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Les obstacles à  l'autopromotion communautaire des populations à  la base du canton d'Anfoin au Togo.

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par Kossi Mawulé ATCHOTIN
Université de Lomé - Master recherche 2014
  

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2.2.1.3. Chefferie traditionnelle dans la direction d'une institution étatique

L'un des obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à la base est la non reconnaissance et l'absence de l'autorité d'un chef traditionnel. En effet, à part son rôle de « gardien des us et coutumes » et de dépositaire de la cosmologie locale, les attributions du chef traditionnel prévues par la législation en vigueur au Togo montrent une très grande diversité qu'on peut répartir en deux catégories : celle que le législateur lui délègue ou dont il attend de lui qu'il les remplisse, et celles qui reviennent au juge traditionnel (Rouveroy V., Van Nieuwaal V., 2000 : 207).

Cette première attribution du chef traditionnel selon Adriaan et al correspond aux tâches en matière de police générale et rurale, en matière économique et financière, de perception des impôts, ainsi que dans les domaines de l'hygiène et de la voirie, de l'état civil au niveau du chef canton, du suivi des mouvements des étrangers de passage qui séjournent ou se fixent sur leur territoire. Il comprend aussi les attributions du chef traditionnel en matière de règlement des litiges. Son devoir aussi concerne le maintien de l'ordre public dans la localité dont il est le chef.

Aujourd'hui il faut reconnaître que la tâche d'un chef traditionnel n'est plus une tâche facile car elle est difficile et complexe dans une société en perpétuelle mutation qui abandonne les normes et les attitudes anciennes et où la génération actuelle de jeunes n'accepte plus l'autorité des ainés et des chefs traditionnels.

Au Togo la chefferie a ceci de particulier qu'elle doit d'abord tenir le rôle d'un outil au service du pouvoir central. Extérieure à l'appareil d'Etat, mais pourtant, d'une certaine manière, assimilable à l'un de ses prolongements, elle est son alliée obligée et sa concurrente directe. Bien qu'elle s'y sache soumise, elle n'ignore pas que, sans son appui, celui-ci n'aurait pas le moindre impact sur la population. Quasi organique, cette dépendance mutuelle est comparée à « un jeu à somme nulle », « sans gagnant ni perdant » (Id : 81-114).

La désignation d'un chef traditionnel obéissant aux us et coutume doit respecter la tradition d'une localité et devrait se faire par voie de succession héréditaire ou par voie de consultation populaire. C'est ce qui confirme la loi N° 2007-002 du 08 janvier 2007 relative à la chefferie traditionnelle et aux statuts des chefs traditionnels au Togo, en ses articles 10, 11 et 12 dont nous citons :

« Art.10 - La désignation et l'intronisation du chef traditionnel obéissent aux us et coutumes de la localité.

La désignation se fait :

- par voie de succession héréditaire ou ;

- par voie de consultation populaire.

Art. 11 - la désignation du chef traditionnel par voie de succession héréditaire est dévolue au conseil coutumier. En cas de désaccord entre les membres du conseil sur le choix du postulant, le conseil coutumier recourt entre les candidats réunissant les conditions exigées par la coutume et la présente loi à une séance de tirage au sort en présence d'un représentant de l'administration territoriale.

Art. 12 - la désignation par voie de consultation populaire se fait par alignement des populations ayant atteint la majorité derrière le candidat de leur choix.

Le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de voix est choisi. En cas d'égalité de voix, le candidat le plus âgé est choisi. » (Journal officiel, 2007 : 4).

Bien que la loi relative à la chefferie traditionnelle et aux statuts des chefs traditionnels au Togo, du 08 janvier 2007 le stipule dans ses articles 10, 11 et 12, aujourd'hui, ce que l'on appelle chefferie traditionnelle est une survivance des formes multiples d'organisations sociopolitiques qu'a connues l'Afrique avant la colonisation.Ce legs de la colonisation a été bien entretenu par le Togo. Au lieu que les populations désignent elles - même leurs chefs, c'est plutôt l'Etat qui leurs impose un chef qui ne retient pas l'assentiment populaire. La voie est donc ouverte pour que le chef traditionnel soit manipulé par le pouvoir en place qui peut prononcer sa destitution ou son maintien, selon son bon vouloir.Devant cet état de chose, les relations entre la chefferie et la population souffrent d'une méfiance réciproque. C'est ce qui explique la désaffection dont les dirigeants locaux font l'objet. Cette situation est source de conflit repérable au nord comme au sud du Togo. L'autorité coutumière subit un très grave préjudice en termes de respectabilité, ce qui conduit au désordre.

L'autre aspect du problème lié à la chefferie au sud Togo, concerne les conflits de succession au trône. Les communautés sont divisées et se disputent le trône. Une telle situation crée des divisions et des tensions dans les communautés et donc constitue un obstacle à l'autopromotion des villages.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand