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La moralité, fondement de l'humanité dans fondements de la métaphysique des murs d'Emmanuel Kant.

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par KRIMINATCHA KONE
UNIVERSITÉ FÉLIX HOUPHOUET-BOIGNY (ABIDJAN- COCODY)  - Master 2016
  

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2- La moralité dans l'imitation et l'habitude

La recherche de la vertu est une quête pour l'homme, et implique un effort sans fin. En effet, dans le cadre de la moralité dans l'imitation et de l'habitude, l'exemple de sainteté du Christ peut nous aider à comprendre mieux l'imitation et l'habitude. Mais avant, il importe de faire une clarification étymologique. Selon l'étymologie, par imitation, nous pouvons entendre le mot : imitio, d'origine latine ; qui désigne proprement, imitation, copie65. Dès lors, par imitation, nous comprenons le fait d'imiter, de copier quelque chose, en réponse à un besoin pour nous.

En ce sens, la raison entendue aussi come faculté directrice et régulatrice de l'esprit humain, est censée, pour ainsi dire, fournir à tout être humain la représentation du bien en soi. Toute idée relative au bien trouve sa source dans la raison. Elle est, à ce titre, la même qui nous fournis la représentation des exemples de l'expérience, témoignant ainsi de sa suffisance pour nous guider dans la quête de la vertu :

On a donc nul besoin d'un exemple tiré de l'expérience pour faire de l'idée d'un homme moralement agréable à Dieu un modèle pour nous ; car elle se trouve déjà en cette qualité dans notre raison [...]. Selon la loi en effet, tout homme devrait équitablement fournir en

65 Jacqueline Russ, Dictionnaire de Philosophie, Op. cit., p. 136.

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lui-même un exemple de cette Idée dont l'archétype réside toujours dans la raison ; car aucun exemple de l'expérience extérieure ne lui est adéquat du moment que celle-ci ne saurait révéler le fond intérieur de l'intention66.

Par conséquent, la moralité de l'imitation des exemples d'hommes bons selon Emmanuel Kant est, certes utile, mais nous devons nous abstenir d'admirer en outre les actes vertueux seulement compatibles avec les devoirs de l'homme et qui n'ont rien de particulier. La moralité réside dans l'effort à tirer le meilleur profit possible de ce qui est humainement faisable.

Pour ce qui est du mot habitude, il a une étymologie latine : habitudo. Il renvoie à la manière d'être, état ou comportement permanent acquis par la répétition et tendant à s'effectuer automatiquement67. En conséquence, David Hume, en recensant les matériaux de l'esprit souligne le rôle de l'habitude, en montrant que la nécessité existe seulement dans l'esprit et nullement dans les objets. À la question comment nous acquérons la connaissance, de la cause et de l'effet, l'auteur répond ceci : « C'est l'habitude, principe vital essentiel qui, guide nos opérations spirituelles »68. C'est donc dire que la relation de cause à effet se fonde sur l'habitude et la répétition de l'expérience.

En revanche, Emmanuel Kant nous fait comprendre que l'habitude revêt de la moralité quand elle sert à cultiver nos dispositions primitives au bien en général. En cela réside la moralité de l'habitude. La vertu est une aptitude à la fois naturelle et habituelle (acquise). Par l'habitude, l'homme l'acquiert progressivement, en améliorant davantage la perspicacité et le jugement moral dans la quête de la vertu. En ce sens, il soutenait que :

Il n'est précisément nécessaire d'être un ennemi de la vertu, il suffit d'être un observateur de sang-froid qui ne prend pas immédiatement pour le bien même le vif désir de voir le bien se réalisé, pour qu'à certains moments (surtout si l'on avance en âge et si l'on a le

66 Emmanuel Kant, Critique de la raison pratique, Op. cit., p. 166.

67 Jacqueline Russ, Dictionnaire de Philosophie, Op. cit., p. 121.

68 David Hume, Enquête sur l'entendement humain, trad. de l'anglais par Michel Malherbe, Paris, PUF, 2012, p. 42.

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jugement d'une part mûri par l'expérience, d'autre par aiguisé pour l'observation) on doute que quelque véritable vertu se rencontre réellement dans le monde69.

Ici, Emmanuel Kant souligne la rareté des actes vertueux. Ce n'est qu'à l'âge avancé que l'on réalise cette évidence selon laquelle la vertu demeure quelque chose de très rare, puisqu'il est possible de parvenir d'une part, à la maturité du jugement et d'autre part à son aiguisement sans atteinte pourtant la vertu. Ce qui revient à dire que les acquis de l'expérience selon le point de vue kantien ne contribuent qu'à renforcer progressivement la conduite humaine, en affermissant les maximes. Dans ce sens, la conduite morale de l'homme résiderait dans la sagesse acquise au fil du temps.

En plus, Emmanuel Kant soutient, cependant que le mépris d'autrui à l'endroit de l'habitude est dû à l'instinct qui l'anime, dans la mesure où il tend à chosifier l'individu. Toutefois, cette aversion qui semble bien légitime est contrariée et dépassé souvent par d'indéniables avantages et profits de certaines habitudes adoptées volontiers. Il le dit fort bien en ces termes :

Pourtant, certaines habitudes peuvent être contractées et mises en place intentionnellement, quand la nature refuse son aide à la libre volonté ; par exemple, l'âge venant, on peut s'habituer à l'heure des repas, à leur qualité et quantité de même pour le sommeil ; ainsi, on se mécanise graduellement ; mais ceci ne vaut qu'à titre d'exception et en cas de nécessité. En règle générale, toute habitude est condamnable70.

On peut comprendre que l'homme est libre d'adopter certaines habitudes en toute liberté. Dans ce sens en effet, toute conduite que l'on contracte par habitude à l'âge avancé est compréhensible. Dans la mesure où elle apparaît profitable puisqu'elle répond à des besoins circonstanciels. Cependant, le sujet moral soucieux de bonne conduite ne doit pas admettre l'habitude comme un principe d'action, autrement toute action serait dépourvue de la valeur morale. En conséquence, la moralité de l'habitude est qu'elle ne saurait tenir comme règle en tout temps.

69 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Op. cit., p. 113.

70 Emmanuel Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, Op. cit., pp. 51-52.

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En accordant une attention particulière à tout ce que nous posons comme action, cela reviendrait à faire honneur d'une certaine manière à la vision humaniste qui se veut sobre et sévère. L'éloquence dans les deux aspects se poserait comme un effet de perspective en vertu de la puissance suscitant de la représentation71. La moralité dans les deux cas exige des êtres raisonnables des comportements s'inscrivant dans l'objectivité tout en gardant leur liberté. Cette dernière réside dans la capacité à exercer le sentiment moral qui contient d'une certaine manière la moralité d'autant plus que sans lui, l'homme serait quasiment inexistant sur le plan moral. Dans la mesure où Emmanuel Kant fait remarquer que :

Il n'y a pas d'hommes qui soient dépourvu de tout sentiment moral, car si quelqu'un était complètement privé de toute réceptivité, à cette sensation, il serait mort sur le plan moral (...), l'humanité (pour ainsi dire selon les lois chimiques) se dissoudrait dans la simple animalité et se fondrait immédiatement dans la masse des autres êtres naturels72.

En conséquence, nous pouvons comprendre que tout être humain, en possession de ses facultés sensorielles et mentales, est censé être animé d'un sentiment moral. En d'autres termes, le sentiment moral est l'expression de l'humanité. Son existence est le signe le plus manifeste de l'humanité, puisque sans sentiment moral, il n'en existerait pas en réalité. Pour que l'humanité en chaque être humain puisse triompher et correspondre aux attentes humaines, tout être raisonnable se doit de privilégier ce qui l'humanise. Le bon sens est ce qui se doit d'être partagé pour que l'homme s'apprécie mieux.

De plus, l'être raisonnable se doit de traiter son semblable avec beaucoup de respect et de considération puisque tout être humain existe comme fin en soi. Si l'être raisonnable est ainsi conçu, alors cette qualité impose que chaque être digne de ce nom se doit de considérer son semblable comme ce qui est infiniment au-dessus de tout prix : « Ce qui a un prix peut être aussi remplacé par quelque chose d'autre, à titre d'équivalent ; au contraire ce qui est supérieur à tout prix, et

71 Michèle Cohen-Halimi, Kant la rationalité pratique, Paris, PUF, 2003, p. 117.

72 Emmanuel Kant, Doctrine de la vertu, Op. cit., p. 244.

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par suite n'admet pas d'équivalent, c'est ce qui a une dignité »73. L'être humain selon Emmanuel Kant existe comme fin en soi. Mieux les personnes comme il l'avance ont une valeur absolue, et non relative74. Au nom de cette dernière, son traitement exige de nous de la perspicacité.

Le sens humain de l'habitude et de l'imitation, est celui de la dignité humaine, considérée comme la pierre de touche par laquelle il est possible d'évaluer l'action humaine sous toutes ses formes. Pour que la moralité des actions puisse s'accommoder avec les attentes des hommes, il importe de connaître la fonction qui est assignée à l'exemple en général. L'importance se justifierait par le souci de bien se conduire dans les rapports avec les autres.

Cette fonction permet de comprendre que la moralité dans l'imitation réside principalement, dans le fait de favoriser la culture des dispositions primitives au bien. Cela impliquerait que la qualité d'être humain suppose que, pour favoriser un développement digne et conséquent de conduites sociales dans les relations humaines, il importe que la rationalité et la logique soient de mise. Dans la mesure où elles confirmeraient la lucidité et la pertinence d'une raison, répondant à un besoin humaniste.

En somme, la moralité de l'habitude consiste à comprendre qu'elle ne peut tenir en règle générale. Car la dignité de l'homme prime dans le choix des exemples. Elle suggère que le traitement de l'humanité, exige qu'on domine les sens par une capacité d'élévation à ce qui nous porte au point de vue universel : la Raison. Il en est de même pour toutes les conduites sociales. Dès lors, si tout être humain se définit avec une certaine dignité d'homme, cela n'implique-t-il pas à placer la moralité au fondement de toutes les actions humaines pour le triomphe de l'humanité ?

73 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Op. cit., p. 160.

74 Cette idée de l'être humain comme fin en soi est manifeste dès l'Antiquité grecque, dans la conception de la liberté comme l'opposé de la servitude : « Nous appelons libre celui qui est à lui-même sa fin et n'existe pas pour un autre ». (Aristote Métaphysique 2, 982b 25-26).

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote