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La moralité, fondement de l'humanité dans fondements de la métaphysique des murs d'Emmanuel Kant.

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par KRIMINATCHA KONE
UNIVERSITÉ FÉLIX HOUPHOUET-BOIGNY (ABIDJAN- COCODY)  - Master 2016
  

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2- La moralité et son rapport à la contrainte

La moralité se présente comme le contraire des attitudes malveillantes et intéressées. En effet, concevoir la moralité et son rapport à la contrainte, impliquerait l'idée selon laquelle tout être digne de ce nom, est capable d'une absolue nécessité. L'homme en vertu de la raison, est le seul capable d'une obligation morale. À ce titre, il est censé agir avec inclination, tout en édifiant l'humanité spécifique à l'espèce humaine. Quand il agit moralement, la satisfaction est ce qu'il éprouve. Puisqu'il pense s'être acquitté de son devoir dans la mesure du possible. Cette possibilité s'inscrirait dans l'obligation morale qui se rattache à cette idée de contrainte.

Dans ces conditions, la moralité, loin d'astreindre l'épanouissement de l'homme, concourt à favoriser, l'édification des êtres raisonnables. Elle renforce

105 Cette définition est donnée par Ferdinand Alquié dans la Préface de la Critique de la raison pratique, (Paris, PUF, 1963), pp. 22-23.

106 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Op. cit., p. 168.

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les liens de fraternité, d'amitié et de solidarité. En se considérant défini par la liberté, l'être raisonnable doit pouvoir trouver de l'intérêt à bien se conduire. La contrainte de ce fait ne signifierait pas une obligation extérieure. Mais elle s'expliquerait par la restauration de la dignité humaine, qui exige le respect. Demeurant intérieure, Emmanuel Kant la justifie :

La conscience d'une libre soumission de la volonté à la loi, mais accompagnée pourtant d'une contrainte inévitable exercée sur tous nos penchants par notre propre raison est donc le respect pour la loi. La loi, qui exige et inspire aussi ce respect, n'est autre, comme on le voit, que la loi morale (car seule celle-ci) a le privilège d'exclure tous les penchants de l'influence immédiates qu'elle exerce sur la volonté107 .

La possibilité par laquelle l'homme peut comprendre la moralité et son rapport à la contrainte, est la conscience d'une libre soumission de la volonté à la loi. L'accomplissement de la moralité qui se formule en respect de manière extérieure, est le fait de la contrainte intérieure à laquelle aucun être raisonnable n'échappe. Loin de paraître comme une influence extérieure, la contrainte exercée est dû à notre propre raison. Elle constitue le principe qui ordonne immédiatement la volonté. Ainsi, toute conduite indignant la personne humaine, constitue une simple volonté malveillante et irrationnelle, par laquelle un individu ignore volontiers la moralité.

De même, les conduites sociales objectivement pratiques suivant cette représentation de la moralité et son rapport à la contrainte, considèrent le devoir. Pour cette raison, la contrainte prendrait la forme de devoir. Puisque l'exclusion des mauvais penchants est rendue possible par l'accomplissement de cette contrainte. Par conséquent, la représentation que l'être raisonnable peut faire, doit être comprise comme « la contrainte pratique, c'est-à-dire d'actions auxquelles nous devons nous déterminer, quelle que peine que cela nous coûte »108. En prenant de la peine à l'accomplissent de cette contrainte intérieure, l'homme ne

107 Emmanuel Kant, Critique de la raison pratique, Op. cit., p. 259.

108 Emmanuel Kant, Critique de la raison pratique, Op. cit., 259.

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fait qu'honoré l'humanité dans sa perfection. Il témoigne de la raison qui structure les rapports humains.

Si l'être raisonnable ne s'humanise davantage que par l'accomplissement de son devoir, alors comment le reconnaitre et s'assurer de l'avoir accompli ?

Emmanuel Kant répond à cette question de la manière suivante : « En d'autres termes la connaissance de ce qui est devoir s'offre d'elle-même (...) surtout s'il s'agit d'un avantage qui s'étende à toute l'existence »109. La reconnaissance du devoir, réside dans son accomplissement, susceptible de tenir à l'universel. Le devoir de manière conséquente, constituerait la source par excellence de la moralité dans la mesure où la loi morale qui l'incite en nous conduit à la reconnaissance de cet accomplissement qu'est la culture du bien. L'être raisonnable, doit avoir des conduites portées par l'impératif catégorique : « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle »110.

La conduite de l'homme doit s'inscrire dans l'objectivité. Il importe de souligner que cette adresse de la moralité sous forme de contrainte exige que l'homme agisse certes, mais qu'il soit conséquent avec lui-même. Cela rendrait les échanges interpersonnels dignes comme le pense Emmanuel Kant. Dans ce même ordre d'idées, il est possible de comprendre que, même si la vie pour les êtres raisonnables consiste à vivre, il est nécessaire de bien agir car, en cela, se trouve la source de maximes universalisables111.

Cependant, comment s'explique la réalisation de maximes universelles chez l'être raisonnable ? La réalisation de maximes universalisables, selon Emmanuel Kant passe par le sentiment. Ce dernier apparaît sous la forme d'un intérêt moral dont sont capables tous les êtres humains. Ce qui renverrait à l'idée que le développement constant de ce sentiment de l'intérêt moral est légitime. Elle aiguise et confère du sens au devoir à accomplir :

109 Emmanuel Kant, Critique de la raison pratique, Op. cit., p. 185.

110 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Op. cit., pp. 139-140.

111 Ibidem., p. 142

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L'intérêt moral est un sentiment indépendant des sens, et qui a uniquement sa source dans la pure pratique. Sur le concept d'un intérêt se fonde à son tour celui d'une maxime. Une maxime n'est donc moralement bonne, que quand elle repose sur l'intérêt que l'on prend à la pratique de la loi.112

L'intérêt moral trouve lui-même sa source dans la raison pure pratique. Il permet en particulier de comprendre le fondement de la maxime universelle. La pratique de la moralité résulte d'une transformation de la contrainte en intérêt moral et, qui à son tour s'accomplit en devoir. D'où pouvons-nous noter le rapport de la moralité à la contrainte. La conduite de l'homme serait de trouver toujours de l'intérêt moral à édifier l'humanité. Leur désir de reconnaissance et leur affirmation devraient les mener à la liberté, la justice, lesquelles permettraient la restauration de la dignité.

L'accomplissement du devoir demande la volonté bonne. Elle consiste à affermir la conscience du devoir qui se veut contraignant. En ce sens, Ralph Walker fait cette précision : « Une personne peut accomplir un acte qui est un devoir sans que cette action ait la moindre « valeur morale » parce que le motif n'est pas le devoir »113. Tout cela est essentiel dans la compréhension de la moralité dans son rapport à la contrainte. Le devoir, découlant de ce rapport raisonnable doit être emprunt d'humanisme et de bienveillance. Ce qui signifierait que la reconnaissance de cette contrainte morale relève de la compétence humaine. Elle vient marquer l'idée selon laquelle il n'y a que les êtres raisonnables qui aient la faculté d'agir d'après la représentation des lois, c'est-à-dire d'après les principes, et par conséquent qui aient une volonté.

On peut noter ainsi que, toute action en déphasage avec les principes de la moralité, doit conduire à la peine pour le sujet moral. Doit se produire, dès lors « un inconfort »114 encore plus si cette dernière est publique. C'est une ombre qui devrait nous suivre. Par ailleurs, une telle affirmation pourrait se justifier dans la

112 Emmanuel Kant, Critique de la raison pratique, Op. cit., p. 257.

113 Ralph Walker, Kant, Op. cit., p. 49.

114 Julien Corriveau, Le jugement de la conscience morale dans la philosophie pratique d'Emmanuel Kant, Mémoire de maîtrise en Philosophie, Montréal, Université de Montréal, 2011, p. 12.

