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La moralité, fondement de l'humanité dans fondements de la métaphysique des murs d'Emmanuel Kant.

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par KRIMINATCHA KONE
UNIVERSITÉ FÉLIX HOUPHOUET-BOIGNY (ABIDJAN- COCODY)  - Master 2016
  

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2- L'édification de la moralité par l'éducation

Il est nécessaire de reconnaître à l'éducation son apport immense quant à la culture des valeurs sociales. En effet, le triomphe de l'humanité mise en question n'est pas forcement d'ordre spéculatif encore moins théorique. Il est d'ordre éducatif puisqu'il ne s'agit pas de critiquer les conduites sociales mais de connaître le moyen docile, le plus sûr pour les cultiver épurées. La question qui se pose alors est celle de l'outil adéquat susceptible de façonner la nature humaine dans l'intérêt de l'humanité. De fait, tout ce que l'on désire ou attend d'autrui en

150 Emmanuel Kant, Réflexions sur l'éducation, Op. cit. p. 18.

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termes de conduites morales est englobé dans l'éducation. C'est à travers elle que la Raison conçoit tous les biens.

Cette réalité est liée à la nature de l'homme lui-même. Sa nature est telle qu'il est censé acquérir tout et même ce qui le dépasse. L'acquisition de la vertu, d'un « sens des valeurs »151 peut dès lors se décrire comme une naissance continuelle à soi, rendue possible par l'éducation. Car comme nous pouvons le comprendre dans le flux de la vie, accuser une personne moralement, cela suppose un manque de reconnaissance. Cette tendance naturelle semble être une manifestation propre à l'espèce humaine :

Ce désir peut être si puissant que, dans leur âpre quête de reconnaissance (...) Tant que nous ne l'admettrons pas, les idéaux et le comportement de peuples entiers (...) nous demeureront incompréhensibles152.

On peut convenir avec Isaiah Berlin que ce désir de reconnaissance est ce qui porte les peuples. Il ne pourrait trouver toute sa consistance que dans l'éducation et même sa promotion. Elle permet en tout être humain le respect de l'humanité au sein des rapports humains. C'est en prenant en compte cette reconnaissance que nous pouvons prétendre à une véritable édification de cette dernière. S'élever à la moralité semble subordonner à l'éducation. Par cette exigence de nous-mêmes à l'égard de nos semblables, l'on peut pressentir qu'en causant injustement du tort à autrui, c'est immédiatement à l'humanité que celui-ci est fait153. De cette manière, elle dispose à comprendre ce qui excelle, c'est-à-dire la dignité humaine. Les défis de moralité reposent sur la reconnaissance de cette dignité humaine.

Les rudiments de l'éducation de base donnés au sein de la cellule familiale sont susceptibles de contribuer à des conduites sociales morales. Plus précisément, elle conduit à la vertu. Le respect des parents, le droit d'aînesse,

151 Robert Spaemann, Notions fondamentales de morale, trad. de l'anglais par Stéphane Robillard, Paris, Flammarion, 1999, pp. 90-92.

152 Isaiah Berlin, Éloge de la liberté, trad. de l'anglais par Jacqueline Carnaud et Jacqueline Lahana, (Paris, Calmann-Levy, « coll. Agora », 1990), pp. 202-209.

153 Thomas de Koninck et Gilbert Larochelle, La nouvelle ignorance et le problème de la culture, Paris, PUF, 2000, p. 105.

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l'esprit de serviabilité, la tolérance, le respect de la loi et de l'autorité sont tous contenues dans l'éducation. Elle développe l'intérêt qui s'attache à ces idées de la moralité. On ne pourrait que reconnaître la cellule familiale que comme le lieu par excellence de vulgarisation des libertés fondamentales154. D'un autre point de vue, la famille a une large part de responsabilité dans la culture des valeurs. Méthodiquement, la culture des bons principes demeure profitable. Dans ce sens, John Locke écrit ceci :

Lorsque vous aurait établi votre autorité, en faisant comprendre à votre fils qu'il dépend de vous et que vous être son maître (...) dans son esprit ce sentiment de vrai respect qu'il faudra avoir soin d'entretenir dans la suite, et de conserver dans ses deux éléments l'amour et la crainte, deux grands principes par lesquels vous aurez toujours prise sur lui, de façon à diriger son esprit dans le chemin de la vertu et de l'honneur155.

Ainsi, le mérite des principes dans l'éducation implique d'abord la mise en place de l'autorité parentale. Selon John Locke, l'éducation, au fond commence dans le cadre de vie qu'est la famille. Pour lui, lorsque cette dernière est de mise dans la cellule familiale, l'on peut parvenir à disposer l'enfant à deux principes : l'amour et la crainte. La conservation et l'entretien de ces principes ont pour avantage la prise sur l'enfant. Ensuite, cette maîtrise permet de forger son esprit pour l'excellence.

L'éducation est considérée comme l'art et l'instrument de renforcement des dispositions morales et humaines. Elle répond aux exigences liées aux rapports extérieurs entre les hommes. En outre, l'éducation participe au renforcement des capacités sentimentales de l'homme. Elle lui permet de se surpasser. Elle joue un rôle important dans la stimulation de la mémoire ou de la réflexion. L'éducation pousse naturellement l'homme à l'humilité. En cela, elle construit son édification. Ces dispositions ne sont rendues possibles que par une éducation

154 Kadi Dago, L'éducation aux valeurs des Droits de l'Homme, in African Education Developpement Issue, no 2, 2010, p. 7.

155 John Locke, Quelques pensées sur l'éducation, Op. cit., p. 102.

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constante ne souffrant d'aucune contradiction, puisque devenue pour « l'homme aussi bien élevé chose aussi naturelle que l'acte de respirer »156.

De cette manière, l'édification de la moralité par l'éducation résiderait en des principes moraux susceptibles d'accompagner les manières d'agir. Les principes moraux jugés utiles et profitables aux hommes en société en sont les seuls admis. En plus, toutes les valeurs s'inscrivant dans l'intérêt supérieur des peuples tendent à régler désormais les rapports entre les hommes. Ce sont entre autre la liberté, l'égalité, la justice, la tolérance, la cohésion sociale, la paix. Elles disposent les hommes à distinguer le bien du mal et à rechercher sans cesse ce qui peut les unir. L'adoption de toutes ces valeurs comme normes de conduites, cadre pratiquement d'une certaine manière avec les principes de la moralité, puisque « l'espèce humaine semble aussi peu aller à sa destinée sensible (...) mais auquel la raison met pour condition d'en être digne par la moralité »157.

En effet, le respect de ces valeurs contenues par l'éducation est susceptible d'édifier la moralité parce qu'aucune valeur n'est humainement concevable sans éducation158. Elle distingue l'homme de l'animal, parce qu'elle offre à l'humain la maîtrise de ses instincts et par delà l'usage de la Raison. On autorise tel principe et on interdit tel autre. Cela s'observe dans l'organisation même de la société humaine. L'admission de la séparation des pouvoirs159 implique l'observation de principaux moraux et humains dans l'intérêt des peuples160. Elle leur garantie éventuellement, la liberté politique. Selon Montesquieu, en adoptant le principe de la séparation des pouvoirs, cela permet de jeter les bases du libéralisme, cette doctrine politique protégeant la liberté des citoyens par la limitation des pouvoirs de l'État.

156 John Locke, Quelques pensées sur l'éducation, Op. cit., p. 54.

157 Emmanuel Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, Op. cit. cit., 121.

158 Emmanuel Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, Op. cit. cit., p. 12.

159 Pour Montesquieu, c'est l'équilibre des pouvoirs, assuré par la séparation des puissances législatrice, exécutrice et judiciaire ; la liberté est garantie par cet équilibre.

160 Charles-Louis Montesquieu, De l'esprit des lois, Paris, Garnier Flammarion, 1980, p. 140.

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À la question comment atténuer efficacement les maux, Emmanuel Kant pense que la sagesse seule des hommes peut en donner la possibilité. Pour lui, le plus sûr moyen de parer à l'indignation, ce comportement contre lequel réagit la conscience morale, il faut le savoir rationnel. C'est d'ailleurs ce qu'il soutient en ces termes : « le moyen le plus sûr et le plus facilement efficace d'adoucir les maux, c'est une pensée qu'on peut bien demander d'un un homme raisonnable (...) n'est pas la fortune mais la sagesse »161. Dans le cadre de l'édification de la moralité, la sagesse dont parle Emmanuel Kant, même s'il ne l'avoue, est liée à l'éducation qui, seule peut renforcer davantage la capacité d'action et de rehausser l'homme à cette connaissance exacte et approfondie des biens du monde.

En plus, l'édification de l'humanité résiderait en ce que chaque citoyen y trouverait dans l'établissement des lois l'expression d'une volonté politique à assurer à chacun sa liberté. L'édification de l'espèce humaine revêt parfaitement sa consistance dans la mesure où sa signification humaine est promue à travers le respect des lois. Car comme le souligne Emmanuel Kant :

L'éducation du genre humain pris dans la totalité de son espèce, c'est-à-dire collectivement (universorum) non celle de tous les individus (singulorum) ou la multitude ne donne pas un système mais seulement un agrégat colligé, la tendance persévérante à une constitution civile fondée par principe de la liberté et de contrainte légale tout à la fois162.

Dans ce cas, Emmanuel consolide davantage le point de vue selon lequel l'éducation du genre humain répond fondamentalement à un souci d'édification de l'espèce humaine. Puisque l'éducation des hommes au sens large du terme ne concerne pas quelques individus. C'est une mise en oeuvre des moyens propres pouvant permettre le développement sous toutes les formes des hommes vivants en société. Cela implique de même que le rôle primordial que jouerait l'éducation serait donc d'inculquer aux citoyens le respect de la législation. Cette dernière est

161 Emmanuel Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, Op. cit., pp. 71-72.

162 Emmanuel Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, Op. cit., p. 122.

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redevable à la raison humaine. Finalement l'édification de la moralité par l'éducation passerait, par la formation de l'esprit libre, qui tient simultanément intelligence et volonté, car toute la puissance du vouloir se manifeste dans la formation de l'intelligence163.

En somme, l'éducation conduit à l'édification de la moralité. Elle permet à l'homme de témoigner de conduites, socialement admissibles. Elle avantage l'homme en renforçant la promptitude et la nécessité des valeurs qui ordonnent l'existence humaine. Elle se traduit par l'exigence de la reconnaissance de la dignité humaine d'autrui. Aussi, elle dispose les hommes à la culture des valeurs susceptibles de porter dignement l'humanité dans la manifestation de ses formes diverses et variées. Elle forge, par conséquent la nature humaine à l'avantage des rapports humains. En outre, elle inculque des principes moraux pour le plus grand bien de l'humanité. L'instruction et la discipline sont de ce point de vue les supports vitaux, les moyens de réalisation, qui portent l'humanité vers les hauteurs du perfectionnement.

163ALAIN.- Propos sur l'éducation, Paris, PUF, 2012, p. 52.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery