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L'école, un enjeu de société.

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par Vincent LE DANFF
École Supérieure du Professorat et de là¢â‚¬â„¢Éducation - Académie de Versailles - Master Métiers de là¢â‚¬â„¢Enseignement, de là¢â‚¬â„¢Éducation et de la Formation 2015
  

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III. La citoyenneté et le civisme

Rousseau, dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, comparait trois régimes distincts, la monarchie, l'aristocratie, la démocratie, et en tirait les conclusions suivantes : « Le temps vérifia laquelle de ces formes était la plus avantageuse aux hommes. Les uns restèrent uniquement soumis aux lois, les autres obéirent bientôt à des maîtres. Les citoyens voulurent garder leur liberté, les sujets ne songèrent qu'à l'ôter à leurs voisins, ne pouvant souffrir que d'autres jouissent d'un bien dont ils ne jouissaient plus eux-mêmes. En un mot, d'un côté furent les richesses et les conquêtes, et de l'autre le bonheur et la vertu. » Il met en avant la démocratie, dans laquelle la souveraineté appartient au peuple. Elle permet à chacun d'avoir un pouvoir sur la société dans laquelle il vit. Être citoyen dans une démocratie engendre des droits mais aussi des devoirs : tout individu doit se sentir concerné par la société qui l'entoure et ainsi avoir envie d'exercer son esprit critique, de réfléchir pour devenir lucide.

Dans une démocratie, la chose publique est donc primordiale. S'en tenir informé et se former des convictions claires doit être perçu comme nécessaire pour soi mais aussi pour la communauté. Léopold Senghor, président de la République du Sénégal pendant près de vingt années, déclara, dans son discours du 29 janvier 1957 : « Comme si l'on pouvait faire le bonheur des peuples sans leur participation active. » Toute nation est composée d'un ensemble de citoyens qui doivent décider eux-mêmes de leur vie pour préserver leurs intérêts. Une démocratie n'existe qu'à travers ses citoyens. Ceux-ci doivent pour cela donner leur avis, prendre la parole publiquement et notamment dans les médias, manifester, respecter la liberté de penser et d'expression. Chaque individu a en main son destin mais aussi le destin collectif de sa nation. Nous devons tous avoir un comportement responsable et agir dès que possible, en refusant l'apathie. Comme le précise Edgar Morin, « A force de reporter l'essentiel au nom de l'urgence, on finit par oublier l'urgence de l'essentiel ».

La base de la démocratie est l'échange. Nelson Mandela, lors de son discours d'investiture à la présidence de la République démocratique d'Afrique du Sud, le 10 mai 1995 utilisait ces propos : « Nous savons bien qu'aucun d'entre nous en agissant seul ne peut réussir. » La

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nécessité est l'échange constructif. Rien ne sert de s'enfermer dans des consensus. Il faut aller au-devant des conflits et les résoudre au moyen du dialogue. Martin Luther King disait, dans son très célèbre discours du 28 août 1963 : « Ne cherchons pas à satisfaire notre soif de la liberté en buvant à la coupe de l'amertume et de la haine. Nous devons toujours mener notre combat sur les hauts plateaux de la dignité et de la discipline. » Les désaccords et les confrontations ne sont pas des obstacles à la démocratie : ils en sont ses fondements. C'est à partir de ce constat que nous pourrons avancer. Martin Luther King ajoutait même : « Nous pouvons transformer les discordes de notre nation en une merveilleuse symphonie de fraternité. » Il n'y a pas de conflits éternellement insolubles, simplement un manque de volonté. L'antagonisme est inévitable donc, mais ce combat ne doit jamais être mené sur le terrain de la force contre la force, mais sur celui de l'intelligence contre l'intelligence, tels sont les propos d'Albert Jacquard. A cela, nous pouvons ajouter les paroles, durant son procès, de Mohandas Karamchand Gandhi, lors de sa déclaration du 23 mars 1922, en faveur de l'indépendance de l'Inde mais dont les propos sont universels : « Le mal ne se maintient que par la violence, le refus de ce mal exige de s'abstenir de toute violence ».

Proclamer la démocratie n'est donc pas suffisant, il faut la faire vivre, lui donner un contenu effectif. Un fossé s'est d'ailleurs creusé ces dernières années entre le peuple et ses représentants élus, entre le peuple formant la masse des citoyens et ses élites devenues hommes politiques de métier. Cette dérive est dangereuse. Elle engendre un fait certain : certaines parties du peuple ne se sentent ni écoutées, ni représentées, amenant ainsi des sentiments d'exclusion, de différence. Nous devons éviter le désengagement vis-à-vis des grandes causes politiques, sous peine d'engendrer le repli sur soi des citoyens, la défense de leurs propres et uniques intérêts et l'avènement de régimes totalitaires. Emmanuel Kant parlait de « renforcer le souci qu'à chacun de l'intérêt commun ». Ceci est impératif dans tout régime et l'est encore plus dans une démocratie. Il faut savoir participer au choix des contraintes collectives qui génèrent les libertés individuelles. Michel de Montaigne, lui, disait que « Chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition. » Nous sommes à la fois responsables devant notre conscience mais aussi devant les autres. Le pasteur Martin Niemöller justifie cette nécessité à travers un apologue écrit à la suite des génocides juifs et tsiganes :

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Quand ils sont venus chercher les communistes, Je n'ai rien dit,

Je n'étais pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n'ai rien dit,

Je n'étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus chercher les juifs,

Je n'ai pas protesté,
Je n'étais pas juif.

Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n'ai pas protesté,

Je n'étais pas catholique.

Puis ils sont venus me chercher,

Et il ne restait personne pour protester.

Faber, le vieillard auprès de qui Montag vient chercher de l'aide, dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, tient le même discours : « C'est un lâche que vous avez en face de vous. J'ai vu où on allait, il y a longtemps de ça. Je n'ai rien dit. Je suis un de ces innocents qui auraient pu élever la voix quand personne ne voulait écouter les coupables, mais je n'ai pas parlé et suis par conséquent devenu moi-même coupable. Et lorsque en fin de compte les autodafés de livres ont été institutionnalisés et les pompiers reconvertis, j'ai grogné deux ou trois fois et je me suis tu, car il n'y avait alors plus personne pour grogner ou brailler avec moi. Maintenant, il est trop tard. »

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Il existe une citoyenneté à la française, qu'il est nécessaire de préserver et développer. Des hommes et des femmes se sont battus pour défendre la liberté et l'égalité. La révolution française de 1789 a vu l'abolition des privilèges. Il faut faire preuve de fidélité à notre mémoire et à notre héritage. La démocratie doit être défendue et préservée ! Jacques Chirac, président sous la cinquième République française, s'exprimait ainsi : « Notre pays, la France, chacun doit en être fier. Chacun doit se sentir dépositaire de son héritage. Chacun doit se sentir responsable de son avenir ». Les psychologues John Darley et Bibb Latané, dans une expérience, ont mis en exergue l'effet du spectateur : plus il y a de personnes dans une situation donnée, moins nous sommes susceptibles d'intervenir si quelqu'un a besoin d'aide. Le nombre diminue donc le sentiment individuel de responsabilité lors d'une situation donnée. Et pourtant, dans une démocratie, chaque citoyen est important, chaque vote compte : il ne faut pas délaisser ses droits au profit des autres.

Un peuple est toujours à la merci du totalitarisme, qui a cette faculté de fasciner, d'aveugler, puis d'anesthésier les individus. D'ailleurs, Patrice Lumumba, homme politique en faveur de l'indépendance du Congo Belge, et Aung San Suu Kyi, femme politique en faveur de l'instauration d'un régime démocratique en Birmanie, déclaraient respectivement : « Plus nous seront unis, mieux nous résisterons à l'oppression, à la corruption et aux manoeuvres de division auxquelles se livrent les spécialistes de la politique du diviser pour mieux régner » (discours du 22 mars 1959) et « Les étudiants protestaient f...] contre un régiment totalitaire qui leur déniait le droit de vivre en privant le présent de toute signification et en ne laissant aucun espoir pour l'avenir » (discours du 9 juillet 1990). Dans deux de ses livres, George Orwell décrit très bien cette dystopie, où le monde n'est fait que de coercition : le parti unique, les boucs émissaires, la surveillance, la propagande, le culte de la personnalité, la destruction de la langue, la torture, les procès infondés, la réécriture du passé, la suspicion ambiante, etc. Il s'agit de La ferme des animaux et de 1984. Les deux ouvrages sont complémentaires. Dans le premier, il montre l'instauration et le développement d'un régime totalitaire tandis que dans le second, il montre son fonctionnement au quotidien une fois celui-ci bien ancré dans la société. Le professeur d'histoire Ron Jones, lui, effectua, en 1967, une étude expérimentale connue sous le nom de « La troisième vague » auprès de lycéens qu'il avait en cours. L'objectif était, à travers une situation concrète, de prouver qu'il était difficile de résister sous le troisième Reich. Difficile mais pas impossible.

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Aimé Césaire, dans son ouvrage intitulé Discours sur le colonialisme fait l'apologie de la solidarité : « Notre engagement n'a de sens que s'il s'agit d'un ré-enracinement certes, mais aussi d'un épanouissement, d'un dépassement et de la conquête d'une nouvelle et plus large fraternité. » La fraternité, qui passe par le respect des libertés et de l'égalité de chacun, est donc la clé de notre avenir. « Venez, avançons ensemble, forts de notre unité » conclut Winston Churchill, alors premier Ministre de la Grande Bretagne, dans son discours du 13 mai 1940.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe