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Smart City & Transformation de l'imaginaire touristique

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par Thérèsa Son
Université de Bordeaux Montaigne - Master 2 professionnel Stratégies et politiques de communication 2016
  

Disponible en mode multipage

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DÉCEMBRE 2016

SMART CITY &

TRANSFORMATION DE

L'IMAGINAIRE TOURISTIQUE

SOUS LA DIRECTION DE MONSIEUR ALAIN MONS ET DE MADAME LAURENCE-MARINE DUPOUY

THÉRÈSA SON

MASTER 2 PROFESSIONNEL STRATÉGIES ET POLITIQUES DE COMMUNICATION

theresason.mada@gmail/com

REMERCIEMENTS

Je tiens tout d'abord à remercier grandement Madame Laurence-Marine Dupouy et Monsieur Alain Mons pour leur disponibilité et leurs précieux conseils.

Je voudrais remercier aussi les personnes qui ont participé de près ou de loin à mes
recherches et à l'élaboration de ce mémoire.

SOMMAIRE

INTRODUCTION_ _ _ _8

CHAPITRE 1 : SMART CITIES ET TOURISME________________9

CHAPITRE 2 : ÉTUDE DE CAS.

BORDEAUX, L'ÉVEIL DE LA BELLE ENDORMIE____________ 18

CHAPITRE 3 : RÉSULTATS D'ENQUÊTES__________________ 40

ANNEXES___________________________________

53

BIBLIOGRAPHIE _ _

_ 76

WEBOGRAPHIE

77

8

INTRODUCTION

Voici bientôt vingt ans que le 21ème siècle s'est offert à nous, nous laissant l'opportunité d'enfoncer un peu plus profondément dans les limbes de l'humanité la trace de notre passage sur Terre. C'est en effet très peu de temps qui s'est écoulé depuis, mais c'est pourtant en ce moment même que l'on voit poindre les prémices d'une ère futuriste semblable à celle admise dans l'imaginaire collectif depuis la moitié du siècle précédent. Avec l'arrivée de l'internet au grand public dans les années 90 puis du web 2.0 au début des années 2000, c'est dire si notre société se situe dans une course effrénée au progrès et à l'innovation. Actuellement, si l'on s'attarde sur l'Histoire de nos sociétés et sur leur établissement, nous nous situons dans une ère dite de l'hyper-modernisation. Ce mémoire fera donc état d'une analyse des transformations induites par ce passage à une ère nouvelle. Cette analyse concernera une vaste organisation1, la ville. La ville constitue le prisme qui nous permet de comprendre les sociétés et leurs mutations. C'est en ce lieu que se concentrent les énergies corporelles, organiques et inorganiques. C'est aussi au-dessus de la ville que l'on peut cerner, à la loupe, les trajectoires empruntées par chacune de ces entités et les discontinuités qui surgissent çà et là. Aujourd'hui les villes tentent de relever ce défi de l'hyper-modernisation introduit plus haut en faisant le pari du numérique. Ville numérique, ville du futur et de manière plus générique ville intelligente, voire `smart city', la ville du 21ème siècle s'empare des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) dans l'objectif de mettre en oeuvre des infrastructures communicantes et durables pour améliorer le confort des citoyens. C'est donc le citoyen qui occupe le centre des préoccupations dans la `smart city'. Cependant, ce sont d'autres acteurs qui ont leur importance dans ce système qui feront l'objet de cette recherche, à savoir les touristes. Citoyens `à temps-partiel' les touristes incarnent le lien stratégique reliant une ville à une autre. Il s'avère donc nécessaire de prendre en compte les relations qu'entretiennent ces derniers avec les `smart city' et ce au-delà de leurs simples pratiques. Il sera de ce fait question d'étudier les perceptions des touristes et la transformation de leur imaginaire dans un contexte de mutations urbaines afin de déterminer l'efficacité des nouveaux outils de communication que proposent les `smart cities'.

1 En des termes sociologiques, un groupe humain régi selon les mêmes règles dans l'optique d'atteindre un même but. James March et Herbert Simon, Organizations 2nd edition, Wiley-Blackwell, 1993.

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CHAPITRE 1 - SMART CITIES ET TOURISME

1. Histoire de la ville et de ses transformations

1.1. De la tour de Babel à l'Utopia de Thomas More : chronologie de la cité idéale

« 1 A cette époque-là, tous les hommes parlaient la même langue et tenaient le même langage. 2 Lors de leurs migrations depuis le soleil levant, ils découvrirent une vaste plaine dans le pays de Chinéar et ils s'y établirent. 3 Ils se dirent les uns aux autres : Allons, moulons des briques et cuisons-les au four. Ainsi ils employèrent les briques comme pierres et le bitume leur servit de mortier. 4 Puis ils dirent : Allons, construisons-nous une ville et une tour dont le sommet atteindra jusqu'au ciel, alors notre nom deviendra célèbre et nous ne serons pas disséminés sur l'ensemble de la terre.

5 L'Éternel descendit du ciel pour voir la ville et la tour que les hommes construisaient. 6 Alors il dit : Voici qu'ils forment un seul peuple parlant tous la même langue, et c'est là ce qu'ils ont entrepris de faire ! Et maintenant, quels que soient les projets qu'ils concevront, rien ne les empêchera de les réaliser. 7 Eh bien, descendons et brouillons leur langage pour qu'ils ne se comprennent plus entre eux ! 8 Et l'Éternel les dissémina loin de là sur toute la terre ; ils cessèrent donc la construction de la ville. 9 C'est pourquoi on l'appela Babel parce que là, l'Éternel avait confondu le langage des hommes de toute la terre, et c'est à partir de là qu'il les a dispersés sur toute la terre. » 2

Ce passage de La Bible, témoigne de l'existence lointaine d'une utopie de la cité idéale partagée par l'universalité des Hommes. Les Hommes sont animés par ce désir de rationalisation de l'espace par la construction, l'élévation. À cette époque déjà les Hommes s'organisent afin de répondre à un enjeu qui leur est commun, voir leur « nom [devenir] célèbre, [ainsi ils ne seront] pas disséminés sur l'ensemble de la terre ». La recherche d'une identité participe déjà à la concrétisation de leurs motivations. Une fois définie cette identité à construire, ceux-ci collaborent afin d'accomplir leurs desseins. Identité et collaboration deviennent maître mots de la naissance de la ville, mais aussi de sa renaissance. La Tour de Babel lorsqu'elle est détruite par « L'Éternel » oblige les Hommes à se réorganiser et se construire une nouvelle identité. Ce mythe de la Tour de Babel ainsi interprété semble constituer le socle de l'histoire de la ville et de ses transformations, de ses mutations. De la République de Platon à Francis Bacon et sa Nouvelle Atlantide en passant par la fameuse Utopia de Thomas More, plus d'un

2 Ancien Testament, Gen 11.10

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millénaire a ensuite été consacré au fantasme de la cité idéale, influençant de parts et d'autres du monde l'installation du fait urbain.

1.2 Les processus de modernisation de la ville

Tout au long de l'évolution humaine, le visage des villes a subi nombre de transformations résultant de la modification de nos besoins. Si l'on s'attache à la pyramide des besoins de Maslow, les besoins engagés dans ce processus de transformation de la ville sont plutôt des besoins d'ordre physiologique et de recherche de sécurité. Pour comprendre les enjeux auxquels sont actuellement confrontés les acteurs de la `smart city `, il faut retracer l'histoire de la ville depuis sa naissance afin de comprendre la manière dont s'est mis en place le processus de modernisation auquel elle est aujourd'hui encore soumise. Si l'on s'appuie sur l'étude anthropologique des villes réalisée par Anne Raulin, on comprend que l'histoire des villes, du fait urbain, est entièrement liée aux différents systèmes d'organisation des Hommes, et qu'elle se découpe par période. C'est d'ailleurs au cours de la période post-néolithique, au moment de l'apparition de l'agriculture qu'émergent les premières villes, dans la région du croissant fertile. Cette installation des Hommes dans ce milieu à même de subvenir à leurs besoins physiologique a impulsé le développement du commerce, des premiers échanges commerciaux. Nous sommes à cette période en 8500 avant J.C. À cette époque on parle davantage de « villes insérées dans un territoire indépendant qu'elles gèrent et gouvernent », soit des cité-États (Anne Raulin). Ce type d'organisation des Hommes a eu vent jusqu'à la moitié du XIXème siècle. Depuis l'apparition des premières cité-États, sont mis en place au cours de la Grèce antique des modes de gouvernance donnant lieu aux premiers modèles urbains permettant la mise en place « d'un espace civique [et d'une] gestion proprement politique de la cité-État ». La gestion des Hommes et le souci d'une représentativité de la diversité propre aux fondements de la culture antique grecque persistent aujourd'hui encore, aux mêmes termes que l'influence de l'Empire romain sur l'organisation de l'espace public. En effet, comme le précise Anne Raulin, dans son Anthropologie urbaine, « En Europe et particulièrement en France, ce double héritage a entraîné dans les domaines de la gestion urbaine et politique une fusion entre les notions de citadinité et de citoyenneté ». Dépassé le temps des mythes biblique, la cité-idéale, comme était amenée à le devenir Babel et sa tour fantasque, se démocratise et participe à la mise en relief d'un nombre croissant de territoires. La réalité urbaine se conscientise chez les Hommes qui au fil des millénaires ont conservé cette recherche de la modernité absolue. Thomas More et son « Utopia » en témoignent et ne cessent d'inspirer les générations les succédant. Aujourd'hui encore,

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les préceptes des fondateurs de la pensée utopiste guident le développement de nos villes et inspirent notre créativité urbaine. Ce rêve impossible de « cité idéale » anime aujourd'hui encore l'imaginaire des citoyens et des gouvernants qui aspire désormais à rendre nos villes intelligentes, à concrétiser l'utopie.

1.3 Sociologie de la ville

Avant de se pencher sur la situation actuelle à laquelle sont confrontées les villes, la ville doit être comprise en tant que système social et urbain. Selon Sylvia Ostrowetsky, il existerait dans les villes une « synthèse spatiale » où le centre urbain se caractériserait par « la cohabitation des fonctions, sa multifonctionnalité, puisqu'il superpose et imbrique des espaces de gestion administrative et juridique, économique, et politique, religieuse et culturelle. ». D'après cette représentation de la ville, il est plus aisé de s'imaginer sur quels leviers il est nécessaire d'intervenir afin de rendre une ville « smart ». Pour Anne Raulin, les centres urbains sont aussi à qualifier de « synthèse temporelle » en ce sens qu' « ils sont aussi des centres historiques ». Elle insiste ensuite sur ce fait en expliquant que « le centre-ville est un espace/temps intégré, et la dimension symbolique de cette réalité s'exprime à travers des représentations de symbiose, de matrice, de fusion, de nostalgie. » C'est d'ailleurs cette prise en compte de l'historicité des villes, qui servira à l'analyse de l'imaginaire touristique. La vision organique de la ville de Ledrut pour qui « l'image de la ville » s'apparente à celle d'une personne « le plus souvent identifiée à la mère et suscitant les mêmes attentes ou les mêmes frustrations » sera également prise en considération. Il y a en effet une dimension symbolique du centre-ville, puisque c'est à cet endroit, rappelons-le qu'est conservée l'histoire de la ville, d'un territoire parfois. C'est l'endroit le plus attractif de la ville, « sujet d'identifications collectives », de « mémoire collective »3 où justement l'on retrouve des masses de touristes. Pour Rémy et Voyé, « la centralité suppose un espace de signification symbolique prédominante qui constitue le fond sur lequel viennent éventuellement prendre forme des activités commerciales et des services divers ». Ces services sont destinés aux citoyens, mais aussi aux visiteurs extérieurs et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle, ces deux auteurs de Ville, ordre et violence insistent sur le fait que « ce centre qui est un territoire commun de rencontre où la résidence n'est pas une condition pour se sentir chez soi, peut apparaître comme quelque chose où la vie est continue dans la mesure où il s'y passe toujours l'un ou l'autre

3 Jean Remy et Liliane Voyé, Ville, ordre et violence, Paris, PUF, 1981, p.86

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événement à signification collective, où le décor est occupé en permanence et qui, par la spécificité de ses formes, exprime le caractère unique et original de l'entité urbaine. ».

Partant de ces multiples postulats, concentrons-nous sur les changements sociaux et urbanistiques qu'induit un passage à la « smart city ».

2. À l'ère de l'hyper-modernisation, les « smart cities ». État des lieux d'un concept en pleine construction

2.1 Pourquoi la « smart city »

Alors qu'en 1700 la population mondiale ne comptait que 7% de citadins, on estime aujourd'hui que « 70% de la population mondiale vivra dans les zones urbaines à l'horizon 2050.4 » Cet accroissement de la population mondiale n'est pas sans conséquence sur le « plan économique et culturel [...] les modes de vie et le vivre ensemble ». Les modes de gouvernance de la ville doivent donc être adaptés à cet accroissement de la population urbaine, mais aussi aux modes de vie des citoyens et aux outils que ces derniers utilisent au quotidien. Ainsi, cette transformation des modes de gouvernance des espaces urbains doit se faire en concomitance avec l'intégration des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) dans notre quotidien.

2.2 Les acteurs de la « Smart city » : gouvernance publique et gouvernance privée

Cette confluence de l'organique (la ville-personne vue par Ledrut) et de l'inorganique (les TIC) implique la mobilisation de différents acteurs. Comme l'évoquent Emmanuel Veno et Jean-Michel Mestres dans leur article « Villes numériques, villes intelligentes ? » publié dans la revue Urbanisme, « la ville intelligente est d'abord le fait d'acteurs industriels majeurs : opérateurs et équipementiers de télécommunications, constructeurs informatiques, intégrateurs de systèmes d'information, opérateurs de réseaux électriques, distributeurs d'énergie, entreprise de travaux publics, promoteurs immobiliers, entreprises de transport... » En effet, ce ne sont pas uniquement les acteurs locaux qui sont mobilisés dans la construction de la « ville idéale ». Par acteurs locaux, il est question de la polis (les dirigeants de la ville, chargés de sa gouvernance), mais aussi du demos (les citoyens). De quelle manière interviennent donc les TIC auprès des

4 Hélène Marie-Montagnac, Villes créatives : quand le numérique rencontre la culture en métropole dans « L'imaginaire et la représentation des nouvelles technologies de l'information et de la communication »

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véritables « pratiquants » de la ville ? Pour H. Marie-Montagnac, « les TIC sont amenées à jouer ici un rôle, participant à la mise en oeuvre de nouvelles relations interindividuelles comme à l'émergence de communautés virtuelles et favorisant l'essor de ce que l'on désigne désormais par l'expression d'intelligence collective ». C'est donc cette notion d'intelligence collective qui sera interrogé, quant à la place qu'elle laisse au sensible, à l'émotion. Cette modification des relations interindividuelles impacte-t-elle nos perceptions et nos représentations de la ville ?

2.3 Les différents niveaux d'intellectualisation de la ville

2.3.1 Ville sensuelle

La « smart city » par essence doit permettre d'inscrire le citoyen au coeur des décisions, grâce aux outils numériques. Pour Antoine Picon, une ville qui s'oriente vers ce type de gérance est une ville sensuelle qui « s'adresse directement aux individus ne serait-ce parce qu'il faut les persuader de consommer. ». Ici, la collaboration est de mise. La ville sensuelle induit une démultiplication des interactions entre les individus et le numérique et les individus entre eux par le numérique. Cette approche de la « smart city » permettra d'analyser les mesures qui ont été mises en place ou mériteraient d'être mises en place afin de rendre les touristes « hyper-réactifs » dans le sens où l'entend Picon. Complémentairement à ce concept, Picon dresse le profil d'une ville sensible laquelle intervient sur la perception de ses usagers à travers les écrans qui ponctuent son agencement urbain. Parmi ces usagers de la ville, on s'intéressera au cas des touristes urbains. Les touristes peuvent être considérés comme les héliastes inavoués de la ville sans pour autant en être des experts. La relation intermittente qu'ils entretiennent avec les villes qu'ils visitent sur une courte ou longue durée leur suffit à définir l'identité propre à chacune de celles-ci. La ville est par nature sensible comme le défini Picon, en ce sens qu'elle fait appel à la sensorialité de ses usagers.

2.3.2 Ville sensible

L'odorat, la vue, l'ouïe, le toucher et le goût sont les cinq vecteurs qui nous permettent d'adjectiver les ressentis que nous avons d'un espace public. Aujourd'hui, la prégnance des écrans dans cet oxymorique paysage urbain interfère dans cet échange perceptif qui nous relie à la ville et ses réalités. Qu'il s'agisse de notre smartphone, des gps, des montres intelligentes, des écrans publicitaires, etc. les écrans nous enferment dans des

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microsphères qui transforment nos perceptions. Quel type de relation les touristes peuvent-ils nouer avec une ville si leurs sens sont embués par les écrans ? Quelle place pour l'altérité si la « smart city » implique une standardisation de la trajectoire touristique ? Ainsi nous nous intéresserons aux travaux d'Antoine Picon qui critiquent cette vision idéaliste de la « ville intelligente ». Il explique en effet que la « smart city » accroît cette dimension sensible des villes où tout est filtré par les écrans et que ces dernières prennent des allures de villes-événement, où se multiplient les occurrences et où historicité et patrimoine sont en quelque sorte mis au rebus. Ces faits répondent d'ailleurs à l'une des hypothèses qui est que l'hyper-modernisation induite par le concept de « smart city », altérerait la particularité dont joui chaque ville, chaque territoire de par son histoire, sa culture. Si cette vision de la « smart city » est reliée au rôle que jouent les touristes dans les villes, c'est parce que justement, les touristes lorsqu'ils se rendent dans un ailleurs, c'est bien parce qu'ils sont à la recherche de la différence (Rachid Amirou), de l'altérité qui se situe dans l'événemential (Alain Mons).

3. Tourisme et « smart cities »

3.1 Le tourisme urbain en question 3.1.1 Analyse sociologique du tourisme

Si l'on se rapporte aux travaux de John Urry et Jonas Larsen dans leur ouvrage « The Tourist Gaze 3.0 », il se confirme l'hypothèse selon laquelle l'imaginaire des touristes se construit d'après les représentations des espaces tels qu'ils leur ont toujours été représentés. Les touristes ont des attentes particulières concernant les villes qu'ils choisissent de visiter. Selon les auteurs, «places are chosen to be gazed upon because there is anticipation, especially through daydreaming and fantasy, of intense pleasure, either on a different scale or involving different senses from those customarily encountered. Such anticipation is constructed and sustained through a variety of non-tourist technologies, such as film, TV, literature, magazines, CDs, DVDs and videos constructing and reinforcing the gaze.» En étudiant de manière plus approfondie le regard que portent les touristes sur les paysages urbains, il sera possible de déterminer la portée des transformations de la ville sur ces derniers, et si oui ou non toutes les villes ont intérêt à faire ce pari du « smart » quel que soit l'échelle choisie.La particularité des touristes se

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situe dans leur recherche de l'altérité, de la différence, comme l'indiquait Rachid Amirou. Ainsi, ils ne perçoivent pas les signes qui se situent dans une ville donnée de la même manière que ses citoyens. Intervient donc ici le concept d'observabilité partagée. Pour Louis Quéré5, «nous nous mouvons dans des environnements composés d'innombrables objets observables. Et pourtant nous ne les percevons pas pour autant. Ils n'ont pas tous la même saillance. Nous ne faisons attention qu'à certains d'entre eux, par exemple ceux qui sont pertinents pour organiser une activité en cours ou pour traiter une situation, ceux qui contredisent nos attentes routinières, ou ceux dont l'absence est remarquable parce qu'une attente n'est pas remplie. L'observabilité de ces objets n'est donc pas une observabilité en soi, une observabilité immédiate (au sens de « sans médiation »), mais une observabilité accomplie. » Ainsi nous parlerons d'observabilité accomplie parce qu'il émerge des « configurations sensibles » dans l'idée d'un imaginaire touristique. On peut en outre reprendre les propos de Merleau-Ponty qui déclarait alors que «la vision s'articule sur le visible qui la rend possible et, en même temps, elle le fait advenir. Urry et Larsen l'expliquent en ces termes: « The tourist gaze is directed to features of landscape and townscape which separate them off from everyday experience. Such aspects are viewed because they are taken to be in some sense out of the ordinary. The viewing of such tourist sights often involves different forms of social patterning, with a much greater sensivity to visual elements of landscape or townscape than normally found in everyday life. People linger over such a gaze, which is often visually objectified or captured through photographs, postcards, films, models and so on. These enable the gaze to be reproduced, recaptured and redistributed over time and across space.

Qu'implique donc une hyper-modernisation de la ville dans l'imaginaire des touristes? Pour Lucien Kroll 6 déjà en 1990, nous faisons face à un massacre culturel. Le remplacement des « anciennes textures » des paysages urbains, par des « objets mercenaires comme les parkings » (aujourd'hui on pourrait émettre un parallèle avec l'apparition des écrans sur les bâtiments) indique une mise à mal du sacré et déplore « La relation entre les choses, leurs proportions et leurs espaces non bâtis, leur paysage qui assurent cette cohérence qu'on se désespère de réinventer dans les architectures contemporaines ». Il y aurait dans le bâti contemporain une dégradation de « la poésie des événements, une mutilation culturelle paysagère. » Partant de ce constat, les organisations du tourisme, lien effectif entre la ville et ses visiteurs ont tout à faire pour accompagner les touristes dans ce processus d'acceptation qu'ils devront enclencher une fois que le visage des villes à forte historicité se verra transformé. Les touristes sont néanmoins pris en compte dans le développement des villes smart, mais uniquement

5 Le sensible et l'observable, dans « L'espace public, les compétences du citadin »

6 La ville policée, dans « L'espace public, les compétences du citadin »

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concernant leurs pratiques. Bien qu'une distinction soit faite par les experts de la question entre « smart city » et « smart destination », il convient aujourd'hui encore de poser les limites de ces deux concepts, et de questionner la perception des touristes. Selon les cahiers du tourisme de Wallonie, l'utilisation des data semble le facteur clé de succès permettant d'optimiser l'expérience client. « Le croisement entre connaissances des clientèles, création de contenus adaptés, gestion de la data permettront de proposer de vraies communications ciblées, sur mesure, respectant les attentes des clients souhaitant vivre et se projeter dans de vraies expériences pendant leur voyage. Beaucoup reste donc à faire. » Au regard de toute la réflexion, qui entoure les concepts de « smart cities » et de transformation des imaginaires touristiques, l'une des manières de maintenir l'équilibre dans la perception des touristes seraient multiplier les « affordances » comme décrites par Isaac Joseph. En effet, selon ce dernier, une affordance est « à la fois une prise et une invite, la disponibilité dans l'univers perceptif ». Concept formulé par James J. Gibson au cours des années 70, il interviendrait dans le cadre des interactions sociales avec la ville que les organisations touristiques doivent proposer aux touristes par le biais des TIC. L'importance de l' « affordance » tient dans le fait que « Les guides se distingueraient par leur façon de saisir l'affordance (ou de définir l'intérêt et la curiosité du touriste/lecteur). » Cependant, « un trop fort guidage peut réduire l'affordance du site, de la situation, une absence de guidage qui rend difficile la rencontre de ce qui a de la valeur, ce qui vaut d'être vu. »

Afin de déceler si les méthodes de communication actuellement mises en place par la ville de Bordeaux permettent aux touristes de percevoir les espaces urbains comme il se doit, nous analyserons la manière dont ces derniers perçoivent la ville de Bordeaux. Élue ville la plus tendance de l'année 2017, cette ville dont la richesse patrimoniale est reconnue mondialement témoigne aujourd'hui de nombreuses transformations qui la placent au rang de « smart city ». Ces projets de transformation de la ville de Bordeaux s'inscrivent dans un grand projet urbain intitulé « Bordeaux 2030 : du croissant de lune à la pleine lune. ». Bien que le visage de la ville ait maintes et maintes fois muté au cours des siècles et des décennies, c'est en 2009 que les changements urbanistiques furent les plus considérables. Toujours dans l'objectif de construire un « Bordeaux 2030 » plus habitable, Alain Juppé actuel maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole publiait alors un premier arc de développement durable de la ville et posait les bases de la philosophie de la ville en matière d'urbanisme et d'architecture durables. Afin de comprendre les choix effectués par la polis afin d'améliorer le mode de vie du demos de la ville de Bordeaux et la rendre attractive, il est nécessaire de s'imprégner de l'histoire de Bordeaux. En effet, la ville doit être vue comme un corps qui évolue en fonction de son

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environnement, qui porte les marques du temps, et qui se transforme. Ainsi, il est indispensable de prendre connaissance des événements qui ont façonné la ville de Bordeaux comme nous la voyons aujourd'hui. Ces événements constituent une forme d'expérience dont témoigne la ville à travers les valeurs qu'elle incarne et qu'elle défend par ses choix architecturaux et urbanistiques, mais aussi par les moyens qu'elle met en place afin que ses habitants s'en nourrissent. Dans un second temps il sera question d'interroger les touristes qui ont pu se rendre à Bordeaux, afin d'analyser de quelle manière ces derniers perçoivent la ville de Bordeaux. Ce sera l'occasion dans un troisième temps de déterminer par un travail ethnographique si les outils mis en place permettent aux touristes de s'approprier la ville ou si au contraire, ils ont tendance à figer nos rapports à cette dernière ?

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CHAPITRE 2 - ÉTUDE DE CAS : BORDEAUX, L'ÉVEIL DE LA BELLE ENDORMIE

1. Histoire de la ville de Bordeaux et de ses transformations

1.1Une transformation urbaine assumée

C'est à partir du 18ème siècle grâce à son implication dans la Traite des Noirs et dans le commerce colonial que la ville de Bordeaux connu sa première grande expansion. De par la quantité des exports effectués vers le reste de l'Europe et le nombre d'expéditions menées vers les autres continents, Bordeaux devient le premier port de France et le deuxième port mondial après celui de Londres. Alors en plein essor économique, la ville accueille de plus en plus d'habitants. « La population passe de plus de 66 000 habitants au milieu du siècle à près de 110 000 en 1790. Le négoce attire une population riche ou modeste, extrêmement variée, mêlant catholiques, protestants et israélites. »7. À cette époque, la ville est administrée par des Intendants hautement qualifiés qui mettent en place un plan d'urbanisme visant à défaire la ville de son image de cité médiévale. Les grands édifices prennent naissance, « c'est la construction de la place Royale (actuelle place de la Bourse), la création des places Dauphine (Gambetta), Saint-Julien (de la Victoire), de Bourgogne (Bir-Hakeim), Saint-Germain (Tourny), la percée ou l'aménagement des cours et allées conçus comme des promenades, l'érection des portes et fontaines, la réalisation du jardin public et de nombreux lotissements, le démantèlement du Château Trompette. La ville se pare de somptueuses constructions comme le Grand Théâtre, le Palais Rohan et d'autres hôtels particuliers, créant de nouveaux quartiers aérés à la richesse inouïe. » 8 . À l'issue de ces transformations urbanistiques, Bordeaux entre dans l'ère de la modernité. Napoléon Bonaparte est au pouvoir et de nombreux travaux sont entrepris, notamment le réaménagement du port et la construction du pont de Pierre. En parallèle des nombreuses revendications populaires faisant écho au climat ambiant de belligérance on assiste à l'aboutissement de grands projets urbains. « En 1822, c'est l'ouverture tant attendue du pont de Pierre, premier pont reliant les deux rives, puis en 1824 celle de l'Entrepôt réel des denrées coloniales pour stocker les marchandises sous douane. En 1829 le nouvel hôpital Saint-André remplace l'ancien, devenu insalubre. » Après la révolution de 1848, et l'élection de Louis-Napoléon Bonaparte au titre de Président de la République le 10 décembre, l'économie reprend son élan, et ce durant toute la moitié du 19ème siècle. « Le Théâtre Français, le cimetière de la Chartreuse, le palais de justice, les colonnes rostrales des Quinconces, les boulevards (1853-1857), les lignes de chemin de fer vers Bayonne

7 9 10 11 Bordeaux, porte Océane (1715-1793), Bordeaux des deux rives (1793-1914), De nouveaux équilibres (de1945 à nos jours) dans « Chronologie de l'histoire de Bordeaux », http://www.bordeaux.fr/

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ou Paris, l'extension des quartiers, l'adduction d'eau et l'éclairage des rues dans les années 1860, l'annexion de la commune de La Bastide en 1865, l'ouverture du cours d'Alsace en 1869, l'installation de marchés, le dégagement de la cathédrale Saint André, la construction de la synagogue, des facultés, de la bibliothèque municipale et de la gare Saint-Jean, l'apogée en 1875 de la sculpture monumentale (L'exemple le plus représentatif est, sur la place des Quinconces la colonne des Girondins) sont pêle-mêle des témoignages significatifs de l'aménagement de Bordeaux, ville attrayante qui passe de 120 000 habitants en 1841 à 230 000 en 1891. »9 Au cours de la première guerre mondiale, Bordeaux devient à nouveau capitale provisoire de la France. Son port jouissant d'une situation géographique idéale fait office de base de ravitaillement des troupes états-uniennes en 1917. L'économie bordelaise ne cesse d'accélérer à compter des années 1920, décennie durant laquelle on verra s'ériger le port autonome de Bordeaux, les hangars et les quais « permettant aux grands transatlantiques d'accoster ». Le maire de l'époque, Adrien Marquet relance un projet de modernisation de l'architecture, accompagné des architectes Jacques d'Welles, Raoul Jourde et Cyprien Alfred-Duprat. On leur doit ainsi « la réfection des égouts et de l'éclairage public, la macadamisation de rues, la construction des abattoirs, de la piscine Judaïque, de la Bourse du travail, du stade Lescure et d'un nouvel immeuble pour la récente régie municipale du gaz et de l'électricité. »10. Le visage de la vie culturelle est également transformé par l'apparition de théâtres, cabarets, salles d'exposition, etc. À la moitié du 20ème siècle, Jacques Chaban-Delmas, député-maire de Bordeaux depuis 1947 devient en 1954 ministre des Travaux publics, du Logement et de la Reconstruction et impulse le lancement de constructions modernes. Plusieurs cités sont construites, le centre hospitalier universitaire, le domaine universitaire et les tours de la cité administrative sont érigées. Dans les années 1960, les ponts saint Jean et le pont d'Aquitaine apparaissent et l'ancien quartier de Mériadeck est entièrement démoli afin devenir l'actuel quartier des affaires de Bordeaux. Au regard de tous ces grands travaux, la ville de Bordeaux n'a de cesse d'attirer de nouveaux habitants. Une décennie plus tard, « la population de l'agglomération passe de 430 000 à 600 000 habitants. » Il y a de plus en plus d'étudiants, les premiers centres commerciaux font leur apparition. C'est toute une ville qui est transformée non plus par les chantiers qui l'animent, mais par le changement des habitudes de sa population. Dans les années 1990, la métropole s'ouvre davantage à l'extérieur avec l'arrivée du TGV à la Gare Saint-Jean et Alain Juppé successeur à la municipalité de Chaban-Delmas prend conscience des besoins de ses usagers. Un nouveau programme de rénovation urbaine voit le jour, lequel annonçant entre autre le retour du tramway.

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1.2 Une ville classée au patrimoine mondial de l'UNESCO

« Le patrimoine est l'héritage du passé, dont nous profitons aujourd'hui et que nous transmettons aux générations à venir. » Extrait de la convention de 1972.

Inscrit depuis le 28 juin 2007 sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco, le Port de la Lune de Bordeaux jouit du titre d'Ensemble urbain exceptionnel. Large de 1810 hectares, il s'agit du plus grand ensemble urbain honoré de ce titre par la Commission du Patrimoine mondial de l'Unesco. C'est à l'issue de nombreux échanges entre l'État, les partenaires locaux, des scientifiques, historiens, architectes et urbanistes que la candidature de la ville de Bordeaux a été soumise au patrimoine mondial de l'Unesco. En effet, afin de concourir au titre d'Ensemble urbain exceptionnel, il était requis qu'un périmètre bien précis englobant les édifices les plus représentatifs de son patrimoine, de son histoire et de son architecture particulière soit définit. Une fois ce périmètre définit, il faut savoir que le Patrimoine mondial de l'Unesco n'intervient pas dans la règlementation urbanistique en vigueur. Cependant, si la ville de Bordeaux (ou tout autre ville classée au Patrimoine mondial de l'Unesco) ne répond plus « aux exigences de l'Unesco en terme de préservation et de transmission aux générations futures de toutes les composantes de l'identité bordelaise [à savoir] : un patrimoine architectural et immatériel exceptionnel », alors il n'est pas garanti que cette dernière soit maintenue dans le classement de la Commission du Patrimoine mondial de l'Unesco. Cela suppose une bonne gestion du patrimoine en réponse à diverses « exigences complémentaires : la conservation du patrimoine, le développement économique et social, la mise en valeur du patrimoine historique et de la culture vivante, comme la qualité de vie des Bordelais. ». Il s'agit d'un plan de gestion évolutif car tourné vers l'avenir et prenant en compte les problématiques du développement durable. Cependant, ce plan contient également des éléments propices au maintien et à la valorisation de « l'identité bordelaise ». Selon le site de la mairie de Bordeaux, il s'agit des oeuvres d'art, de l'histoire, l'art de vivre composé de la gastronomie et de la culture du vin. Ainsi, la spécificité de Bordeaux comme Patrimoine mondial réside dans le fait qu'il s'agisse d' « un patrimoine historique ou contemporain, architectural ou végétal, consensuel ou contesté, dans une continuité urbaine homogène sans rupture depuis plus de deux siècles.

Observons de quelles manières la ville de Bordeaux aujourd'hui encore en pleine mutation, incarne ces valeurs qui la définissent comme patrimoine mondial.

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2. Une ville en mutation permanente

2.1 Le nouveau visage de Bordeaux : des choix architecturaux disruptifs

Dans le cadre de son troisième grand projet urbain devant prendre fin à l'horizon 2030, la ville de Bordeaux voit sortir de terre un grand nombre de constructions de parts et d'autre de son étendue. Ce projet ayant vu le jour en 2013 a déjà donné naissance au réaménagement du quartier des Bassins à flot. La mise en place de ces grands projets a vocation à décentrer les événements du centre-ville et de les étendre à la partie Nord de la ville ainsi qu'à la rive droite. Le quartier des Bassins à flots est le quartier le plus représentatif de cette volonté d'ouverture de la ville. En témoignent ces étendues de terrains inhabités laissés de trop nombreuses années à l'abandon. Ces transformations successives de la ville de Bordeaux laissent présager un anéantissement du patrimoine et de l'héritage bordelais. Cependant, l'ensemble des projets mis en place par la mairie de Bordeaux visent en réalité à faire cohabiter ville ancienne et ville moderne et à annihiler toute dualité entre ses deux représentations de la ville. Le seul contraste qui doit apparaître dans nos imaginaires est celui des deux rives séparées par le fleuve de la Garonne. C'est en cela que Bordeaux figure en tant que ville moderne, mais une partie de sa modernité tient aussi dans le fait qu'il s'agit d'une ville qui sait s'adapter à son époque. C'est en effet une ville intelligente qui place les citoyens et les besoins qui leurs sont propres au centre de ses préoccupations. C'est une ville consciente de son patrimoine, de la géographie du territoire sur lequel elle est implantée, et de l'architecture qui la rend si particulière. Cette modernité est entièrement assumée par la ville, mais aussi par ses habitants qui ont cette opportunité d'habiter le patrimoine. C'est un patrimoine vivant et non pas figé, un patrimoine qui se situe dans la prolongation de nos trajectoires quotidiennes et non pas un patrimoine qui les interrompt. « Le patrimoine est habité, il est partagé, il est gratuit, il n'est pas automatiquement ancien. Le patrimoine c'est le quartier des Chartrons comme les quais rive gauche, le jardin botanique, comme le palais de la Bourse, le quartier Saint-Michel comme le jardin public [...] La modernité de Bordeaux, c'est le tramway, sans caténaire et sans abri voyageur place de la Bourse, le lion bleu de Xavier Veilhan place Stalingrad comme le Res Publica de Nicolas Milhé en faut des silos des Bassins à flot, le souci de préservation de la halle des Douves comme celui de la salle des fêtes du Grand Parc. La modernité de Bordeaux est dans ce qu'elle a cessé de n'aimer que l'architecture du XVIIIe siècle et les échoppes, pour s'ouvrir à d'autres époques, à d'autres styles, modernité dans sa capacité de s'étendre sans être défigurée, parce que l'ADN de la ville est trouvé. L'ADN de Bordeaux, c'est d'abord un paysage et, au centre de ce paysage, le fleuve. »11 C'est en ces termes exact qu'Alain Juppé, défend l'identité de la ville de Bordeaux. Une

11Préface d'Alain Juppé dans « Bordeaux 2030, du croissant de lune à la pleine Lune. »

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ville où les différences d'époques confluent à merveille afin d'offrir à ses citoyens le meilleur confort de vie possible mais aussi pour pérenniser la construction du patrimoine. En témoigne récemment la construction du Pont Chaban-Delmas et de la Cité des Civilisations du Vin, remarquables édifices architecturaux qui prennent tous deux place au sein du quartier des Bassins à flot. Cette continuité dans laquelle se situent ces deux totems du renouveau architectural de la ville de Bordeaux c'est celle des « grands tracés urbains dessinés par les intendants au XVIIIe siècle ». Ils laissent envisager une poursuite du développement économique de la ville lui permettant de passer du simple « croissant de Lune à la pleine Lune ».

2.2 Une ville en interaction avec ses pratiquants

Outre son renouveau architectural, la ville de Bordeaux se veut plus moderne auprès de ses pratiquants en faisant le choix d'inclure le numérique dans sa façon d'échanger avec ces derniers. Le choix d'inclure l'Open data dans le mode de gouvernance de la ville permet en effet de se rapprocher des citoyens, de connaître leurs usages et de comprendre leurs besoins. Ainsi, le Conseil de développement durable (D) s'est posé la question des mesures qui devraient être prises afin d'améliorer la vie citoyenne mais aussi pour inciter les citoyens à initier eux-mêmes des projets. Ces réflexions sur le progrès de la métropole bordelaises datent de 2015 au moment où les prémices de sa mutation étaient déjà constatables dans la ville de Bordeaux. À ce jour, le numérique s'est déjà fait une place dans le quotidien des usagers de la ville de Bordeaux. Les transports du réseau TBM, notamment les bus, sont dotés d'écrans dynamiques informant sur les « Lieux à voir » à proximité des arrêts desservis par chaque ligne ainsi que sur la quantité de V-CUB (vélos en libres services mis à disposition par la métropole) disponibles à ces mêmes arrêts. Certains abris-bus sont aussi dotés de panneaux dynamiques affichant les horaires de passage des bus, un dispositif renforcé par la présence de QR CODE. Une fois scannés par les usagers d'une telle ou telle autre ligne de bus, ceux-ci indiquent l'heure de passage des prochains bus, à la manière des panneaux dynamiques. Outre ces moyens relativement efficaces pour communiquer auprès des citoyens, diverses applications ont été créées par la métropole mais aussi par de tierces personnes afin de faciliter les déplacements et l'orientation des citoyens, mais aussi des touristes. Revenons ainsi au coeur de notre sujet, les touristes. Certaines de ces applications destinées à faciliter le guidage spatial des corps s'adressent à la fois aux habitants, mais aussi aux touristes parfois directement, parfois indirectement. Elles permettent de s'orienter, de s'informer, mais aussi de découvrir la ville. Cette façon de découvrir la ville concorde tout à fait avec cette volonté de faire de Bordeaux une ville moderne en ce sens qu'elle parvient à maintenir l'équilibre entre ville ancienne et ville nouvelle. Cependant cette inclusion des écrans dans la trajectoire des touristes venus visiter Bordeaux pousse à se questionner sur l'influence qu'ont ces derniers sur les

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perceptions des touristes de la ville. Les moyens actuellement mis en place pour offrir aux habitants le meilleur mode de vie possible permet-il aux touristes de saisir les subtilités identitaires de « la belle endormie » ?

3. Enquête : déterminer les besoins des touristes urbains

3.1 Objectifs de l'enquête

Si l'on s'appuie sur le tableau de Latour des modes d'innovations organisationnels, on peut comparer la trajectoire classique des touristes à un cours d'action ininterrompu. Le seul hiatus admis dans ce type de trajectoire serait le lot d'hésitations et d'ajustements auxquels on se soumet en tant que touriste lorsque l'on cherche notre chemin par exemple. Cette interruption de parcours, incite le touriste à faire attention à son environnement, lorsqu'il essaie de repérer dans l'espace (félicité), mais provoque également une perte d'attention quant aux événements qui l'entourent (infélicité). Il s'agit d'un scénario commun à tout individu situé dans un espace qu'il ne connaît pas et qu'il n'a pas encore eu l'occasion de s'approprier. Avec l'actuelle prégnance de la sphère du virtuel dans nos trajectoires quotidiennes il est intéressant de questionner quels sont les hiatus qui s'imposent à nous et quelles forment prennent félicités et infélicités. De quelle manière se construisent nos rapports à la ville lorsque la technique s'immisce dans nos habitudes ? Tel est l'objectif de cette enquête.

3.2 Choix de la méthodologie

3.2.1 Le questionnaire quantitatif

Afin de comprendre l'influence de ces outils numériques sur les perceptions des touristes une dizaine de questions sera posée à un échantillon de 50 personnes francophones et anglophones. Un échantillon de 50 personnes suffira amplement dans la mesure où la plupart des questions posées permettent au panel interrogé de répondre sans guidage. Le résultat de cette enquête ne sera pas représentatif de la totalité de la population de touristes s'étant rendus à Bordeaux, cependant, un échantillon de 100, 1000 ou 10 000 personnes ne l'aurait pas non plus été. La teneur des propos relevés est en effet exclusivement subjective. Cinq parties se distingueront dans cette enquête :

1. 25

Déterminer si la personne interrogée a déjà visité la ville de Bordeaux ou non

À l'issue de cette première partie, l'enquêté sera dirigé vers la rubrique « Découverte de Bordeaux » ou « Retour à Bordeaux », selon les réponses fournie dans la première partie.

2. Découverte de Bordeaux

Cette rubrique du questionnaire permettra de déterminer si l'enquêté constate un écart entre ses représentations de la ville de Bordeaux (influencées par l'image qui en est dépeinte dans les medias) et l'actuelle réalité.

3. Retour à Bordeaux

Dans cette rubrique, il s'agira de vérifier si les changements urbains de la ville de Bordeaux modifient la manière dont l'enquêté perçoit la ville

4. Focus sur la Cité du Vin

Édifice le plus représentatif du processus de modernisation de la ville de Bordeaux, la cité du vin fera l'objet d'une pré-enquête auprès des touristes. Cette enquête visera à les laisser exprimer leurs ressentis concernant ce projet.

5. Cette partie consiste à dresser le profil des répondants.

Il s'agira de déterminer la génération à laquelle appartiennent les répondants, ce qui permettra de mieux comprendre leur relation au numérique avant d'analyser leur perception d'une ville qui intègre les TIC dans ses processus d'interaction avec ses pratiquants. Les enquêtés seront également interrogés sur leur ville de provenance. Cela permettre de comprendre si le cadre dans lequel ils évoluent influence leur façon de percevoir l'espace public.

Cette première partie d'enquête se fera par le biais d'un questionnaire semi-directif à auto-démembrement diffusé sur internet. Les publics interrogés sont essentiellement des hommes et des femmes de tous âges ayant visité la ville de Bordeaux. Afin d'atteindre cette cible, les questionnaires ont été diffusés sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook et Linkedin) dans des groupes de discussions dédiés au tourisme.

Ci-contre, la grille d'entretien (en français) commentée, soumise à l'échantillon de 50 personnes.

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Bordeaux l'éveil de la belle endormie

Dans le cadre de mon Master 2 en Stratégies et Politiques de communication, je réalise un mémoire de recherche sur Bordeaux en tant que "smart city". Ce questionnaire vise à vous interroger sur vos perceptions de la ville en tant que touristes. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse.

*Obligatoire

Afin d'éviter tous biais méthodologie, il est précisé en introduction de l'enquête qu'elle ne s'adresse qu'aux individus ayant visité la ville de Bordeaux en tant que touristes. Certaines personnes ayant récemment aménagé dans cette ville ont ainsi été autorisées à répondre à cette enquête.

À quel titre avez-vous visité Bordeaux ?*

? Tourisme de loisir ? Tourisme d'affaire ? Les deux

? Autre :

Avez-vous visité Bordeaux lors de ces 12 derniers mois ? * Oui

Non

Cette précision permettra de connaître l'état d'esprit dans lequel étaient les personnes interrogées lors de leur visite, et leurs attentes.

Étiez-vous déjà venu à Bordeaux auparavant ? *

Oui (Accéder à la page 7 : Retour à Bordeaux)

Non (Accéder à la page 2 : Découverte de Bordeaux)

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Cette question permettra de situer à quelle période du processus de transformation de la ville de Bordeaux, les personnes interrogées ont pu effectuer leur visite.

[DÉCOUVERTE DE BORDEAUX]

Cette rubrique a pour objectif de déterminer s'il y a un écart entre vos attentes concernant la ville de Bordeaux et vos ressentis lors de votre visite de Bordeaux.

Afin d'obtenir les réponses les plus exploitables possible, il a été convenu d`indiquer l'objectif de cette rubrique.

Lors de votre visite, la ville de Bordeaux était-elle semblable à ce que vous imaginiez ? *

? Oui ? Non

Quelles similitudes ou différences avez-vous remarquées ? * (Réponse longue)

Suite à votre visite, comment définiriez-vous l'identité de Bordeaux ? * (Réponse longue)

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Êtes-vous d'accord avec ces propositions ?

Cette question a pour objectif de relever les éléments qui vous ont permis de définir l'identité de la ville de Bordeaux en fonction de votre expérience

 

Pas du

tout

d'accord

Pas

d'accord

Ni en

désaccord, ni d'accord

D'accord

Tout à fait d'accord

L'architecture de

la ville

 
 
 
 
 

Les modes de

transport

 
 
 
 
 

L'offre culturelle

 
 
 
 
 

Les événements

 
 
 
 
 

Les moyens mis à

ma disposition
pour visiter la ville

 
 
 
 
 

Il s'agira grâce à cette question de déterminer si les éléments représentatifs de la ville de Bordeaux suffisent à définir son identité.

Avez-vous eu connaissance avant ou durant votre séjour d'une ou plusieurs des applications suivantes ?

Il s'agit uniquement des applications proposées sur le site de Bordeaux Métropole-Bordeaux tourisme

Plusieurs réponses possibles

Cette question permettra de déterminer quelle importance est donnée au numérique lors des visites touristiques de la ville de Bordeaux. Il sera alors possible de savoir si oui ou non ces outils ont une utilité. Elle sera également adressée aux individus ayant déjà visité Bordeaux au moins une fois.

(Agenda Bordeaux ; Bordeaux Métro Vélo ; Bordeaux Shopping ; Bordeaux code ; Info TBC App ; Lastable Monument Tracker ; Musée d'Aquitaine ; Smart Bordeaux ; SNCF TER Mobile ; Toilettes Bordeaux ; Transports Bordeaux)

AUCUNE

Si oui, comment-en avez-vous eu connaissance ? (Réponse courte)

Cette question permet de connaître les moyens de communication utilisés par les touristes lors de leurs visites ou en préparation de leurs visites

Si non, pensez-vous que vous auriez mieux appréciée votre visite de Bordeaux avec une ou plusieurs de ces applications ?

(Réponse longue)

Grâce à cette question, il sera possible de déterminer quels sont les besoins et les attentes des touristes avant et pendant leur voyage.

Avez-vous utilisé une ou plusieurs de ces applications durant votre séjour ?

? Oui ? Non

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Si oui, votre expérience de visiteur en a-t-elle été améliorée ?

Merci de justifier votre réponse (Réponse longue)

Si non, expliquez pourquoi.

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Ces trois questions serviront d'indicateur de performance de ces applications

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[RETOUR À BORDEAUX]

À quand remonte votre dernière visite de Bordeaux ?

· 10 ans ou plus

· Entre 5 et 10 ans

· Entre 1 et 5 ans

· Moins d'1 an

Il s'agira de déterminer sur quelle période l'individu effectuera la comparaison de ses perceptions

Quels changements vous ont le plus marqué depuis votre dernière visite ?

· Le développement du réseau de transport (vcub, tram, batcub)

· Le renouveau architectural ( pont chaban-delmas, cité du vin,ect)

· Autre :

Les réponses à ces questions nous indiqueront quels éléments constituent le contraste le plus important entre « l'ancienne » et la « nouvelle » ville de Bordeaux

Avez-vous eu connaissance avant ou durant votre séjour d'une ou plusieurs des applications suivantes ?

Il s'agit uniquement des applications proposées sur le site de Bordeaux Métropole-Bordeaux tourisme

Plusieurs réponses possibles

Cette question permettra de déterminer quelle importance est donnée au numérique lors des visites touristiques de la ville de Bordeaux. Il sera alors possible de savoir si oui ou non ces outils ont une utilité. Elle sera également adressée aux individus ayant déjà visité Bordeaux au moins une fois.

(Agenda Bordeaux ; Bordeaux Métro Vélo ; Bordeaux Shopping ; Bordeaux code ; Info TBC App ; Lastable Monument Tracker ; Musée d'Aquitaine ; Smart Bordeaux ; SNCF TER Mobile ; Toilettes Bordeaux ; Transports Bordeaux)

AUCUNE

Si oui, comment-en avez-vous eu connaissance ? (Réponse courte)

Cette question permet de connaître les moyens de communication utilisés par les touristes lors de leurs visites ou en préparation de leurs visites

Si non, pensez-vous que vous auriez mieux appréciée votre visite de Bordeaux avec une ou plusieurs de ces applications ?

(Réponse longue)

Grâce à cette question, il sera possible de déterminer quels sont les besoins et les attentes des touristes avant et pendant leur voyage.

Avez-vous utilisé une ou plusieurs de ces applications durant votre séjour ?

? Oui ? Non

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Si oui, votre expérience de visiteur en a-t-elle été améliorée ?

Merci de justifier votre réponse (Réponse longue)

Si non, expliquez pourquoi.

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Ces trois questions serviront d'indicateur de performance de ces applications

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[LA CITÉ DU VIN]

Située à Bordeaux, La Cité du Vin est un équipement culturel unique au monde, où s'exprime l'âme du vin, à travers une approche immersive et sensorielle, au coeur d'une architecture évocatrice. La Cité du Vin donne à voir le vin autrement, à travers le monde, à travers les âges, dans toutes les cultures et toutes les civilisations.

Lieu de vie, lieu de sortie, lieu de découverte, La Cité du Vin vous invite au voyage dans un monde de cultures.

(Source: http://www.laciteduvin.com)

Avez-vous remarquée "La Cité du Vin" ?*

? Oui (passer à la section suivante)

? Non (Accéder à la page 8 : Quel touriste êtes-vous ?)

En fonction de cette réponse et des réponses précédemment fourni par l'enquêté, il sera possible de déterminer si les outils numériques proposés pour visiter la ville ont influencé la trajectoire empruntée par les touristes.

Découverte de la Cité du Vin

Avez-vous été surpris par l'architecture de l'édifice (extérieur) ?*

? Oui ? Non

Il sera question de déterminer de quelle manière les touristes perçoivent les choix d'architectures disruptifs effectués dans la ville de Bordeaux, et si oui ou non ces derniers comprennent la démarche de l'architecte et de la polis.

Justifiez pourquoi, exprimez librement votre ressenti * (Réponse longue)

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Il s'agit d'analyser les divergences de perceptions et de faire ressortir les points communs, s'il y en a

Avez-vous visité la Cité du Vin ?*

· Oui (passer à la section suivante)

· Non (Accéder à la page 8 : Quel touriste êtes-vous ?)

Visite de la Cité du Vin

Avez-vous effectué le parcours permanent ? *

· Oui (passer à la section suivante)

· Non (Accéder à la page 8 : Quel touriste êtes-vous ?)

Parcours permanent de la Cité du Vin

Avez-vous apprécié l'utilisation des outils numériques tout au long de la visite ? (Écrans tactiles et audioguides)*

· Oui

· Non

Pourquoi ?*

Cette dernière question nous permettra de comprendre si les outils mis à disposition des touristes pour s'approprier la ville sont adaptés à leurs attentes et à leurs pratiques.

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[QUEL TOURISTE ÊTES-VOUS ?]

Lorsque vous partez en vacances ou en week-end en milieu urbain, quels sont vos critères pour choisir une ville ? *

· Les modes de transports offerts par la ville (aéroport, voiture, transports en commun, vélo)

· L'offre culturelle (événements urbains, musées, architecture)

· Vie nocturne

· Un ou plusieurs éléments uniques à cette ville

· Taille de la ville

· Autre :

Cette question permettra de cadrer les attentes des touristes et de distinguer les écarts qui apparaissent entre ces attentes et leur expérience de visiteur.

Êtes-vous équipé d'un smartphone ? *

· Oui

· Non

Il sera question de déterminer les rapports qu'entretiennent les personnes interrogées avec les outils numériques.

À quelle catégorie socio-professionnelle appartenez-vous ? *

· Agriculteurs exploitants

· Artisans, commerçants et chef d'entreprise

· Cadres et professions intellectuelles

· Professions intermédiaires

· Employés

· Ouvriers

· Retraités

· Autres personnes sans activités professionnelle

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Vous êtes *

· Un homme

· Une femme

· Autre

À quelle période êtes-vous né(e) ? *

· De 1996 à aujourd'hui

· Entre 1981 et 1995

· Entre 1961 et 1980

· Entre 1945 et 1960

· Avant 1945

D'où venez-vous ? *

Veuillez indiquer la ville ainsi que le pays. (Réponse courte)

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3.2.2 La description ethnographique

Afin d'étayer une partie des résultats de cette première enquête, un travail d'ethnographie sera effectué au sein de la Cité du Vin, afin de dresser les caractéristiques de l'expérience utilisateur dans un espace culturel habité par le numérique. Ce travail viendra compléter mon enquête sociologique afin d'obtenir les résultats les plus probant possibles. Ce travail d'ethnographie consistera en une immersion totale dans le rôle d'un touriste visitant la Cité du Vin. Il sera question de s'impliquer personnellement dans cette étude afin de saisir d'où proviennent les écarts résultant de l'enquête sociologique et demeurer le plus objectif possible. Il s'agit d'appréhender le sujet et de construire ce que « Marcel Mauss appelait un « phénomène social total », qui suppose l'intégration de l'observateur dans le champ même de l'observation »12 En effet, cette intervention du chercheur dans le processus d'observation ne pourrait rendre caduque le résultat de ses recherches dans la mesure où « nous ne sommes jamais des témoins objectifs observant des objets, mais des sujets observant d'autres sujets au sein d'une expérience dans laquelle l'observateur est lui-même observé. Si être, c'est percevoir, c'est aussi comme l'a dit Berkeley, « être perçu ». » Le meilleur moyen de comprendre la société dans laquelle nous évoluons est de participer aux échanges qu'elle permet. Le meilleur moyen d'obtenir une prise de distance suffisante en tant que chercheur est de se rapprocher du sujet. Comme l'a suggéré Malinowski, « on commence à s'intégrer et à comprendre la société que l'on se propose d' «étudier à partir du moment où l'on se trouve seul et où l'on partage les activités économiques, les joies - en particulier les jeux - et les peines de la population. ». François Laplantine justifie en outre l'importance de l'implication du chercheur dans ses terrains d'observation en affirmant que « nous n'observons jamais les comportements d'un groupe tels qu'ils auraient lieu si nous n'étions pas là ou si les sujets de l'observation étaient autre que nous ». Il est d'autant plus important dans le cadre de cette étude que le chercheur est ce rôle double de « voyant-visible » au sens où l'entend Merleau-Ponty puisqu'il est question d'une analyse de perceptions. Il est difficile de ce fait de mettre de côté la subjectivité de chacun. « La perturbation que l'ethnologue impose par sa présence à ce qu'il observe et qui le perturbe lui-même, loin d'être considérée comme un obstacle épistémologique qu'il conviendrait de neutraliser est une source infiniment féconde de connaissance. S'inclure non seulement socialement, mais subjectivement fait partie de l'objet scientifique que nous cherchons à construire, ainsi que du mode de connaissance caractéristique du métier d'ethnologue. » En effet, les réponses obtenues lors de l'enquête sociologique ne suffisent pas forcément à exprimer le ressenti des personnes interrogées. Soit parce que leur implication dans le processus de réponse au

12 « Une acculturation à l'envers » dans La description ethnographique , François Laplantine.

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questionnaire est moindre, puisque cela ne constitue aucun enjeu pour ces personnes, soit parce que ces personnes ne savent pas forcément mettre des mots sur leurs ressentis. Il faut également préciser que lors de leur visite de la Cité des Vins, l'objectif de ces personnes était purement récréatif et non scientifique.

C'est à l'aide de ces deux analyses qu'il sera possible d'effectuer une comparaison entre, les valeurs et l'identité de la ville de Bordeaux défendue par la polis et les valeurs et l'identité de Bordeaux perçue par les touristes qui dans la moindre mesure peuvent être associés au demos.

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CHAPITRE 3 - RÉSULTATS D'ENQUÊTES

Trois semaines après la soumission de ce questionnaire auprès des internautes, 56 réponses ont été collectées. En fonction de la pertinence des réponses obtenues, seules 50 d'entre elles ont été retenues. S'ajoutera en outre les données relevées lors de l'observation anthropologique menée lors d'une visite de la Cité du Vin. Les résultats qui ressortiront de l'analyse de cette enquête permettront de confirmer ou d'infirmer l'hypothèse que l'hyper-modernisation de villes comme celle de Bordeaux modifie la manière dont les touristes s'approprient l'espace public et leur empêche de rentrer en communion avec l'âme de la ville.

1. Grilles d'analyse

1.1 Réponse aux objectifs

Afin d'obtenir les résultats les plus parlant possible, une première grille d'analyse des résultats a été effectuée. Elle se découpe en sous objectifs qui sont les suivants :

Sous-objectif 1 : La réceptivité des touristes face aux TIC

Taux d'usage de smartphones

Taux d'usage des applications proposées par Bordeaux Métropole

Taux d'acceptation des outils numérique lors de visites touristiques ( Exemple:

Cité du Vin)

La ville de provenance de l'enquêté est-elle une smart city ?

Objectif de la visite

Génération à laquelle appartient le touriste

Sous-objectif 2 : Analyse des attentes des touristes

Les modes de transport proposés par la ville (aéroport), voiture, transports en commun, vélo, zones piétonnes, bateau)

L'offre culturelle (événements urbains, musées, architecture)

La vie nocturne

Un ou plusieurs éléments uniques à cette ville

La taille de la ville

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Sous-objectif 3 : Analyse de la perception des touristes

Avant la visite de Bordeaux Après et pendant la visite de Bordeaux

Mesure de l'écart des perceptions Écart minime ou nul (réponse exprimée en %)

Écart important (réponse exprimée en %)

2. Qui sont les touristes qui viennent à Bordeaux ?

Environ 60% des personnes interrogées ont visité la ville de Bordeaux dans le cadre d'une activité touristique, et 98% de ces mêmes personnes sont équipées d'un smartphone. Ces premières données nous fournissent d'ores et déjà des informations sur la réceptivité de ces personnes. Le fait qu'il s'agisse essentiellement de personnes venues à Bordeaux dans le but de s'évader ou de découvrir un ailleurs, induit en effet des attentes particulières de la part de ce public. Il s'agit en outre de personnes habituées aux technologies de l'information et de la communication, puisque 98% d'entre elles sont équipées de smartphones. Cette présence quasi-automatique du smartphone dans le quotidien de ces personnes laisse présager que leur rapport à l'outil est tout autant fusionnel. Leur quotidien est fait d'aller-retour entre le réel et le virtuel mais pourtant, seul 47.1% d'entre eux déclarent s'être servis des applications proposées par Bordeaux Métropole pour se guider dans la ville. Parmi les 52% restant, 42% déclarent ne pas avoir eu besoin de ces outils pour découvrir la ville. Dans la part des individus ayant trouvé une utilité aux applications proposées, ce sont les applications qui informent sur les transports qui intéressent réellement les touristes. L'avantage qu'ont ces applications, c'est qu'elles leur font gagner du temps. En effet, 30% des personnes qui ont utilisé une ou plusieurs des applications citées recherchaient des informations sur l'offre de transports et les services y étant lié. Transport Bordeaux, Info TBC App et SNCF Ter Mobile sont en effet les applications les plus recherchées et les plus utilisées par les touristes. C'est donc un outil qui contribue fortement au bon déroulement d'une visite touristique mais qui ne constitue pas un critère essentiel dans la définition de l'identité de la ville. L'offre de transport en elle-même, ne rentre que moyennement dans ces critères. En effet, les éléments les plus constitutifs de cette identité urbaine sont l'architecture et l'offre culturelle, comme en témoignent les résultats ci-dessous.

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Il se trouve que ces éléments qui participent à la construction de l'identité d'une ville, constituent également pour notre panel, les principaux centres d'intérêt. En effet, lorsque ceux ci-sont interrogés sur leurs attentes lorsqu'ils décident d'aller visiter une ville pour des vacances ou un week-end, 75% d'entre eux déclarent que c'est l'offre culturelle (événements urbains, musées, architecture) de ladite ville qui les aide à prendre une décision. Viennent en appui la vie nocturne (43%) et un ou plusieurs éléments uniques à cette ville (39%). Au regard de ces données il est intéressant d'observer dans quelle mesure, les propos de Lucien Kroll qui évoquait que le « remplacement des anciennes textures » participaient à un massacre culturel sont confirmable. Pour ce faire, nous nous intéresserons au ressenti de notre panel face à l'intrusion du numérique dans les visites touristiques. Ainsi, nous prendrons l'exemple de la Cité du Vin. En effet, parmi les individus de notre panel qui ont effectué la visite permanente de la cité du vin (18%), 55% ont déclaré ne pas avoir apprécié la présence

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des outils numériques. Dans ces 55% d'insatisfaits, il y a pourtant 70% des membres du panel qui appartiennent à la « Génération Y » (personnes nées entre 1981 et 1995), pourtant habituées aux outils du numérique. Comment pourrions-nous expliquer le rejet de ces éléments propre à la modernité ? Tous les aspects de la modernité tels qu'ils sont mis en avant dans la ville de Bordeaux font-ils tous l'objet d'un rejet ?

3. Les représentations touristiques de Bordeaux

Afin de répondre à ce dernier questionnement et mieux saisir les rapports qu'entretiennent les touristes avec une smart city comme Bordeaux, analysons l'image que s'en font les touristes. Il s'agira de présenter uniquement l'image que ces derniers se faisaient de la ville avant de la visiter. L'image qu'ils s'en sont fait après leur visite sera analysée dans un second temps afin de mesurer l'écart entre leur imaginaire et la réalité. Cette partie du questionnaire ne concernait que les individus n'ayant visité la ville de Bordeaux qu'une seule fois. Ce qui ressort de cette analyse, est à la fois perçue comme une ville « moderne et branchée », mais aussi comme une ville « vieillotte ». Elle est à plusieurs reprises réduite à une copie de Paris, mais essentiellement pour ce qui ressort de son côté « bourgeois », « majestueux » et pour son « architecture ».Cette divergence des représentations concernant la ville de Bordeaux démontre que la ville témoigne tel un corps humain d'évolutions visibles et invisibles. Son corps évolue, il vieillit ou se rajeunit, mais son âme demeure telle qu'elle. Ses évolutions et ses mutations de la ville-corps, sont directement influencées par son environnement, par ce qui la fait vivre et respirer. Si l'on poursuit notre comparaison de la ville à un corps humain, on pourrait effectuer un parallèle entre l'introduction de la modernité et l'inoculation d'un vaccin. Le principe même du vaccin étant d'insérer une partie d'une infime particule d'une bactérie étrangère au corps afin que celui-ci le reconnaisse en cas d'attaque et sache se défendre au moment venu. L'introduction de la modernité peut être perçue de la même manière. Elle peut être acceptée du premier coup, ou bien rejetée une première fois puis acceptée car inévitable. Les touristes bien que passagers de ce corps à la structure en mouvement réagissent également à l'introduction de ces nouvelles « normes », de la même manière qu'un foetus, passager dans le corps de sa génitrice réagirait à une modification de la structure biologique de cette dernière. Dans le cadre de cette étude par exemple, notre panel a été questionné vis-à-vis de ces ressentis concernant l'architecture de la Cité du Vin. Les avis sont très partagés et il en ressort que seuls 33% des personnes interrogées acceptent totalement le contraste que dessine-la structure au paysage urbain bordelais. L'incompréhension du public face à cette innovation architecturale est sans doute liée à l'environnement dans lequel ces derniers ont évolué jusque-là. En effet 92% des personnes interrogées proviennent de ville ou de pays occidentaux, et parmi ceux-ci, 62% proviennent de smart cities. Selon F. Laplantine, « l'oeil occidental -occidentalisé, occidentalisant- reste très lié à une géométrisation de l'espace et demeure rebelle aux formes « désordonnées et arrondies », ce qui est le propre de l'architecture

44

de la Cité du Vin. « Il a de la difficulté à concevoir la ligne courbe autrement que comme un écart par rapport à la ligne droite. ». Cette divergence de considération envers l'aspect disruptif de la Cité du Vin ne serait donc pas lié à un refus de la modernité, mais plutôt à un « dépaysement, [un] étonnement [semblable à celui] provoqué par les cultures qui nous sont les plus éloignées [lorsque l'on se rend dans un pays à la culture entièrement différente de la nôtre], et dont la rencontre va entrainer une modification du regard que l'on portait [l'espace public, sur l'urbanité] ». En effet, Laplantine nous explique que « l'acte de voir, informé par des modèles (voire des modes) culturels, est étroitement lié à celui de prévoir et de revoir, et la connaissance n'est souvent rien d'autre dans ces conditions qu'une reconnaissance de ce que l'on savait déjà. ».

 

Avis positif

Avis neutre

 

Avis négatif


·
·
·
·


·
·
·
·
·


·
·


·

· Structure

très conceptuel très moderne Moderne et neuf

Architecture assez

moderne et

surprenante.

dans l'air du temps Architecture originale Architecture osée ! Structure originale La forme n'est pas

tout de suite
identifiable, mais les couleurs et les reflets

du soleil sur les
verres sont jolis Moderne

Moderne et originale Très moderne

assez

imposante dans la

ville, couleurs et
formes originales.

· Elle est à la fois
étrange, repoussante

et intrigante ; pas
vraiment moche, elle interpelle.

· J'ai vu une chaussure

· C'est le but de
surprendre avec une

architecture pareil,
car on ne sait pas ce

que ça représente.
Les gens se posent

questions et

essayent de deviner

quelles drogues

prennent les

architectes.

· "Contemporain, moderne et inattendu J'ai eu du mal à comprendre ce qu'elle représente "

· On ne s'attend pas à
ça, ça ne ressemble à

aucun autre
monument


·


·


·


·


·


·

problème selon moides

Je m'attendais à un

bâtiment plus
traditionnel

d'apparence, moins
moche

c'est pas super beau

L'architecture est

original et ne

correspond pas a
celle de la ville mais cela ne pose pas de

La forme du bâtiment qui ne me fait pas penser au domaine du vin

visuellement parlant
je ne trouve pas la

cité du vin très

attrayante (vue de
l'extérieur)

Il sort de l'ordinaire et

casse le paysage
urbain

 

45

 


·

Oui et non. Oui car c'est un bâtiment très moderne en terme d'architecture et non car je savais déjà à

· Elle se distingue de
l'architecture

homogène de
bordeaux

détonne du paysage

 
 

quoi il allait

avoisinant

 
 

ressembler et qu'il

correspond bien au style de la ville dans le sens ou c'est une ville qui a un rapport direct


·

L'architecture est

imposante et détonne
de la ville. Je la trouve

très inadaptée et
franchement moche.

 
 

avec le vin et que le


·

Forme d'étron

 
 

bâtiment représente

une carafe à
décanter.


·

l'architecture est

différente du reste

des infrastructures

 


·

Innovant et moderne.

 

sur Bordeaux

 
 

Sa forme et son

architecture contraste


·

Original et curieux,

pas à mon goût

 
 

avec les vieux

édifices bordelais.


·

Architecture qui

rompt avec

 


·

c'est particulier

comme architecture

 

l'architecture actuelle de Bordeaux

 


·

Pour la symbolique


·

Ca ressemble à un

 


·

La forme

architecturale

intrigue, on se
demande à quoi cela

correspond. Les
couleurs de l'édifice
reflètent celles de la

 

étron de transformer, cf une caricature de sud ouest datant de juin 2016

 
 

Garonne (fleuve).

 
 
 

46

Nos touristes se situent-ils dans une situation d'acceptation du vaccin de l'hypermodernité, ou plutôt dans une phase de rejet ?

4. Imaginaire et réalité : quels écarts ?

Avant de déterminer l'état dans lequel se situe notre panel face à ce processus d'hyper-modernisation de la ville dont ils témoignent, il faut savoir que suite à sa première visite de la ville de Bordeaux, 52.9% de notre panel a constaté un écart entre son imaginaire de la ville, et la réalité. Cependant, les résultats démontrent également que l'image qu'ils avaient de la ville s'est améliorée suite à leur visite, bien qu'il soit fait mention de son caractère « innovant », « moderne », et « jeune ». Si la présence des écrans est difficilement acceptée dans le milieu de la culture, il se trouve que la modernité dans sa globalité ne pose pas de réel problème. Dans ce cas, il pourrait être habile de sensibiliser le public aux transformations urbaines au lieu de les y contraindre. En effet, il semblerait que le fait même que la technologie s'immisce dans la relation que les touristes entretiennent avec la ville par le biais de la culture et de son architecture aille « à l'encontre d'un ordre symbolique parfait du Pouvoir Urbain »13. Ceci s'explique par l'une des définitions qui est faite de la ville, et plus précisément de « l'urbanité » : « elle se répand dans toutes les directions irrésistiblement, elle prolifère dans l'espace, elle disperse sa texture, et émet des messages et des images en permanence. » Cependant, « cette surface scintillante engendre paradoxalement des abîmes, des failles, des interstices, des ombres. [On observe parfois un] retournement épidermique de l'espace urbain à travers ses différentes composantes (architecture, luminosité, cops, rythmes, images...). Si l'on se représente la ville de la manière suivante, il devient tout de suite plus compréhensible que l'apparition du numérique dans la sphère urbaine puisse apparaitre comme une abîme dont on ne peut jauger la profondeur et qu'on ne peut effleurer de nos sens. Alors que la technologie est largement tolérée par les touristes lorsqu'il s'agit d'effectuer des déplacements comment expliquer sa mise au rebut lorsqu'il s'agit d'aborder la culture. Cet aspect de l'urbanité vue comme « diffuse » peut répondre à ce problème. En effet, si le numérique est mieux accepté dans le processus de recherche d'information sur l'offre de transport, c'est peut-être parce que le concept même du transport, que l'on peut définir par un échange de flux, d'un point A à un point B est lui-même impalpable. Certes les outils permettant le transport sont palpables, tout comme les outils qui permettent la diffusion de la technologie, mais l'action d'être transporté, est au même titre que l'action de se connecter à un serveur est impalpable car immatérielle.

13 Alain MONS, La ville diffuse : les images, le reste et l'aura (p.109) dans « Les lieux du sensible : villes, hommes, images »

47

La relation que l'on entretien avec la culture est au contraire plus charnelle si l'on puit le qualifié ainsi. De par nos sens, nous cherchons à nous approprier des éléments témoins du temps, de l'histoire et de la vie. Nous recherchons à construire des liens forts et durables afin de nourrir nos souvenirs, en feuilletant les pages d'un vieux manuscrit, en scrutant les reliefs chaloupés d'une sculpture antique, en humant les parfums enivrant qui émanent d'un fût de bois ayant servi à la conservation du vin, en appréciant le craquement d'un vieux parquet de bois ou en se délectant des trésors gastronomiques de nos régions. Partant de ce constat, il apparaît largement concevable que la technologie, génératrice de liens faibles soit moins bien acceptée dans ce milieu.

Afin de comprendre de quelle manière se comporte les touristes au contact du numérique, observons les résultats du travail ethnographique effectué à la Cité du Vin.

5. Un nouveau rapport à la ville

5.1 La rigidité du guidage numérique : une dissimulation des affordances

Inaugurée en mai 2016, la Cité du Vin se positionne comme « un équipement culturel unique au monde, où s'exprime l'âme du vin, à travers une approche immersive et sensorielle au coeur d'une architecture évocatrice. La Cité du Vin donne à voir le vin autrement, à travers le monde, à travers les âges, dans toutes les cultures et toutes les civilisations. Lieu de vie, lieu de sortie, lieu de découverte, La Cité du Vin [nous] invite au voyage dans un monde de cultures. »14

Lorsque l'on accède au parcours permanent de la cité du vin, nous sommes immédiatement dotés de tout un attirail électronique dont le rôle est d'être notre « compagnon de voyage ». Nous voici donc affublé d'un casque audio et d'une sorte de smartphone faisant office de guide. Ce guide numérique possède différentes fonctions. Il nous permet tout d'abord de personnaliser notre visite des lieux en sélectionnant les ateliers nous intéressant le plus. Sa seconde fonction, qui s'avère être la principale est d'activer les vidéos, enregistrements vocaux et autres ateliers qui garnissent l'exposition. C'est cet outil qui est au coeur de la visite et au coeur des interactions du public. Sans ce compagnon de voyage une visite à visée culturelle ne possède pas de grand intérêt. C'est en effet l'outil qui donne à penser à l'Homme qu'il s'approprie l'espace. L'homme « a la main sur l'outil », cependant, c'est l'outil qui lui permet d'obtenir l'enrichissement culturel dont il est en quête. Nous sommes tributaires de cet outil numérique, outil qui nous oblige à prendre des postures particulières tout au long de notre trajectoire. Il faut se pencher, rester immobile, tendre l'oreille,

14 Site web de la cité du vin, http://www.laciteduvin.com)

48

attendre patiemment que l'information nous soit délivrée. Cette propension que possède ce compagnon de voyage à nous indiquer ce qu'il faut faire constitue en réalité une contrainte si l'on s'appuie sur la définition suivante : « une obligation créée par les règles en usage dans un milieu » (Le Petit Larousse 2002). Cette contrainte imposée par l'outil plonge à la fois l'Homme dans un état actif, puisqu'il l'oblige à jouer de son corps afin d'accéder à la culture, et à la fois dans un état passif car il n'a pas le choix du mode de réception de l'information. C'est l'outil qui décide à sa place. Le visiteur peut penser qu'il est acteur de la visite puisqu'il possède l'outil au creux de ses mains, cependant des trajectoires virtuelles et réelles sont tracées afin de le guider. Ce qui constitue les trajectoires réelles ne sont autres que les couloirs, les escaliers et toutes les voies de circulations ouvertes au public. Quant aux trajectoires virtuelles, il s'agit de celles dont chaque étape est dirigée par ce compagnon de voyage. Par exemple, lorsque vous vous approcher d'un atelier, il vous faudra obéir aux ordres de la machine afin de capter toutes les informations nécessaire à votre enrichissement culturel : « scannez le signe apposé sur x support à l'aide du radar infrarouge de votre compagnon, augmentez le son de votre compagnon de voyage, restez immobile jusqu'à ce que l'ensemble de l'information vous soit délivrée. » On peut aisément comparer cette relation que possède les individus avec les outils du numérique dans le cadre d'une visite culturelle aux travaux de Michel Foucault qui ont mis en évidence « les mécanismes permettant aux dispositifs de contrôle (dans les entreprises) de contraindre les individus. »15. Dans cette même dynamique, il est dit que le lien existant entre savoir et pouvoir joue un rôle majeur. En effet, même si ces compagnons de voyage ne sont pas « vendus » comme étant destiné au contrôle des visiteurs de la cité du vin, leur fonction demeure semblable. Si l'on veut accéder au savoir, il faut se soumettre au pouvoir d'instruction possédé par la machine.

5.2 Une autre appropriation de l'espace...

Il faut savoir avant toute chose que « l'espace n'est pas le milieu (réel ou logique) dans lequel se disposent les choses, mais le moyen par lequel la position des choses devient possible. C'est-à-dire qu'au lieu de l'imaginer comme une sorte d'éther dans lequel baignent toutes les choses ou de le concevoir abstraitement comme un caractère qui leur soit commun, nous devons le penser comme la puissance universelle de leurs connexions»16. Comment pourrions-nous alors définir la fonction de l'espace à l'ère d'aujourd'hui lorsque la priorité est donnée à l'individualisme, de quelle manière s'opèrent les connexions dont il est fait mention ci-contre ? En effet, la prégnance du numérique dans l'espace public mais aussi dans les lieux dédiés à la culture, comme dans la Cité du Vin, dissipe notre relation à l'autre et au monde réel du fait que nous nous situons l'un et l'autre

15 Contraindre et habiliter, la double dimension des outils de contrôle

16 Chapitre II- L'espace dans « Phénoménologie de la perception », Merleau-Ponty

49

dans nos sphères virtuelles. Lorsque l'on visite la Cité du Vin par exemple, il n'y a pas vraiment de place pour le collectif, quand bien même le mobilier nous y inviterait, puisque l'outil numérique auxquels nous sommes reliés par l'ouïe et le toucher principalement, nous empêche de créer ce lien avec le réel. Ce constat s'applique également dans les rues, lorsque nous choisissons de nous fier à notre smartphone afin de trouver notre chemin, afin de nous laisser dicter notre trajectoire. L'espace public est démultiplié autant de fois qu'il existe de corps le traversant. Corps qui au quotidien transportent ces outils numériques faisant office d' « interstice par où tout ce qui nous échappe, nous déborde, s'engouffre et se dépose à la surface du réel. [Alors,] la puissance du quotidien ou du réel se dérobe aux formes, déroge aux règles par son étrangeté et son insignifiance, il en devient informe ou presque, aux dire de Maurice Blanchot. »17 L'espace public se traverse, se respire, mais on ne le contemple plus de la même manière car on ne le contemple plus pour les mêmes raisons.

5.3 ...et une nouvelle manière de le percevoir

Au regard des résultats obtenus, l'hyper-modernisation de la ville est acceptée par ses pratiquants, cependant, les outils qui servent se processus ne doivent pas leur donner l'impression d'être privés de leur liberté. En effet, le panel interrogé est coutumier de ces outils numériques, mais il doit avoir le sentiment d'avoir le contrôle sur ces derniers, bien qu'implicitement, ce n'est que pure utopie. En effet, les touristes veulent être acteurs de leur voyage, ils veulent eux aussi participer à la vie urbaine, ils veulent vivre une expérience unique, et qui leur ressemble, et ça la smart city le permet : en proposant des zones gratuites de wifi, en leur proposant de personnaliser leur voyage grâce aux diverses application proposées, en facilitant leurs déplacements et en étant au plus proche d'eux, notamment grâce aux réseaux sociaux. Cependant, est-ce que cette multiplicité d'outils leur permet de profiter pleinement de la ville ? En effet, cette intrusion du numérique par les outils dans la relation touristes-ville induit une modification de la perception de cette dernière. Rappelons en premier lieu la définition qui est donnée au mot `outil'. Selon le Dictionnaire de la Préhistoire (sous la direction d'André Leroi-Gourhan, PUF), il s'agit d'un "Terme général donné aux objets par lesquels l'homme intervient sur la matière en prolongeant sa main afin de la spécialiser en fonction d'objectifs techniques à réaliser ». Ce prolongement de la main décrit ci-contre induit également un prolongement de la vision et du regard. En effet, si on reste à la période de la préhistoire, on peut affirmer que le silex n'était plus perçu de la même manière par les Hommes une fois que ces derniers ont découvert qu'il permettait de faire du feu. Il en fut de même lorsque l'Homme est passé d'un mode de déplacement à quatre pattes à un mode de déplacement sur ces deux jambes. Aujourd'hui avec les outils du numérique, l'Homme ne perçoit plus son environnement de la même

17 Être ici et ailleurs. L'inattendu dans « Les lieux du sensible : ville, hommes, images »p117

50

manière qu'autrefois. L'utilisation de ces outils lui est d'ores et déjà familière et il est compliqué pour son corps de se remémorer les réflexes qu'il possédait avant l'existence de cet outil. On peut comparer ce phénomène au malade de Merleau-Ponty dans la Phénoménologie de la perception, auquel on réapprend à utiliser un membre paralysé. De par sa paralysie, celui-ci ne conçoit son membre malade que comme un frein à ses actions quotidiennes et familières mais ne parviens pas à le projeter dans une spatialité objective, une « spatialité libre et gratuite » autre que celle de son corps,. Il en est de même pour nos touristes en proie à l'hyper modernité et donc à l'hyper connexion. Cette familiarité que possède leur corps par rapport aux outils numérique implique que leurs sens ne soient stimulés qu'au travers de la machine. Qu'il s'agisse du mitraillage photographique auquel il est devenu coutume de s'adonner afin de garnir nos réseaux sociaux , ou du guidage rigide de nos GPS auquel on se sent obligé de se soumettre dans une idée de conquête du temps.

51

CONCLUSION

Selon Francis Pisani, journaliste, conférencier et auteur du livre «Comment le web change le monde » « la ville est un espace avec lequel on doit pouvoir interagir ». C'est donc dans cette optique de cohésion sociale que de nombreuses villes s'accordent à offrir le meilleur des cadres de vie à leurs citoyens. C'est à l'issue de ces réflexions qu'a émergée l'idée d'utiliser les technologies de l'information et de la communication afin d'améliorer les villes, et d'en faire des `smart cities'. En Asie, des villes comme Singapour, New Songdo City, Masdar sont parvenues à faire de la technologie une véritable norme dans les pratiques citoyennes et inspirent aujourd'hui nombre de métropoles occidentales. Ici le cas de la ville de Bordeaux nous a révélé que les mesures actuelles s'attachent à placer les citoyens au coeur des décisions, comme le principe de la smart city le préconise, par le moyen de divers outils y compris ceux du numérique. Cependant l'objet de cette étude ne concernait que les touristes. Au-delà de leurs pratiques, l'objectif était ici de comprendre leur manière de percevoir une ville comme Bordeaux, forte de son patrimoine historique prenant part à un processus d'hyper-modernisation. Afin de répondre à ce questionnement un travail d'analyse en trois dimensions a été mené ; une dimension historique, sociologique puis ethnographique. Il a permis de déterminer si oui ou non les outils du numérique interfèrent dans la relation qui existe entre les touristes et la ville. En réalité, il ne peut y avoir de réponse admise et définitive s'agissant de définir des perceptions. Au quotidien, les perceptions de chacun sont d'ores et déjà influencées par les innombrables expériences passées qui ont forgé l'être qu'il est aujourd'hui. Les perceptions de chacun sont subjectives, et ce même si l'on se conditionne à effacer toute trace de jugement de nos propos. Qu'advient-il alors de nos perceptions lorsque nous visitons un environnement qui nous est peu ou pas familier par le biais des outils numériques ? En effet, nous avons toutes et tous évolué dans des environnements différents, ce qui implique que nos représentations d'une même ville soient si hétérogènes. Cependant, avec la présence des outils numériques, nous ne percevons plus la ville qu'à travers les lunettes de nos expériences passées, mais à travers les lunettes embuées de technologie mises à disposition par la smart city. Les effets de la technologie sur nos perceptions sont somme toute à nuancer. Bien sûr nous n'avons pas tous les mêmes usages de ces outils ce qui induit que les conséquences de ces usages ne sont pas les mêmes, cependant certaines incidences sont tout de même à considérer. Ainsi, avec cette prégnance des écrans dans notre espace sensible, nos perceptions ont tendance à se retrouver télescopées dans un ailleurs impalpable, où le sens et la sensibilité sont annihilés par des vortex de datas. Un ailleurs qui s'empare de nos souvenirs, les déforme et les réduits à de simples pixels alimentant les incessants flux

52

d'images auxquels nous sommes confrontés. Nos perceptions peuvent également être engourdies, de par la contrainte qu'exercent les outils sur nos sensations, nous empêchant d'être acteur de notre expérience. Certains touristes apprécient tout de même cette assistance portée par le numérique, comme en témoignent les résultats des enquêtes menées. La question demeure donc concernant les effets réels des technologies sur la perception des touristes et induit que ces travaux soient corroborés par des travaux de psychologie expérimentale et de neurobiologie à même de fournir des résultats d'analyse scientifique exacts et quantifiables. La transformation d'une ville en `smart city' est un long projet ne prenant naissance qu'à la suite d'études sociologiques et anthropologiques poussées. Preuve en est, ce n'est qu'en 2030 que la ville de Bordeaux a prévu d'atteindre ses objectifs. Si cette hyper-modernisation de la ville tend à se démocratiser, la prise en compte d'études issues des sciences exactes permettraient aux villes d'adopter des stratégies leurs permettant de se démarquer d'autres villes intelligentes.

ANNEXES

53

1. Résultats de l'enquête sociologique

54

Lors de votre visite, la ville de Bordeaux était-elle semblable à ce que vous imaginiez ?

(17 réponses)

 

· Oui

· Non

 

55

Quelles similitudes ou différences avez-vous remarquées ? 12 réponses)

Les bâtiments rénovés, les quai parfait

i

l'architecture est encore plus belle que ce quel imaginé

 

Le mélange de la modernité au traditionnel

Jeune beaucoup de choses à voir

Architecture, les bars et restaurants, le monde

Architecture grandiose, ville propre

Je m'attendais à une ville du sudcoup proche de toulouse Marseille ou Bayonne mais en fait ca m'a fait pensé à Pans

charmante mais elle n'est pas si calme que ça : beaucoup d'activités sont disponibles

La ville est petite au final

Mieux que ce que je pensais

Similitude : Dynamisme de la ville

C'est encore plus bobo, c'est tout blanc, pas si grand, mais c'est joli, avec une grande rue plein de magasins. J'aime pas trop l'univers de la nuit, il est mieux dans d'autres endroits. Les serveurs sont aussi d'une froideur du sud de ouf...

56

57

Avez-vous eu connaissance avant ou durant votre séjour d'une ou plusieurs des applications suivantes ?

(17 réponses)

Agenda Barde...

 
 
 
 
 
 
 
 
 

4

(23,5

%)

 
 
 
 
 

Bardeaux Code

 
 

1

(5,9 %)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Bordeaux Sho...

--0 {0

%)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Smart Bordeaux

--0 (0

%)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

MonumentTra___

 
 
 
 
 

2 ('

1,8 %)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Musée d'Aquita...

 
 

1

(5,9 %)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Toilettes Borde...

--0 (0

%)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Transports Bor...

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

5

(29,4

%)

 
 
 

Info TBC App

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

6

(35,3

%)

Bordeaux Métr___

 
 
 
 
 

2 ('

1.8',C)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

SNCF TER Mo...

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

6

(35,3

%)

Lastable

--0 (0

%)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

AUCUNE

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

5

(29,4

%)

 
 
 

0

0.5

1

1.5

2

 

2.5

3

3.5

4

4,5

5

5,5

 

5

 
 
 

Si oui, comment en avez-vous eu connaissance ? {10 réponses)

Internet

En lapant "Bordeaux' sur mon Appstore

crii

En cherchant cur l'Appstore

Je l'ai cherché sur l'App Store

Affichage ville

par des amis

intemet

Affichage

Avec mon regard de braise sur la publicité dans la ville, et mes recherches intemet avant d'aviver

 

· Oui

· Non

 

58

Si non, pensez-vous que vous auriez mieux appréciée votre visite de

Bordeaux avec une ou plusieurs de ces applications ? 01 réponses)

Non

Non

Non

oui

oui

probablement oui

Possible

Non, je suis passée à l'office du tourisme et j'aime bien les flyers etc, Après j'organise ma journée sur mon ordi.

Pas forcement

non je ne pense pas

Aucunement.

Avez-vous utilisé une ou plusieurs de ces applications durant votre séjour ?

kl / -épo,nses)

59

60

61

Si non, pensez-vous que vous auriez mieux appréciée votre visite de Bordeaux avec de telles applications ?

(21 réponses)

Won

Non

Non

oui possible

Ca depend je ne les cannait pas mais j'imagine que oui si jetais venu pour du 'Vrai" tourisme et pas seulement me promener en famille

Nan pas vraiment

Non très bonne visite

Je pense car j'aurais pu découvrir des endroits où des commerces â des endroits où je n'ai pas l'habitude d'aller

peut être si j'étais restée plus longtemps

Oui c'est très sympa d'avoir des propositions pour visiter des sites ou musées

Non car j'étais chez une amie qui vit et connaît Bordeaux

Oui avec Transports Bordeaux oar exemple

Oui avec Transports Bordeaux par exemple

Pas besoin d'application.

non, pas grande amatrice d'applications

Pas nécessairement

Pas forcément

Oui notamment Monument Tracker

Je pense que ce sont des applications utiles

Non, mais Oui Si je n'avais pas de connaissances sur place

62

Oui

63

Avez-vous utilisé l'une de ces application lors de votre séjour ? (39 réponses)

e k

14..

· Oui

· Nan

 

Si oui, votre expérience de visiteur a-t-elle été améliorée ? (13 réponses)

Oui, pour se déplacer et pour trouver des événements

 
 
 

I

Oui

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Oui, car je ne connaissais pas du tout le système de transports avant

Oui, pour me déplacer et visiter la ville plus facilement

64

Si non, expliquez pourquoi. (12 réponses;

J'avais des gens pour me guider (le suis pas un bon exemple pour ce sondage loi)

Non utilisé

m'a servi a rien

Je n'en avais pas connaissance

Je me suis laissé guider par mon amie

Elles m'étaient inconnues.

je préférerais utiliser une plateforme plus collaborative pour visiter bordeaux, que de visiter uniquement les lieux les plus touristiques proposés par l'application bordeaux

Je n'en vois pas l'utilité

pas eu futilité

Je connais deja la ville, j'y vais tous les ans pour voir ma famille.

N'ayant aucune connaissance de ces applications je n'ai pas pu les utiliser

Si non, expliquez pourquoi. (6 réponses)

Pas eu besoin

pas Futilité réelle

Pas besoin, pas chercher

Je ne savais pas qu'elles existaient

Pas eu besoin, pas cherche

Je ne suis pas tries appli, même si je sais que ça sert... Et que c'est l'avenir. Mais c'est un effet de mode, les appli c'est myspace. Attends 2 ans.

65

66

Justifiez pourquoi, exprimez librement votre ressenti (41 réponses)

Cela est plutot modems

i

Cela est plutot modems

 
 
 

Je m'attendais à un bâtiment plus tradttionnel d'apparence, moins moche

très conceptuel

très moderne

J'ai vu une chaussure

Moderne et neuf

c'est pas super beau

C'est le but de surprendre avec une architecture pareil, car on ne sait pas ce que ça représente. Les gens se posent des questions et essayent de deviner quelles drogues prennent les architectes.

Architecture assez moderne et surprenante.

dans l'air du temps

L'architecture est original et ne correspond pas a celle de la ville mais cela ne pose pas de problème selon moi

Contemporain, moderne et innatendu

J'ai eu du mal à comprendre ce qu'elle représente

La forme du bâtiment qui ne me fait pas penser au domaine du vin

visuellement parlant je ne trouve pas la cité du vin très attrayante (vue de l'extérieur)

N

Il sort de l'ordinaire et casse le paysage urbai

Elle se distingue de l'architecture homogène de bordeaux

x

On ne s'attend pas à ça, ça ne ressemble à aucun autre monumerrt

67

68

Parcours permanent de la Cité du Vin

Avez-vous apprécié l`utilisation des outils numériques tout au long de la visite ? (Écrans tactiles et audioguides)

( 6 réponses;

 

Oui Non

 

69

Pourquoi ? (25 réponses)

Parce que le prix est trop élevé pour un contenu qui ne m'intéresse pas trop

j'ai pas visité ! il manque des options pour répondre

Pas fait

Pas -fait attention je ne vais marne pas ou c'est..

Je n'ai pas visité la cité du vin car le prix des visites sont bien trop chers

Trop peu utile

Cher

non

Pas eu le temps de visiter

très interactif, parfois un peu trop

Le temps m'a manqué le séjour était court

70

Le temps rrm'a manqué le séjour était court

Je dois répondre à cette question mais je ne devrais pas

c'était très ludique et intéressant

Fest trop cher pour mon simple compte en banque d'étudiant

Pas de visite effectuée

je ne les ai pas utilisés

On est seul et on avance à son rythme. Attention aux périodes d'affluences

Plus ou moins appréciés. Lors des périodes d'affluences, l'audioguide n'est pas tés pratique car nous devons adapté la lecture des vidéos en fonction de la personne déjà présente. De ce fait, si on arrive en cours de route, on entend une partie du module visionné. Si l'on souhaite l'écouter en entier, on doit donc recommencer la lecture de la vidéo.

Pas simple

Trop de digital partout

Lors d'une forte affluence, les outils sont plus contraignants qu'enrichissants pour l'expo.

Cela guide le visiteur et permet une interactivité et une meilleure compréhension du contenu car c'est plus ludique Car sinon on est paumé.

Si non, pensez-vous que vous auriez mieux appréciée votre visite de Bordeaux avec de telles applications ?

(21 réponses;

Non

Non

Non

oui possible

Ca depend je ne les cannait pas mais j'imagine que oui si jetais venu pour du 'vrai' tourisme et pas seulement me promener en famille

Non pas vraiment

Non tés bonne visite

Je pense car j'aurais pu découvrir des endroits où des commerces à des endroits où je n'ai pas l'habitude d'aller

peut être si j'étais restée plus longtemps

Oui c'est très sympa d'avoir des propositions pour visiter des sites ou musées

Non corrélais chez une amie qui vit et connaît Bordeaux

Oui avec Transports Bordeaux par exemple

71

Oui avec Transports Bordeaux par exemple

Pas besoin d'application.

non, pas grande amatrice d'applications

Pas nécessairement

Pas forcément

Oui notamment Monument Tracker

Je pense que ce sont des applications utiles

Non, mais Oui Si je n'avais pas de connaissances sur place

Oui

Avez-vous utilisé rune de ces application lors de votre séjour ? (39 réponses)

Ali

4IF

· Oui

· Nan

Si oui, votre expérience de visiteur a-t-elle été améliorée ? (13 réponses)

Oui, pour se déplacer et pour trouver des événements

 
 
 

I

Oui

 

TBC oui, permet de mieux s'organiser concernant les transports.

 

oui, meilleure organisation (transports appli TBC par exemple)

 

Oui, il y a les endroit à voir et les bons plans

 

J'ai eu moins de difficultés à trouver ce dont j'avais besoin. C'est une source de stress en moins et de quoi profiter au mieux des jours passés dans la ville.

 

Oui, l'application TBC facilite les déplacements en tramway

 

InfoT(c)C m'a permis de savoir quels transports prendre pour me rendre à un endroit précis

 

Effectivement j'ai pu organisé mon séjour selon l'agenda culturel de la ville.

 

Oui car c'est pour le transport

 

Oui. Pour les transports notamment ; cela facilite les déplacements d'avoir toutes les informations en direct

 
 
 
 

· Dui

· Non

72

Cui, car je ne connaissais pas du tout le système de transports avant

Oui, pour me déplacer et visiter la ville plus facilement

Quel touriste êtes-vous ?

Lorsque vous partez en vacances ou en week-end en milieu urbain, quels sont vos critères pour choisir une ville ?

(56 réponses)

Les modes d... L'offre cultur...

Vie nocturne Un ou plusie__. Tailla de la ville

Autre 8 (14,3 %)

 

19 (33,9 %)

24 (42,9 %)

42 (75 %)

13 (23,2 %)

22 (39,3 %)

 

0 5 10 15 20 25 30 35 40

Êtes-vous équipé d'un smartphone ? (56 réponses)

73

74

75

2. Tableau de Bruno Latour issu de l'ouvrage « Enquête sur les modes d'existence »

76

BIBLIOGRAPHIE

Imaginaire et représentation

Antoine Picon, « LA VILLE DES RÉSEAUX ». 2015. Editions Manucius. Consulté le 31 octobre. http://manucius.com/produit/la-ville-des-reseaux-un-imaginaire-industriel/. Kevin Lynch L'image de la Cité, Paris : Dunod, 1999, p.125.

Nicole Denoit, « L'imaginaire et la représentation des nouvelles technologies de communication », 2013. PUFR

Lignereux Yann. Alain Cabantous (dir.), Mythologies urbaines. Les villes entre histoire et imaginaire. In: Histoire, économie et société, 2006, 25? année, n°1. p. 147.

John Urry, Jonas Larsen, « The Tourist Gaze 3.0 », Sage, 2011

Alain Mons, « Les lieux du sensible. Villes, hommes, images », CNRS Editions 2013 Maurice Merleau-Ponty « Phénoménologie de la perception », Gallimard, 1945

Marcel Roncayolo « La ville et ses territoires » Gallimard, 1999

« Smart cities »

Antoine Picon « Smart Cities. Théorie et critique d'un idéal auto-réalisateur - Octobre 2013. Collection Actualités, Editions B2 ». 2015.

Jean-François Lucas. La numérisation de la ville et ses représentations. MCD Magazine, 2014, Magazine des Cultures Digitales, pp.78-85.

Adam Greenfield, Against the smart city (The city is here for you to use Book 1), Kindle Edition, December 2013

Maryse Carmes, Jean-Max Noyer, « Devenirs urbains », Collection Territoires Numériques, dirigée par Le GRICO avec le soutien du groupe La POSTE/Branche Numérique et Docapost, Juin 2014

PICON Antoine, « Ville numérique, ville événement », in Villes Numériques, Flux, n° 78, 2009/4, p.19.

Jean-François Lucas. La numérisation de la ville et ses représentations. MCD Magazine, 2014, Magazine des Cultures Digitales, pp.78-85.

Cahiers du tourisme de Wallonie, n°11, Commisariat général au Tourisme, Mai 2015

Tourisme

Rachid AMIROU, « Imaginaire touristique et sociabilités du voyage. », Paris : Les Presses universitaires de France, 1995, 1re édition, 281pp. Collection «Le sociologue.»

Tourisme urbain

Kadri, Boualem. 2007. « La ville et le tourisme : relation ancienne, complexité nouvelle et défi conceptuel ». Téoros. Revue de recherche en tourisme 26 (3): 76-79. 17

La ville

La Rocca Fabio, « La Ville dans tous ses états », CNRS Editions, Paris, 2013

Raudin Anne, « Anthropologie urbaine », Armand Colin, Paris 2014

Plan urbain, « L'espace public, les compétences du citadin », colloque d'Arc-et- Senans,

Novembre 1990

Ethnographie

François Laplantine, « La description ethnographique : l'enquête et ses méthodes », Armand Colin, 2010

77

WEBOGRAPHIE

Imaginaire et représentation

« Calenda - Imaginaires urbains du tourisme/Imaginaires touristiques de l'urbain ». 2015. Consulté le 31 octobre. http://calenda.org/192007?lang=pt.

« Chaire Modélisation des Imaginaires, innovation et création - École d'Ingénieurs : Télécom ParisTech ». 2015. Consulté le 31 octobre. http://www.telecom-paristech.fr/recherche/chaires/chaire-modelisation-des-imaginaires-innovation-et-creation.html

« Tourisme, big data et imaginaires des villes colombiennes, l'ESILV à la Royal Geographical Society de Londres ». 2015. Ecole d'Ingénieurs Paris-La Défense ESILV. Consulté le 31 octobre. http://www.esilv.fr/les-touristes-co-producteurs-dimaginaires-des-villes-colombiennes-une-conference-recherche-esilv-a-la-royal-geographical-society-de-londres/.

Smart cities

« LA VILLE DES RÉSEAUX ». 2015. Editions Manucius. Consulté le 31 octobre. http://manucius.com/produit/la-ville-des-reseaux-un-imaginaire-industriel/.

« Les Smart cities / Les caractéristiques d'une ville intelligente ». 2015. Consulté le 31 octobre 2015. http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=smartcities-caracteristiques

La Rédaction 2015. « Smart City : déjà un enjeu électoral ? » Silicon. Consulté le 31 octobre. http://www.silicon.fr/dossiers/smart-city-deja-enjeu-electoral.

« URBANISME. Masdar : la cité-laboratoire | Courrier international ». 2015. Consulté le 31 octobre 2015. http://www.courrierinternational.com/article/2014/02/04/masdar-la-cite-laboratoire.

Tourisme culturel

De Lehalle,Evelyne. 2015. « Tourisme, Culture et Numérique, quoi de neuf? - Tourisme Culturel ». Consulté le 31 octobre 2015. http://www.nouveautourismeculturel.com/blog/2014/11/06/tourisme-culture-numerique-neuf/.

« Le tourisme culturel a le vent en poupe | Forum d'Avignon ». 2015. Consulté le 31 octobre. 2015 http://www.forum-avignon.org/fr/le-tourisme-culturel-le-vent-en-poupe.

Tourisme urbain

« Enquête sur les pratiques et attentes des touristes français et étrangers dans les villes françaises». 2007. Consulté le 31 octobre.2015 http://www.villesdefrance.fr/upload/document/doc 201001261205590.PDF

La ville

« La ville [idéale] habitable | Studio Lentigo ». 2015. Consulté le 31 octobre. http://www.studiolentigo.net/?page id=2779

Bordeaux

« Histoire de Bordeaux » Consulté le 17 novembre 2016 http://www.bordeaux.fr/p63813/histoire-de-bordeaux

78

TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION 8

CHAPITRE 1 - SMART CITIES ET TOURISME 9

1. Histoire de la ville et de ses transformations 9

1.1. De la tour de Babel à l'Utopia de Thomas More : chronologie de la cité idéale

9

1.2 Les processus de modernisation de la ville 10

1.3 Sociologie de la ville 11

2. À l'ère de l'hyper-modernisation, les « smart cities ». État des lieux d'un concept

en pleine construction 12

2.1 Pourquoi la « smart city » 12

3. Tourisme et « smart cities » 14

3.1 Le tourisme urbain en question 14

CHAPITRE 2 - ÉTUDE DE CAS : BORDEAUX, L'ÉVEIL DE LA BELLE ENDORMIE 18

1. Histoire de la ville de Bordeaux et de ses transformations 18

1.1Une transformation urbaine assumée 18

1.2 Une ville classée au patrimoine mondial de l'UNESCO 20

2. Une ville en mutation permanente 22

2.1 Le nouveau visage de Bordeaux : des choix architecturaux disruptifs 22

2.2 Une ville en interaction avec ses pratiquants 23

3. Enquête : déterminer les besoins des touristes urbains 24

3.1 Objectifs de l'enquête 24

3.2 Choix de la méthodologie 24

3.2.1 Le questionnaire quantitatif 24

CHAPITRE 3 - RÉSULTATS D'ENQUÊTES 40

1. Grilles d'analyse 40

1.1 Réponse aux objectifs 40

2. Qui sont les touristes qui viennent à Bordeaux ? 41

3. Les représentations touristiques de Bordeaux 43

4. Imaginaire et réalité : quels écarts ? 46

79

5. Un nouveau rapport à la ville 47

5.1 La rigidité du guidage numérique : une dissimulation des affordances 47

5.2 Une autre appropriation de l'espace 48

5.3 ...et une nouvelle manière de le percevoir 49

CONCLUSION 51

ANNEXES 53

1. Résultats de l'enquête sociologique 53

2. Tableau de Bruno Latour issu de l'ouvrage « Enquête sur les modes d'existence »
75

BIBLIOGRAPHIE 76

WEBOGRAPHIE 77






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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera