragent les filles de s'engager dans le domaine de l'informatique sont les mêmes que ceux qui les découragent de s'engager dans les domaines scientifiques, en particulier des mathématiques. L'image du scientifique comme « ambitieux, combatif, audacieux, froid indépendant, esprit logique, rationalité, obsession de l'objet au détriment de la relation, exclusion de la sensibilité » est en totale contradiction avec le stéréotype féminin et correspond donc à l'image qu'a la société de ce qu'un homme doit être (Collet, 2006). Elisabeth Kerr et Wendy Faulkner, dans leur article pour Les Cahiers du Cedref (2003), notent que la masculinité de la science est en partie dûe à la domination masculine des sciences mais sert aussi à renforcer la domination masculine sur la science. L'image moderne du hacker, ou du geek, a remplacé l'ancienne image, plus mixte des années 1980 pour symboliser l'informatique. Isabelle Collet s'est intéressée au mythe du hacker, qui correspond à un jeune homme passionné de programmation, qui n'adhère pas à la virilité traditionnelle (puissance sexuelle, force physique, charisme). Le hacker « incarne à lui seul toute la force du mythe informatique. Il est celui qui maîtrise le formidable outil de pouvoir qu'est l'ordinateur » (Collet, 2006). Le fait que les hackers soient presque tous des hommes mène à l'association de l'informatique et du masculin. Pourtant, de nombreuses femmes ont contribué à la naissance de l'informatique (Ada Lovelace, Grace Hopper...) mais ont été volontairement effacées de l'histoire. Le mythe influe énormément sur les choix d'orientation des étudiant.e.s, comme l'a constaté Collet en distribuant un questionnaire: « nos étudiants nous disent en substance que, pour devenir informaticien, il faut ressembler à un informaticien. Pour autant, une femme peut tenter de ressembler à un informaticien, à condition d'accepter d'intégrer dans l'image de soi des descripteurs généralement considérés comme masculins. Mais elle ne peut quand même pas devenir un homme » (Collet, 2006). En étudiant les mythes qui entourent l'informatique,

31

Collet met en lumière un mécanisme de mise à l'écart des femmes, car l'appropriation masculine de l'informatique est récente et donc indéniablement socialement construite: « la programmation est devenue une discipline prestigieuse à partir du moment où les hommes se la sont appropriée » (2006).

Tou.te.s les enquêté.e.s n'ont pas évoqué une vocation ou une passion pour l'informatique, mais quatre garçons montrent une vocation construite parfois depuis longtemps.

Guillaume, bien qu'ayant décidé de faire de l'informatique à la fin du lycée, semble avoir une certaine vocation pour l'informatique, même si, comme nous le verrons plus bas, il ne s'y destinait pas à la base. La vocation de Guillaume a été construite à travers les médias, mais surtout en voyant son père :

« Il y avait un autre truc qui me plaisait à ce moment-là c'était l'informatique en général. J'y connaissais rien. Et avant de me décider j'ai commencé à toucher un peu à tout ce qui était informatique. On avait une idée générale ce qu'on voit dans tous les films un programme qui fait toujours plein de trucs ça donnait envie mais je voyais aussi mon père lui qui touchait mais pas comme moi je fais actuellement mais il savait faire des choses. Et quand j'étais petit je le regardais faire. Il savait par exemple formater un disque dur avec des commandes. C'est des trucs qu'il a appris parce que c'était avant. »

Sa passion pour l'informatique a été impulsée et entretenue par son père, qui lui a donné les moyens de découvrir l'informatique :

« disons que j'ai appris ça aussi parce que quelque part il aurait aimé en faire donc on peut dire que ça m'a inspiré et que ça m'a donné envie de connaître j'ai voulu découvrir et donc on m'a fourni quelque chose sur lequel je pouvais travailler apprendre déjà. Donc j'ai testé et j'ai bien aimé. C'est à partir de là que j'ai commencé à m'intéresser à l'informatique. En fait c'est à la fin de la troisième, mais quand j'avais six ou sept ans je commençais déjà à jouer aux jeux vidéos on commence à connaître l'ordinateur à toucher un peu je trouvais pas ça extraordinaire mais c'est après en troisième que j'ai commencé à m'intéresser à la programmation et je suis allé en S après la seconde générale. »

La passion de Thibault est également venue à travers une figure familiale masculine :

« c'est une passion qui me vient depuis que je suis tout jeune. C'est mon frère qui m'a transmis un petit peu la passion de l'informatique, moi depuis le collège c'était l'informatique, c'était sûr, je démontais des PC depuis la sixième, donc c'était ça c'était sûr. En fait c'est parce que mon frère était là avant moi je du coup lui il a eu son PC quand il devait être milieu collège et moi j'étais tout petit et du coup j'ai eu un PC entre les mains dès le collège. »

Baptiste a également eu envie de faire de l'informatique depuis longtemps, il pensait que le seul moyen était d'avoir un bac S, et n'aurait donc pas pu faire des études d'informatique avec son bac ES sans une école

32

comme Epitech : « Moi qui voulais faire informatique et qu'on me dit pour l'informatique tu n'as pas besoin de sortir de S ça peut me sauver la vie sachant que je voulais rien faire d'autre et que je me voyais mal redoubler mon bac ES alors que j'étais sûr de l'avoir quasiment. »

Sam, pensant la même chose, a lui obtenu un bac S, mais aurait préféré faire un bac technologique : « Je pensais à l'informatique deux ans avant d'y aller à peu près quand j'étais en seconde je me suis dit tiens l'informatique pourquoi pas j'étais allé sur quelques sites pour voir comment c'était. Si j'avais su j'aurais pas fait un bac sciences de l'ingénieur juste un bac STI [Sciences et technologie industrielle]. En fait STI c'est qu'on a de la théorie mais aussi de la pratique comparé à S où on a que de la théorie. »

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984