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L'influence des jeux physiques adaptés sur la santé mentale ainsi que sur le maintien de l'autonomie fonctionnelle chez les personnes à¢gées dépendantes


par Cyril THIOLIER
Université de Caen Normandie - Licence STAPS Activité Physique Adaptée et Santé  2015
  

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INTRODUCTION

Le vieillissement de la population française est un phénomène manifeste, et qui va suivre une courbe ascendante au fil des années à venir. Selon les prédictions de l'INSEE (2005), une personne sur trois aura 60 ans ou plus en 2050, ce qui représente 22.3 millions de français. En effet, la durée de vie a augmenté de manière importante au cours de ces dernières décennies, notamment grâce aux nombreuses avancées de la médecine. Ce constat devrait nous réjouir, mais si nous prenons en compte les chiffres de l'espérance de vie en bonne santé le constat devient moins enthousiasment. D'après l'INSEE en 2012, l'espérance de vie en bonne santé est estimée à 63,8 ans pour les femmes et 62,6 pour les hommes. Par voie de conséquence, le vieillissement de la population conduira dans les années à venir à une augmentation du nombre des personnes âgées dépendantes ainsi que des coûts de santé. La prise en charge des personnes âgées dépendantes apparaît comme un enjeu majeur. La dépendance est considérée comme l'état d'une personne qui par la suite d'une maladie physique, mental, psychique ou encore d'une déficience a un besoin important et régulier d'assistance d'une tierce personne pour les actes essentiels de la vie.

Au cours de ce stage j'aspire à répondre aux besoins des personnes âgées dépendantes ou en perte d'autonomie à travers la pratique de jeux physiques adaptés. Pour ma part, je définis les jeux physiques adaptés comme des activités physiques d'opposition ou de coopération, codifiées, adaptées, à caractère ludiques, auxquelles les participants se consacrent pour tirer du plaisir, de l'amusement à travers la mise en action corporelle. Ces jeux font partie intégrante des activités physiques qui sont définies par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de la façon suivante : « On entend par activité physique tout mouvement produit par les muscles squelettiques, responsable d'une augmentation de la dépense énergétique ». La pratique de ces jeux a pour dessein de maintenir, voire d'augmenter l'autonomie fonctionnelle du pratiquant. Selon Durand en 1994, l'autonomie fonctionnelle « est l'autonomie en pratique, c'est la capacité pour un individu d'effectuer sans aide les actes de la vie courante, dans sa dimension sociale, économique et psychique ».

En parallèle, je cherche à démontrer au cours de ce stage que ces jeux peuvent aussi améliorer la santé mentale des personnes. Nous pouvons définir la santé mentale comme « un état de bien être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté » (OMS,1946).

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Mon projet concerne les personnes âgées dépendantes ou en perte d'autonomie de la Résidence Médicis de Carpiquet. Cet EHPAD (Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes, nouveau nom des maisons de retraite depuis 2001) est un établissement médico-social privé à but lucratif destiné à accueillir pour des périodes temporaires ou permanentes, des personnes âgées n'ayant plus la possibilité physique ou psychique de vivre à domicile en toute sécurité ou souhaitant rompre avec l'isolement. Dans le cadre de mon stage j'interviens auprès de 10 personnes âgées ayant des degrés de dépendance très hétérogènes allant du groupe Iso-ressources 2 à 5, évalué par le médecin coordinateur et par le neuropsychologue en fonction de la grille AGGIR (Autonomie Gérontologie Groupes Iso-ressources).

Premièrement, j'aborderai les différentes pathologies et leurs prises en charge puis je présenterai la structure, son projet ainsi que la tutrice de stage.

A posteriori, j'exposerai les objectifs que je vise au travers de ce stage. Subséquemment, je présenterai mes séances, leurs modalités ainsi que leurs objectifs. En guise de dernière partie, nous verrons si les objectifs que j'ai fixés ont été atteints

puis j'expliciterai quels sont les abonnissements possibles concernant mes interventions, mais

aussi par rapport aux perspectives de la structure.

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I. Présentation du public et de la structure

1. Présentation des maladies rencontrées chez les résidents et leur prise en charge

1.1 Le syndrome démentiel

§ Définition

D'après l'American Psychiatric Association (DSM-IV-TR) le syndrome démentiel est « un trouble des fonctions cognitives (mémoire, langage, praxies, gnosies, fonctions exécutives, etc....) suffisamment important pour retentir sur la vie quotidienne et qui dure depuis au moins 6 mois ».

La maladie d'Alzheimer est la forme de démence la plus fréquente chez les personnes âgées, elle représente 65 % des cas de démence selon l'INSERM. C'est d'ailleurs le syndrome démentiel le plus présent au sein de l'EHPAD. « La maladie d'Alzheimer est une lente dégénérescence des neurones, qui débute au niveau de l'hippocampe puis s'étend au reste du cerveau. Elle se caractérise par des troubles de la mémoire à court terme, des fonctions d'exécution et de l'orientation dans le temps et l'espace. Le malade perd progressivement ses facultés cognitives et son autonomie ».

Il existe deux formes principales de la maladie d'Alzheimer, Les formes sporadiques (99% des cas) primitives, à début généralement tardif et dont le principal facteur de risque reconnu est l'âge. Et, Les formes familiales (1% des cas) à début habituellement précoce et rapidement évolutives, et dues à des mutations dans les gènes codant le précurseur de la protéine amyloïde (APP), la préséniline 1 (PS1) ou la préséniline 2 (PS2). La maladie d'Alzheimer dans sa forme sporadique évolue sur plusieurs années et sa progression varie beaucoup d'une personne à l'autre. On sait aujourd'hui que les premières lésions apparaissent dans le cerveau au moins 10 à 15 ans avant les premiers symptômes.

Les signes des syndromes démentiels sont les suivants, une altération de la vigilance, humeur perturbée, altération du langage, des troubles de la concentration, une désorientation temporo-spatiale ou encore des hallucinations auditives/ et ou visuelles.

§ 7

La prise en charge

Les hospitalisations itératives, parfois réalisées en urgence, sont souvent la seule réponse envisagée pour faire face aux symptômes de la maladie d'Alzheimer, mais elles peuvent avoir un impact négatif sur la qualité de vie des patients (Sampson, Gould et al.2006).

Les Consultations Mémoire permettent aux patients présentant des troubles de la mémoire, de bénéficier d'un diagnostic précis et d'une prise en charge adaptée de la maladie d'Alzheimer et autres maladies apparentées. Sur tout le territoire, plus de 500 points d'accueil (consultation mémoire hospitalière ou par un spécialiste libéral) sont ainsi disponibles à proximité pour chaque Français qui le souhaite.

La prise en charge peut également se faire à domicile par le SSIAD (Service de soins infirmiers à domicile). Ce service envoie du personnel formé dans la réhabilitation, la stimulation et l'accompagnement des personnes malades et de leur entourage au début de la maladie.

Lorsque le maintien à domicile n'est plus possible, ni même souhaitable devant l'aggravation des troubles du comportement, il faut privilégier une prise en charge en établissement. Certains EHPAD possèdent une unité spécifique Alzheimer et proposent de nombreuses activités thérapeutiques afin de ralentir les effets de cette pathologie. (Ateliers mémoire, lecture, cuisine, musique, activité physique adapté, groupe de parole)

Des médicaments à base d'acétylcholine sont prescrits afin d'augmenter le taux de ce neurotransmetteur et d'inhiber l'acétylcholinestérase, l'enzyme de la dégradation.

1.2 La dépression

§ Définition

La dépression constitue un trouble mental courant, caractérisé par la tristesse, la perte d'intérêt ou de plaisir, des sentiments de culpabilité ou de faible estime de soi, des troubles du sommeil ou de l'appétit, d'une sensation de fatigue et d'un manque de concentration. Elle diffère des sautes d'humeur habituelles et des réactions émotionnelles passagères face aux problèmes du quotidien. La dépression est une maladie qui peut devenir très grave si elle perdure. Elle peut conduire jusqu'au suicide. (OMS, 2015)

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Les causes de la dépression sont multiples. La dépression chez les personnes âgées est principalement due à des problèmes de santé ou à une perte d'autonomie qui handicape la personne âgée et la rend dépendante. Ce constat fait jaillir un sentiment d'incapacité qui favorise la dépression de la personne âgée. Ce sentiment se voit d'autant plus renforcé lors de l'entrée en institution. La solitude suite à la mise en retraite ou à la perte de son conjoint sont aussi des causes de la dépression. Par ailleurs, la dépression peut être liée à des causes d'ordre psychiatriques comme les syndromes démentiels.

§ La prise en charge

La prise en charge médicamenteuse se fait par la prise d'antidépresseurs et d'autres médicaments qui donnent la possibilité au cerveau de retrouver son fonctionnement normal. Si la dépression évolue vers un risque suicidaire élevé, une hospitalisation en urgence doit être envisagée.

Afin d'éviter la survenue de pensées suicidaires, il est nécessaire de privilégier une prise en charge de nature psychothérapeutique. Les consultations basées sur l'écoute, par un psychiatre ou un psychologue constituent une approche utile, surtout dans les dépressions légères et modérées. Les groupes de paroles sont également bénéfiques. Le rôle de l'entourage est également à mettre en avant pour que la personne se sente épaulée. La prise en charge en établissement psychiatrique ou en EHPAD permet à la personne de sortir de sa solitude, de rencontrer des personnes ayant la même maladie. A fortiori, ces établissements favorisent les contacts sociaux grâce à une myriade d'activités d'expression et de communication et assurent un suivi individualisé.

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1.3 Vieillissement et limitations fonctionnelles de nature motrice

Le vieillissement est un processus biologique fondamental qui modifie les capacités du sujet à s'adapter aux contraintes imposées par son environnement physique ou social. Il est associé à la détérioration de la plupart des systèmes physiologiques et se traduit par un déclin du statut fonctionnel de la personne (Vuillemin,2012).

En effet, le vieillissement agit sur de nombreux systèmes humains : le système sensoriel, le système cardiovasculaire, le système ostéoarticulaire, le système cognitif ...

Plus particulièrement, le vieillissement est associé à une perte de masse musculaire ou sarcopénie. En effet, on estime à 5% la perte de masse musculaire enregistrée sur une période de 10 ans à partir de 40 ans, avec une perte plus importante après 65 ans. Ce phénomène est observable non seulement d'un point de vue anatomique, mais également d'un point de vue fonctionnel. Il est responsable de la baisse des qualités de force, puissance et endurance musculaires.

La sarcopénie est un facteur prédictif d'incapacité physique, conduisant à l'augmentation de handicap, de la fragilité, du risque de chute, la perte de l'indépendance, la diminution de la qualité de vie. Les incapacités physiques qui résultent de la fonte musculaire se traduisent par des difficultés ou impossibilités à réaliser certains actes de la vie quotidienne (Se déplacer, s'alimenter, s'habiller ...). Les mécanismes de la sarcopénie sont multiples : diminution de la sécrétion des hormones anabolisantes, de la synthèse des protéines, du nombre et de la surface des fibres musculaires. De surcroît, un mode de vie sédentaire, l'absence d'activité physique et une alimentation inadéquate sont aussi des facteurs favorisant la sarcopénie.

§ Prise en charge

De nombreux travaux ont démontré qu'il existe actuellement deux types de prise en charge afin ralentir la fonte musculaire liée à l'âge.

Tout d'abord, cette prise en charge peut se faire par le biais d'une stratégie nutritionnelle basée sur une alimentation riche en protéine (au moins égale à 1,2 g par kilogramme de poids corporel), mais aussi pourvu d'acides aminés optimisant la synthèse protéique (Leucine, citrulline, glutamine...).

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De surcroît, cette prise en charge peut être renforcé par la pratique d'exercice physique contre résistance qui s'avèrent être tout aussi efficace pour contrecarrer les effets délétères de la sarcopénie sur la mobilité générale et l'autonomie.

Cette prise en charge est effectuée le plus souvent par des kinésithérapeutes après une phase d'alitement, dans le but de rééduquer les muscles qui se sont atrophiés. Le rôle du kinésithérapeute est également de faire en sorte de conserver l'autonomie des personnes dépendantes.

L'ergothérapeute quant à lui, cherche à cibler les besoins des personnes âgées handicapées ou à mobilités réduites afin de limiter les incapacités fonctionnelles et développer l'indé-pendance. Pour ce faire, il évalue les déficiences et le degré de dépendance des personnes en se basant sur des outils tel que la grille AGGIR (autonomie gérontologie groupes iso-res-sources). Celle-ci est l'outil permettant l'évaluation de la dépendance le plus utilisé en France. Cette grille d'évaluation porte à la fois sur des activités relativement complexes (la cuisine, le suivi du traitement, la gestion de budget ...) et sur des dimensions à forte composante physique (dimension appelée fondamentale et correspondant aux activités telles que le déplacement, l'habillage, la toilette...)

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2. Présentation du service

2.1 Présentation d'un point de vue historique, juridique et objectifs de la structure

L'EHPAD de Carpiquet est un établissement récent dans la mesure où la visite de conformité suite à sa construction a eu lieu le 17 décembre 2007. Une autorisation de création d'un EHPAD d'une capacité de 84 lits et d'une place d'accueil de jour est donné par arrêté en date du 14 février 2005. La résidence a reçu son agrément d'ouverture le 2 janvier 2008.

Au niveau juridique, la résidence Médicis est un établissement médico-social privé à but lucratif. L'établissement a conclu une convention tripartite avec le Conseil général et l'ARS (Agence Régionale de Santé) fixant pour une durée de 5ans, les objectifs de qualité de la prise en charge des résidents et ses moyens financiers de fonctionnement. La structure fonctionne en tarif partiel.

Les prestations afférentes aux soins sont à la charge de la résidence et de l'ARS. Toutefois, les soins souscrits par la résidence et non couverts par ce forfait sont à la charge du résident et/ou son représentant légal.

D'un point de vue organisationnel, la résidence compte 84 chambres

· 14 chambres au rez-de jardin (unité protégée pour les personnes désorientées)

· 14 chambres au rez-de-chaussée (unité protégée pour la grande dépendance)

· 56 chambres sur deux étages

L'établissement dispose de salons, de salles de restaurants, d'une lingerie, d'un salon de coiffure, d'une salle d'activités, d'une infirmerie, de bureaux, d'une cuisine. Trois jardins sont à disposition des résidents, dont un jardin thérapeutique. Enfin, l'établissement dispose d'une balnéothérapie et d'un espace de stimulation multi-sensorielle (Snoezelen).

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2.2 Finalités et principaux objectifs de la structure

Tableau 1

Missions de l'EHPAD

Objectifs

- Accueil des familles

- Assurer l'Hébergement des personnes âgées - Offrir une vie quotidienne de qualité - Assurer les soins

- Maintenir l'autonomie des résidents, en développant ou en conservant des capacités fonctionnelles optimales.

- Apporter un environnement adapté aux besoins et aux préférences des résidents, en répondant à leur attente et leur envie

- Favoriser la plus grande accessibilité et la meilleure continuité de soins aux résidents

Projet de vie (projet d'animation)

Projet de soins

Il est défini avec le résident dans les premières semaines suivant son arrivée, qui tient compte de ses priorités et souhaits personnels

Il est établi entre l'équipe soignante (médecin coordonnateur, infirmière coordinatrice, infirmières...)

2.3 Le tuteur de stage

La tutrice de stage est la cadre infirmière responsable des soins, c'est une fonctionnaire de catégorie A. A l'issue d'un Baccalauréat mention B obtenu en 1974, elle a suivi une formation d'une durée de trois ans en institut de formation en soins infirmiers. Puis en 1984, après quelques années d'exercices, elle a effectué un complément de formation de 18 mois afin d'obtenir son diplôme de cadre. Elle est responsable de la qualité des soins et assure la liaison et la coordination entre la direction, le médecin coordonnateur, l'équipe de soins, l'équipe d'entretien, les médecins traitants, les professionnels paramédicaux, les résidents et leur famille. Elle participe à l'élaboration du projet de soins. Elle veille à l'application des bonnes pratiques gériatriques.

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2.4 Les Activités physiques adaptées mises en place au sein de la structure

Ø La Gymnastique douce adaptée « Association Siel Bleu »

La gymnastique douce est une activité physique adaptée délivrée en cours collectifs, par des éducateurs médico-sportifs qui interviennent une fois tous les quinze jours au sein de l'EHPAD de Carpiquet. Les séances durent 45 minutes et sont dispensées à un effectif de 20 personnes maximum. Cette gymnastique ne comporte pas d'exercices violents, trop difficiles ou trop rapides, ils sont tous adaptés au rythme des résidents. Ces exercices sollicitent les muscles, les articulations ainsi que la capacité respiratoire. De plus, la pratique collective favorise la socialisation.

Objectifs de cette pratique :

- Améliorer la qualité de vie

- Maintenir et développer la fonctionnalité articulaire et musculaire

- Améliorer l'équilibre statique et dynamique

- Reprendre confiance en soi, positiver son image et créer des liens sociaux

Ø La Danse Adaptée

Les séances de danse adaptée sont prodiguées par un professeur de danse. Elle intervient une fois tous les quinze jours le Vendredi après- midi, la temporalité de la séance est de 60 minutes. La danse adaptée permet aux personnes de s'exprimer à la fois corporellement et verbalement. Elle permet, lors de l'élaboration d'une chorégraphie, de faire travailler sa mémoire, son imagination, mais aussi sa coordination, sa souplesse et sa respiration.

Objectifs de cette pratique :

- Analyser les composantes corporelles et relationnelles mises en jeu au cours d'une activité danse.

- Repérer les caractéristiques individuelles ou du groupe, à prendre en compte dans la mise en

place d'un atelier danse.

- Adapter l'activité danse en fonction de la pathologie des personnes.

- Valoriser la création individuelle et collective,

- Participer d'une dynamique corporelle, intellectuelle et mémorielle,

- Créer des espaces privilégiés dédiés à la parole et la communication non verbale

Ø Les ressources disponibles

- Ressources humaines :

En plus des intervenants extérieurs, ils arrivent que les infirmières et/ou aides-soignantes aident les résidents lors de la pratique lorsque cela s'avère être nécessaire.

- Ressources matérielles :

L'EHPAD de Carpiquet a le bonheur de disposer d'une salle spécifique pour pratiquer les activités physiques adaptées.

Matériel :

- Cerceaux

- Jeux de quilles

- Parachute

- Bâtons en bois

- Jeux de pétanque

- Foulards

- Boîtes de conserves - Plots coniques

- Ballons en mousse

- Elastiband

- Balles lestées

- Ballon de Klein

- Jeux de fléchettes

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Le projet d'activité physique adaptée consiste à faire en sorte que chaque pratique physique soit en adéquation avec les objectifs visés par la structure (voir Tableau 1). Les pratiques doivent répondre aux besoins des personnes âgées dépendantes. Elles doivent au même titre que les autres activités de l'établissement contribuer à une amélioration de l'autonomie et de la qualité de vie des résidents.

Après avoir présenté le lieu de stage et les différentes pathologies des résidents dont j'ai la charge, je vais exposer le cheminement qui m'a conduit au sujet de mon mémoire.

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II. Objectifs de stage

Mon stage se déroule au sein de l'EHPAD de Carpiquet auprès de 10 personnes âgées de 79 ans à 95 ans ayant des degrés de dépendance très hétérogènes allant du groupe Iso-ressources 2 à 5.

Ces personnes dépendantes sont entrées en EHPAD pour différentes causes incluant notamment diverses pathologies, des accidents, une vulnérabilité sociale, ou encore médicale. Un des grands défis du vieillissement et particulièrement en EHPAD est de limiter au maximum la perte d'autonomie des résidents.

De mon côté, j'ai choisi de me concentrer sur ce qui m'apparaît comme l'un des facteurs majeurs de fragilité et d'altération du statut fonctionnel du sujet âgé : la fonte musculaire liée à l'âge ainsi qu'à la sédentarité.

En effet, le développement de la fonte musculaire est associé à une augmentation du risque de chutes et de blessures ainsi qu'à l'apparition d'une incapacité physique fonctionnelle (Janssen et coll. 2002-2004). Chez les personnes les plus atteintes, l'incapacité physique qui en résulte peut nuire gravement à l'autonomie en empêchant ces personnes d'accomplir correctement des activités basiques de la vie quotidienne (Janssen et coll. 2004). Cette restriction d'activité de la vie quotidienne peut se traduire par des difficultés, à se déplacer, à manger, à se laver, à se vêtir et à se dévêtir ....

De surcroît, l'immobilisation suite à une pathologie ou à un accident vient aggraver la sarcopénie (fonte musculaire) dans la mesure où les muscles ne sont pas suffisamment utilisés. En effet, selon Thomason en 1990, plus la durée d'immobilisation est longue plus la réduction du nombre et de la surface des fibres musculaires est importante La perte de masse musculaire induite par l'immobilisation est également liée à une augmentation de la dégradation des protéines musculaires.

Depuis plusieurs années de nombreux scientifiques cherchent à ralentir cette perte musculaire. Ils ont découvert que l'alimentation joue un rôle primordial pour retarder la sarcopénie. Délivrer certains apports protéiques riche en acides aminés aux personnes âgées permet une meilleure assimilation des protéines, une régénération du muscle.

Selon Harridge en 1999, l'alimentation combat effectivement la sarcopénie, mais

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l'entraînement contre résistance permet de maintenir ou d'augmenter la force musculaire de manière plus significative chez des sujets âgés.

Au regard des différentes études que j'ai énoncé antérieurement, réactiver les muscles en utilisant comme outil l'activité physique en plus d'une alimentation riche en protéine m'apparaît comme un moyen efficace de freiner la fonte musculaire liée à l'âge est à la sédentarité dans la mesure où l'inactivité accélère ce phénomène. C'est d'ailleurs pour cette raison que de nombreux professionnels de santé utilisent des exercices contre résistance. Cependant, ces exercices sont individuels et souvent perçus par les résidents, comme contraignants et fastidieux de par leurs caractères itératifs. A ma connaissance, il n'y a à ce jour aucune étude sur l'influence de l'activité physique par des jeux ludiques chez les personnes âgées dépendantes. C'est pour cela, que j'ai voulu traiter de l'influence de ces jeux lors de mes séances auprès des résidents. Toutefois, il existe des auteurs dans la littérature qui ventent les bienfaits des jeux collectifs chez les personnes âgées. Jacques Choque éducateur sportif qui intervient auprès des personnes âgées vente les nombreux intérêts des jeux collectifs et envisage un transfert possible des actions réalisées lors des jeux dans la vie quotidienne.

J'adhère à l'idée que l'utilisation d'activité physique ludique pourrait se présenter comme un moyen efficace pour maintenir ou améliorer l'autonomie fonctionnelle.

Présentement, la pratique des jeux et de certains sports en institution est assez rare, mais commence à se développer grâce à des intervenants extérieurs appartenant à des associations.

Lors de mon stage j'ai choisi de mettre l'accent sur le maintien voire le développement de la force de préhension. Durant ma semaine d'observation j'ai pu constater à maintes reprises que les résidents avaient du mal à ne pas demander l'aide d'une tierce personne parce qu'ils n'avaient pas suffisamment de force dans les mains pour réaliser des tâches par eux-mêmes. La force de préhension est très importante dans la vie quotidienne, elle nous permet de porter des objets, de manger, de boire, de se laver, se vêtir et se dévêtir, de s'asseoir et se lever d'une chaise, de se mouvoir à l'aide d'une canne ou en fauteuil roulant et la liste n'est pas exhaustive. La fonction de préhension est assurée grâce à l'opposition du pouce par rapport aux autres doigts, elle s'organise en de nombreux types de pinces bi ou poly-digitales ou de prises simples ou complexes. Ainsi, je veillerai à introduire des actions sollicitant cette force dans mes jeux (lancer, réceptionner, manipuler, pousser, tirer porter ...)

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Je souhaiterais apporter une certaine complémentarité avec les pratiques adaptées déjà mises en place au sein de la structure (danse et jeux sportifs1 fois tous les 15 jours). La danse est une activité ludique qui permet d'améliorer les capacités musculaires des membres inférieurs et supérieurs, de coordinations, respiratoires, mais aussi mémorielles. L'intervention de l'association SIEL Bleu va également dans ce sens, elle vise une amélioration de l'autonomie par le biais de jeux ludiques.

Dans la même optique, Je souhaite dispenser l'activité adaptée sous la forme de jeux physiques collectifs afin de mettre en exergue le côté ludique. Je pense que la pratique d'Activité physique sous forme de jeux ludiques peut faire naître chez des personnes l'envie de pratiquer. De surcroît, je présume que « chaque homme cache en lui un enfant qui veut jouer » (Friedrich Nietzsche,1896)

Dès lors, mon deuxième objectif est de faire en sorte que les résidents expriment leur bien-être, se changent les idées lors de mes séances.

En conclusion, l'idée d'utiliser des jeux physiques ludiques adaptés comme moyen d'améliorer la santé mentale et physique me semble intéressante. Mes jeux physiques auront pour but de proposer un traitement thérapeutique visant à maintenir ou améliorer l'autonomie fonctionnelle sans que la personne s'en rende réellement compte. L'aspect ludique doit en quelques sortes supplanter l'idée de fournir un effort physique. Ces jeux physiques adaptés devront intégrer des sollicitations, articulaires, musculaires, respiratoires et cognitives de façon à optimiser le maintien de l'autonomie.

Tout au long de ce mémoire, j'essaierai de répondre à ma problématique : L'activité physique par des jeux ludiques influence-t-elle la santé mentale ainsi que le maintien de l'autonomie fonctionnelle chez les personnes âgées dépendantes ?

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III. Présentation de la population en APA et Présentation de mes interventions

1. Programmation et modalités des séances et outils d'évaluation. 1.1 Programmation et modalités des séances

Mon programme d'APA s'est déroulé sur 3 semaines à raison de 3 séances d'une heure par semaine de jeux physiques ludiques. J'ai choisi de faire pratiquer mes jeux physiques en station assise. En effet, la plupart des personnes du groupe sont en déambulateur ou en fauteuil roulant. Certaines résidentes sont mobiles, mais l'idée est aussi de créer une homogénéité du groupe. Le fait de voir les autres membres du groupe debout risque d'accentuer la baisse d'estime de soi qui est déjà présente chez les personnes qui sont dans l'incapacité de se lever.

La pratique de ces jeux en station debout est tout de même possible, mais elle requière la présence d'intervenants supplémentaires pouvant maintenir chaque personne debout.

Or, il s'avère difficile de prévoir la présence d'aides-soignants pour me venir en aide et je ne veux surtout pas mettre en jeu l'intégrité physique des résidents au cours de mes séances.

Chaque séance d'activité physique adapté comporte des sollicitations articulaires, musculaires, respiratoires et cognitives. Les séances sont programmées le lundi, mardi et mercredi entre 11h et midi. J'ai décidé de mettre en place 3 séances d'une heure par semaine en vue d'être en adéquation avec les recommandations de l'OMS en 2010 qui stipulent que les personnes âgées présentant des incapacités doivent accumuler au moins 150 minutes de pratique physique pour en tirer des bénéfices sur leur santé.

L'effectif lors de mes séances est au grand maximum de 12 personnes n'ayant pas de contre-indication à la pratique d'une activité physique. Cet effectif est restreint afin d'être à l'écoute et le plus disponible possible pour répondre aux besoins individuels de chacun. Un nombre de résidents trop important me semble néfaste dans le sens où des résidents risque de se sentir délaisser au cours de la séance.

L'intensité des séances va de faible à modérée. La participation aux séances est au bon vouloir des résidents. Les séances se déroulent toujours au même endroit et à la même heure dans le salon du deuxième étage afin que les résidents désorientés aient des repères spatiaux-temporels. Dans toutes mes séances, les échanges sont favorisés grâce à une disposition en cercle des résidents.

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Chaque séance s»articule de la façon suivante :

- Réveil articulaire (Durée 5 minutes)

- Jeux de force et d'adresse (Durée 30 minutes)

- Jeux sollicitant les capacités cognitives (Durée 20 minutes)

- Retour au calme (relaxation, respiration) (Durée 5 minutes)

L'ensemble des séances sera évalué par deux tests : 1.2 Outils dévaluation

J'envisage d'évaluer la santé mentale grâce au test d'Andrews et Whitney (1976). En ce qui concerne l'autonomie fonctionnelle, la force de préhension sera évaluée à l'aide d'un dynamomètre mesurant la force de préhension ou « han grip». J'espère que mes jeux physiques adaptés auront l'influence positive escomptée.

ü Test Andrews et Whitney

J'ai choisi le test de Andrews, F.M et Whitney, S.B (1976) pour évaluer la santé mentale dans la mesure où ce test est assez facile à mettre en oeuvre auprès des personnes âgées. Un questionnaire avec un grand nombre de question ne me semblait pas approprié étant donné que certaines personnes ne peuvent plus écrire ou ont des difficultés pour voir et de ce fait pour lire. De plus, le fait d'entourer un élément graphique visuel est très facile à comprendre pour le résident. L'expérimentateur n'a également que peu d'explications à fournir et influe donc en moindre mesure sur la réponse du résident.

Déroulement du test

Ce test est une échelle de sept visages permettant à la personne d'exprimer le mieux ce qu'elle ressent à un moment T. Chaque visage exprime un sentiment (très heureux, neutre très malheureux et des expressions intermédiaires).

Ce test ne contient qu'une seule question claire et précise : « Indiquez le visage qui exprime le mieux ce que vous ressentez en ce moment ». Afin de faciliter l'évaluation du résultat de ce test, j'ai numéroté les images de 1 à 7, 1 étant le visage heureux et 7 le visage malheureux.

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Choix des lieux

J'ai fait passer ce test individuellement, dans la chambre de chaque résident participant potentiellement à mes séances (12 résidents). La première évaluation a eu lieu en début de stage, en amont de mes séances entre 10h et 11h30. La deuxième évaluation s'est déroulée juste après mes deux dernières séances, dans le salon du deuxième étage de la résidence auprès des 9 participantes présentes entre 12h et 12h 30.

Population

Tous les participants à mes séances sont des femmes âgées de 79 ans à 91 ans, de GIR 2 à 5, présentant différentes pathologies.

Limites de l'outil

Certains résidents avaient des difficultés à différencier les nuances d'expression des visages. J'aurai dû pour certains simplifier l'échelle en réduisant le nombre de choix de visages. Selon les événements, les soucis personnels la perception du bien être peut-être différente.

ü Test du dynamomètre

Le test du dynamomètre pour évaluer la force de préhension est facile à réaliser et nécessite que très peu de matériel. L'appareil étant portable, le test peut se réaliser là où on le souhaite. Il est rapide, peu contraignant pour ne pas ennuyer.

Déroulement du test

Le dynamomètre est utilisé en position assise, coude fléchi à 90 °, les épaules relâchées et l'avant-bras en position neutre, main en supination. Il doit être tenu dans la main dominante, la mesure sera réalisée deux fois afin de retenir la valeur la plus haute. Après avoir régler les paramètres âge et genre sur le dynamomètre et ajuster la poignée à la main de la personne, au signal (« Allez-y ») le résident doit serrer l'appareil le plus fort possible, puis

relâcher.

 

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Choix des lieux

J'ai fait passer ce test dans le salon de la résidence en début de stage avant mes séances entre 10h et 11h. la deuxième évaluation a eu lieu dans le salon, le dernier jour de stage entre 10h et 11h

Limites de l'outil

Les mesures prises par le dynamomètre peuvent varier selon l'état de santé des résidents. De plus, la programmation de l'animation de la résidence a fait que je n'ai pas pu effectuer le test dans le créneau horaire de mes séances (11h-12h).

2. Présentation du public, conduites observables et interventions 2.1 Caractéristiques des résidents

Chaque personne âgée qui participait à mes séances présentait différentes maladies :

 

Mme
DE

Mme
A

Mme
V

Mme
B

Mme
LEB

Mme
DU

Mme
H

Mme
M

Mme
L

Mme
G

Age

95

91

89

88

87

83

84

83

79

81

GIR

2

5

3

3

2

4

2

5

3

4

Dépression

X

 

X

 

X

X

 

X

 
 

Perte d'autonomie (Canne, déambulateur)

X

X

X

 

X

X

 

X

 

X

Mobilité réduite (Fauteuil roulant)

 
 
 

X

 
 

X

 

X

 

Assistance respiratoire

 
 
 
 
 
 
 
 

X

 

Troubles cognitifs

X

 

X

 

X

X

X

 
 

X

22

2.2 Les conduites observables des résidents avant les séances et mes interventions

Les conduites motrices :

Les résidents dépressifs et/ou ayant un syndrome démentiel présentent des limitations fonctionnelles plus ou moins importantes. Certaines résidentes ont des difficultés à pousser leurs fauteuils roulants, à s'asseoir ou à se lever d'une chaise, à s'appuyer sur leurs déambulateurs, à saisir ou à porter des objets, à réaliser des mouvements amples.

Avec le vieillissement les muscles subissent des modifications importantes, aussi bien sur le plan structurel que fonctionnel, ce qui a des conséquences sur l'autonomie des personnes âgées. Les muscles se raccourcissent, perdent en puissance et les tendons se raidissent (Janssen, 2002).

v Jeux de force et d'adresse

Mes jeux de force et d'adresse servent à maintenir ou à améliorer principalement la force de préhension, mais également la force des membres inférieurs. Tout en s'amusant, ces jeux vont permettre de solliciter la motricité fine, d'améliorer sa précision, sa coordination, de contrôler sa force, de muscler ses poignets et ses membres inférieurs.

Exemple : Jeu de pétanque, jeu de quilles, Mini basket, Football, curling, jeu avec parachute renforcement musculaire ludique.

Je propose ces jeux de force et d'adresse dans la mesure où ils peuvent permettre aux résidents de maintenir ou gagner de la force. Ils vont potentiellement pouvoir se lever d'une chaise, se déplacer eux-mêmes en fauteuil, attraper, porter des objets ....

La fonte musculaire chez les résidentes est inévitable au grand âge (âges des résidentes : 79 ans à 95 ans)

Le test que j'ai effectué à l'aide d'un dynamomètre atteste de cette perte musculaire liée à l'âge. En effet la force de préhension est approximativement de 25.5 kilogrammes force (kgf) chez une femme à l'âge de 30 ans et d'environ 13.5 kgf à l'âge de 75 ans.

Le traitement préventif ou curatif de la sarcopénie est tout de même possible. L'exercice physique régulier (au mieux trois fois par semaine), d'intensité modérée, permet une augmentation de la masse musculaire par hypertrophie des fibres musculaires, principalement une restauration de la masse musculaire et une réduction de la masse grasse et cela même à un âge très avancé. (Fiatarone,1994)

23

Les conduites cognitives :

Plusieurs résidentes présentent des troubles cognitifs plus ou moins importants. Elles ont des difficultés à se concentrer, à trouver leurs mots, à mémoriser, à prendre une décision ou encore à se repérer dans l'espace.

En effet, les syndromes démentiels, les troubles cognitifs sont dus à des lésions structurelles du cerveau, à des pertes neuronales (Auriacombe,2004).

L'évaluation des troubles cognitifs des résidentes se fait à l'aide de plusieurs tests, notamment par le Mini Mental test de Folstein. Ce test évalue l'orientation temporel et spatiale, l'apprentissage, la mémoire, l'attention, le raisonnement, le langage. Il permet également de suivre l'évolution vers des secteurs épargnés au début de la maladie (Folstein, 1975).

v Jeux sollicitant les capacités cognitives

Principalement, mes jeux ont pour objectif de stimuler les fonctions exécutives telles que la mise à jour, l'inhibition, la flexibilité mentale mais aussi la mémoire visuelle, auditive, l'attention et la concentration, l'orientation spatiale et temporelle ainsi que la fluence verbale. Je propose ces jeux « mémoire » afin de ralentir le déclin cognitif lié à l'âge ou à une pathologie.

Exemple : « Jeu des ballons couleur, Jeu des planètes, le ballon qui parle ... »

L'activité physique pourrait exercer un effet bénéfique en améliorant l'utilisation de l'oxygène et/ou le débit sanguin cérébral, en exerçant une action trophique directe synaptique et/ou neuronale en raison de l'enrichissement de l'environnement en stimulations sensorielles et motrices (Fabre, 1998).

Les conduites affectives :

Les résidentes dépressives sont très critiques envers elles-mêmes. Elles se sentent sans valeur et non plus goût à rien. Ces résidentes ont tendances à s'isoler et à ne pas sortir de leurs chambres. Elles ressassent des pensées négatives telles que la mort d'un ami, le décès d'un membre de la famille le décès de leur conjoint ou encore d'un animal de compagnie.

v 24

Jeux collectifs ludiques

La Pédagogie de la réussite et différenciée que j'utilise au sein de mes jeux à pour dessein de rendre la pratique physique accessible malgré la présence d'incapacité fonctionnelle. Les réussites des personnes âgées participent à augmenter leur estime de soi.

« L'activité physique par son action sur l'aptitude physique et par le bien-être physique qu'elle entraîne pourrait favoriser un état de bien-être psychologique et réduire les symptômes dépressifs chez le sujet âgé (McAuley, 1990) ».

D'ailleurs, l 'activité physique est considérée par quelques auteurs comme un processus psychothérapeutique permettant d'améliorer la santé mentale dans la mesure où elle entraîne une libération des hormones euphorisantes (la dopamine, la noradrénaline et la sérotonine) qui participent à l'état de bonne humeur (Biddle, 2001).

Les conduites relationnelles :

Les résidentes ont tendances à s'isoler et à ne pas communiquer avec autrui. Il y a une perte d'intérêt pour soi et pour les autres, une vision pessimiste du monde. A contrario, des dames aiment les contacts sociaux et participer aux animations, mais n'osent pas déranger.

Selon Pitaud, 2002, les situations d'isolement ont été montrées comme néfastes au bien-être psychologique, d'une part, à travers un manque de reconnaissance de l'estime de soi et d'autre part, comme limitant le vécu d'expériences de loisirs.

v Jeux collectifs ludiques

Des groupes affinitaires peuvent se former au cours des séances. Le soutien d'un ami, les rire partagés lors des jeux, le dialogue avec autrui peuvent permettre à certaines résidentes dépressives de se sentir mieux, d'augmenter leur confiance en soi, et de sortir de la solitude.

L'impact des activités de temps libre (artistiques, physiques, collectives, de société) sur la dépression chez les personnes au-delà de l'âge de la retraite est bien observé et les activités physiques sont primordiales à ce sujet, de même que les activités impliquant un engagement social (Glass, 2006).

11,2

MME A MME V MME B MME LEBMME DU MME H MME M MME L MME G MOYENNE

2,4

9,1

9,3

11,3 10,4

Force de préhension

12,7

13

Pré-test Post-test

13,6

4,8

12

9

9,4

2,9

14

16,8

11,9

14

11,54

12,66

25

IV. ANALYSE DE LA PRATIQUE D'INTERVENTION

1. Résultats

Objectif 1 : maintenir ou améliorer l'autonomie fonctionnelle

Résultats au test de la force de préhension

 

Mme
DE

Mme
A

Mme
V

Mme
B

Mme LEB

Mme
DU

Mme
H

Mme
M

Mme
L

Mme G

Pré-test

Valeur la plus haute

8,2

Kgf

11,2

Kgf

9,1

Kgf

10,4

Kgf

12,7

Kgf

13,6

Kgf

9
Kgf

12
Kgf

14
Kgf

11,9

Kgf

Post-test

Valeur la plus haute

Non
effectué

12,4

Kgf

9,3

Kgf

11,3

Kgf

13
Kgf

14,8

Kgf

9,4

Kgf

12,9

Kgf

16,8

Kgf

14
Kgf

Progression

 

1,2

Kgf

0,2

Kgf

0.9

Kgf

0.3

Kgf

1.2

Kgf

0.4

Kgf

0.9

Kgf

2.8

Kgf

1.9

Kgf

Nombre de séances effectuées

7

9

6

9

8

8

6

9

9

9

Variable : force de préhension

Unité de mesure : kilogramme force (Kgf)

Appareil utilisé : Electronic hand dynamometer CAMRY Model EH101

26

Test de student : 9 sujets

(p = 0,004) ce qui signifie que j'ai 4 chances sur 1000 de me tromper. De ce fait, l'analyse est statistiquement concluante, les jeux physiques réalisés 3 fois par semaine sur une période de 3 semaines améliorent significativement la force de préhension des résidentes qui ont participé à mon programme.

Objectif 2 : participer à l'amélioration de la santé mentale

Choix du visage

7

6

5

4

3

2

1

0

Mme G Mme L Mme M Mme H Mme DU Mme LEB Mme B Mme V Mme A

Pré-test Post test

Résultats au Test de Andrews, F.M et Whitney, S.B (1976), mesure du choix du visage (numéro)

Test de student : 9 sujets

(P= 0,004) Là encore, l'analyse est concluante, mon programme à améliorer significativement l'état mental des résidentes

Variable : choix du visage

Visages numérotés de 1 à 7, 1 étant le visage heureux et 7 le visage malheureux.

Je pense avoir atteint mes deux objectifs cependant, ces résultats restent à nuancer dans la mesure où la force de préhension et la santé mentale sont sensibles à de nombreux facteurs. La force de préhension peut varier selon l'état de forme des résidents ou encore selon la prise d'un médicament au préalable. D'autre part, ne serait-ce que le fait de leur consacrer du temps, de leur porter de l'attention favorise déjà leur sensation de bien-être.

27

2. Critique de mes interventions

Points positifs de mes interventions

Dans le cadre de mes interventions, j'ai utilisé la pédagogie différenciée ou différenciation pédagogique (Perrenoud, 1997) afin d'adapter mes séances en fonction des capacités, des possibilités motrices, du handicap et de la maladie de chacune des résidentes. Cette pédagogie me tient à coeur dans la mesure où elle s'oppose à la pédagogie de l'uniformité qui gomme les différences individuelles et qui part du principe que tous les individus doivent travailler au même rythme et de la même façon. Malheureusement, cette dernière est toujours utilisée et met en échec un grand nombre de personnes.

Dans le but de mettre en oeuvre ma différenciation pédagogique, j'ai procédé à une évaluation initiale ou diagnostique afin d'identifier les capacités et les besoins des résidentes. Cette évaluation basée sur des tests, des témoignages, des observations de la vie quotidienne des résidentes ainsi que sur les conduites motrices et psychologiques lors de ma première séance m'a permis de mettre en évidence les différences individuelles. Afin de prendre en compte ces différences j'ai fait en sorte que chacune de mes situations soient évolutives. Autrement dit, toutes mes situations comportaient une simplification et une complexification dans le but que tout le monde puisse pratiquer par rapport à son propre niveau.

Dans l'intention de faire progresser les pratiquantes j'ai respecté le principe évoqué par Linda Allal dans son livre l'évaluation formative dans un enseignement différenciée, 1978 selon lequel : « la tâche ne doit être ni trop facile ni trop difficile pour qu'il y ait une perspective d'évolution. »

Au niveau de l'organisation pédagogique, mes jeux s'organisaient en groupe entier, par équipe ou encore en binôme dans l'intention de favoriser les liens sociaux. Selon le psychologue A. Bandura, le groupe permet effectivement de créer des liens sociaux, des comportements d'entraide mais pas uniquement. Le groupe engendre aussi la survenue des apprentissages par expérience directe qui repose sur une base vicariante. En d'autres termes, le pratiquant en observant le comportement des autres et les conséquences qui en résultent pour eux va apprendre de nouvelles choses en adoptant le bon comportement.

Exemple : Mme M observe que Mme B fait bien le geste qu'il faut réaliser en séance de gymnastique (elles sont toutes les deux dans la même situation) Mme M va alors l'imiter et modifier son comportement.

Le modèle sociocognitif de l'apprentissage (L.Vigotski, 1934) met aussi en exergue les interactions entre pairs, elles sont même au centre des mécanismes pour apprendre. Le groupe est une ressource pour apprendre, grâce aux différences entre les personnes. Les pratiquants sont mis en situation de s'aider (Tutorat), s'observer, ou encore de débattre (conflit sociocognitif).

Les personnes âgées ont souvent une mauvaise connaissance d'elles-mêmes, de leurs possibilités. Par conséquent, j'encourageais les résidentes pour qu'elles s'investissent, je l'ai félicitées à chaque effort et a fortiori lors des réussites pour augmenter leur motivation intrinsèque (Decy & Ryan,1985).

En cas d'insuccès, je dédramatisais l'échec pour que la personne puisse rebondir en lui donnant un retour informationnel pour qu'elle prenne conscience de ce qui ne va pas et je lui indiquais le chemin à emprunter pour réussir.

De la même façon, j'ai fait en sorte de diversifier le plus possible mes jeux pour entretenir une motivation de la découverte.

28

D'ailleurs j'ai eu recours à des situations de résolution de problèmes qui s'inscrivent dans la théorie écologiste de l'apprentissage (J. Gibson). Le pratiquant devait gérer seul son projet d'action et l'actualiser grâce à une adaptation personnelle liée à l'environnement. Je me suis rendu compte que parfois que ne pas intervenir c'est intervenir.

Pour chaque jeu proposé, j'expliquais les règles verbalement, visuellement et les illustrer au travers de démonstrations, de schémas pour les rendre les plus compréhensibles et pour me mettre en accord avec le profil pédagogique (A. De la Garanderie, 1986) de chacun.

J'assurais l'intégrité physique et morale des résidents au cours de la séance, si une personne me semblait fatiguée, j'intervenais auprès d'elle en lui disant de se reposer.

A la fin de chaque séance, je demandais aux participantes si elles avaient apprécié les situations, si celles-ci n'étaient pas trop difficiles et ce qu'elles voulaient faire au cours des séances suivantes.

Points négatifs de mes interventions

Par moment, j'ai eu des difficultés à intervenir de façon individualisée auprès des personnes âgées en difficultés tout en gérant en parallèle le groupe. Dans le cadre du stage, cela ne posait pas de problème, dans la mesure où ma tutrice et quelques aides-soignantes étaient présentes pour me seconder.

J'ai eu tendance à utiliser trop de matériel au cours de mes séances ce qui a diminué le temps de pratique effectif des résidentes.

Je ne suis pas parvenu à motiver les messieurs présents dans la résidence, seuls deux sont venus participer à mes dernières séances.

3. Perspectives pour la structure

À la suite de mon intervention au sein de l'EHPAD de Carpiquet et à la demande des résidents, l'animatrice à mis en place des séances de jeux physiques ludiques deux matinées par semaine.

Le personnel médical au sein de la Résidence Médicis n'est pas forcément sensibilisé aux bienfaits de l'activité physique sur la personne âgée. Or, informer le personnel sur ses bienfaits peut être bénéfique pour les résidents, mais également à titre personnel.

Les représentations de l'activité physique ou du sport chez les résidents sont celles de leur génération. Elles associent souvent sport avec difficulté. La gymnastique que les résidents pratiquaient dans leur jeunesse était une gymnastique d'agrès constituée d'exercices de montées de corde, sur poutre, avec des anneaux... Par conséquent, il me semble nécessaire d'informer les résidents afin de changer leur représentation dans la mesure où celles-ci peuvent freiner tout engagement dans la pratique. Il faudrait également que la structure alloue un budget aux animations sportives afin que les intervenants puissent proposer des jeux physiques diversifiés.

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