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L'évaluation des effets de l'appui-conseil sur le développement des groupements de producteurs et des exploitations familiales agropastorales. Cas du programme ACEFA (Cameroun).

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par Albert Thibaut KASME
Montpellier Supagro - Master Agriculture, Alimentation et Développement Durable (A2D2) 2014
  

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f) Effets et impacts

Le conseil étant principalement donné en collectif puis dans une moindre mesure en individuel, les effets identifiés sont de 2 niveaux : GIC et EFA.

j) Effets sur le GIC

Au niveau des groupements, nous avons pu identifier 2 types d'effets :

? Organisation /fonctionnement :

Selon les conseillers et certains délégués, plusieurs GIC avant ACEFA étaient très peu organisés tant dans au niveau du bureau, du règlement intérieur, la tenue régulière des réunions. Avec l'aide des conseillers, les modes de fonctionnement de certains groupes ont été corrigés et améliorés. Ainsi selon eux, les GIC fonctionnent mieux. Un exemple marquant est celui du GIC qui avait connu des graves dysfonctionnements provoquant une interruption de ses activités pendant 10 ans. Mais grâce à ACEFA, la plupart de ces dysfonctionnements ont pu être résolus. Le délégué disait à cet effet :

«On a eu des problèmes : problèmes d'organisation, sur les rôles, de tenues de documents. On avait des disputes, il n'y avait pas de règlement intérieur. (...) Avec le conseiller ACEFA ça fonctionne encore mieux (...) Le GIC va mieux, on fait des tontines et l'épargne. (...)On avait vraiment besoin d'une réorganisation, une restructuration du GIC».

Plusieurs groupes comme le signalaient certains conseillers n'existaient que sur le papier c'est-à-dire qu'ils ne tenaient même pas de réunions, n'avaient pas de documents de gestion ni de services rendus. Mais grâce à la sensibilisation des conseillers, les réunions sont tenues plus ou moins régulièrement. Les bureaux ont bénéficié de formations sur la gestion, ont été sensibilisés sur leurs rôles. Un conseiller disait : « Il y a des groupes quand on est arrivé ils ne se rencontraient même pas. Ils avaient juste leur certificat pour le financement maintenant ils se rencontrent, ils ont même des activités ».

De plus les liens entre les membres se sont améliorés dans certains GIC. Un membre disait à cet effet : « En dehors même des activités, on se rend visite » alors que le GIC connaissait des disputes ayant provoqué l'exclusion de 3 membres et l'arrêt de la production collective. Les verdicts des exclusions ont été prononcés après concertation de tous les membres lors d'une assemblée générale.

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Ainsi à ce niveau, ACEFA a vraiment pu atteindre son objectif, celui d'amener le GIC à rendre des services à leurs membres. L'appui-conseil a donc amélioré le fonctionnement de la plupart des GIC ayant intégré le dispositif.

? Changements des pratiques dans les systèmes de production :

Plusieurs GIC ont connu des changements dans leurs pratiques. Par exemple, un groupe essayait de produire sur leur parcelle communautaire du chou mais il y avait peu de résultats. Ayant sollicité ACEFA, ils produisent mieux et ont diversifié leurs productions (choux, poivron, haricot...).

Encadré : cas des 2 GIC du conseiller 2

2 GIC qui faisaient l'élevage de poulets de chair ont réorienté leurs activités vers l'élevage des poules pondeuses. Cela a été décidé après la présentation du diagnostic réalisé par le CGP. Celui-ci leur a montré que leur activité était peu rentable alors que la demande des oeufs était importante. Maintenant ils produisent des oeufs et fabriquent eux-mêmes une partie des aliments pour les poules.

Encadré : exemple du GIC 4.2

Ce GIC est un GIC qui travaillait déjà avec le conseiller avant ACEFA, ce conseiller étant leur chef de poste agricole. Leurs rencontres étaient occasionnelles. Leurs activités collectives se limitaient aux entraides et tontines. Après l'arrivée d'ACEFA dans le département et après la sensibilisation par ce conseiller, ils ont décidé de rentrer dans le programme. Ainsi lors de la phase de financement, ils ont monté un projet pour une porcherie. Le financement leur a été refusé. Ils ont donc décidé avec l'aide de leur conseiller de monter eux-mêmes leur porcherie commune ainsi avec l'aide du conseiller, cela a été fait. Tout d'abord le conseiller les a aidé à mettre en place un fond de roulement. Il les a accompagné dans l'achat des porcelets et donner des formations sur l'alimentation et la prophylaxie. Maintenant ils ont une production commune qu'ils cherchent à agrandir.

Ces cas illustrent bien l'impact d'ACEFA dans les GIC. Mais les cas les plus répandus sont les cas où le GIC n'avait pas de production collective mais grâce aux conseils et avec l'aide du CGP des productions collectives ont pu être instaurées.

L'appui-conseil a donc eu un effet positif en amenant les membres des GIC à travailler ensemble.

ii) Effets sur les EPA

? Changement des pratiques :

Tous les producteurs interrogés dans le cadre de ce travail ont énuméré des changements dans leurs pratiques tant en agriculture qu'en élevage.

? Agriculture :

Les changements observés sont à tous les étapes de l'itinéraire technique. En autres nous avons : -le choix des semences : avec l'aide des conseillers et grâce aux échanges entre producteurs lors des CLG et ADOP, les producteurs savaient quelles variétés de semences et où acheter. Souvent même les conseillers les informaient de la disponibilité des semences au ministère.

-les pratiques culturales (utilisation d'engrais, de produits phytosanitaires...) : des producteurs affirmaient de ne pas savoir utiliser les engrais avant ACEFA. Mais que grâce aux conseils, ils savent quels engrais utiliser, comment l'utiliser mais surtout quand les utiliser. Il en est de même pour les produits phytosanitaires.

Un producteur disait : « Par exemple la culture de maïs, je sais quand utiliser les fientes, comment utiliser les engrais. Je maitrise maintenant les techniques. J'utilise maintenant les engrais. »

-maitrise de nouvelles techniques culturales : grâce aux conseils, certains producteurs savent comment cultiver telle ou telle spéculation. Comme l'atteste une EFA :

« Elle nous a montré comment cultiver le haricot en saison sèche. Nous quand on a appliqué ce qu'elle nous avait montré, on a bien produit ».

En plus de ces changements, des producteurs de 2 GIC d'un même conseiller parlent de changement dans leurs techniques post-récolte pour la consommation.

V' Elevage :

Les changements en élevage sont à tous les niveaux mais concernent surtout l'élevage des poules et des porcs.

On a des changements au niveau:

- Des choix de races de poules et de porcs : les producteurs sont informés par les conseillers de la présence de telles ou telles races améliorées. Surtout quand il s'agit de races distribuées par le MINEPIA ou un centre de recherche. Ainsi plusieurs producteurs ont pu s'approvisionner en porcs et poules de races améliorées.

- L'alimentation des porcs et des poules : les producteurs ont eu accès à des formations sur la fabrication d'aliments pour les animaux à partir de matières locales (maïs, coquilles...). Il y a même eu des sensibilisations sur le fait de ne pas nourrir le porc avec les déchets pris dans des poubelles.

- La prophylaxie du porc et du poulet : les producteurs ont été formés sur la prophylaxie du porc et des poules.

- Les techniques de reproduction : suite à une formation effectuée l'année passée, des producteurs disaient avoir appliqué les conseils et avoir été satisfaits. Ces conseils portaient surtout sur le fait d'éviter une reproduction entre porcs issus d'un même parent.

Ces formations ont entrainé des changements des producteurs même si les conseils ne sont pas appliqués dans leur totalité faute de moyens. Une amélioration des pratiques en élevage a été observée. Une femme interviewée disait à cet effet : « je connais comment faire la nourriture, le nettoyage, les produits qu'il faut utiliser... ;(...) je n'avais rien alors qu'aujourd'hui j'ai 3 porcs. Je maitrise l'élevage maintenant».

V' Gestion :

Dans certains des cas étudiés, les producteurs (5) ont, d'après leurs affirmations, amélioré la gestion de leurs exploitations. Ils affirment tenir un cahier où ils recensent les dépenses et calculent les marges des activités. Mais seuls 3 ont été capables de nous donner les chiffres de leur production antérieure. Cela montre que l'aspect gestion est encore très peu assimilé par les producteurs.

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Tableau 5: exemple de changements engendrés par les producteurs. Source : auteur

Production

Domaine

 

Changements de compétences

 

Changements de pratiques

 

Les effets

Technique culturale

 

Choix des semences, maitrise de l'itinéraire technique

Diversification de cultures

 

Introduction d'autres cultures dans l'exploitation

 

Diversification des sources de revenu

Traitement phytosanitaire des cultures

la diversification des activités

Techniques de la conduite des porcs

L'utilisation des pesticides et des fongicides

l'introduction de la porcherie chez certaines exploitations

Augmentation du poids des porcs

Réduction de taux de mortalité chez les porcs

Réductions des maladies dues à la consanguinité

Formulation de l'aliment

prophylaxie

Reproduction des porcs

Augmentation du rendement

Augmentation du rendement

Diversification des sources de revenu

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Gestion

 
 

Tenue des cahiers de gestion,

 

calcul des marges, planification

 

Meilleure gestion

 
 
 
 
 
 
 

Vie

associative

 

Règlement intérieur, organisation de réunions

 

Concertation et échange entre les membres

 

Amélioration de la cohésion du groupe

Services rendus

 
 
 

Achats et ventes groupés

 

Achats et ventes à des prix plus avantageux

iii) Impacts

? Augmentation des revenus :

Cette amélioration des revenus résulte, selon les affirmations des producteurs, d'une augmentation de la production due à l'application des conseils. Tous s'accordent à dire que leur production s'est nettement améliorée suite aux conseils. Cette augmentation de production a ainsi contribué à une amélioration de la situation des producteurs. Par exemple, une EFA a dit :

« Avec le conseil, avant je faisais 1 sac de maïs maintenant je fais en moyenne 8 à 9 sacs. » C4.1.2.5

« Vous m'avez demandé si j'avais des crédits, j'ai dit non c'est à cause de ça. Je n'en ai plus besoin. » C4.2.1

? Niveau de vie :

5 C4.1.2 : même principe que l'autre note de page. 2ème EFA du GIC 1 du conseiller 4 de la zone C.

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Cette amélioration du revenu et de la production a entraîné une amélioration du niveau de vie. Dans la mesure, elle a favorisé :

-Une amélioration de l'alimentation :

Certains consomment une grande partie de leur production. Ainsi avec la production qui augmente, les producteurs arrivent à mieux nourrir leurs familles. Un producteur l'affirmait en disant : « Maintenant on mange beaucoup, avant on était maigre. » C4.1.1.

Mais d'autres vendent une grande partie de leur production, ainsi c'est l'augmentation de revenu qui a permis de mieux se nourrir.

Il est clair qu'une amélioration de la situation alimentaire a eu lieu. Une agricultrice disait:

« Maintenant je ne peux pas préparer sans légumes et les poissons. » et un autre : « la production a augmenté. La famille mange bien. La famille vit bien. Moi pour manger je n'ai besoin que de chercher de l'huile ou des condiments. S'il n'y avait pas eu le conseil, je devrais courir au marché au loin pour chercher les choses pour manger. » C4.2.1

-Une amélioration des pratiques de scolarisation et de santé: tous les producteurs affirment qu'avec l'augmentation de revenus, ils ont pu assurer la scolarité des enfants et la santé de la famille.

« (...) envoyer les enfants à l'école; payer les soins de santé. »

-une acquisition de biens et équipements : l'un des producteurs dit avoir pu s'équiper grâce à l'augmentation des revenus.

« On achète aussi les biens qui manquent. J'ai même pu terminer ma maison. » C3.1.1 ? Perception de ses activités :

À ce niveau, seuls 2 producteurs sont venus à considérer leurs exploitations comme une entreprise mais surtout leur GIC comme une entreprise. Ils sont arrivés même au point d'embaucher une main d'oeuvre salariale pour la production du GIC. Il est à noter que ces producteurs sont des délégués de GIC d'un même conseiller. Pour ce conseiller, ACEFA voulait transformer l'agriculture en une agriculture « entrepreneuriale ». Il a donc transféré sa vision au producteur.

« (...) Comme on le dit, quand ça devient une véritable entreprise : aller cultiver le maïs, le transformer en aliments, nourrir les bêtes, aller vendre. Ça devient une entreprise il faut maintenant installer le personnel qui devrait gérer. (...) »

D'une manière générale, les producteurs présentent tous le projet de se développer et de produire plus.

« Plus tard j'aimerais louer des parcelles et produire encore plus. Pouvoir consommer encore plus et vendre. On veut s'agrandir. »

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon