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La moralité, fondement de l'humanité dans fondements de la métaphysique des murs d'Emmanuel Kant.

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par KRIMINATCHA KONE
UNIVERSITÉ FÉLIX HOUPHOUET-BOIGNY (ABIDJAN- COCODY)  - Master 2016
  

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CHAPITRE II : DES ACTIONS DE BONNE VOLONTÉ

À LA VOLONTÉ BONNE

La notion de bonne volonté dans sa résonnance chez les hommes est presque la même. Pour le sens commun, est de bonne volonté une personne qui répond promptement à une sollicitation, ou encore qui accomplit volontiers des actions. À ce stade, l'homme ne fait que témoigner de sa bonne volonté, honorant ainsi l'humanité. Mais cette bonne volonté n'apparaît pas toujours conséquente, c'est-à-dire suivie d'effets. C'est pourquoi Emmanuel Kant fait la distinction entre la bonne volonté et la volonté bonne.

En ce sens, les actions de bonne volonté désignent des actions accomplies par devoir. Ces actions n'étant pas constamment fermes ou déterminantes, elles doivent selon Emmanuel Kant articuler le vouloir et le pouvoir (faire) pour se hisser au stade d'actions de volonté bonne par le biais de la constance et de l'effort sans fin. Dans cette perspective, nous verrons d'abord, en quoi consiste l'apport des exemples dans la promotion de la moralité, qui exige aussi de nous l'effort de perspicacité, de lucidité et de rigueur pour le plus grand bien du monde. Puis nous analyserons l'imitation et l'habitude pour en dégager la moralité.

Dans ce même ordre d'idées, nous essayerons de comprendre le rôle déterminant de la volonté sous la gouvernance de la raison dans l'accomplissement des différentes actions. Nous tenterons de faire ressortir la connaissance selon laquelle ce que nous donnons à nos semblables de voir est, en réalité, l'aboutissement d'une « volonté de puissance », en tant que signe du vivant qu'est aussi l'homme, dans la manifestation de son humanité58. Dès lors, en quoi consiste la moralité des exemples ? Qu'en est-il de cette dernière dans l'imitation et l'habitude ?

58 Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, trad. de l'allemand par Géneviève Bianquis, Paris, GF-Flammarion, 1969, p. 73.

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1- Les exemples dans la promotion de la moralité

Il serait tout de même aisé pour chaque être humain sur terre de se réclamer d'une bonne volonté si le principe était qu'il suffisait de professer cette foi. En effet, l'homme étant fréquemment maintenu au seuil de l'ignorance, est sujet à toutes sortes de manipulation et de confusion. Dans ces conditions, sa fragilité est liée à la facilité avec laquelle il cède à certaines croyances. Par là, la dimension affective est sujette au devenir.

La quête et la conservation du pouvoir politique auxquelles se livrent les leaders politiques a pour finalité de témoigner des exemples d'actions de bonne volonté, fragmentaires et dispersés s'inscrivant selon eux dans l'intérêt des peuples. Or, cette approche purement politique des choses requiert, selon Emmanuel Kant une nécessaire méfiance. Ces actions de bonne volonté doivent avoir pour objet le devoir qui contient la bonne volonté. Par conséquent, de tels exemples d'actions ne peuvent prétendre à fonder la moralité par la répétition permanente de ceux-ci. Autant dire que les exemples d'action dans ce domaine sont assortis d'intérêts inavoués :

On ne pourrait non plus rendre un plus mauvais service à la moralité que de vouloir la faire dériver d'exemples. Car tout exemple qui m'en est proposé doit lui-même être jugé auparavant selon les principes de la moralité pour qu'on sache qu'il est bien digne de servir d'exemple originel, c'est-à-dire de modèle ; mais il ne peut nullement fournir en tout premier lieu le concept de moralité59.

Dans ce contexte, cela signifie que les exemples d'actions de bonne volonté à ce niveau, ne fondent pas pour autant la moralité en elle-même. Il faut noter que le fait que certains hommes pensent tirer la moralité de l'expérience s'illusionne en ayant recours à certains exemples d'actions. En effet, le domaine religieux témoigne d'exemples de Saints. Dans l'Église catholique, par exemple, les croyants sont appelés à s'inspirer d'eux pour le raffermissement de leur foi. Mais quelle est la conception kantienne de tels exemples ? Dans ce domaine,

59 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Op. cit., p. 115.

60 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Op. cit., pp. 115-116.

61 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Op. cit., p. 89.

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Emmanuel Kant nous édifie, en mettant en avant la capacité de raisonnement et de distinction de l'homme :

Même le Saint de l'Évangile doit être d'abord comparé à notre idéal de perfection moral avant qu'on le reconnaisse pour tel : aussi dit-il de lui-même : pourquoi m'appelez-vous bon moi (que vous voyez) ? Nul n'est bon (le type de du bien) que Dieu seul que vous ne voyez pas60.

La moralité devant être comprise de la conception kantienne de tels exemples d'hommes bons est rationnelle. Ainsi, Emmanuel Kant soutient que même si telle est l'obligation morale de l'homme, cela n'exclut pas pour autant sa raison qui lui prescrit, par ailleurs des impératifs catégoriques. Par conséquent, les exemples d'hommes bons, quels qu'ils soient ne doivent prétendre aucunement à fonder le principe suprême de la moralité. Seulement, ils doivent être considérés comme la preuve tangible que la vertu est réalisable. Pour cela, l'homme doit s'élever à la volonté bonne, caractérisée par la fin en soi :

Ce qui fait que la bonne volonté est telle, ce ne sont pas ses oeuvres ou ses succès, ce n'est pas son aptitude à atteindre tel ou tel but proposé, c'est seulement le vouloir ; c'est-à-dire que c'est en soi qu'elle est bonne61.

En outre, les actions de bonne volonté sont souverainement estimables, quoi qu'elles ne soient pas le Souverain Bien, c'est-à-dire le bien complet, union de bonheur et de vertu. Dans ce même ordre d'idées, Emmanuel Kant reconnaît une vertu limitée des exemples dans la promotion de la moralité. Il indique en effet que les éducateurs sont tenus d'en faire un bon usage, par des choix d'exemples d'actions réfléchis pour la formation du jugement moral des individus. La moralité de ce fait, doit porter les représentations des êtres raisonnables. C'est ainsi que les exemples doivent être choisis :

Car la représentation du devoir et en général de la loi morale, quand elle est pure et qu'elle n'est mélangé d'aucune addition étrangère de stimulants sensibles, a sur le coeur humain par les voies de la seule raison ( qui s'aperçoit alors qu'elle peut-être pratique par

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elle-même) une influence beaucoup plus puissante que celle de tous les autres mobiles que l'on peut évoquer du champ de l'expérience62.

La pureté de la moralité exige une certaine rigueur dans le choix des exemples pris dans le cadre de la formation du jugement moral de l'individu. Il nous donne de comprendre que les exemples d'actions de bonne volonté de façon générale, ne doivent servir qu'à titre illustratif. Ce qui implique qu'ils doivent constituer les raisons d'agir des hommes. Ils doivent témoigner rationnellement de la possibilité de réalisation de la vertu dans la vie sociale. L'apport des exemples d'actions de bonne volonté est ainsi admis.

Pour donner plus de consistance et de légitimité à la notion d'exemple dans le champ de la bonne conduite, Emmanuel Kant nous établit explicitement une distinction importante à propos de cette dernière :

Le mot allemand Beispiel (exemple) que l'on emploie communément comme l'équivalent du mot (Exempel) n'a cependant pas la même signification. Prendre un exemple de quelque chose (ein exempel nehmen) et introduire un exemple (ein Beispiel enfhüren) pour expliquer une expression sont deux idées tout à fait différentes. L'exemple (Exempel) est un cas particulier d'une règle pratique pour autant que cette règle représente une action comme praticable ou impossible. Au contraire l'exemple (Beispiel n'est que le particulier (concretum) représenté comme compris sous l'universel d'après des concepts et ce n'est que l'exposition théorique d'un concept63.

