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à‰tat des lieux de l'oeuvre des ONG internationales dans la région centre du Cameroun de 1960 à  2010.

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par Judith Tsafack
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master 2013
  

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PREMIERE PARTIE : LES FONDEMENTS SOCIOLOGIQUES,
JURIDIQUES ET POLITIQUES DE L'ACTION DES
ORGANISATIONS INTERNATIONALES NON
GOUVERNEMENTALES DANS LA REGION CENTRE DU
CAMEROUN

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La solidarité humaine est aussi vielle que le monde. Elle a toujours existé aussi bien sous des formes peu organisées que structurées. La première a été à la base de l'assistance apportée aux membres d'une communauté, d'un corps professionnel, lorsque ceux-ci étaient frappés de malheur (guerres, catastrophes, famines ...). Elle évolua pour dépasser ce cadre restreint et prend une dimension nationale, voire transnationale.

La fin des années 1950 marque l'indépendance de nombreux pays du Sud, dont le Cameroun, qui entrent dans la scène internationale. Ces jeunes Etats, certes indépendants, ont des multiples besoins socio-économiques à satisfaire et interpellent à cet effet les pays du Nord par rapport à leur faible niveau de développement. Les Nations Unies réagissent en créant des programmes et organisations visant à combler ce déficit. Les pays du Nord réagissent en mettant en place des agences de coopération au bilatérale en vue d'apporter leur assistance au développement de ces Etats. Parallèlement, la société civile du Nord manifeste un élan de solidarité à l'égard des populations vulnérables du Sud et les organisations non gouvernementales d'origine occidentale s'installent progressivement en Afrique en vue de venir en aide aux populations défavorisées. Les premières s'installent au Cameroun dans les années 1960 et y mènent jusqu'à nos jours de nombreuses actions d'intérêt général.

Aujourd'hui, les ONG internationales représentent des acteurs de grande importance du processus de développement au Cameroun. Alors, l'on est en droit de questionner le soubassement de cette oeuvre humanitaire.

Dans cette première partie de notre travail, nous examinerons les fondements sociologiques (Chapitre 1) ainsi que les fondements juridiques et politiques (Chapitre 2) qui constituent la base de l'intervention des ONG internationales au Cameroun.

CHAPITRE I : LES FONDEMENTS SOCIOLOGIQUES DE L'OEUVRE
DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES NON
GOUVERNEMENTALES DANS LA REGION DU CENTRE DU
CAMEROUN

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INTRODUCTION

L'histoire de la solidarité internationale a montré une évolution singulière de la conception et même des pratiques liées à cette activité. Ceci a permis de voir émerger une multitude de sources allant des considérations historiques à celles plus contemporaines qui mettent en exergue entre autres la religion, la philanthropie, la philosophie, la sociologie, le droit international et l'exigence de coopération internationale. Une étude pertinente de cette solidarité internationale suppose une organisation logique et cohérente de ces divers fondements. D'un point de vue sociologique, l'oeuvre des ONG internationales au Cameroun et notamment dans la région du Centre, serait fondée d'une part sur une nouvelle conception qu'ont les occidentaux de la solidarité humaine (I) et d'autre part sur l'émergence de la notion de « communauté internationale » (II).

Section I) L'évolution de la solidarité humaine

Basée à l'origine sur des convictions religieuses et donc perçue comme l'obéissance à une prescription divine, la solidarité humaine fait l'objet d'une autre conception à partir d'une certaine époque. Alors que l'industrialisation et l'urbanisation s'accéléraient en Occident, convaincue de la supériorité de sa civilisation, l'Europe du XIXe siècle chercha à exporter les bienfaits de l'éducation, du progrès technologique et de la science, mettant en place de grands programmes de développement dans les pays du Sud. C'est ainsi que l'opinion publique occidentale construite par le « fardeau de l'homme blanc » du poète et écrivain britannique

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Rudyard KIPLING22 aurait contribué de manière significative à l'émergence des OING et à leur déploiement au-delà des frontières de leurs pays d'origine. L'action humanitaire des métropoles occidentales, si elle aboutît à une soumission politique et culturelle, se prévalut d'un réel progrès sanitaire par un travail médical important. L'oeuvre des ONG internationales au Cameroun trouverait ainsi son soubassement sur l'approche traditionnelle de la solidarité (A) et l'opinion publique occidentale (B).

Paragraphe A) L'approche traditionnelle de la solidarité

Historiquement, face aux malheurs que sont famines, épidémies, guerres et catastrophes, l'aide s'exerça avant tout dans le cadre de la famille élargie ou patriarcale. Cette assistance, primordiale dès l'organisation des premières sociétés, a progressivement échappé au regard scientifique des historiens dont la curiosité s'était de plus en plus focalisée sur d'autres formes d'assistance plus visibles, car plus organisées et institutionnalisées. En effet, dès l'antiquité, la première assistance « étatique » est instaurée par l'Empire romain. Au Moyen âge, dans les villes, émergea une sociabilité professionnelle basée sur le principe d'entraide entre les membres d'un même corps de métiers. Progressivement, cette sociabilité s'est étendue au delà du cadre professionnel pour s'intéresser aux membres de familles des collègues, puis aux pauvres de la cité. Bien qu'exceptionnel, ce lien entre assistance mutuelle et statut professionnel fut le support essentiel de l'actuel système de solidarité sociale.

Toutefois, c'est avant tout l'Eglise qui développa et expérimenta les premiers dispositifs d'assistance. Et, au Moyen âge, si l'Eglise prit en charge la souffrance humaine, c'est non seulement parce qu'elle resta jusque là la seule organisation unitaire après la chute de Rome, mais aussi parce que la charité est l'une des vertus essentielles prônées par la religion chrétienne.

Par ailleurs, à cause de sa complexité, l'histoire de l'humanité n'est pas rectiligne. Plusieurs facteurs ont contribué - au cours de diverses périodes - à une modification de la structure internationale. Comme nous l'avons dit plus haut, les philosophes des Lumières, qui fondent leur réflexion sur la raison plus que sur la religion, dotent l'homme du devoir de lutter contre les inégalités sociales et de défendre la solidarité et le progrès. Il ne s'agit plus seulement de soulager les souffrances des démunis, mais de contester l'ordre établi, de refuser les injustices

22 KIPLING Rudyard, The white man's burden: the United States and the Philippine Islands, in McClure's Magazine, vol. 12, no 4, 1899, p. 290.

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du monde. L'obligation d'assister les pauvres n'a plus de fondement exclusivement religieux, mais puise également son origine dans l'humanisme et la philanthropie. Au XVIIIe siècle, la pauvreté n'est désormais plus perçue comme un vice individuel, mais comme une faille du « contrat social » rousseauiste.23 Fort de cette nouvelle orientation, durant le XIXe siècle, des mouvements mutualistes instituèrent la solidarité et la prévoyance avec pour principes, de distribuer une aide aux plus démunis et d'apprendre à la population à prévoir les aléas de la vie.

Le président Harry Truman, s'adressant au Congrès américain le 20 janvier 1949 reconnaît que l'hémisphère Nord de la planète est le siège du progrès technologique, tandis que l'hémisphère Sud est sous-développé, incapable d'améliorer la production conformément à l'idée d'une croissance illimitée et irrépressible. Par ailleurs, il affirma qu'il était temps d'entamer un ambitieux programme mondial en vue de l'exploitation des avantages du progrès technologique occidental, afin d'éliminer les souffrances de nombreux peuples qualifiés de sous-développés. Ce fut également le début de l'ère de la coopération internationale au développement.24 C'est ce besoin de transposer les fruits de leur développement technologique aux pays pauvres qui fit naître chez les occidentaux le sentiment du devoir de contribuer à l'émergence des pays du Sud.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius