WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le BIM: enjeux juridiques et contractuels

( Télécharger le fichier original )
par Stanislas Audibert
ENSAPVS - Architecte 2018
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

C - Un nouvel acteur: Le BIM Manager - responsable du BIM Management

Un nouveau type de mission intervient avec l'arrivée de ce nouvel outil: Le BIM

Manager ou Information Manager. Il s`agit du responsable du BIM, du chef d'orchestre de la collaboration. Le BIM étant avant tout un processus de collaboration, c'est lui qui s'occupera de bien la gérer et aura donc un rôle principalement de gestionnaire.

Le BIM Manager n'étant pas encore réglementé, je vais essayer de le définir de la manière la plus précise possible. Il existe déjà des BIM Manager mais le contour de leurs responsabilités reste encore flou « notamment quand il s'agit de déterminer quel

intervenant est le plus qualifié pour assurer cette fonction »101.

Les assureurs souhaitent créer une nouvelle fonction permettant de le cadrer

juridiquement et d'autres comme dans le rapport Pican ne le souhaite pas. L'avenir nous le dira.

Quoi qu'il en soit, le BIM Manager doit avoir l'expérience de projet. En effet, il doit connaître les outils numériques mais également connaître l'expérience de terrain de toutes les phases d'un projet de la conception à l'exécution. Il peut être une personne au sein de la maitrise d'oeuvre (architecte), maitrise d'ouvrage ou bien un intervenant extérieur. Le rapport Pican et d'autres spécialistes s'accordent sur « la fonction de BIM Management plutôt que sur la création d'un poste de BIM Manager ».

100 Entretien avec O. Celnik, Architecte, Directeur du cabinet d'architecture Z-Studio, professeur et directeur du Mastère Spécialisé BIM de ENPC/ESTP, Janvier 2018

101 C. Croix & D. Da Palma, «travailler en mode BIM: Quels risques juridiques?», www.sebanCassocies.avocat.fr, Octobre 2016

64

Pour essayer de définir son rôle revient sur la question des responsabilités. Comme on a pu le voir dans la partie II, Les responsabilités de droit commun n'auront pas de répercution avec l'usage du BIM sur un projet contrairement aux garanties légales des constructeurs qui impacteront ceux qui sont « constructeurs ». Cette question de « constructeur » est importante car elle permet de connaître les limites de responsabilités de ce nouvel acteur. Un «constructeur» au sens de la loi est défini par l'article 1792-1 du Code Civil par : « est réputé constructeur de l'ouvrage:

· tout architecte, entrepreneur, technicien ou autre personne liée au maître de l'ouvrage par un contrat de louage d'ouvrage;

· toute personne qui vend, après achèvement, un ouvrage qu'elle a construit ou fait construire;

· toute personne qui, bien qu'agissant en qualité de mandataire du propriétaire de
l'ouvrage, accomplit une mission assimilable à celle d'un locateur d'ouvrage ».

Encore beaucoup hésitent sur les limites de responsabilités de ce nouvel acteur:

· Soit il ne peut intervenir sur la construction de l'ouvrage et donc seulement gérer la maquette numérique sans la modifier et ne sera donc pas un constructeur au sens de la loi et ne sera pas soumis aux responsabilités légales des constructeurs et notamment décennales. Sa responsabilité civile de droit commun sera mise en oeuvre si il perd des données de la maquette car il en est le garant. Il serait BIM-manager Non constructeur. Il sera dans ce cas un prestataire de service et n'aura pas d'obligation de résultats mais seulement de moyen. «Le BIM Manager, même si il est lié contractuellement au maître d'ouvrage, peut avoir son intervention limitée à une gestion pure et simple de l'outil informatique sans intervention sur la construction elle-même»102. Mais cette responsabilité ne pourra être que contractuelle et le BIM Manager ne sera pas considéré comme un constructeur et devra seulement gérer les intervenants entres eux et ne sera donc pas tenu des garanties légales des constructeurs.

102 Cyril Croix, Barbara Dufraisse et Francesca PAGGI (Avocats Seban & Associés), «construire avec le BIM: éléments d'analyse juridique».

65

« Dans ce cas, le Bim Manager:

o ne prend pas de décisions techniques qui appartient aux intervenants (responsabilité inaliénable des entreprises ou de la maîtrise d'oeuvre)

o analyse les interférences identifiées par le logiciel et détecter toute autre interférence de présynthèse et en informer les intervenants

o propose (avec l'assistance de l'architecte, du maître d'oeuvre d'exécution et des BET concernés) des solutions pour les interférences identifiées».

o voire même signale au coordinateur des études les principaux conflits constatés, la présynthèse ne relevant pas de ses responsabilités »103.

· Soit il sera un BIM Manager technique-constructeur et sera qualifié de constructeur et sera redevable des responsabilités légales. Il ne pourra se défaire d'un litige seulement si il démontre l'existence d'une cause étrangère (article 1792 alinéa 2 du code civil). Si en revanche une erreur est de sa faute il faudra déterminer si celle-ci est du à une faute de conception ou une erreur de saisie informatique. En revanche, s'il doit s'occuper de la conception de la maquette et gère les clashs104, il pourra être assimilé de constructeurs et devra répondre de ces responsabilités légales des articles 1792 et suivant du code civil.

Ainsi la limite entre BIM Manager-constructeur et BIM Manager-non constructeur est encore floue et doit être définie contractuellement afin de délimiter ces responsabilités.

Le problème que peut poser l'arrivée de ce nouvel intervenant est la confusion lorsqu'il serait doté de plusieurs casquettes. En effet, il ne s'agit pas réellement d'un nouveau métier mais d'un intervenant extérieur, faisant partie de la maitrise d'oeuvre ou à la maitrise d'ouvrage ou assistance à la maitrise d'ouvrage. Aura-t-il le même rôle si il intervient en tant qu'architecte ou en tant que maître d'ouvrage ? Il ne faut pas qu'il y ait immixtion des fonctions et garde bien son rôle de BIM Manager. «Le BIM est un outil d'anticipation et de synthèse technique destinée aux maîtres d'oeuvre qui pour écarter toute méprise sur la responsabilité du BIM manager, nécessite des contrats explicites et correctement rédigés pour tous les intervenants. Le danger étant, pour l'architecte BIM Manager qui n'a pas la

103 Table ronde «Le BIM: quels enjeux, quels avantages, quels obstacles pour l'ingienerie et la MOA', organisé par l'OPQIBI, Juin 2017

104 [Voir glossaire page 103]

66

mission de conception architecturale, de faire de la prescription pour laquelle il n'est pas missionné et d'engager sa responsabilité au-delà de ses obligations contractuelles»105.

Avis recueillis à propos de ce nouvel acteur:

· Selon Monsieur TREHEN : « Oui le BIM est un exercice à lourde responsabilité si il est fait comme un acteur de Maîtrise d'oeuvre. A partir du moment, où l'on manipule la Data directement, c'est à dire qu'elle est manipulé pour être mise ailleurs, on est susceptible d'être reconnu comme étant être l'auteur de cette data. La fondation du BIM, c'est la gestion de la data. La data circule par les uns et les autres et nous on est juste là pour vérifier que les autoroutes sont dégagées, que les péages sont encore là, savoir si la signalisation est toujours bien active... Mais on n'est surtout pas là pour prendre la voiture qui est en panne sur le côté, prendre le volant et terminer la route. Cela est strictement interdit. On n'est pas vérificateur. Je ne peux pas toucher à la maquette. Mon rôle est de dire «faites attention, parce que si vous êtes sur cette branche là, vous risquez d'avoir un problème plus loin». Mais ce n'est pas moi qui vais les conseiller d'aller sur telle ou telle branche. On reste dans la gestion de la data. Et donc la dangerosité de la responsabilité du BIM, c'est de mettre en place le processus dans lequel l'intervention du BIM Manager est indispensable »106.

· Selon Maître Benoit-Renaudin : « La question face à cette nouvelle profession de BIM Manager est de savoir si il est constructeur ou pas (juridiquement parlant). Tout d'abord vous n'avez pas de «contrat BIM». Vous avez des marchés de contrats de travaux et des contrats d'architectes. Le BIM y est intégré. Il n'est qu'un nouvel outil de travail. Donc il ne peut pas y avoir de contrat BIM a proprement parlé. Quand vous faites construire quelque chose, vous recourez au service d'un architecte. Vous faites un contrat d'architecte ou de maitrise d'oeuvre, ensuite vous concluez un contrat avec un promoteur par exemple mais il n'y a pas de contrat BIM a proprement parlé. Le BIM est juste intégré aux contrats existants. Ce sont donc des éléments qui sont intégrés. C'est pour cela que la nouveauté existe par petites touches.

105 «La MAF et le BIM: bien assurer, bien protéger les architectes», les architectes et le BIM, édité par l'UNSFA, Octobre 2016

106 Entretien avec J. P. Trehen, Directeur BIM chez EGIS bâtiment, Janvier 2018

67

Pour revenir au BIM Manager. Le BIM Manager n'a pas à intervenir pour modifier la maquette numérique. Il est juste là pour orchestrer. Il n'est donc pas constructeurjuridiquement parlant. Son travail c'est du management, il doit juste orchestrer I Le BIM est un outil il est donc là pour vérifier que l'outil est bien utilisé. Il n'a pas à intervenir sur le contenu lui-même. Si il la modifie il est en immixtion fautive et il sortira de son domaine d'intervention. Il a un vrai rôle de coordination. Mais avec ça rien n'estfigé. Si votre BIM Manager est dans l'équipe de maitrise d'oeuvre, il voudra peut être mettre son petit grain de sel. Mais à mon avis il ne faudra pas qu'il le fasse parce que chacun doit garder son rôle.

Mais on ne va pas sortir l'architecte de sa mission?

Maître Benoit-Renaudin : Si mais l'architecte ne peut avoir plusieurs casquettes dans sa mission. Si sa casquette c'est d'être BIM Manager et dit qu'il fautfaire cela de cette manière c'est bon. Si il donne son grain de sel, il sortira sur sa casquette d'architecte. Donc selon les missions, il faudra bien connaître quelle obligation est en cause. Ce n'est donc pas forcément que du conseil puisqu'il doit absolument respecter la convention BIM. Conseiller quelqu'un, vous le laisser libre de faire quelque chose. Le BIM Manager est là pour faire respecter la charte, la convention, etc. »107

· Selon Monsieur Darremont : « Ce métier n'existe pas à proprement parler. Ce métier en tant que tel ne peut exister. Le BIM est seulement un nouvel outil, il n'engendre pas de nouveau métier. Ce sont des compétences à obtenir dans un métier ce qui est bien différent. Il fautjuste aller un peu plus loin. C'est une question de management. Tout le monde est à peu près au même point. Les plus grosses entreprises sont plus rapides par rapport aux plus petites. Mais cela ne veut pas dire que les plus petites iront dans le sens des plus grosses. C'est l'évolution du marché qui nous le dira. Il y a aussi l'impulsion des maitres d'ouvrage qui va être importante. La plupart des maitres d'ouvrage ont signé notre charte pour l'horizon 2022. Si cela marche nous seront en avance sur les anglais par exemple et pourtant on n'aura pas fait de loi »108.

107 Entretien avec Maître C. Benoît Renaudin, avocate au Barreau de Paris et dans le cabinet Martin et Associés (Paris), Janvier 2018

108 Entretien avec D. Darremont, Chef de département transition numérique bâtiment et BIM à la Fédération Française du Bâtiment (FFB), janvier 2018

· 68

Selon Monsieur Celnik : « La chose nouvelle qu'apporte ces contrats MAF c'est de dire que le BIM manager ou les acteurs qui font du BIM management sont des acteurs de la construction, idéalement c'est bien plus un rôle pris par les acteurs existants qu'un métier occupé par un nouvel acteur. Idéalement c'est un membre de l'équipe que quelqu'un rapporté de l'extérieur et ce n'est pas un maitre d'oeuvre, ce n'est pas un constructeur au sens de l'article 1792. Ça c'est nouveau. Avant les gens ne se prononçaient pas. Moi j'avais presque tendance avec ma casquette d'architecte et d'élu à l'ordre des architectes à au contraire revendiquer qu'il était un constructeur pour éviter que des gens qui ne soit pas du monde de la construction ne se mette là dedans alors qu'ils n'étaient pas compétent en construction et que c'était peut être que des consultants.

Vous avez déjà eu des cas où ce BIM manager était nommé constructeur au sens de la loi?

Monsieur Celnik : J'ai pas eu de cas où la question s'est posé mais j'ai des cas où l'ambiguïté était évidente. La seule vraie réponse sera apportée par les tribunaux lorsqu'il y aura eu des problèmes. C'est lorsqu'il y aura une jurisprudence, on verra comment un juge ou plusieurs juges auront tranché. Peut être qu'un juge dans 10 ans dira que contrairement à ce que dit l'agence X et son assurance, nous estimons que le BIM manager est constructeur ou pas. Souvent les architectes qui font du BIM sur des projets pensent que comme ils ont un BIM Manager dans la conception ils pensent qu'ils sont assurés à hauteur des heures passées en tant que BIM manager (1 à 2% du contrat de maîtrise d'oeuvre environ) comme un architecte et donc constructeur. La crainte de la MAF est qu'un projet arrive devant un juge avec des problèmes de retards alors qu'on a fait du BIM et peut être à cause des gens qui font du BIM et qui l'ont mal fait. Ils me collent sur la tête 5 à 10% de résolution du litige alors que j'ai cotisé qu'à hauteur d'1%. D'où le souci de la MAF qui résonne pour ces adhérents et pour elle-même d'essayer de s'évacuer. [...]

Vous avez donc un avis sur ces questions?

Monsieur Celnik : Je suis un peu entre les deux. J'ai quand même tendance à dire à mes étudiants HMO en école d'architecte, les responsabilités il faut les assumer et les

69

valoriser. Là où il y a des ambiguïtés, soit le management est directement assuré par exemple par une agence d'architecte et il a les deux rôles, à la fois architecte du projet et BIM Manager. Depuis le début la MAF disait aux architectes, on a toujours couvert nos adhérents dans l'exercice de leur métier et aujourd'hui il passe par le BIM, vous êtes donc couverts d'office sans cotisation supplémentaire. C'est surtout d'amener à préciser qu'est que l'on fait réellement, qu'est qu'on demande et dire clairement qui fait quoi, quand et comment et puis après est ce qu'on a respecté ou pas le contrat. Il y a des cas d'ambiguïtés que j'ai vu à plusieurs reprises, notamment lorsque le maitre d'ouvrage ne confie pas la mission de BIM management à un membre de l'équipe initiale même si c'est un cotraitant mais de quelqu'un de complétement extérieur. J'ai en tête un projet privé où on a une équipe de maîtrise d'oeuvre, on a un AMO BIM qui nous aide à préparer notre cahier des charges et on va mandater un BIM Manager extérieur. Il y a quelques boîtes spécialisées qui font souvent à la fois de la maîtrise d'oeuvre d'exécution, de la synthèse et qui font du BIM. Dans cette mission, cette boite là avait une mission uniquement de BIM manager dont on cherche à définir le contour. Lorsqu'on a commencé à creuser un peu et on leur pose des questions, ils nous disent «on est BIM manager, on fait la convention, on s'assure que les architectes et les bureaux d'études travaillent bien entres eux, on s'assure que tout va bien mais bien sûr ce sont eux qui font tout». Là où il y a de l'ambiguïté c'est sur la synthèse car souvent on pense qu'avec le BIM il n'y a pas de synthèse. En tant que BIM manager c'est de créer les missions de la synthèse, de faire en sorte que parce que les maquettes existent, qu'elles répondent bien au cahier des charges, qu'elles sont bien positionnées les unes par rapport aux autres...

Mais est ce que le BIM manager peut modifier cette maquette numérique?

Monsieur Celnik : Justement! C'est évident qu'il ne faut pas qu'il puisse. Mais dans ce projet, j'ai fait exprès de leur poser la question.

- «Donc on est d'accord, vous assemblez les maquettes de façon à ce que la maîtrise d'oeuvre voit les incohérences éventuelles. Et est ce vous détectez les clashs?

- Oui on appuie sur le bouton qui permet de le faire. Et qu'est que vous faites si vous voyez un problème ? Comme on est quand même ingénieur à la base, on a des activités de synthèse par ailleurs si on voit un problème on va proposer des solutions de résolution.

70

- Et la cela ne s'appelle pas de la maîtrise d'oeuvre ce que vous dites ? Vous lui confiez une mission de BIM management et pas de maîtrise d'oeuvre et dans ce cadre là ces honoraires ne correspondent pas à ça. Il n'est pas assuré sur ce projet là pour la maitrise d'oeuvre».

On est dans un cas concret où le rôle n'est pas correctement déterminé. C'est bien le but des contrats de la MAF et surtout le tableau à côté qui permet de répartir les rôles. On reparle à cette occasion des conventions de groupement de maîtrise d'oeuvre qui existe depuis toujours sans BIM. Ce tableau permet tout simplement de dire qui fait quoi. C'est mon avis global sur le BIM.

Cela peut être quelque chose de très précis. Dans l'absolu si on creuse sur le BIM, c'est de dire et on le voit sur beaucoup de projets. Quand le maitre d'ouvrage dit: «je veux cliquer sur la maquette etje veux connaître le numéro de la porte, l'état du parement de la porte et le degré coupe feu. Il y a une question technique qui dit comment on fait concrètement cette porte, comment on met cela dans la maquette et il y a la question méthodologique de dire: cette information là, dans ce projet là, est ce que c'est l'architecte ou l'économiste qui la définit dans le jeu des acteurs du BIM ? Comment ils se sont organisés sur ce projet là ? On fera en sorte que cela soit l'un ou l'autre et on dira que si c'est l'économiste qui est en charge de préciser ces points là. Par exemple, l'architecte exporte le tableau de portes en Excel puis le donne à l'économiste qui le remplit et le BIM manager le remet dans la maquette. Dès que l'on cliquera dans la maquette on aura une info de qui a fait quoi et qui a mal fait les choses si il y a un problème »109.

D - Exemple des Contrats MAF : opinions

Le seul assureur à avoir sorti des contrats « types » de maîtrise d'oeuvre est la Mutuelle des Architectes Français (MAF). Ils permettent de protéger les maitres d'oeuvre qui veulent utiliser le BIM dans leurs projets car beaucoup trop de maîtres d'oeuvre s'engagent dans une démarche BIM sans convention ou sans contrat. Selon ces contrats le BIM manager n'est pas un constructeur comme vu précédemment et n'est donc pas soumises aux articles 1792 et suivants du code civil.

109 Entretien avec O. Celnik, Architecte, Directeur du cabinet d'architecture Z-Studio, professeur et directeur du Mastère Spécialisé BIM de ENPC/ESTP, Janvier 2018

71

Ils ont sorti 4 outils:

· Conditions générales du contrat de BIM Manager (si il est distinct de la casquette de maitre d'oeuvre) qui précise la nature du contrat, la mission et la responsabilité du professionnel.

· Conditions générales de la mission complémentaire BIM Manager lorsqu'il est sous la casquette de maitre d'oeuvre cadre son rôle

· Conditions générales du contrat d'assistance à maitrise d'ouvrage BIM (AMO BIM) qui cadre la mission d'aide aux choix des acteurs assiste le maitre de l'ouvrage dans la rédaction d'un cahier des charges.

· Tableaux de répartitions des tâches qui décrivent l'environnement technique et collaboratif du BIM, ainsi que l'organisation et le rôle des acteurs de l'opération

Ils permettent de mettre une première idée de contrats BIM. Ils essaient de clarifier le rôle que joue chaque acteur et encadrent les relations entre la maitrise d'ouvrage et les acteurs du projet BIM.

· Selon Monsieur TREHEN : « Ils ne posent pas le problèmes dans le bon sens selon moi. Ils ont oubliés que le BIM manager n'était pas un synthétiseur de données. Ils se sont trompés sur son réel rôle. Il doit mettre en place toutes les infrastructures de process de données pour que tous les acteurs puissent faire la maquette numérique du projet. La maquette numérique à une échelle donnée c'est tout simplement n'importe quoi. Cela n'a aucun sens! »110

· Selon Maître Benoit-Renaudin : « Ils ont le mérite d'exister. La seule chose que je peux leur reprocher, c'est qu'ils donnent des généralités sur le BIM et ils ne sont pas dans l'action. Ce n'est pas assez complet à mon avis. Mais c'est toujours une base. Ils sont un bon exemple mais ils ne sont peut être pas assez protecteurs. Entre un contrat type qui existe et l'inexistence de contrat, il vaut mieux cela. Les architectes travaillaient avant sans contrat. Donc il vaut mieux un contrat qui les protège 1...]. Ils permettent d'aider les gens qui n'ont pas les moyens d'aller voir un avocat c'est à dire les petites structures. Et

110 Entretien avec J. P. Trehen, Directeur BIM chez EGIS bâtiment, Janvier 2018

72

c'est super car des personnes ont réfléchi à une trame assez simple avec un cas le plus général possible »111.

· Selon Monsieur Darremont : « Ce sont des contrats qui ont été fait par la MAF pour avoir des modèles de contrats pour les maîtres d'oeuvre. Si vous êtes par exemple un architecte assuré à la MAF et que vous voulez faire du BIM l'assureur propose ces contrats types. Cela permet de les assurer. La FFB a fait une démarche un peu différente, on a rédigé juridiquement l'ensemble en créant une chartre d'engagement long terme que l'on commence à diffuser en région. Cela permet de leur dire que si ils font du numérique regardez si vos contrats d'assurances assurent bien les risques. C'est un guide d'aide qui permet d'éviter qu'ils fassent des erreurs. Si les assureurs ont mal assuré leurs assurés en fonction des risques, c'est un risque pour l'assureur. Leurs contrats n'apportent pas toutes les protections à leurs assurés. Je ne suis pas sûr qu'ils couvrent toutes les situations »112.

· Selon Monsieur Celnik : « Nous les avons composé avec une vingtaine de personnes de métiers divers: avocats, experts, architectes, BIM manager, représentant d'agences en grandes réunions collégiales puis écrit à trois: un avocat, un expert construction et moi. On a un contrat AMO BIM, un contrat de BIM manager autonome et un troisième. La MAF donne ces contrats à ses assurés et leur disent que si ils ont des missions spécifiques BIM on peut bien vous assurer si vous suivez la marche à suivre. Il permettre de dire que en fonction du contexte il faut déterminer les contrats avec les responsabilités, il faut déterminer les rôles, le droit d'auteur, la garantie décennale, etc. Tout cela existe. Il faut tout d'abord rappeler ces fondements a des gens qui les ignorent et leur dire que sur un projet il faut un contrat, si on est d'accord on signe et si on n'est pas d'accord on discute et on ne signe pas ! [...] »113.

111 Entretien avec Maître C. Benoît Renaudin, avocate au Barreau de Paris et dans le cabinet Martin et Associés (Paris), Janvier 2018

112 Entretien avec D. Darremont, Chef de département transition numérique bâtiment et BIM à la Fédération Française du Bâtiment (FFB), janvier 2018

113 Entretien avec O. Celnik, Architecte, Directeur du cabinet d'architecture Z-Studio, professeur et directeur du Mastère Spécialisé BIM de ENPC/ESTP, Janvier 2018

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon