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Les enjeux de la sur liquidité bancaire au Cameroun.

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par Pierre Claude MBAMA
Université de Yaoudé II-Soa - Master comptabilité et finance 2012
  

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2.2. Les limites relevées dans la littérature sur la relation entre surliquidité bancaire

et l'exclusion bancaire des particuliers par les banques.

Les pratiques bancaires et financières décrivent l'ensemble de la relation bancaire qu'une personne entretient avec sa banque dans le cadre de la consommation des services qui lui sont proposés. Une entrave à ces pratiques traduit une limitation dans l'accès aux dits services. Le terme « accès » revêt une notion de droit qui peut être répartie en droits formels et droits réels (Gloukoviezoff, 2001). Les droits formels décrivent l'autorisation et la liberté que l'on a d'accéder aux services. Les droits réels décrivent plutôt la capacité de comprendre et d'utiliser ces services et le vrai problème de l'exclusion bancaire se situe au niveau des droits réels. Il ne suffit pas d'être autorisé, il faut pouvoir exercer son droit. Les personnes confrontées à des difficultés d'ordre cognitif (connaissance) ou émotionnel (vécu) s'auto-excluent (Beck et De la Torre, 2006). L'auto-exclusion constitue d'ailleurs selon Kempson (2001) et Kempson & Whyley (1999) cités par Gloukoviezoff (2004a) la principale source de non-accès aux services bancaires. Nous verrons dans la suite comment un particulier peut s'auto exclure du système bancaire, sans que cela ne soit la cause de la surliquidité des banques, il nous restera aussi à voir la différence entre exclusion bancaire et faible bancarisation.

2.2.1. L'auto exclusion ou exclusion volontaire des particuliers.

L'auto-exclusion y correspond à un processus par lequel une personne réduit progressivement les services dont elle dispose à mesure que sa situation professionnelle ou familiale se dégrade. Ce processus peut aller jusqu'à une absence totale de services bancaires, y compris de compte, ce qui n'est pas le cas en France (Gloukoviezoff G, 2004a). En effet, la possession d'un compte bancaire y étant quasiment indispensable, l'auto-exclusion ne sera que partielle, se limitant à un renoncement aux moyens de paiement scripturaux et aux services de découvert ou de crédit pour le cas de la France.

MASTER II RECHERCHE EN COMPTABILITE ET FINANCE 2012-2013 Page 73

LES ENJEUX DE LA SURLIQUIDITE BANCAIRE AU CAMEROUN.

Cependant, si le compte est conservé, l'usage qui en est fait peut également traduire une forme d'auto-exclusion. En effet, en retirant l'intégralité des ressources perçues dès leur versement, des personnes gèrent leur budget en dehors du système bancaire tout en conservant un compte pour sa fonction indispensable. Cette pratique, parfois conseillée par des agents de la Banque, permet aux personnes de préserver leurs ressources des facturations des banques, mais aussi de leurs pratiques parfois abusives, notamment la saisie de prestations pourtant insaisissables (Gloukoviezoff G, 2004a). Il y a ainsi plusieurs motifs expliquant ces pratiques d'exclusion volontaire :

Les raisons morales ou religieuses.

Il s'agit principalement de personnes qui refusent les services de crédit ou les produits d'épargne rémunérés. Ce motif d'exclusion reste très minoritaire et c'est également le cas au Royaume-Uni.

L'intégration du discours des banques et leurs critères de sélection.

Les personnes renoncent à solliciter les établissements bancaires sachant, ou supposant, qu'elles seront éconduites28. Cela permet notamment d'éviter l'humiliation du refus. Le rapport de Fors souligne d'ailleurs qu'en dépit de leur regret de ne pas posséder ces services, les personnes ne les revendiquent pas (Gloukoviezoff G, 2004a).

La complexité et l'incompréhension liées à l'usage des services bancaires.

Peur des dérapages et représentations des services bancaires comme source de dangers potentiels sont ici à l'origine du renoncement. En effet, la complexité liée à l'utilisation des services bancaires (vocabulaire technique, dématérialisation29, etc.) peut entraîner des difficultés et mettre en péril un équilibre budgétaire déjà fragile. Ainsi, à propos du chéquier, « les bénéficiaires de minima sociaux expliquent plus souvent que s'ils n'en ont pas besoin c'est parce que «ce mode de paiement n'est pas sécurisant» et même «difficile à gérer»30 ». Ce motif concerne également les personnes âgées et celles vivant en milieu rural qui ont toujours géré leur argent en liquide et qui souhaitent conserver ce mode de gestion pour lequel elles disposent de savoir-faire (Gloukoviezoff G, 2004a) ;

28 Econduites veut dire être éliminé d'office vue les conditions exigées par les banques.

29 Il s'agit du passage d'une gestion physique de ses avoirs (en pièces et billets) à une gestion où il n'y a plus ce contact direct avec l'argent (le compte bancaire, la carte bleue). Par exemple, les livrets A ont récemment été dématérialisés

: le livret papier, physique, sur lequel étaient inscrites toutes les opérations, a été remplacé par une carte magnétique

30 Daniel A., Simon M.-O., 2001, p. 66.

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LES ENJEUX DE LA SURLIQUIDITE BANCAIRE AU CAMEROUN.

Les expériences passées négatives.

Suite à des difficultés économiques et/ou sociales et à une réponse bancaire inadaptée, certaines personnes ne désirent pas posséder à nouveau des services qui ont participé à l'aggravation de leur situation.

Ainsi, l'auto-exclusion dépend d'un certain nombre de « barrières » qui entravent les pratiques bancaires de certaines catégories de clients. Elle est donc un élément déterminant de la compréhension du processus d'exclusion bancaire. Elle met d'ailleurs en lumière que :

- l'exclusion en termes d'accès ne se limite pas à la sélection explicite faite par les établissements bancaires mais inclut le renoncement de clients potentiels.

Renoncement qui semble concerner un nombre de personnes plus important que celui des personnes se heurtant à une sélection explicite ;

- le renoncement aux services bancaires est le fruit de difficultés d'usage. Il y a donc un lien direct entre exclusion en termes d'accès et celle en termes d'usage.

Ce qui montre que l'auto exclusion est aussi très importante pour la compréhension des causes d'exclusion bancaire des particuliers par les banques.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery