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La moralité, fondement de l'humanité dans fondements de la métaphysique des murs d'Emmanuel Kant.

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par KRIMINATCHA KONE
UNIVERSITÉ FÉLIX HOUPHOUET-BOIGNY (ABIDJAN- COCODY)  - Master 2016
  

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TROISIÈME PARTIE :

LA MORALITÉ ET SON RAPPORT À L'ÉDUCATION
DANS LA SOCIÉTÉ

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L'éducation a une racine latine : educatio ; qui désigne l'instruction, la formation de l'esprit. C'est aussi le processus par lequel une ou plusieurs fonctions se développent progressivement, et graduellement, par l'exercice. Elles se perfectionnent ainsi124. L'éducation se présente, par conséquent comme une science par laquelle l'homme est produit comme humain. Avec ses formes diverses et variées, assorties de méthodes relatives, l'éducation se caractérise par une constante dont la fonction d'humanisation et de moralisation dans la société est justifiée.

En effet, l'éducation dans sa pratique se présente comme un ensemble de dispositions destiné à forger les capacités physiques, intellectuelles, morales et spirituelles de l'homme pour une existence intelligente et intelligible. De plus, en tant que science de l'homme, elle comporte les conditions d'évolution ou d'émergence des sociétés humaines, ainsi que les progrès au sens plein du terme. Si tels sont les intérêts divers de l'éducation, son caractère scientifique semble être affirmé. Dans la mesure où chaque domaine requiert des dispositions méthodiques, rigoureuses, graduelles ou progressives, consacrant l'amélioration des conduites humaines en société. Pour tout dire, l'éducation est indispensable pour l'affirmation digne de l'humanité.

En considérant l'éducation sous cet angle, il est donné de comprendre que les conduites sociales dignes des êtres humains y tirent leurs sources. Elles offrent la possibilité d'acquérir les idées rattachées à la consistance de la moralité. D'où la possibilité de considérer l'existence d'un rapport entre elles. Car, bien que vue sous plusieurs formes125, l'éducation paraît comporter les conditions de réalisation effective et digne de l'espèce humaine. Ainsi, la moralité semble trouver sa justification dans son rapport à l'éducation en vertu de la finalité éthique et humaine qu'elle poursuit.

124 Jacqueline Russ, Dictionnaire de Philosophie, Op. cit., p. 82.

125 Lopez Emmanuel Oscar Koffi, La problématique de l'éducation dans la philosophie de Hannah Arendt, . Thèse de Doctorat d'État en Philosophie, Université Félix Houphouët-Boigny- Abidjan, 2014, p. 69.

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CHAPITRE I : LA CONSISTANCE DE L'ÉDUCATION

L'homme est tel qu'on ne pourrait concevoir absolument toutes valeurs sociales que par rapport à ce dernier. En effet, la capacité manifeste à admettre unanimement telle pratique et à rejeter telle autre dans l'intérêt de la société, est liée à sa nature éprise de perfection et de liberté. Cette tendance naturelle se pose alors comme ce qui, en lui-même pousse sans cesse à recouvrir l'humanité. C'est pourquoi, l'éducation, dans une certaine mesure est considérée comme une réalité qui conditionne cette humanité. Par elle, l'homme développe naturellement le besoin de s'humaniser pour être davantage épanoui. Elle semble être la source d'enchantement de l'humanité.

L'expression de ce besoin de s'humaniser va se traduire concrètement par l'observation de bonnes conduites inculquées par l'éducation. On note que l'éducation de cette manière pousse l'homme vers sa plénitude dans la mesure où elle privilégie la culture des valeurs. C'est donc dire que l'éducation, dans sa consistance est capable de favoriser des hommes véritablement dignes et humains. Par conséquent, l'éducation regroupe de nombreux profits pour l'espèce humaine : recouvrement de l'humanité, la généresence des hommes et le respect des normes sociales. Ces acquis corroborent, pourrait-on dire, la consistance de l'éducation. Ils le sont puisque l'humanité en est honorée. De fait, l'éducation est-elle en rapport avec la construction de l'humanité ?

1- L'éducation et la construction de l'humanité

De tous les secteurs liés à l'émergence des peuples, celui de l'éducation occupe une place de choix dans leur vie. En effet, la reconnaissance de cette place serait due à la consistance indéniable que lui attribuent les sociétés humaines. Cette force de l'éducation est largement répandue au cours de l'histoire. Comme preuve, toute société humaine ne peut parvenir à un niveau de développement considérable que par l'éducation. Elle s'étend à tous les secteurs d'activités. Il suit, de ce point de vue, qu'elle est édifiante.

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Si l'éducation se pose comme une science des êtres raisonnables, alors n'est-ce pas la preuve qu'elle participe à la construction de l'humanité ? La culture de toutes les valeurs humainement concevables est subordonnée à la transmission des valeurs de l'éducation. L'admission de l»éducation dans sa vocation se présente comme la science par laquelle l'homme parvient à la réalisation de l'humanité. En ce sens, Jean-Jacques Rousseau reconnaît le continuum que constitue l'éducation puisque pour lui :

Nous naissons faibles, nous avons besoin de forces ; nous naissons dépourvus de tout, nous avons besoin d'assistance ; nous naissons stupides, nous avons besoin de jugement. Tout ce que nous n'avons pas à notre naissance et dont nous avons besoin étant grands nous est donné par l'éducation126.

L'éducation montre toute son indispensabilité dans la construction et la réalisation de l'espèce humaine. Elle apparaît comme ce par quoi l'homme est, et ce qu'il devient. La construction de l'humanité apparaît évidente par le biais de

l'éducation, révélant son efficacité par le développement des facultés
intellectuelles, physiques et morales chez les êtres raisonnables au cours de l'existence. Elle constitue une capacité et un besoin de l'homme en société.

Le fait de parler de valeurs humaines comme la moralité, relativement aux conduites humaines, ne pourrait s'arroger de la consistance que dans le domaine de l'éducation. Même si l'actualité de nos sociétés modernes affiche par endroit autant de négativités, il apparaît néanmoins préjudiciable de nier à la base toute éducation. En ce sens, l'on ne peut parler de construction que par rapport à la science de l'homme. Elle contribue à la construction de l'humanité. Dans le contexte sociétal, l'éducation se présente comme le processus dans lequel l'humanité se forme. Dans la mesure où la poursuite des valeurs de toutes sortes y est contenue.

De cette manière, la fonction de l'éducation, est d'abord et avant tout celle de développer, peu à peu, toutes les qualités naturelles de l'humanité en l'homme.

126Jean-Jacques Rousseau, Émile ou De l'éducation, Op. cit., p. 83.

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Le rapport de la moralité avec l'éducation pourrait s'expliquer par le fait qu'aucun progrès quel qu'il soit ne peut se réaliser sans éducation. Ce qui signifie que la voie la mieux indiquée pour construire toutes les valeurs humaines, est celle de l'éducation. Elle se pose comme le substratum de tout développement humain remarquable des peuples. Des puissances de ce monde comme l'Europe et les États-Unis n'ont pu se hisser à ce piédestal que par la reconnaissance de l'éducation, à laquelle pouvoir a été accordé.

Son pouvoir s'est avéré d'autant plus efficace et profitable que les dirigeants en sont arrivés à restaurer l'autorité des corps enseignants. Elle a été admise comme gage de réussite sociale : « Ce faisant on ne tente rien d'autre qu'une restauration : on n'établira une fois de plus l'autorité dans l'enseignement »127. L'éducation conditionne la conception et la culture de toutes les valeurs désirables : morale, physique et intellectuelle. De plus, concevoir l'éducation, c'est aussi envisager son rapport à la construction de l'humanité pour les êtres raisonnables. Cela reviendrait à signifier que la reconnaissance de l'homme comme être doué de raison et de liberté semble fonder davantage toutes ses représentations. Les valeurs humaines à cultiver, par exemple, expliquent les conditions de triomphe de l'humanité.

Davantage, la reconnaissance de ce rapport implique que par l'éducation, l'homme a la capacité de s'élever à la moralité, et partant à toutes les valeurs humaines concevables. Par le fait de la raison, la nécessité du bien est forgée. Pour preuve, la distinction des choses de la nature est redevable à la raison dont le développement rationnel et conséquent est assuré par l'éducation, qui aiguise nos facultés sensorielles :

Sitôt que nous avons, pour ainsi dire, la conscience de nos sensations, nous sommes disposés à rechercher ou à fuir les objets qui les produisent, d'abord selon qu'elles nous sont agréables ou déplaisantes, puis selon la convenance ou disconvenance que nous

127 Hannah Arendt, La crise de la culture, trad. de l'anglais par Patrick-Levry, Paris, Gallimard, 1972, p. 236.

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trouvons entre nous et ces objets, et enfin selon les jugements que nous en portons sur l'idée du bonheur ou de la perfection que la raison nous donne128.

Il faut dire dans ce cas avec Jean-Jacques Rousseau que le mérite de la raison dans l'éducation est remarquable. Elle constitue une faculté qui, au moyen de l'éducation, consolide en l'homme la distinction du bien et du mal. La raison participe au progrès de la civilisation et de l'humanité. L'homme doit la cultiver sans cesse en toute chose pour parer aux transgressions morales. En plus, elle permet d'amoindrir les dérives sociales. La capacité des hommes à surmonter les différences, existant dans les moeurs et leurs talents, est fondamentalement redevable à leur éducation qu'à autre chose. Elle forme leurs esprits de sorte que les notions de fraternité, d'altruisme, de coopération, de vivre-ensemble finissent par intégrées leurs moeurs.

Elle développe la raison et enseigne comment il faut vivre en bonne intelligence avec les semblables. Ce qui signifie que c'est un processus qui nécessite l'usage de la raison. En effet, Ernest Cassirer souligne que c'est :

« L'art qui doit devenir raisonné, s'il doit développer la nature humaine de telle sorte que celle-ci atteigne sa destination »129 . Pour lui, l'éducation, doit comporter une dimension rationnelle. Elle l'exige, non pas en raison de l'incapacité de l'homme, mais pour que la nature humaine parvienne à son accomplissement. Effectivement, la faculté régulatrice qu'est la raison, est très importante dans l'éducation. Ici, le développement de la raison semble être la condition de l'éducation, dans la mesure où l'accès à l'humanité en dépend socialement.

Quant à lui, Emmanuel Kant, dans cet élan de formulation assigne quatre objectifs à l'éducation : la discipline, la culture, la civilisation et la moralisation130. Elles forment l'humanité dans toutes ses phases diverses et

128Jean-Jacques Rousseau, Émile ou De l'éducation, Op. cit., p. 84.

129 Ernest Cassirer, Rousseau, Kant, Goethe, trad. de l'allemand par Jean Lacoste, Berlin, Tours, 1991, p. 79.

130 Emanuel Kant, Réflexions sur l'éducation, trad. de l'allemand par Alexis Philonenko, Paris, Vrin, 1996, pp. 5256.

131 John Locke, Quelques pensées sur l'éducation, trad. de l'anglais par Gabiel Compayré, Paris, Vrin, 1966, p. 34.

132 Emmanuel Kant, Réflexions sur l'éducation, Op. cit., p. 6.

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variées, et poussent avec docilité les hommes à se soumettre aux prescriptions de la raison. Cependant, en quoi consiste la construction de l'humanité ?

Parler de construction de l'humanité, renvoie dans une certaine mesure à l'ensemble des acquis de l'éducation. En effet, cette construction de l'humanité pourrait s'expliquer par les résultats satisfaisants que procure l'application des rudiments de l'éducation aux hommes. Grâce à l'éducation l'home acquiert la capacité de s'ennoblir. Cette faculté chez l'homme, repose essentiellement sur l'adoucissement des moeurs, que seule procure l'éducation. Dès lors, comment justifierait-on les manquements dans les conduites humaines ? D'après, John Locke, il est important de comprendre que selon l'expérience quotidienne, les mauvaises conduites sociales ne sont pas à attribuer à autre chose, mais à l'éducation. Ainsi, il écrit ceci : « l'éloge ou le blâme » d'un comportement humain est toujours imputable à l'éducation. C'est la faute de leur éducation »131.

Dans ce sens, aucune satisfaction ne pourrait être obtenue en termes de moralité que par une éducation axée sur la formation du caractère par les éducateurs. Pour cette raison, il faut du courage et une certaine disposition d'esprit, qui sont un devoir moral à la charge des pédagogues dans la société toute entière. C'est de cette manière que l'on peut comprendre le caractère constructif de l'humanité par l'éducation. En outre, selon Emmanuel Kant :

L'homme ne peut devenir homme que par l'éducation. Il n'est que ce qu'elle le fait. Il est à remarquer qu'il ne peut recevoir cette éducation que d'autres hommes, qui l'aient également reçue. Aussi le manque de discipline et d'instruction chez quelques hommes, en fait de très mauvais maîtres pour leurs élèves132.

En considérant que le devenir de l'homme réside dans l'éducation, c'est montrer que sans elle, il est impossible de concevoir la discipline et la culture chez celui-ci. Comme l'explique Emmanuel Kant, la discipline empêche que l'homme soit détourné de sa destination, qui est celle de l'humanité. Celle-ci ne peut être sauvegardée que par des hommes qui, eux-mêmes, en ont subi la

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rigueur. Par la discipline, il est possible de soumettre l'homme aux lois de l'humanité. Quant à la culture, elle comporte la partie positive de l'éducation. C'est exactement ce qui est remarquable dans les rapports interpersonnels quand une éducation a été faite avec soin. La bonne volonté est ainsi manifeste et humaine.

Si l'on admet que l'éducation a rapport à la construction de l'humanité, c'est qu'elle sert à former les esprits humains à la discipline, à les habituer à se plier devant de la raison. Elle doit combattre l'ignorance sous toutes ses formes133. Dans ce même ordre d'idées, il est certain, en effet, que l'appartenance de l'éducation à l'espèce humaine est justifiée au point qu'il semble difficile d'en tirer autant de profits chez d'autres êtres vivants en dehors des hommes. L'éducation est considérée comme vectrice de principes conduisant à la vertu. Le rôle que peut accomplir en cela, l'éducation, est compréhensible du fait qu'elle permet de fonder en raison tout ce qui, humainement, est admissible. L'homme doit développer ses simples dispositions naturelles au bien, qui apparaissent sans la moindre marque distinctive de la moralité.

C'est ainsi qu'il en va également pour la transformation des valeurs en vertus. Ce processus légitime implique le devoir de cultiver l'ensemble de toutes les bonnes conduites, c'est-à-dire des conduites au sens désirable et recommandable. Car c'est seulement par la transformation des valeurs humaines en vertus que peut naître quoi que ce soit qui, dans les manifestations de l'humanité, appartienne au concept du Bien suprême134.

En définitive, l'éducation constitue un ensemble de dispositions pratiques qui consacrent les développements physique, intellectuel et moral des êtres raisonnables. Elle se présente comme le processus légitime par lequel l'homme parvient à son accomplissement. Elle participe au progrès de l'humanité et favorise des relations intelligentes et humaines. Elle contient, à ce titre,

133 John Locke, Quelques pensées sur l'éducation, Op. cit., 38.

134 Friedrich Schleiermacher, Conférences sur l'éthique, la politique et l'esthétique, Op.cit., p. 231.

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l'humanité dans toute sa grandeur, et ce, dans un rapport à sa construction. Elle semble témoigner, par conséquent, de la construction de l'humanité par laquelle le monde prospère. S'il est vrai que l'éducation contribue à la construction de l'humanité, consacre-t-elle le respect des valeurs sociales ?

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand