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Refondation de l'état et bonne gouvernance. Une nécessité pour la RDC.

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par Ruben NDJODJI
Université de Kinshasa, RD Congo - Licence 2015
  

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§4. La Deuxième République et la médiocrité de l'Etat

Entre 1960 et 1965, il y a eu fragmentation de la vie politique qui était sur base économique, et s'il semblerait que l'intégration de cette économie fut loin d'être atteinte sous la domination ou la colonisation belge, la production agricole et même de l'exploitation minière était en déclin, combiné par l'incapacité du gouvernement central à percevoir des impôts qui laissa les coffres de l'État désespérément vides.

Après l'indépendance nouvellement acquise qui ne procédait pas d'un projet politique élaboré et une première république tumultueuse, l'avènement du président Joseph Désiré Mobutu à la tête de l'État aura poussé le plus loin le modèle de la souveraineté du peuple, en se proclamant « Guide éclairé » et devint capable de contrôler les systèmes de patronage les plus influents dans les secteurs militaires, administratifs et financiers, mais il devait faire face à des difficultés de plus en plus grandes pour maintenir tous ses clients satisfaits51(*).

Le nouveau président de la république, visant à mettre en oeuvre son projet à la tête de l'Etat sans programme réel du développement, tombe dans le domaine privé d'individualisme avec une tendance certaine à la personnalisation du pouvoir. Cette dérive empruntera les voies du messianisme empêchant du même coup l'émergence d'un socle institutionnel de type étatique. Plébiscité par ses pairs qui constituent la seule autorité organisée du pays.

Les nouveaux dirigeants posent la base d'organisation de leur pouvoir fondée sur la dictature et était une nécessité obligée d'essence militaire, tout comme la relation avec la population l'était.

Cette architecture paraît logique dans la mesure où Mobutu et ses milices ne disposent pas d'autres normes que l'autorité et l'organisation militaires où ils ont fait leurs nouvelles classes. Il aurait fallu pour eux, comme cela s'est produit ailleurs dans d'autres nouveaux Etats, que l'armée s'adapte à la gestion civile pour contribuer aux tâches de reconstruction et favoriser l'unité nationale. Il n'en a rien été pour le cas de la prise de pouvoir par le coup d'état de 1965, car les chefs militaires sont restés des chefs de clan.

Ces nouveaux maîtres de la nouvelle République procèdent à la logique des modèles politiques imposés par l'ancienne puissance coloniale pour la conquête et l'exercice du pouvoir.La constitution du 1er aout 1964 illustre à merveille cette attitude trop conformiste du modèle colonial. Avec les honneurs et les pompes d'usage, les nouveaux leaders de la république croient faire un nouveau jeu d'alliance à l'ancienne puissance coloniale vaincue.Cette constitution de 1964, loin de contribuer à la mise en place d'un espace public, confronte la confusion entre pouvoir militaire, pouvoir personnel et clientélisme.Cette constitution a été un instrument de domination au service d'un homme, et elle eut pour conséquence d'enfiévrer les rivalités et de rompre le fragile consensus qui avait suivi l'indépendance. Le président Mobutu élimine, l'enthousiasme de la liberté nouvellement conquise par l'indépendance cinq ans après et le pays se retrouvait face à elle-même, livré aux rivalités d'une oligarchie fragmentée.

La zaïrianisation fut la genèse de la culture d'enrichissement par rattrapage de la classe dirigeante. Les critères familiaux, amicaux, etc., mêlés à l'absence de la culture d'entreprise typiquement congolais dans le chef de ses principaux bénéficiaires, ont expliqué son cuisant échec et sont à la base du déclin économique tragique de ce pays qui, jadis, représentait l'une des pièces maîtresses pour la construction africaine. Le peuple congolais est dépourvu de traditions socio productives ; tradition asséchée tout au long de la période de cueillette postcoloniale.

Dans ce contexte problématique, le régime lui-même a dû prendre une multitude de décisions qui reflétaient la prise de pouvoir d'institutions néo-patrimoniales concurrentes liées parfois par le remplacement des anciennes capacités de l'État construites par les colonisateurs par des personnes recrutées sur des critères de loyauté vis-à-vis du patron, ou le fait de se reposer sur des réseaux auxquels la confiance était accordée sur des bases personnelles, réseaux qui allaient rapidement prendre une coloration ethnique, accompagnèrent les tentatives pour essayer de « joindre les deux bouts »52(*). L'organisation de la vie, dans toutes les sphères d'activité, devint de plus en plus informelle ou tomba dans une multiplicité déconcertante de cadres institutionnels causées par instabilité constitutionnelle (20) constitutions.

La longue déchéance de l'État bureaucratique en faveur des réseaux de patronage sous cette république fut essentiellement déclenchée par le déclin économique, qui entraîna une baisse des impôts et une réduction massive de la capacité à promouvoir la croissance et à construire un secteur capitaliste. L'intervention du FMI négligea totalement, ou sous-estima largement, cette menace, et causa une nouvelle réduction inéluctable de l'accumulation des actifs et des capacités de l'État. De plus, les interventions militaires constituèrent non seulement une menace pour l'État, mais visent également en avant, de façon évidente, le fait que ce dernier avait perdu son monopole du pouvoir, monopole qui ne pouvait être restauré que par des interventions extérieures ou internationales53(*).

Déjà à partir de 1975, le FMI devint le principal décideur dans un contexte de désastre économique mondial. Bien qu'il fût convaincu de contribuer à une stabilité macroéconomique de bon aloi, le Fonds, au travers de ses interventions, ne réussit pas à produire les effets désirés de stabilisation de l'économie, sans même parler de stimulation de la croissance et de transformation capitaliste. Les effets concrets de ces interventions furent la destruction des actifs du pays et un affaiblissement des capacités administratives de l'État54(*).

En réponse à la crise, le régime Mobutu se transforma de ce qui avait commencé comme un projet de construction de l'État de plus en plus en un régime néo patrimonial tendant à conserver le pouvoir par tous les moyens possibles. Mobutu lui-même se mua en patron ou en despote, en ce sens qu'il devint la référence ultime dans tous les domaines.

* 51 KABUYA LUMUNA SANDO, Manuel de sociologie Politique, Kinshasa, PUK, 2011, p150

* 52 PEEMANS, Jean-Philippe, Crise de la modernisation et pratiques populaires au Zaïre et en Afrique, Paris, L'Harmattan, 1997, p76.

* 53Gabi HESSELBEIN, op cit, p32.

* 54Gabi HESSELBEIN, op cit, p36.

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