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Impacts de la variabilité pluviométrique sur les productions agricoles dans la commune de Mont-Rolland des années 1950 aux années 2000.

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par Gilbert Sidy Lamine MBENGUE
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - MASTER en GEOGRAPHIE, RESSOURCE ENVIRONNEMENT DEVELOPPEMENT (RED) Option : Climatologie 2014
  

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Conclusion partielle

Somme toute, il s'agit d'un véritable problème de production, car dans le contexte d'une pluviométrie de plus en plus imprévisible, rares sont les paysans qui cultivent une superficie totale atteignant 1ha et justifie cela par manque de main d'oeuvre mais surtout de moyens pour un investissement réussi. Ces problèmes sont interdépendants parfois entrelacées dans un

système. Face à cette situation les paysans et acteurs du développement mènent de multiples tentatives d'adaptation allant du «reflexe» à la «réflexion»30

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30 Nous utilisons les deux termes «reflexe» et «réflexion» au sens figuré, Exemple de forme d'adaptation reflexe : migration, exploitation forestière (dans ce cas généralement les populations, seuls acteurs et tournent vers d'autres activités autres que l'élevage) «réfléchis » quand il s'agit des populations avec les différents acteurs du développement (Etats, ONG) qui recherche une solution passant par l'agriculture.

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3e PARTIE

LES STRATEGIES D'ADAPTATION

Différents acteurs ont joué chacun un rôle pour faire sortir Mont-Rolland de la crise agricole. Ainsi, les paysans eux-mêmes, à moins de se résigner, se sont convertis dans d'autres domaines, à travers des actions parfois spontanées. De même, d'autres acteurs du développement, tels que l'Etat, les ONG et les organisations communautaires de base ont initié plusieurs programmes d'adaptation, parfois insignifiants aux yeux des populations à cause du manque de résultats estimables dans le domaine agricole.

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Chapitre V : Les stratégies d'adaptation adoptées

I - La priorité à la scolarisation et la culture des plantes fruitières Aujourd'hui, les revenues agricoles assurent moins de 3 mois de nourriture pour les paysans de Mont-Rolland31 ; une situation qui s'est empirée au fil des années conduisant au découragement et renforçant l'exode des populations. Face à cette fuite les populations locales ont adopté différentes stratégies d'adaptations.

Si la règle était que l'enfant quitte l'école pour les travaux champêtres, quand ces derniers l'exigent, la crise agricole à partir des années 1970 a changé la donne : le diplôme prime sur la «terre». Aujourd'hui avec la transformation du CEM Brave Hyppolite construit en 1995 (avec un effectif de moins de 100 élèves au départ), en Lycée, le rêve de tout parent est de voir sont fils devenir salarié32 pour combler le gap des productions agricoles qui deviennent de plus en plus faibles. En effet, le lycée Brave Hyppolite qui polarise tous les écoles primaires de la Commune de Mont-Rolland, comptait 1154 élèves au cours de l'année scolaire 2013/2014 avec un faible taux d'abandon de 2% (BADJI Mamadou, 2014) 33 . Ainsi la péjoration climatique, favorisant la scolarisation des jeunes et l'exode rural, aura aussi comme conséquence une importante perte de main d'oeuvre favorisant aussi les conditions de l'émergence de cultures moins exigeantes en main d'oeuvre telles que les cultures fruitières.

La culture de plantes fruitières est l'une des activités alternatives, adoptées par les paysans. Sur les 150 ménages 98 possèdent, au moins, un verger de citrons ou de mangues soit 65%. Parmi les avantages des plantations fruitières selon les populations : elles n'exigent pas forcement une main d'oeuvre importante mais aussi sont plus durables que les céréales face à la variabilité pluviométrique. Ces manguiers et citrons constituent parfois une source de revenu important pour certains paysans qui s'investissent énormément, surtout pour protéger leurs champs des divagations de bétail. Cependant les plantes sont parfois exposées à la divagation des animaux et aux mouches des fruits qui réduisent les potentielles productions. La commercialisation des fruits reste moins rentable à cause des prix dérisoires qui sont fixés par les acheteurs (bana bana). Un autre problème de l'arboriculture fruitière est lié à l'absence

31 Pendant nos enquêtes la plupart des familles déclarant que leurs productions vivrières dépassent deux mois, affirment manger du riz tous les jours grâce aux revenues provenant essentiellement des apports des migrants.

32 Ici le mot salarié exclut le domaine agricole car l'agriculture moderne n'étant pas très développée au Sénégal n'est pas considéré aux yeux des paysans comme un domaine pourvoyeur d'emploi bien rémunérée ; des domaines comme l'enseignement, l'armée, la médecine ... sont parfois privilégiés par les populations

33 Entretien avec le Proviseur M. BADJI du lycée Brave Hyppolite

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de moyens de conservation et de transformation qui obligent parfois les paysans à vendre leurs productions, quelque soit le caractère dérisoire des prix.

Cependant à cause des menaces réelles et permanentes de divagation, cette culture ne réussit pas à tous les paysans. Aussi, l'exode rural n'est pas réservé à tout le monde et les déceptions aboutissent à un «retour à la case de départ». Ainsi certains paysans qui sont restés dans les villages se sont tournés vers la nature pour survivre.

II - Les produits de la végétation

L'activité «forestière» qui était pratiquée à usage seul, s'est intensifiée à cause de son caractère de plus en plus commercial et cela malgré une végétation de plus en plus steppique. En effet différentes plantes sont exploitées, pour être commercialisées localement mais aussi dans des villes comme Thiès et Dakar, soit pour leur utilité alimentaire, énergétique ou thérapeutique. Les feuilles de baobab, les écorces de Grewia bicolor, les fruits de Ziziphus mauritiana et les graines de Boscia senegalensis, sont parmi les plus exploitées.

Ainsi, les feuilles le baobab, dont la coupe entière était interdite par une loi traditionnel «koté» qui sanctionnait tout individu s'aventurant à la coupe des arbres, sont aujourd'hui la matière première de l' «industrie du lalo»34 .Selon les populations, les sécheresses des années 1970 ont dérogé plusieurs lois, car face à la sécheresse la coupe des feuilles des arbres avait été autorisée surtout pour nourrir le bétail. Mais aujourd'hui les feuille de baobab (Photo 2) : c'est de l'argent avant tout. Ainsi nombreuses sont les femmes qui s'activent dans cette activité qui leur permet d'assurer des dépenses quotidiennes.

34 Poudre de feuilles de baobab, utilisée comme épice dans la préparation du couscous, traditionnellement chez les Ndut.

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Photo 2 : Cette femme triant les feuilles de baobab déclare sous un ton ironique «Voila ma

récolte» Cliché Mbengue G.L.S Octobre 2014.

Quand au Ziziphus mauritiana (Pii en Ndut, Sidem en wolof) et au Boscia senegalensis (Baagné en Ndut), elles sont exploitées respectivement pour leurs fruits et graines. Si le Ziziphus mauritiana parvient à pousser sur toutes les parties de la Commune et particulièrement dans les zones peu fréquentées à l'exemple des champs abandonnés, le Boscia Senegalensis est en abondance dans les terres abandonnées du Tanghor. En effet selon les populations de Colobane Thiombane, si les fleurs des Boscia senegalensis étaient épargnées des papillons et criquets (Photo 3) elles fourniraient une production très importante de graine et joueraient un grand rôle alimentaire.

Photo 3 : A gauche : zone en jachère dans le Tanghor (où pousse un paysage de Boscia sengalensis) , à droite :Criquet se nourrissant des fleurs (réduisant les chances de production selon les populations) Cliché Mbengue G.L.S Octobre 2014, Octobre 2014

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Concernant les Grewia bicolor, (soone en Ndut et kel en wolof) qui sont concentrées aujourd'hui dans la forêt classée, leurs écorces sont exploitées de manière très intense, particulièrement, par les populations des villages de Colobane Thiombane et de Pallo. Certaines femmes affirment leur dépendance à l'exploitation de ces écorces de «soone» aux vertus thérapeutiques, qu'elles retrouvent souvent à plusieurs kilomètres de leurs domiciles, afin de les vendre à Thiès, après transformation, pour survivre surtout lors des mauvaises campagnes agricoles.

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