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Impacts de la variabilité pluviométrique sur les productions agricoles dans la commune de Mont-Rolland des années 1950 aux années 2000.

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par Gilbert Sidy Lamine MBENGUE
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - MASTER en GEOGRAPHIE, RESSOURCE ENVIRONNEMENT DEVELOPPEMENT (RED) Option : Climatologie 2014
  

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Synthèse bibliographique

Différents ouvrages, thèses et documents officiels ont permis une meilleure maitrise du sujet. Ainsi pour mieux maitriser la notion de variabilité climatique, les ouvrages généraux tels que celui de Pédelabore (P) en 1991 ; et celui Viers (G) et Vigeau (J.P) en 2001 ont servi de base pour la géographie du climat, permettant ainsi de mieux comprendre les phénomènes météorologiques tels que les pressions, les vents mais aussi les condensations et les précipitations, à l'échelle du globe. Plus loin la documentation s'est orientée vers la notion de Variabilité Pluviométrique. Et dans ce cadre, les différents travaux du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur L'Evolution du Climat (G.I.E.C), et particulièrement le Bilan 2007 des changements climatiques ; Rapport d'évaluation, ont permis une large vision sur le changement et la variabilité climatique. Ces deux notions se recoupent parfois à travers l'analyse des différents spécialistes. Ainsi, pour Norrant (C) en 2007, la variabilité naturelle du climat se distingue du changement climatique à des échelles plus longues car pour l'auteur les événements extrêmes sont plutôt liés à la variabilité interannuelle naturelle du climat, qu'aux changements climatiques. Ensuite, l'auteur décrit les manifestations de cette variabilité. Et parmi elles une modification de la configuration des précipitations dans les différentes latitudes. Cela reste bien valable en milieu tropical, car, l'une des manifestations principale de la variabilité climatique est liée aux fluctuations pluviométriques qui sont parfois marquées par des sécheresses au Sahel.

C'est dans ce cadre que le climat tropical a été exploré grâce aux travaux Leroux (M) en 2000 et de Sagna (P) qui ont permis une large vision de la circulation tropicale avec une description détaillée à travers les alizés et les moussons. Ces auteurs ont traité de manière détaillée de la mousson, de son épaisseur, de sa vitesse mais aussi de son apport pluviométrique qui demeure important à travers les différentes perturbations pendant sa présence. En outre, pour déterminer les caractéristiques essentielles du climat du Sénégal dans ce vaste domaine tropical, Atlas du Sénégal, 5e édition, a été d'un grand apport. Dans leur intervention, Leroux (M) et Sagna (P) rappellent que c'est l'arrivée de la mousson qui envahit progressivement le pays en provenance du sud, qui marque le début de la saison des pluies au sud-est du Sénégal en Avril. Les auteurs affirment une élévation permanente de la température tout en soulignant le rôle régulateur de l'océan dans les régions côtières avant de définir les différents domaines climatiques du pays. Cependant l'idée de l'existence d'un climat bien déterminé en domaine tropical, cache la réalité de la variabilité de son régime.

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Appartenant au domaine tropical et plus précisément au Sahel, le Nord du Sénégal subit les effets de la variabilité climatique qui s'y manifeste par des sécheresses récurrentes, dont les causes ont été à l'origine d'un grand débat et de nombreuses analyses, dont la synthèse de Brook (N) en 2006, qui après avoir défendu que la sécheresse des années 1970 au Sahel fut la plus catastrophique du 20e siècle, affirme que celle-ci n'est pas la conséquence de l'activité humaine mais plutôt d'une «variabilité climatique de longue durée impulsée par des changements dans la configuration de la température de surface au niveau mondial».

