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Femmes et accessibilité à  la propriété foncière au Cameroun.


par Jean-Christophe ONANA
Institut de Formation et Recherche Démographiques - Master 2 professionnel en Démographie 2019
  

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1.3. Des pratiques successorales discriminatoires par rapport à l'accès de la femme à la propriété foncière

Au Cameroun, la succession est régie par la coutume. En vertu de cette coutume, le principe est que les filles n'héritent pas du patrimoine foncier familial. Seul l'igiseke10 leur est accordée. Les quelques exceptions concernent notamment le cas d'une descendance exclusivement féminine, si la descendance masculine s'est éteinte sans laisser d'enfants.

Par rapport à un partage équitable de l'héritage, la plupart des hommes, dont les points de vue sont aussi soutenus par certaines femmes, expriment certaines inquiétudes :

Premièrement, l'opinion répandue chez les hommes considère que le partage équitable de l'héritage entre les filles et leurs frères constituerait une injustice à leur égard. En effet, les filles bénéficieraient d'une double succession, celle issue de leurs parents et celle en provenance de leurs beaux parents. Alors que les hommes ne peuvent prétendre qu'au seul héritage dans leur propre famille. Cette façon de faire aurait pour conséquence la dislocation des familles. En effet, les femmes issues des familles avec des disponibilités foncières très limitées se verraient répudiées et les garçons chercheraient à épouser des filles de familles riches, disposant de propriétés foncières à hériter (Mbayinil, 2017)11.

Un deuxième argument est tiré de l'atomisation continue de la terre due à la pression démographique. Peuplé de près de 17 463 836 habitants sur une superficie de 475.444 km2, le Cameroun, présente une densité de 37,5 habitants au km2 pour une population essentiellement

10 Portion de terre octroyée collectivement aux filles et exploitée en usufruit souvent viager.

11 MBAYINIL (2017), Femmes et succession au Cameroun.6p

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Femmes et accessibilité à la propriété foncière au Cameroun 2018/2019

ONANA Jean Christophe Master Professionnel en Démographie

agricole (RGPH, 2005). Dans cette situation, la terre devient très convoitée entraînant ainsi de nombreux conflits intra familiaux et communautaires. Ainsi, les hommes semblent s'opposer au partage équitable des terres familiales avec leurs soeurs dans le but d'éviter la multiplication des prétendants à des propriétés déjà trop exigües, ce qui serait de nature à augmenter exponentiellement les conflits fonciers12.

De plus, le contexte socioculturel camerounais, est caractérisé par les us et coutumes dont la plupart encouragent les exclusions ou les restrictions fondées sur le sexe et consacrent la primauté de l'homme dans plusieurs domaines. On peut citer en droite ligne l'exclusion de la femme à l'accès à la terre (RNP, 2011). Par ailleurs, les représentations sociales des rôles masculins et féminins dans la société camerounaise, contribuent encore à maintenir les disparités sexuelles en défaveur de la femme.

Les us et coutumes au Cameroun, sont fondés sur le système patriarcal traditionnel, généralement défavorables à la promotion de la femme. L'analphabétisme de la population en générale et des femmes en particulier est encore un problème préoccupant, limitant la participation des femmes au processus de développement et de la gestion des affaires publiques et d'autre part, leur accès aux sphères de prise de décision. En 2005, sur 100 femmes âgées de 15 ans ou plus, 36 environ, sont analphabètes (RGPH, 2005). Les femmes ont souvent, à subir l'effet des politiques raciales qui sont souvent les legs insinuants de l'ère coloniale. C'est la conjonction de cet héritage colonial et de pratique foncières qui ont suivi l'indépendance que l'on doit la marginalisation des citadins pauvres et en particuliers les femmes.

Les coutumes, diffèrent selon les régions. En effet, dans certaines, elles sont souples, dans d'autres rigides. Dans ce dernier cas de figure, les femmes ont juste le droit d'exploiter les terres pour les besoins domestiques et économiques. Mais, en aucun cas, elles n'osent demander à devenir propriétaire (Mbayinil, 2016). Les pesanteurs sociologiques et culturelles, font de la femme, un être relégué au second rang. La femme, est valorisée par rapport à la procréation. La division du travail confine, les femmes aux tâches domestiques non visibles et non valorisées.

Tous les problèmes, que les femmes rencontrent dans le foncier relèvent de la tradition et coutume (Mbayinil, 2017). L'accès à la propriété foncière et domaniale chez les peuples de la forêt, reste l'apanage des hommes qui tiennent les femmes à très bonne distance de ce débat. Qu'elle soit mariée ou dans sa famille nucléaire, la femme n'a pas droit à ce privilège (Zang, 2018). Le même auteur, argue son propos en affirmant que « les pesanteurs coutumiers et les

12 Ibidem

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Femmes et accessibilité à la propriété foncière au Cameroun 2018/2019

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égoïsmes des hommes continuent d'exclurent la gente féminine du cercle des bénéficiaires des terres et des titres fonciers ».

Par ailleurs, le niveau d'instruction des femmes peut contribuer à renforcer cet état de chose. En effet, la durée moyenne du nombre d'années d'étude chez les femmes est de 5,5 ans chez les femmes ; largement en dessous de celui des hommes qui est à 7,0 ans (RGPH, 2005). Cette durée moyenne faible chez les femmes, traduit en fait un malaise qui est celui d'un abandon rapide des classes pour des motifs de mariages, et grossesses précoces etc. La conséquence directe de ce phénomène est donc la disqualification progressive dans les sphères sociales et un statut social plutôt faible de la femme.

Le contexte socio-culturel, exposé ici, permet de mettre en lumière le statut social que la tradition et les coutumes assignent à la femme et, la marginalisation qui peut s'en suivre concernant l'accès au foncier.

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