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Promotion du travail décent dans l'économie informelle: le role de l'inspection du travail au Burkina Faso


par Edmond Wêdlassida SAVADOGO
ENAM Ouagadougou - Inspecteur du travail 2019
  

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PARTIE I : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIE

Chapitre I : Cadre théorique

Section I : Revue de littérature

Paragraphe I : Economie informelle

A- Conditions d'émergence de l'économie informelle

Plusieurs facteurs peuvent par interférence expliquer l'émergence des activités de l'économie informelle selon les différentes sources scientifiques.

1. La colonisation

L'irruption de la civilisation occidentale par la colonisation a entrainé un bouleversement notoire dans les pays d'Afrique où les conséquences au niveau social, culturel et économique peuvent s'observer. La confrontation de la société occidentale avec les sociétés d'Afrique Subsaharienne est à l'origine de l'informalisation des institutions majeures de ces derniers, donnant, de ce fait, au concept informel, une connotation polymorphe (Gauthier De Villiers, 1994 : 7-21).

Les sociétés du Tiers-Monde sont aujourd'hui caractérisées de Sociétés hybrides, c'est-à-dire à cheval entre les sociétés pré-industrielles et les sociétés industrielles. L'économie issue de ces sociétés est appelée économie hybride ou intermédiaire ou dualiste dont le secteur informel constitue l'illustration la plus parfaite (BALANDIER 1985 : 188).

Catherine COQUERY - VIDROVITCH (1991: 180), dans ce cas, utilise l'expression d'ambivalence sociale pour désigner le fait que depuis la colonisation, les néo-citadins en voie de prolétarisation développent des stratégies de survie en mêlant à la fois, le mode paysan (qui assure leur reproduction et une partie de leur subsistance ) et le mode capitaliste occidental qui leur procure un salaire, parfois insuffisant pour la satisfaction des besoins ménagers. Elle souligne également que la symbiose secteur moderne et secteur informel est vécue quotidiennement par les

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citadins de vieilles souches en cours de prolétarisation en vue de faire face aux insuffisances de revenus générés par le secteur formel.

Abdou TOURE (1995 : 13-14), en se référant à l'historien ivoirien Pierre KIPRE, soutient que les petits métiers ont émergé dans les villes coloniales suite aux recrutements massifs, au travail forcé, à la nécessité de payer l'impôt et à l'obligation d'avoir les moyens pour assurer sa subsistance.

Selon Djik VAN (1986 : 18), certaines activités du secteur informel puisent leur origine du temps des activités traditionnelles pré-coloniales comme le tannage, la poterie, le tissage, ... D'autres, cependant sont nées des effets de modernisation importées depuis la colonisation comme la réparation des engins, des appareils électroménagers, etc.

2. La croissance urbaine

L'urbanisation est, de nos jours, considérée comme un phénomène inévitable devant concerner toutes les parties du Monde. Les pays du Tiers-Monde qui étaient longtemps aperçus comme enfouis dans leur ruralité, se démarquent aujourd'hui de cette situation. En effet, sur les 567 millions d'habitants que comptait l'Afrique subsaharienne en 1995, 176 millions étaient urbains, soit un taux d'urbanisation de 31% tandis que la moyenne mondiale s'élevait à 45% (BOCQUIER et al ; 2000 : 1). Cette croissance urbaine est conditionnée par deux éléments qui sont l'accroissement naturel et l'accroissement par migration.

L'emploi formel présentant des barrières à l'entrée pour les néo-citadins, ceux-ci affrontent la nécessité de se lancer dans les activités dépréciées et peu rentables de l'économie informelle en vue d'assurer leurs propres survies et pourvoir aussi aux besoins de leurs parents restés au village (Dijk VAN 1986 : 96).

3. Les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS)

La plupart des pays du sud ont été touchés de plein fouet par la récession économique des années 1980 et 1990 résultant de l'enchevêtrement de plusieurs facteurs : dégradation du secteur agricole, la détérioration des termes de l'échange, la baisse des investissements, l'endettement massif, le chômage recrudescent (ph. BOCQUIER et al 2000 : 37). A titre illustratif, le Burkina Faso qui avait une

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croissance annuelle au PIB réel de 4 % entre 1980 et 1988, s'est vu tombé à 1,6% entre 1989 et 1990 (El. WETTA et al 1999 : 3-4).

Le redressement des économies effondrées était orchestré par les institutions de Bretton Woods que sont le FMI et la Banque Mondiale dans le cadre du Programme d'Ajustement Structurel (PAS) dont l'objectif initial était destiné à accroître la croissance du PIB de l'ordre de 4% par an (CALVES et al 2004 : 2). Le remède des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) visant à vaincre la crise en restructurant et en privatisant les entreprises parastatales, en réformant le secteur public et en dévaluant le franc CFA s'était révélé plus nocif sur la dimension sociale (Alain MARIE et al 1997 : Ph. Antoine et al 1995).

En outre, les effets combinés de la crise économique et les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) ont eu pour corollaire le chômage massif des populations, la détérioration de la qualité des emplois, le gel des salaires et le ralentissement des recrutements, les fermetures d'entreprises et des licenciements exorbitants (CHARMES 1996 : 499). Les populations subsahariennes durement éprouvées par le prolongement de la crise n'ont d'autres solutions que de recourir aux activités économiques moins rentables et instables de l'économie informelle, favorisant ainsi la pluri-activité des individus et une amplification dudit secteur au sein des économies nationales (CALVES et al 2004 : 2, Abdou TOURE 1995 : 45 ).

4. Le système Educatif

La prolifération des activités du secteur informel est aussi la conséquence de la crise du système éducatif de la majeure partie des pays au sud du Sahara. L'école produit annuellement un nombre croissant de déscolarisés, c'est-à-dire des jeunes ayant quitté prématurément les bancs sans avoir obtenu le diplôme voulu ou souhaité (UEMOA 2 2004 : 15). Selon le sociologue ivoirien Abdou TOURE, le système éducatif rejette annuellement dans la rue environ 100 000 déscolarisés pour la seule Côte d'Ivoire (Abdou TOURE 1995 : 52).

Ainsi, l'économie informelle fonctionne comme un secteur d'absorption pour les déscolarisés et dans une moindre mesure pour les diplômés qui y reviennent en cas de difficultés à trouver un emploi salarié ou à créer un auto-emploi moderne.

Enfin, l'économie informelle fonctionne comme un secteur de transition pour

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les diplômés qui y passent quelques temps avant de s'engager dans les activités du secteur moderne (Abdou TOURE 1995 : 49).

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