L'exemple peut être compris suivant deux régimes. Selon le premier régime, il s'agit du recours qui sert la fin de la méthodologie, par lequel on soumet progressivement la faculté de juger de l'homme à des Exemples de la légalité. Quant au second régime, il concerne des exemples de la moralité. De cette manière, nous avons des représentations belles de ce qui est conforme à la loi morale, puis des représentations sublimes de ce qui est fait par pur devoir.

De plus, l'exemple permet l'établissement d'une règle générale à travers un cas particulier de cette règle. Il représente l'action comme praticable ou impraticable. Mais ici, ce qu'il est possible de comprendre d'un point de vue

62 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Op. cit., p. 119.

63 Emmanuel Kant, Doctrine de la vertu, Op. cit., pp. 157-158.

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kantien à propos des exemples ou d'actions de bonne volonté, emprunts de moralité, c'est qu'ils ne représentent pas l'établissement d'une règle mais l'invention d'un modèle pouvant constituer un véritable motif pour l'accomplissement du devoir. C'est probablement d'une telle manière que nous pouvons comprendre pourquoi le choix des exemples ou d'actions de bonne volonté requiert beaucoup de lucidité et d'intelligibilité en vertu de leur fonction pédagogique pour la société. La volonté bonne y est consacrée.

Le recours à des exemples ou des actions de bonne volonté, voudrait que la conscience morale préside à ceux-ci, de sorte qu'ils puissent porter en eux les traces de l'effort. Ainsi à la lumière de la raison, se règlent et se construisent les comportements liés à la vie publique. Dans la mesure où ce que nous accomplissons dans le domaine de l'agir, est susceptible de s'arracher une portée sociale. Dans la tradition grecque antique, les hommes qui s'illustrent mieux de par leur courage, leur ténacité, s'étaient vu adresser des éloges ou des cantiques qui les élevaient comme des modèles pour toute la Cité. Cette reconnaissance, importait pour les Grecs, d'autant plus qu'ils (ces héros) incarnaient des idéaux dignes de la Cité entière.

Les Grecs pouvaient trouver en ces hommes de l'intérêt en raison de : « la moralité [Sittlichkeit] et la certitude morale qui n'ont jamais cessé d'être recommandées (...) de sorte que celui qui les possède ne peut jamais se trouver désemparé, ou seulement inquiet »64. D'un tel point de vue, il est possible de comprendre à quel point l'exemple en lui-même revêt une dimension pédagogique et instructive du point de vue sociétal. Les conduites en société exigent de nous des comportements décents et désirables ; en lesquels résident le développement harmonieux et la conscience morale d'une appartenance partagée à une société digne.

Au demeurant, les exemples dans la promotion de la moralité dans tous les domaines de la vie, selon Emmanuel Kant, ne peuvent être considérés que comme

64 Friedrich Schleiermacher, Conférences sur l'éthique, la politique et l'esthétique, Op.cit., pp. 218-219.

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des preuves devant inciter les hommes à agir inlassablement dans l'intérêt de

l'humanité. En conséquence, la fonction assignée aux exemples est
essentiellement pédagogique et provisoire. Leurs emplois exigent la conscience morale puisqu'il importe que les actions de bonne volonté constituent une volonté bonne. Cette dernière est caractérisée par le courage, la fermeté et l'effort sans fin. En ce sens, les exemples doivent comporter ces

vertus, puisqu'ils servent de preuves tangibles dans la quête du Bien Suprême. À la lumière de ce qui précède, en quoi consiste la moralité dans l'imitation et l'habitude d'un point de vue kantien ?

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