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Les enjeux de la sur liquidité bancaire au Cameroun.

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par Pierre Claude MBAMA
Université de Yaoudé II-Soa - Master comptabilité et finance 2012
  

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2.1.2. Surliquidité bancaire comme résultat d'une bonne gestion de risques.

Ici prend place le rôle des banques au niveau microéconomique. Elles sont le lieu du mécanisme de régulation du crédit offert et de vérification que les conditions du bien être et de la croissance existent. Elles sont un maillon central. Car elles doivent jouer un rôle essentiel d'évaluateur et de contrôleur des emprunteurs puisque le montant correct d'émission de monnaie ne peut être fixé que par le marché du crédit car ce dernier, sous la forme d'escompte de traites ou d'accords de découverts est à l'origine de la création de monnaie et que la monnaie n'a pas de marché. En effet, dès que la monnaie est émise en contrepartie de crédit, se pose la question des asymétries d'information sur le marché du crédit qui peuvent amener les banques à faire des erreurs (Diatkine sylvie, 2001). Vont-elles pouvoir sélectionner les demandes émanant seulement des marchands « prudents » ?

Il existe, selon Smith dans son ouvrage « La richesse des nations », deux types d'emprunteurs. Il y a, d'une part, les « hommes prudents » ou « marchands prudents » qui n'empruntent que pour financer leur encaisse de transaction (et participer uniquement à la substitution d'une encaisse en monnaie bancaire à une encaisse métallique) , pour des échéances de court terme, et qui peuvent, en principe, rembourser (on pourra les appeler en termes contemporains les « bons risques ») ; cependant, Smith ne voit pas que le prêt à court terme encourt aussi un risque de solvabilité et peut ne pas être toujours un « bon risque ». Il y a, d'autre part, les « faiseurs de projets » ou spéculateurs ayant des projets téméraires. Ces derniers pourront être appelés les « mauvais risques » car ils se caractérisent par le fait à la fois qu'ils empruntent pour financer tout leur capital (ils vont donc au-delà des besoins de leur encaisse) et que l'issue de leurs entreprises «téméraires » est incertaine et les amènera vraisemblablement à ne pas pouvoir rembourser la banque (il s'agit de lettres de change « fictives »). Ils sont donc insolvables.

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LES ENJEUX DE LA SURLIQUIDITE BANCAIRE AU CAMEROUN.

Les conséquences sont microéconomiques et macroéconomiques. Au niveau microéconomique, il en résulte la faillite de la banque si elle prête aux « faiseurs de projets ». Ceci est la conséquence, bien sûr, de l'insolvabilité de l'emprunteur mais aussi, selon Smith, du fait, que dans ce cas une quantité supplémentaire aux besoins pour encaisse de transaction circule dans l'économie et va nécessiter un mécanisme de régulation de la quantité de monnaie par demande de conversion accrue aux banques qui vont perdre des réserves en métal. Elles sont donc en risque de liquidité. Elles vont puiser dans leur capital pour les renouveler, ce qui détruit du capital et met en danger la convertibilité de la monnaie bancaire. Ce risque de liquidité est ici lié au risque de défaut. Au niveau macroéconomique, il en résulte que l'augmentation de capital ne s'est pas accompagnée d'une épargne et ceci est dû à l'existence des banques qui introduisent une « opacité » dans la liaison entre épargne et investissement au niveau de leur bilan du fait de leur activité de prêt, une asymétrie d'information ou une mauvaise information sur la qualité de leurs actifs. De plus, il peut en résulter des mouvements de l'activité économique (overtrading) et pire, une destruction de capital car les emprunteurs « téméraires », en faisant faillite vont détruire le capital emprunté et le capital déjà existant. Ainsi le système financier n'est pas neutre.

Alors, il existe une asymétrie d'information à laquelle les banques sont exposées lorsqu'elles veulent octroyer du crédit à leurs clients. En raison de cette asymétrie, les banques sont parfois incapables d'évaluer la probabilité de défaut des projets pour lesquels elles sont sollicitées et préfèrent rejeter les demandes au lieu de prendre le risque de s'engager sur des projets trop risqués [Caprio et Honohan (1991)]. Le fait qu'une entreprise puisse fournir des éléments comptables n'est pas suffisant pour réduire l'asymétrie d'information car ces documents ne sont pas fiables. En effet, les entreprises établissent souvent trois déclarations statistiques et fiscales (DSF) : la première a un usage interne, la deuxième est destinée aux impôts et à la Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale, et la troisième à la banque. L'audit de ces documents par des commissaires aux comptes assermentés n'est pas un critère de fiabilité en raison des problèmes de corruption. Bien que les banques aient des logiciels pour retraiter les bilans et déceler les incohérences, elles ont du mal à évaluer le risque des entreprises. Comme les banques s'engagent très peu envers les nouveaux clients, le montant des crédits alloués diminue et le rationnement au sein de l'économie augmente [Gertler (1988)]. Ces dernières sont amenées à mettre au point de nouveaux critères de sélection et allouent moins de ressources, ce qui entraîne une surliquidité des banques [Caprio et Honohan (1993)].

Lorsqu'un entrepreneur vient demander du crédit, les banques évaluent la solidité de l'entrepreneur avant d'étudier le risque spécifique du projet. Ainsi, les banques cherchent à

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déterminer si l'entrepreneur fera les efforts nécessaires pour mener à bien son projet (aléa moral ex-ante), et s'il ne dévoilera pas à la banque des revenus inférieurs à ceux effectivement dégagés par le projet pour ne pas avoir à rembourser son crédit (aléa moral ex-post). De plus, les banques ne savent pas quel degré de confiance accorder au nouveau client et sa demande sera presque toujours refusée [Guille (1992)].

Afin de réduire la probabilité de défaut de l'emprunteur, les banques exigent un autofinancement minimum et des garanties. Le fait qu'un entrepreneur soit prêt à financer une partie de son projet montre qu'il estime que le risque spécifique est faible et qu'il fournira tous les efforts nécessaires pour le mener à bien. Si les entreprises ne peuvent fournir d'autofinancement minimum, les banques refusent de s'engager (Anne Joseph), ce qui explique le caractère volontaire de la surliquidité des banques commerciales.

On évoque le caractère volontaire de la surliquidité des banques, le plus souvent, pour expliquer un mécanisme de protection contre le risque de liquidité. Il s'agit donc d'une réponse planifiée des Banques Commerciales pour faire face à un risque potentiel. Pour gérer ce type de risque, et prendre une décision concernant la quantité d'actifs liquides qu'elles doivent détenir, les Banques Commerciales internalisent le fait qu'elles peuvent emprunter des fonds sur le marché interbancaire ou à la Banque Centrale en cas d'éventualités non anticipées (Agénor, Aizenman, et Hoffmaister, 2004). Les modèles de la gestion des risques de liquidité, en rapport avec les réserves, ont été largement exposés dans la littérature par Baltensperger (1974), Santomero (1984) et Swank (1996).

Agénor, Aizenman, et Hoffmaister (2004) en s'inspirant du modèle de Baltensperger (1974) postulent théoriquement qu'un accroissement du taux de pénalité, ou de la volatilité de la production (si le niveau initial du taux de pénalité est suffisamment élevé), augmente le niveau de réserves détenus par les Banques Commerciales ; tandis qu'un accroissement des réserves obligatoires produit un effet inverse

En Afrique centrale, les mesures de protection contre le risque de liquidité, pour éviter la crise précédente, ont entrainé une aisance de trésorerie qui a redonné confiance aux déposants. A la place d'une ruée pour le retrait de la liquidité en cas de panique bancaire, on assisterait plutôt à une affluence pour le dépôt de la liquidité. Et étant donné le caractère volatil de ces dépôts, les Banques prennent leur précaution en les conservant sous forme de réserves libres.

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LES ENJEUX DE LA SURLIQUIDITE BANCAIRE AU CAMEROUN.

Ce qui montre que la surliquidité bancaire est la conséquence d'une bonne gestion de risques bancaires par les banques, car les banques ne sont sur liquides que lorsque celles-ci gèrent bien les risques auxquels elles sont exposées vu l'asymétrie de l'information qui existe entre leurs clients et elles. Ce qui permet de conclure que la bonne gestion de risques est le déterminant d'une surliquidité bancaire. Mais la question que l'on peut se poser est celle de savoir si cette bonne gestion des risques est-elle le seul déterminant de la surliquidité des banques ?

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