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Gestion des déchets solides ménagers et excréta dans la commune de kpomassè.

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par Didier HOUNNOUGBO
Université d'Abomey-Calavi - Maîtrise en Sociologie-Anthropologie 2015
  

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5. 2èmePARTIE

6. PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

CHAPITRE III: REPRESENTATIONS SOCIALES FAITES DES DECHETS ET MODES DE GESTION DES DECHETS ADOPTES PAR LES COMMUNAUTES DE KPOMASSE.

Ce chapitre est consacré au recensement des discours populaires sur les déchets ménagerset des modes de gestion des déchets solides ménagers dans la commune de Kpomassè. Il est subdivisé en: représentations sociales faites des déchets à Kpomassèet modes de gestion des déchets solides ménagers adoptés par les communautés de Kpomassè.

3.1. REPRESENTATIONS SOCIALES FAITES DES DECHETS A KPOMASSE.

Il s'agit ici des politiques, des savoirs populairesau sujet des déchets solides ménagers et l'environnement dans la commune deKpomassè.

3.1.1. Politique de la gestion des déchets solides ménagers.

Le secrétaire général de la mairie et le chefservice technique affirmentqu'«avant le conseil communal actuel qu'aucun dispositif de gestion des déchets n'existait mais, qu'à l'installationdu nouveau conseil communal, la mairie a signé un contrat avec les femmes balayeuses pour assurer la salubrité de la commune contre l'assistance en matériels de nettoyage (balaie, houe, râteaux, savons etc.». Les femmes balayeuses affirment qu'«elles ont cessé de balayer les places de la commune de Kpomassèà cause du manque de motivation de la part des autorités communales.». Une femme H.A du groupement des femmes balayeuses dit:«les autorités ne nous donnent rien pour le travail qu'on fait. Si elles nous donnaient au moins les outils, on ferait le balayage de la ville.»

Jusqu'à l'enquête de terrain, la commune de Kpomassè ne disposait d'aucun contrat avec des structures de collecte des déchets; ceci montre que les autorités de la commune de Kpomassè se soucient peu des conséquences des déchets sur leur environnement ce qui justifiela quantitéélevéede déchets observée dans la commune de Kpomassè.

3.1.2. Représentations sociales faites de l'environnement à Kpomassè.

La majorité des personnes interrogéesassimile l'environnement au cadre de vie et d'autres l'assimilent à l'entourage immédiat mieux certaines personnes ne savent pas ce qu'est l'environnement. En définitive, les communautés de la commune de Kpomassè font des représentations diverses de l'environnement ce qui influence leurs comportements vis-à-vis de celui-ci.

3.1.3. Représentations sociales faites des déchets.

Les représentations sociales faites des déchets dépendent du niveau d'instruction des enquêtés. Pour comprendre une activité sociale «un comportement humain», WEBER (1922) invite à investir le sens que l'acteur qui l'exécute lui donne, selon lui toute analyse sociologique doit partir de l'acteur social de l'action sociale. Pour cela, il est à retenir que dans la sémiologie populaire Sahouè«Odun» peut correspondre à l'étymologie française «déchets» qui signifie tout ce qui peut être jeté sur les dépotoirs sauvages (Odun-ta). Les élus locaux soit (14%de l'échantillon) et autres instruis interrogés connaissent ce qu'il faut appeler déchets, ils définissent le déchet comme: «tout ce qui n'est plus utile et susceptible d'être abandonné par son détenteur». Par contre, 80% des ménages interrogés ignorent ce qu'est ledéchet ménager. Unefemme A. P commerçante du marché de Tokpa-Domè dit: «Les déchets sont les affaires de blancs et les maladies ne proviennent pas des déchets parce que si c'était le cas nous serions toutes mortes depuiscar nous y sommes habituées». Cette représentation sociale faite des déchets se rapporte à l'idée de SARDAN et al. (2002) à propos de l'hygiène « l'hygiène est une affaire des blancs». Quant àun chef de ménage K. F à Tokpa-Domè: «Nous considérons comme déchets toute chose sale qui dégage des odeurs nauséabondes et susceptible d'être jetée mais une fois que la chose ne dégage pas d'odeurs nauséabondes et qu'elle peut être encore utilisé elle n'est pas déchet». Il n'est pas rare d'entendre dire que: «seul les gens des villes parlent de déchets car pour les communautés des campagnes seul sont appelés déchets les objets pourris». Dans les arrondissements de Kpomassè-centre et Sègbohouè, près de la moitié des ménages connaissent ce qui peut être appelé déchets et sont avertis des risques qu'ils courent parce que ces communautés ont bénéficiées de l'expérience des fonctionnaires qui vivent au milieu d'elles; ils ajoutent«Les maladies de choléra, de bilharzioses, de paludismes et surtout les maladies microbiennes sont causées par les ordures». Et d'autres pensent que:«les ordures et excréta mal gérés favorisent l'émergence de graves affections du sang et de la peau». Les maladies les plus citées par les enquêtés sont dansl'ordre de: la diarrhée, le choléra, le paludisme, la fièvre typhoïde et l'ulcère de brûlisetc.

Les ménages de Kpomassè équipés de latrines évoquent les raisons qui les ont poussés à la construction des latrines familiales, un chef de ménage M.F affirme que: «le manque d'espace dû à l'urbanisation, la nécessité de préservation de l'intimité, la nécessité d'être à l'aise pour satisfaire ses besoins, de mettre à l'aise les visiteurs et le besoin de sécurité». Pour la plupart des acteurs sociaux de la commune de Kpomassè seulsles excréta méritent d'être appelés déchets; pour cela, elles accordent plus d'importance aux excréta. Un chef de ménage H. F dit que:«c'est une honte et une violation de la tradition pour une personne d'être surprise en train de déféquer dans la brousse mais nousavons tous peur du changement brusque, celui de quitter l'air libre c'est-à-dire les brousses, les dépotoirs sauvages où nous nous sentons à l'aise quand nous faisons nos besoins naturels pour des cases sombres que constituent les latrines».La majorité des représentations sociales faites des déchets partent toutes d'un principe de vie en vigueur dans la commune de Kpomassè celui de «la solidarité entre l'homme, la terre, les animaux etles végétaux». Selon ce principe de vie, l'homme de Kpomassè trouve son énergie vitale et son équilibre dans cette symbiose avec les animaux, la terre etles végétaux. Les animaux qui vivent dans la maison avec cet homme trouvent leur ration alimentaire dans les déchets produits par ce dernier. Les animaux qui consomment au quotidien ces résidus s'engraissent et coûtenttrès chères sur le marché. Vu les avantages de cette solidarité, il est difficile aux communautés de Kpomassè de se débarrasser des déchets parce que tout participe de l'équilibre de la création. Il est ancré dans l'esprit de la communauté de Kpomassèque les déchets enfouis dans la terre par les porcs grâce à leurs troncs enrichissent la terre. Les potagers qui sont tout autour de la maison trouvent de fertilisants dans ce geste fatal des porcs et sont traités avec les cendres de la cuisine puis nourris des excréta des animaux domestiques.Les autorités locales malgré leur niveau d'instruction sont très acquis à cette solidaritéce qui fait qu'elles ne se sentent pas obligées d'appliquer les règlementations en vigueurs ou d'élaborer des lois répressives pour garantir la gestion efficiente des déchets.A Kpomassè, les excréta, les résidus de maïs et autres déchets biodégradables sont recyclés par la terre c'est un acquis culturel chez toutes les communautés. Elles disent que:«la terre s'occupe déjà de la gestion des déchets pour elles alors, il ne saurait exister encore de déchets pour lesquels il faut payer l'enlèvement».A Kpomassè quand les communautés disent «Odun», elles font allusions à tous les déchets sans distinction entre solides ménagers, biomédicaux et industriels.Les dépotoirs sauvages sont désignés sous la dénomination «Odun-ta», ces derniers reçoivent les déchets et les excréta issus des activités quotidiennes des communautés de Kpomassè. «Nukãm? ou adaa»chez les sahouè correspond à excréta et les latrines quel que soit la forme sont appelées«adaado». Tous ceux-ci sont perçus comme une source d'amendement des terres et d'additifs à l'équilibre de la végétation.Lescommunautés de Kpomassè ont appris de leur culture des pratiques qui sont interprétées de moins hygiéniques par l'observateur de l'extérieur mais acceptées de toute la communauté. Déféquer dans les latrines dans cette communauté est perçu comme une violation de la symbiose qui existe entre les hommes, la terre, les animaux et lesvégétaux. Les excréta qui sont déposés sur le sol sont issus des aliments consommés par l'homme et il se doit de les retourner à la terre qui les lui fournit pour la reconstitution de cette dernière. Pour ces communautés,le système cosmique gagne plus à transformer ses propres déchets que l'homme paye pour son enlèvement. Cet enlèvement constitue pour les communautés un frein, un choc à la solidarité et requiert un coup financier; il est alors préférable de laisser la terre s'en occupé. La culture de Kpomassè est si ancrée dans le subconscient des acteurs sociaux qu'elle a formaté les habitudes des communautés de telle sorte que les latrines sont abandonnées ou transformées en magasin au profit de la brousse et des dépotoirs sauvages.La terre au-delà du recyclage des déchets essentiels pour sa reconstitution joue un rôle important dans les rituels de la divinité sakpata qui est le dieu de la terre. Tout comportement qui tend à rompre cette harmonie qui existe entre l'homme et la terre provoque la colère de ce dieu. Les conséquences de cette colère sont les maladies et l'appauvrissement des terres or l'enlèvement des déchets pour des lieux lointains est un des comportements qui participent de la rupture de cette harmonie. Les communautés de Kpomassèsont attachées à la culture de la solidarité, à l'équilibre du système cosmique dans lequel elles vivent. Pour ces faits, elles préfèrent adopter les pratiques culturelles et non celles capitalistesde gestion des déchets dans l'hygiène et l'assainissement de leur environnement.

En somme, les représentations sociales faites des déchets, de l'environnement et même les politiques adoptées par les autorités de la commune de Kpomassè sont des facteurs qui expliquent la gestion anomique des déchets. Ainsi la première hypothèse de cette recherche est confirmée.

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