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Les obstacles à  l'autopromotion communautaire des populations à  la base du canton d'Anfoin au Togo.

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par Kossi Mawulé ATCHOTIN
Université de Lomé - Master recherche 2014
  

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2.2.1.2.Conflits culturels comme obstacles à l'autopromotion des communautés à la base

Amouzou E. (2009) atteste que le phénomène de repli culturel ou identitaire se passe aussi et souvent à l'intérieur des frontières nationales entre différentes communautés vivant sur le même espace géographique où des populations, parce que originaires d'ethnies différentes et nourrissant de préjugés les unes envers les autres ou encore s'attachant à des conflits séculaires de classes sociales ou de castes, sont parfois incapables de se regrouper autour d'activités de développement communautaire ; ceci constitue dans une certaine mesure, en n'en point douter, l'un des facteurs majeurs d'échec des processus de développement en Afrique.

Katagna E. (2006) a aussi démontré ce phénomène dans son mémoire de maîtrise de sociologie portant sur les contraintes et possibilités de la participation des populations à la mise en oeuvre de projets sociaux.

En effet, étudiant le cas du projet d'Infrastructures Socio-Collectives (ISC) du 4ème PPMR (Plan Pluriannuel de Micro-Réalisation) dans le canton de Kouméa au Nord du Togo, projet dont la mise en oeuvre met un accent particulier sur la participation communautaire, Katagna soutient que l'entente participe dans une large mesure à l'implication communautaire. Ainsi, seuls les villages où la solidarité communautaire et l'entente sont fortes choisissent véritablement les microréalisations qui leur conviennent et enregistrent une forte participation populaire, ce qui n'est pas le cas dans les villages où règnent la mésentente et où il a été constaté par conséquent une faible participation des communautés aux travaux de construction des Infrastructures Socio-Collectives.

L'auteur de cette étude fort intéressante témoigne à ce propos : « ...Cependant, dans d'autres cas, la participation des villageois qui ne se sentent pas concernés est très difficile à obtenir comme par exemple la réfection des bâtiments scolaires à l'EPP Centrale Sondè. C'est une école pour tout le canton de Kouméa, mais seuls les habitants du village de Sondè où elle est construite se sentant concernés ont participé. (...)

Dans le canton, il existe des conflits latents entre les différents villages comme par exemples Sondè-Karè ou Sondè- Sèdina qui sont de vieux conflits, mais que les générations actuelles ravivent. Ceux-ci sont source de mésentente entre les populations et ne favorisent pas une bonne participation des bénéficiaires. » (Katagna, E., 2006 : 84)

Nous pouvons aussi retenir l'existence de deux courants qui dans une démarche dialectique, tentent d'expliquer les obstacles au développement par l'autopromotiondu monde rural. Parmi les obstacles, Joachim Koné de Sya relève ceux liés à lanature et aux capacités du projet. A la différence de certains villages où il existe uneentente entre villageois, on se rend compte aujourd'hui que quelques villages choisissent de se heurter à des problèmes de mésentente entre quartiers, entre familles ouentre individus. « Ce manque de cohésion, cette division de la société en castes empêchent les ruraux de prendre des initiatives susceptibles d'améliorer leur sort et les rend réfractaires à toute innovation » (Tilakaratna, S., 1983 : 4) Selon l'auteur, la société villageoise, loin d'être une entité homogène est déchirée par des tensions internes. D'une part, on trouve une minorité privilégiée qui a intérêt à ce que la situation n'évolue pas, ou que le changement n'intervienne pas et d'autre part, la masse des petits exploitants, travailleurs sans terres, petits fermiers, etc. qui vit dans la pauvreté.

Les groupes entre eux manque de cohésion, ne s'entendent pas et se disputent le peu de débouchés économiques que leur offre le village. C'est dans ce sens que Tilakaratna disait qu'il est difficile qu'un processus d'autopromotion s'amorce spontanément en milieu rural et c'est pourquoi une intervention extérieure est souvent nécessaire pour encourager les pauvres à entreprendre des actions dont ils assumeront la responsabilité.

Ce manque de cohésion dans les sociétés villageoises et partant dans les associations paysannes estl'élément central du premier courant critique qui, entre autre, a abordé les obstacles à l'autopromotion rurale. Cette démarche s'inscrit dans une logique de disqualification du postulat de base sur lequel est construite la thèse anthropologique. D'après cette dernière, la société paysanne, les groupements ruraux étaient caractérisés par une forte cohésion sociale. Cette dernière était telle que face à tout processus d'autopromotion il y a la résistance des paysans. Allant dans le même sens, BlundoG. affirment :

« Ce qui fait défaut aux associations paysannes, c'est apparemment, cet esprit de corps tant exalté par les anthropologues. Les groupements étudiés montrent leur faiblesse moins parce qu'ils sont le théâtre de conflits, que parce qu'ils ont une faible capacité de les résoudre sans recourir à des médiateurs extérieurs (ONG) » (Blundo G.,1994: 103).

Ndiaye S. de son coté pensent que :

«La concentration du pouvoir entre les mains de quelques leaders formant une oligarchie explique d'une part les contraintes et d'autre part, il y a la forte prégnance des leaders sur le fonctionnement et le processus de prise de décision au sein de l'union en se substituant aux organes légaux » (Ndiaye S., 1996 :17).

L'entente et la cohésion renforcent la société traditionnelle et de surcroit, renforcent le lien social qui se construit à partir de groupes dans lesquels, les individus évoluent et effectuent leur apprentissage (socialisation). La cohésion sociale est menacée si la communauté est divisée, désunie, ou s'il y a une remise en cause de la légitimité de certaines institutions traditionnelles entrainant une baisse de la conscience collective. La mésentente et l'absence de la cohésion empêchent les communautés à la base de garantir leur développement local.

De ce qui précède, il convient de dire que les conflits séculaires de tous les ordres qui font partie de l'héritage culturel des communautés humaines et transmis à ce titre de génération en génération, peuvent dans une certaine mesure constituer des obstacles à l'autopromotion communautaire.

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