Cette sécheresse est l'une des causes de l'insécurité alimentaire au Sahel, et selon Caldwell (J) en 1975 , elle a été très meurtrière et a occasionné, du coup, des vagues de migrations importantes internes et externes à l'intérieur des pays du Sahel. Diop (A M), en 2011 dans sa thèse doctorale Dynamiques paysannes, souveraineté alimentaire et marché mondial des produits agricoles : Exemple du Sénégal., rappelle les problèmes d'autosuffisance alimentaire et de souveraineté alimentaire engendrés par la sécheresse depuis le début des années 1970. En outre, dans leurs conclusions, dans Analyse Agro-climatique de la Région de Thiès, pour Konté (O) et Ndiaye (M), l'agriculture occupe une place importante dans la région de Thiès, mais reste caractérisée par une fluctuation des emblavures. Selon ces auteurs, pendant ces quarante dernières années, il y a eu une forte variabilité interannuelle de la pluviométrie accompagnée d'une diminution de 26 % des quantités de pluies. Une diminution des quantités des pluies qui fini par modifier les relations entre climat et agriculture et particulièrement dans le nord du Sénégal dominé par un climat de type sahélien et une économie d'agriculture pluviale, de subsistance.

En effet, selon Toure O et Seck M, 2005, cette partie du pays est dominée par une agriculture sensible aux effets du climat se caractérisant par un mode familiale d'organisation de la production et de la consommation, confrontée à des problèmes de sécurité alimentaire , de paupérisation des producteurs et la concurrence des entreprises agricoles avec des propriétés foncières dominées par des propriétés coutumiers par héritage. Ce type d'agriculture domine depuis plusieurs siècles l'organisation socio-économique des Sérères Ndut de Mont-Rolland. Et c'est dans ce cadre que Péllissier (P) en 1966 dans Les paysans du Sénégal, Les civilisations agraires du Cayor à la Casamance affirme que la paysannerie sénégalaise est fondée sur des cultures sous pluie marquées par une dépendance des activités paysannes à l'égard des pluies. De même, Becker (C) en 1970 dans Les Sereer Ndut : Etudes sur les mutations sociales et religieuses., relatant une histoire transversale des Sérère Ndut qui représentent plus de 80% des populations originaires de la Commune de Mont-Rolland, nous

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a permis de comprendre que l'agriculture et particulièrement celle pluviale, vivrière est, historiquement, de loin, la principale activité de ces populations. Cependant il relate «l'essor réel de la culture arachidière à l'époque du développement de l'escale de Mont-Rolland » en 1954. Ainsi toutes les mutations qu'ils soient sociales ou religieuses tournaient autour d'une principale activité : l'agriculture. L'année en pays Ndut, comme le décrit Becker, était rythmée par des pratiques agricoles, allant du début des travaux agricoles en mai (préparation des champs, semis ...) en passant par les fêtes traditionnelles de la récolte (ngamba) en novembre, aux opérations de commercialisation de certains produits en janvier-février. Par contre les sécheresses successives à partir des années 1970 au Sahel, ont bouleversé cette économie et organisation des peuples du Ndut, à cause des mauvaises campagnes agricoles, marquées par de faibles productions, qui se sont succédées dans ce contexte. Une situation qui a abouti dans la Commune de Mont-Rolland à un abandon massif des terres ; une réduction progressive des terres agricoles confirmée par Ndour (T). en 2001.

Face à la variabilité climatique et ses effets néfastes, l'adaptation est devenu plus que nécessaire pour la survie des populations dans le contexte du Sahel qui est marqué aujourd'hui par une vulnérabilité de son climat se manifestant par des sécheresses récurrentes . Le GIEC, différencie deux formes d'adaptation permettant de réduire la vulnérabilité à la variabilité climatique : l'adaptation anticipative qui est préventive et l'adaptation réactive qui est conçu et mise en oeuvre en réponse aux impacts initiaux. C'est ainsi que l'OSS (Observatoire du Sahara et du Sahel) et GTZ (Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit, Coopération Allemande) en 2007, introduisent l'exemple d'un changement majeur dans la pratique culturale au Sahel pour l'adaptation à la variabilité pluviométrique. Aujourd'hui les enjeux de l'adaptation ne semblent pas être maitrisés par les différents acteurs. Et pour Samba (C) en 2007, « il y a une absence de politiques d'amélioration des rendements agricoles », encore moins des projets de développement capables de relancer l'économie agricole, malgré le fait que cette, ex Communauté Rurale de Mont-Rolland soit la seule collectivité locale, sur l'ensemble des collectivités locales de la région de Thiès, dotée d'une couverture de 100 % en eau potable en 2008, selon le rapport de l'ANSD (Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie) ; publié en 2009 intitulé : Situation économique et sociale de la région de THIES en 2008.

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Problématiques et Méthodologie I - Contexte et justification

I - 1 - Contexte

Le climat du globe est confronté aujourd'hui à des variations saisonnières et annuelles, de plus en plus perceptibles mais surtout de plus en plus imprévisibles, de ses paramètres météorologiques, aussi bien à l'échelle temporelle qu'à l'échelle spatiale. Le Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Evolution du Climat (GIEC, 2007) affirme que, la variabilité climatique qui est «l'ensemble des fluctuations normales des valeurs réelles interannuelles des éléments du climat autour de leurs valeurs moyennes », peut être liée à des processus internes naturels du système climatique (variabilité interne) ou à des variations dues au forçage externe naturel ou anthropique (variabilité externe). Par contre, certains détracteurs affirment que cette variabilité climatique est un phénomène cyclique naturel et que l'activité humaine est insignifiante pour influer sur le système. Cela justifie la complexité et la multitude d'approche sur les questions liées aux variations climatiques.

Les conséquences de la variabilité climatique, telles que l'augmentation de la température moyenne du globe, la fonte des glaciers, l'élévation du niveau des mers, la modification de la répartition spatiale des pluies à travers les différentes latitudes et la fréquence des phénomènes extrêmes, sont parfois énumérées de manière simple et classique. Dés lors, les enjeux et effets de la variabilité climatique sont parfois plus complexes que décrits et sont souvent capables de bouleverser l'organisation socio-économique d'une région.

De nos jours, le continent africain, et particulièrement le Sahel, est l'une des zones les plus vulnérables à la variabilité climatique. Et cette variabilité climatique s'y manifeste essentiellement par une perturbation du cycle pluviométrique. En effet, au Sahel, la pluie est de loin, le variable le plus déterminant sur l'activité agricole.

Les causes de la sécheresse au Sahel, depuis le début des années 1970, sont à l' origine d'un grand débat. Les premières théories telles que celles de Charney, ont mis en cause la dégradation et la désertification provoquées par le surpâturage ainsi que « l'utilisation inappropriée des terres »2. D'autres théories renforçant ces derniers, accusent directement la pression démographique d'avoir accentué la surexploitation des ressources naturelles. En effet depuis les années 1950, l'Afrique historiquement sous-peuplée, a connu une explosion

2 CHARNEY et al., 1975,1977, Reprit par BROOK (N), (2006)

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démographique exceptionnelle dans l'histoire de l'humanité marquée par un quadruplement de sa population en 50 ans3.

Néanmoins, il est établi que, plutôt qu'une conséquence de la pression démographique ou du manque de gestion dans l'utilisation des terres, la dessiccation du Sahel au cours de la fin du 20e siècle est le résultat d'une variation climatique de longue durée impulsée par des changements dans la configuration de la température de surface au niveau mondial. En effet, «Les conditions de sécheresse dans le Sahel se produisent à des périodes où les océans de l'hémisphère sud et de l'Océan Indien du nord sont plus chauds que les océans restant de l'hémisphère nord. Le passage à cette configuration de la température est maintenant largement accepté comme étant responsable de l'installation de l'aridité dans le Sahel à la fin des années 1960s (Giannini et al., 2003)4. Alors la dégradation des terres et la surexploitation des ressources ne peuvent être considérées que comme facteurs secondaires, aggravant la sécheresse dans la région sahélienne. En plus de cela, ces pays du Sahel sont vulnérables au changement climatique et ne disposent pas de moyens suffisants pour réduire les effets négatifs de la sécheresse.

En somme, la variabilité du climat est très connue en Afrique et en particulier au Sahel où elle se manifeste souvent par l'apparition de phénomènes extrêmes tels que la sécheresse. Aujourd'hui, il existe une certaine augmentation de la fréquence et de la gravité des catastrophes naturelles, notamment des sécheresses et inondations rythmant les hivernages au Sahel. Cette variabilité climatique qui se manifeste par des irrégularités pluviométriques dans le Sahel a fini par perturber gravement l'équilibre hydrologique de cette région sahélienne. Alors toute variabilité pluviométrique aura t-elle des impacts sur les hommes et les écosystèmes ?

En effet, au Sénégal, l'agriculture pluviale reste t-elle la pratique dominante ? Si oui, la production agricole ne dépend t-elle pas en grande partie de la pluviométrie ? D'où la nécessité d'une bonne compréhension du cycle saisonnier de la pluviométrie.

Selon André Hufty (2006) il y a «des corrélations entre rendement agricole et variations du climat». Et cette affirmation reste bien valable pour un pays comme le Sénégal où l'agriculture est dominée par les cultures sous-pluie, dépendant de l'hivernage allant de juin à octobre. C'est la période de mousson, pendant laquelle la pluviométrie moyenne annuelle suit un gradient croissant du Nord au Sud du pays. Elle passe de 300 mm au Nord à 1200 mm au Sud, avec des variations accusées d'une année à l'autre. C'est dans cette période de mousson,

3 SNEGAROFF (T), (2010)

4 Reprit par BROOK (N). (2006)

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marquée par des pluies qui s'installent au sud du pays au mois de mai-juin pour atteindre le nord en juillet-aout, que les activités agricoles se concentrent sur l'ensemble du territoire sénégalais.

L'agriculture pluviale occupe environ 70 % de la main-d'oeuvre agricole et malgré une diversification de la production agricole, celle-ci reste toujours tournée vers l'agriculture de subsistance.5 La production des principales variétés culturales que sont : Arachis hypogaea (arachide), Pennisetum glaucum (mil), Vigna unguiculata (niébé), Sorghum bicolor (sorgho), et Zea mays (maïs) est largement liée aux variations du climat, et particulièrement, à celles de la pluie, qui varie dans le temps et dans l'espace, d'où la spécificité de chacune des différentes zones agro-écologiques du pays. Le climat est soumis, à la fois, à des facteurs géographiques et des influences atmosphériques. Ainsi, la présence d'une façade maritime de 700 Km entraîne des différences climatiques entre les zones côtières et les régions de l'intérieur.

Situé aux abords du plateau de Thies, au sud-est de la zone des Niayes, la Commune de Mont-Rolland s'étend dans le nord bassin arachidier, entre 140 55' et 160 58' de latitude nord et 170 04' et 160 50' de longitude ouest au nord-ouest de la ville de Thiès. Autrement dit la zone des Niayes traverse la zone extrême ouest de Mont-Rolland, tandis que la reste de la Commune appartient théoriquement au nord bassin arachidier où la culture de l'arachide est devenue, de moins en moins développée. Cette dernière pratique est, en effet, quasi-inexistante aujourd'hui dans la Commune de Mont-Rolland.

Dans la commune de Mont-Rolland, les sécheresses intenses et successives n'ont pas épargné l'environnement conduisant à la destruction du couvert végétal. Cette situation a accentué l'érosion tant bien hydrique qu'éolienne, conduisant à une dégradation de certaines terres surtout dans le domaine au relief accidenté, aux abords du plateau de Thiès, ce qui favorise le ruissellement notoire des eaux de pluies et le renforcement du système de ravinement de certaines terres qui ont été occupées et exploitées par les paysans Ndut depuis la prolifération des «daay» (brûlis) pour y pratiquer une agriculture vivrière, pluviale à partir du 12e siècle6. Alors, historiquement dominée par l'agriculture et l'élevage familiale, pluvial-vivrier, les populations de Mont-Rolland vont voir la variabilité climatique bouleverser leur économie et influer sur leur production agricole. Comprendre les répercussions de ces bouleversements n'est-elle pas fondamentale pour faire face aux problèmes de sécurité et de souveraineté

5M. NDIAYE , 2007. - Agricultural Situation, Country Report. Approved by: Robert Hanson, Agricultural Attache.

6 «C'est vers le douzième siècle que commença l'établissement des groupes qui ont donné naissance au peuplement actuel » du Ndut. (C.BECKER ,1970)

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alimentaire ? Quelle a été la réaction des acteurs au développement des populations face à une telle situation ? Les meilleurs moyens d'adaptation ont-ils été trouvés ?

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci