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Analyse des mariages coutumiers. Du droit comorien au droit malgache.

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par Oumar IBRAZA
Université de Toamasina - Maà®trise en droit privé 2013
  

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B- Le mariage en «  PETIT MAISON » (Mndaho) et l'Aanda

a- Le mariage en «  PETIT MAISON » (Mndaho)

Selon les recherches que nous avons effectuées sur terrain, le mariage « en petite maison » ou « mnadaho » est le premier type de mariage d'autrefois, car il n'existait que le grand mariage et le mariage en petite maison. Le mariage à la darweshi est en effet apparu avec l'arrivée massive des étudiants Comoriens qui ont fait leurs études dans le monde arabe.

De ce fait, l'emploi de l'expression mariage en « petite maison » prête souvent à confusion, car elle suppose l'existence d'un « petit mariage ». Cependant, force est de constater que ce n'est pas du tout le mariage qui est visé ici, mais plutôt la maison. A ce propos,BLANCHY dit si bien que : « L'expression ndolanku (grand mariage) ne doit pas laisser supposer l'existence d'un petit mariage (la formule ndolantiti n'existe pas). En l'absence de la célébration coutumière, c'est la maison où l'homme est venu se marier qui est petite et non le mariage » (14(*)).

Par ailleurs, il faut tout de même souligner qu'il y a une relation très significative entre l'appellation « mariage en petite maison », le mariage en tant que tel dans sa réalisation concrète ainsi que la maison. En d'autres termes, la maison n'est pas tellement considérée puisque le mariage est célébré religieusement avec très peu de festivités.

En fait, « l'islam recommande aux jeunes ayant atteint l'âge de la majorité de se marier, car il interdit le concubinage et les autres relations sexuelles hors-mariage » (15(*)). C'est la raison pour laquelle une fois arrivée à ce stade, les jeunes veulent se marier sans se soucier des exigences coutumières.

De nos jours, « (...)  le fiancé peut commencer à voir sa future femme pendant la période des fiançailles, le père de la jeune fille fixe le montant de la compensation matrimoniale (la dot) dont le paiement pourra être échelonné » (16(*)) disait BALANDIER. La célébration des fiançailles est célébré par la présence d'un cadi (17(*)) et des témoins qui ces derniers sont indispensables.

Dans cette optique, bien que l'individu se voit déjà marier, il doit nécessairement se remarier en fonction des exigences coutumières : d'où l'importance du grand mariage ou « AANDA ».

b-L'AANDA

Tel que son nom l'indique tout haut, « le Grand mariage », est célébré avec grand faste. C'est un terme complexe, très difficile à définir. Il s'agit d'un rituel coutumier nécessaire et indispensable à tout comorien, surtout aux aînés des familles. En d'autres termes, le grand mariage semble concerner surtout la fille aînée, ou le fils aîné d'une famille comorienne en particulier.

A ce propos, ABDOURAHIM pense que même « (...) les wanazidakani, un titre que les filles considèrent comme un honneur, sont destinées inéluctablement et obligatoirement au mariage coutumier. Véritable  bourgeoisie, la mwanazidakani ne doit théoriquement pas faire trop le ménage de crainte d'abîmer ses mains et sa grâce » (18(*)).

C'est une coutume importante dans l'archipel des Comores, notamment dans l'île de la Grande Comores. Il ne revêt cependant pas la même importance dans les trois autres îles des Comores à causes de ses dépenses économiques (Mayotte, Anjouan et Mohéli).

Aux Comores (au Foumbouni plus particulièrement), il est une tradition ancienne qui permet au Grand Comorien d'accéder à un rang honorifique dans la société bien que cela lui coûte des années d'économie. La tradition veut que tout homme dans l'âge adulte et qui dispose de la possibilité financière, épouse une femme de préférence du même village que lui.

Après avoir fait son grand mariage, il se voit appeler Grand Notable ou « Mdrumudzima » (19(*)), ce qui est un chéo (20(*)) pour un comorien (21(*)).

Pire encore, même le statut d'intellectuel n'a pas d'influence sur la société comorienne. Seules les réalisations coutumières comptent aux Comores. C'est d'ailleurs cette attitude qui nourrit les multiples interrogations de MOHAMED dans son roman intitulé le KAFIR DU KARTHALA, « Qu'avait-il encore à prouver aux yeux de la société ? N'était-il pas parmi les premiers vrais médecins comoriens issus des meilleures universités occidentales ? N'était-il pas l'un des hommes les plus écoutés du pays ? N'avait-il pas une grande maison et une voiture ? » (22(*)).

Face à cette problématique, c'est ABDALLAH dans son mémoire de Maîtrise qui apporte des éléments de réponses qui nous paraissent intéressants. Selon lui : « Hélas les diplômes, l'intégrité professionnelle et les biens ne suffisent pas à propulser l'individu au sommet de l'échelle sociale(...). Certaines sociétés peuvent avoir pour valeur la liberté, l'argent, le respect, etc. Aux Comores, ce ne sont pas les connaissances scolaires ou l'argent qui procurent à l'individu cet honneur mais l'accomplissement d'oeuvres traditionnelles et religieuses. La société accorde ainsi beaucoup d'importance aux hommes religieux et aux personnes ayant accompli leur devoirs traditionnels » (23(*)).

Tout comorien qui veut avoir sa place dans la société (24(*)) se voit dans l'obligation de faire le grand mariage, ainsi il peut prendre place parmi les notables et là, il est capable de Diriger, Juger, Décider et Être Servi comme un roi (25(*)).

Dans le même sens, CHOUZOUR est beaucoup plus explicite en affirmant que : « le but du grand mariage au fond, n'est pas d'unir deux êtres qui s'aiment, qui ont tracé un plan de vie, une expérience commune, mais de donner à des familles, des lignages, l'occasion du déroulement de vie coutumière qui enferme tous les individus dans une spirale sans fin de prestation et de contre-prestations engageant l'honneur de chacun » (26(*)).

Nous avons vu précédemment comment se fait le mariage à la DARWESH. Nous venons de voir le mariage à petit maison et l'Aanda. Dorénavant nous allons voir les fiançailles qui sont le Mwafaka et ses effets.

* (14) BlanchySOPHIE, les Comores : une immigration méconnue, 2005,Paris, P. 184 ;

* (15) On peut se référer à la sourate AL-A'-RAF, verset 206 du Coran ;

* (16) Balandier (G.), sociologie actuelle de l'Afrique noire, p.124 ;

* (17) Le cadi est le juge musulman. A cet effet, il doit être une personne à qui il a fait le Aanda ainsi que ses enfants (parfois même ses petits-fils) ;

* (18) Abdouroihim SAID, 1983, Mariage à Ngazidja, fondement d'un pouvoir, doctorat 3è cycle, Université de Bordeaux II P. 197.

* (19) Le mot mdzima, signifiant «un» en langage courant, désigne, dans l'expression mdrumdzima, «homme complet», la maturité de l'âge adulte après la jeunesse de Yunamdji, des «enfants de la ville». Il vient de la racine swahili (d'origine bantou) -zim-, qui signifie «entier, bien, adulte» et qui a donné, en Afrique de l'Est, le mot wazimu désignant les esprits des ancêtres ;

* (20) Ahmed Chamanga MOHAMED et Gueunier NOËL JACQUES, Le dictionnaire comorien-français et français-comorien. Sableux, 1979, Paris, Chéo signifie honneur P.101.

* (21) DAMIR, Ya Mkobe, Moroni, CNDRS, 1982, chez les comoriens on ne nait pas homme, on le devient progressivement en parcourant les étapes du Aanda .Réaliser le Undru, c'est gagner la confiance et le respect des hommes, acquérir la liberté de parler d'agir dans les limites des intérêts de la communauté  P. 87;

* (22) MohamedTOIHIRI, Le Kafir du Karthala, page 80 ;

* (23) AbdallahABDOU, Mémoire de maîtrise : L'intellectuel face à la société et à la politique dans le kafir du Karthala, page 14 ;

* (24) L'individu se trouve marginalisé dans la cité si il n'arrive plus à réaliser le Aanda. Par-là, on peut parler de l'exclusion sociale.RAZANAMARO Mamialisoa, cour de la sociologie juridique, 2ème année droit, Université de Toamasina, 2009-2010

* (25) Mosquée du Vendredi, pouvoir et différenciation à Ngazidja(Comores),Article publiée en 2004, journal Africaniste,  P.18.

* (26) ChouzourSULTAN,Le pouvoir de l'Honneur,organisation sociale à Ngazidja (la Grande-Comore), Paris, Le Harmattan, 1994, P.18.

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