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mesure où il y va de « la moralité des êtres raisonnables, qui seule comprend la mesure d'après laquelle uniquement ils peuvent espérer, par la main d'un sage Auteur du monde avoir part au bonheur »115. Le bonheur des êtres raisonnables réside dans la compréhension de la moralité, qui conditionne, par conséquent leur part. Car cette part au bonheur prend en compte leur moralité qui doit porter la marque distinctive de la contrainte : l'intérêt moral. On ne pourrait penser la moralité indépendamment de la liberté et de la contrainte qui sont du pouvoir de chaque être raisonnable116.

Le rapport de la moralité à la contrainte implique que l'homme est libre d'agir comme il l'entend : libre de s'asseoir, de se tenir debout, de marcher, de courir, de ralentir etc. Mais la conscience de ce rapport suggère que l'individu agisse bien. C'est ainsi qu'il se rend digne d'actions morales, de conduites sociales susceptibles d'honorer l'humanité. L'être raisonnable ne ferait que se distinguer des autres êtres vivants de la nature. Puisque la représentation des lois d'après laquelle il agit, constitue toute sa dignité d'homme. De ce fait, on parle de paix du coeur lorsqu'il n'y a pas de faillite au devoir. La conscience est commandée par le devoir sous l'égide de la raison.

De même, le fait de bien agir, légitimerait la satisfaction chez le sujet moral. Elle se fonde sur le principe que, ce qui nous humanise est honoré : la moralité. Si la tranquillité consiste surtout à être en paix avec soi-même, et avec les autres, il en est de même pour l'intérêt moral que l'on prend à l'accomplissement de la loi117. Son effet sublime intervient lorsque l'homme, de par ses conduites morales agit dans le plus grand intérêt du monde. En respectant la dignité de son semblable, il l'humanise. C'est pourquoi, dans cette projection humaniste, la qualité d'être humain voudrait constamment qu'il « suivre la voie

115 Emmanuel Kant, Critique de la raison pratique, Op. cit., p. 257.

116 Ibidem.

117 Emmanuel Kant, Critique de la raison pratique, Op. cit., p. 259.

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que la raison lui indique comme la meilleure quoique ses appétits l'inclinent d'un autre côté »118.

En considérant le rapport de la moralité à la contrainte dans l'entendement humain, les rapports extérieurs entre les hommes se révéleraient davantage dignes des hommes. Dans leur ensemble, les conduites sociales seraient sous la forme d'un mélange harmonieux. En effet, ce qui est exigé, c'est le sentiment moral, qui est proprement l'intérêt moral, et qui doit nous inciter à la culture du bien. Le souci de l'intelligibilité et de convenance des actions paraît tout à fait compréhensible puisque ; en tant que dépositaire de la conscience morale119, l'homme se doit d'oeuvrer pour l'édification de l'être humain. L'être raisonnable se trouve soumis à une nature humaine qui impose d'agir avec la conscience de respect pour l'homme en tout temps120.

Tout individu pourrait, en lui-même trouver l'expression de la détermination de la volonté qui le fonde, et l'affirmation d'une conscience. Le sentiment moral est l'élément déterminant, capable de nous guider « dans la communauté des individus, puisqu'une conscience se développant d'emblée de façon isolée ne nous est pas donnée et ne saurait non plus être pour nous un objet d'intuition »121. En conséquence, la contrainte morale exige qu'il témoigne de conduites l'associant dignement à la vie communautaire. La reconnaissance de la moralité en rapport avec la contrainte, signifierait que les bonnes raisons de bien agir 122, se trouvent en l'homme lui-même. C'est ainsi qu'il apparaît comme le seul être digne de la conscience morale.

La possession de cette faculté nous persuade que la personne humaine est sacrée. À ce titre, la conscience morale juge la moralité du traitement particulier que nous réservons à l'être humain, possédant indéniablement une valeur absolue.

118 John Locke, Quelques pensées sur l'éducation, trad. de l'anglais par Gabiel Compayré, Paris, Vrin, 1966, p. 34.

119 Jürgen Habermas, Morale et communication, trad. de l'allemand par Christian Bouchindhomme, Paris, GF-Flammarion, 1999, p. 131.

120 Emmanuel Kant, Doctrine du droit, trad. de l'allemand par Alexis Philonenko, Paris, Vrin, 2011, p. 185.

121 Friedrich Schleiermacher, Conférences sur l'éthique, la politique et l'esthétique, Op.cit., p. 257.

122 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Op. cit., p. 101.

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De par nos conduites quotidiennes, il importe que nous témoignions de maximes universalisables. Cette importance pourrait se justifier dans la mesure où la culture de la raison suppose des conduites dignes et moralement convenables. La conscience morale, détermine également notre qualité morale. Le développement de cette dernière fonde la légitimité de la moralité dans son rapport à la contrainte. Il explique le fait réflexif et motivationnel de la conscience dans l'accomplissement du bien.

De plus, l'existence de la raison comme faculté gouvernant, légitime une tension vers l'universalité par des maximes d'actions caractérisées par la recherche du plus grand bien du monde. La moralité suggère que tout être raisonnable doit se conduire avec la conscience que l'accomplissement du devoir est une contrainte. Elle recommande nécessairement un intérêt moral que tout homme est censé découvrir, en vertu de la qualité d'être humain. Cette digne représentation de la moralité constitue le fondement de l'humanité puisque dans la pensée d'Emmanuel Kant, elle est la mesure dans laquelle l'humanité peut triompher. De même, parce que l'évolution de l'humanité semble tenir au règne des fins profitables. En somme, cette compréhension de la moralité est essentiellement portée par la transformation des valeurs en vertus.

Quant à l'analyse de la moralité et le fondement de l'humanité, elle montre que l'homme, être doué de raison et de liberté, doit témoigner de la moralité dans toutes ses actions. En se souciant de la moralité de nos actes, nous prenons part à l'intérêt moral. Il constitue le sentiment moral qui atteste notre humanité. La moralité se présente sous la forme d'une conscience morale qui habite en chacun de nous123. En vertu de la raison, tout homme doit accomplir son devoir en lequel réside le triomphe digne de l'humanité. Cette capacité doit se traduire par des actions de bonne volonté caractérisées par l'effort et la persévérance dans l'accomplissement du bien moral.

123 Julien Corriveau, Le jugement de la conscience morale dans la philosophie pratique d'Emmanuel Kant, Op. cit., p. 8.

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La moralité dans la nature de l'homme suggérerait la compréhension selon laquelle l'homme comporte une dimension morale inhérente à sa nature. Il se révèle comme un être dont la volonté est caractérisée par l'autonomie. Elle se présente sous la forme d'une condition objective sous laquelle il doit être pensé en tant qu'être raisonnable. Elle est, par conséquent, favorable à la moralité. Par là, nous avons pu noter que la liberté, l'autonomie définissent l'homme et sa responsabilité s'impose dans le monde. Elle réside dans les accomplissements de ses actes. De fait, il construit l'humanité et témoigne de la moralité, puisqu'elle ordonne l'accomplissement du devoir.

En outre, le développement sur la moralité entre liberté et contrainte nous révèle que différentes acceptions de la moralité sont faites. Mais l'homme est censé fonder la moralité sur des principes rationnels, capables d'élever et d'honorer l'humanité en même temps. C'est une compréhension qui enseigne à traiter l'humanité avec beaucoup de respect et de considération. Par contre, fondée sur des principes empiriques, l'hétéronomie s'oppose à la moralité. L'hétéronomie signifierait l'ensemble des principes portés par la quête du bonheur personnel, source d'indignation pour l'homme.

Dès lors, si le triomphe de l'humanité réside dans la moralité, qui doit être au fondement de toutes nos actions, Emmanuel Kant ne nous dit pas comment l'humanité peut triompher constamment. Par quel moyen en rapport avec la moralité, l'humanité peut-elle triompher dans la société ?

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams