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La réglementation des opérations de transport routier de marchandises dans l'espace UEMOA.


par Néni Cyrille Ardenne OUAHOU
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest / Unité Universitaire d'Abidjan - Master 2 Recherche Droit Economique et des Affaires 2019
  

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Section II : Les carences d'ordre pratique

105 Titre V Chapitre II du décret n°2014-683/PRES/PM/MIDT/MEF/MATS/MICA portant fixation des catégories de transports routier transport routiers et des conditions d'exercice de la Profession de transporteur routier au Burkina.

106 Article 4 du règlement n°14/2005/CM/UEMOA.

107 Article 5 du décret n° 2008-533 fixant les règles d'application de la loi n° 2003-04 du 27 mai 2003 portant orientation et organisation des transports terrestres.

108 Titre II du décret n°2014-683/PRES/PM/MIDT/MEF/MATS/MICA portant fixation des catégories de transports routier transport routiers et des conditions d'exercice de la Profession de transporteur routier au Burkina.

109 P. DUFLOT, F. HOFFMAN, Études d'accidents : conducteur et véhicule, France, 1963, p. 13.

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Au niveau de la pratique, deux lacunes majeures sont relevées, l'ineffectivité du droit du transport routier de marchandises (Paragraphe I) et le problème de la corruption dans les opérations de transport routier de marchandises (Paragraphe II) font obstacle à une application totale du droit du transport routier de marchandises.

Paragraphe I : L'ineffectivité du droit du transport routier de
marchandises

L'ineffectivité du droit du transport routier de marchandises est due d'abord à sa suspension et à l'indifférence des transporteurs (A) et ensuite à la passivité des juridictions (B).

A- La suspension de l'application du droit du transport routier de marchandises et l'indifférence des transporteurs L'application de certaines normes en matière de transport routier de marchandises a été suspendue faisant ainsi obstacle à son effectivité sur l'ensemble du territoire des Etats membres de l'UEMOA (1). Mais une cause majeure de l'ineffectivité du droit du transport routier de marchandises est l'indifférence des transporteurs (2).

1- La suspension du droit du transport routier de marchandises

Le règlement N°14/2005/CM/UEMOA relatif à l'harmonisation des normes et des procédures du contrôle du gabarit, du poids et de la charge à l'essieu des véhicules lourds de transport de marchandises, est effectivement en vigueur sur l'ensemble du territoire des Etats membres de l'UEMOA depuis le 1er février 2017. Ce règlement est donc censé être non seulement connu des différents acteurs du transport110 mais aussi être appliqué et respecté par ces acteurs.

Mais un obstacle majeur à l'application uniforme de ce règlement va se présenter. Il s'agit d'une suspension de l'application du règlement dans un Etat membre de l'UEMOA. En effet, le ministre des infrastructures et des transports du Bénin a, par un communiqué111, informé les différents acteurs du transport de la suspension du règlement n°14/2005/CM/UEMOA et maintient un taux de tolérance de 20% sur les poids règlementaires en lieu et place du taux de tolérance de cinq pour cent (5%) instauré par le règlement n°14/2005/CM/UEMOA. Une telle suspension devrait faire l'objet de sanction prononcée par la cour de justice de l'UEMOA112.

Si en ce qui concerne le transport national au Bénin, cela ne semble poser un problème, les conséquences indésirables de cette suspension apparaissent en ce qui concerne un transport inter Etats. En effet, les forces de contrôle béninoises

110 Communiqué de la Commission de l'UEMOA, Ouagadougou, 10 Février 2017.

111 Communiqué n°5107/MIT/DC/SGM/ANATT/SA, Cotonou, 21 Juin 2017.

112 Article 5 du Protocole additionnel N°1 relatif aux Organes de contrôle de l'UEMOA.

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effectueront le contrôle en application de la suspension à la différence des forces de contrôles des autres Etats membres. Les transporteurs sur le territoire béninois pourront effectuer des transports en violation du règlement. Un tel transporteur ne subira pas les sanctions prévues par le règlement113 à l'issu de contrôle par les forces de contrôle béninoises alors qu'il le serait sur le territoire d'un autre Etat de l'Union.

On assiste alors non seulement à une effectivité partielle du règlement en ce sens qu'il est appliqué sur le territoire de certains Etats membres à l'exclusion du Benin. La suspension affecte surtout l'harmonisation des règles en matière de limitation et de contrôle de contrôle du gabarit, du poids, et de la charge. Elle fait échec à une telle harmonisation. Alors le caractère préventif lié aux limitations n'est pas assuré et des dommages dus aux surcharges ou au surdimensionnement ne pourront être évités. En plus de la suspension du droit du transport routier de marchandises, une autre cause de l'ineffectivité du droit du transport routier de marchandises est l'indifférence des transporteurs.

2- L'indifférence des transporteurs

Les principaux sujets114 des règles en matière de transport, les transporteurs font preuve d'apathie face aux dispositions de l'AUCTMR115. Les raisons d'une telle apathie serait d'abord une ignorance du droit OHADA. Ainsi « L'ignorance de l'AUCTMR par les praticiens des transports ne serait en réalité qu'un miroir au travers duquel transparait l'ignorance du droit OHADA des affaires par les strates socioprofessionnelles destinées à en faire usage »116. Les sujets du droit du transport ignoreraient le droit du transport ce qui a pour conséquence de les rendre involontairement indifférents aux dispositions de l'AUCTMR et à ne pas les appliquer. Une deuxième raison serait « un désaveu législatif »117. Cette raison se traduit par la réticence à saisir les juges en cas de litige. Ainsi certains transporteurs, ayant connaissance des dispositions de l'AUCTMR ne saisiraient pas les juges en cas de litiges appelant une application de l'AUCTMR. Une troisième raison serait la difficulté de l'AUCTMR à s'appliquer aux contrats internes118. En effet l'AUCTMR cadrerait mieux avec les opérations de transports routiers transfrontalier à la différence des opérations de transport interne.

Cette indifférence des transporteurs a pour conséquence l'ineffectivité du droit OHADA en matière de transport routier de marchandises par les sujets. Ainsi le régime des obligations et le régime de responsabilité prévus par l'AUCTMR pourraient se trouver inappliqués. La protection des marchandises censée être assurée par les obligations mises à la charge des parties se trouvera par conséquent remise en cause.

113 Article 14 et 15 du règlement n°14/2005/CM/UEMOA.

114 Il y a, en plus des transporteurs, les expéditeurs, les forces de contrôles.

115 É. FOKOU, « L'effectivité de l'Acte Uniforme relatif au contrat de transport de marchandises par route : entre avant-gardisme et passéisme socio-professionnel », Réflexions critiques sur l'appropriation sociale de l'AUCTMR et son application par les juges africains, Québec, 2015, pp. 13-14.

116 É. FOKOU, op.cit. p. 13.

117 É. FOKOU, op.cit. p. 14.

118 P. POUGOUE et Y. KALIEU ELONGO, Introduction critique à l'OHADA, Yaoundé, édition PUA, 2008, p. 120.

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La solution préconisée à un tel problème est la vulgarisation du droit OHADA en la matière par différents moyens. Ces moyens peuvent être des colloques et des forums. Il peut aussi s'agir de moyens médiatiques tels que les bandes d'annonces et des émissions radiotélévisées. En somme la règle devrait parvenir aux sujets et ces sujets devrait être conduit au respect de celle-ci. A côté de la suspension de l'application du droit du transport routier de marchandises et de l'indifférence des transporteurs, une autre cause de l'ineffectivité du droit du transport routier de marchandises est la passivité des juridictions.

B- La passivité des juridictions

La passivité des juridictions en matière de transport routier de marchandises est perceptible à travers la faible application de l'AUCTMR par les juridictions (1). Cette situation conduit impérativement à trouver des solutions à celle-ci (2).

1- La faible application de l'AUCTMR par les juridictions

La jurisprudence en matière de contrat de transport routier de marchandises est réduite. On compte huit (8) décisions de justices119 concernant le transport de marchandise en général dont six (6) concernent spécialement le transport routier de marchandises. Parmi celles-ci, seules deux décisions font application de l'AUCTMR120 et sont rendues dans les Etats membres de l'UEMOA. La première décision faisant application de l'AUCTMR est un arrêt n°24 du 27 Avril 2006 de la Cour d'appel de Zinder. Il ressort de l'arrêt que M. Ali Oumarou, l'expéditeur, a fait transporter des cartons de produits pharmaceutiques par M. Omar Sidi, le transporteur. Des pertes ont été constatées lors du déchargement. La valeur déclarée par M. Ali Oumarou était différente de la valeur réelle de la marchandise. La Cour en retenant d'abord la responsabilité du transporteur conformément aux articles 26-1 et 17 de l'AUCTMR et en condamnant ensuite celui-ci au paiement de la valeur déclarée, confirme le jugement rendu en première instance sur ces points121.

Quant à la seconde décision, il s'agit du jugement n°195 du tribunal de grande instance de Bobo Dioulasso rendu le 14 Juin 2006. Il ressort des faits que la société MICRODIS, société de droit togolais, concluait avec FOFANA MASSE un contrat de transport de marchandises constituées de 7300 colis de lait en poudre. Un accident est survenu et des dommages ont été causés aux marchandises. Le tribunal a rejeté l'action du demandeur subrogé, la société AGF Togo assurances agissant en subrogation de la société MICRODIS, au motif que d'abord le demandeur n'apporte pas la preuve de la réception de la réclamation par la défenderesse et que cette réclamation soit intervenue plus de six mois après

119 Voir site de l'OHADA : http://www.ohada.com/jurisprudence/categorie/43/transport-de-marchandises.html.

120 Cour d'appel Niger, arrêt n°24, 27 Avril 2006, Ali Oumarou dit Abani contre Omar Sidi, OHADATA J-10-289 ; Tribunal de grande instance Bobo Dioulasso, jugement n°195, 14 Juin 2006, Société AGF Togo Assurances contre Fofana Assiata Masse.

121 Cour d'appel Niger, arrêt n°24, 27 Avril 2006, Ali Oumarou dit Abani contre Omar Sidi, OHADATA J-10-289.

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la prise en charge de la marchandise122. Le tribunal bien qu'ayant fait une bonne application de l'AUCTMR, « aurait dû tout simplement constater l'absence ou le défaut de la réclamation préalable dans les 6 mois suivants la prise en charge et prononcer la forclusion »123.

La consistance de la jurisprudence est un indicateur dans l'effectivité d'une norme. En effet, une abondance de jurisprudence est révélatrice de l'application de la norme concernée. L'effectivité du droit OHADA en général, y compris le droit OHADA des transports routiers de marchandises, doit passer par une jurisprudence réactive et efficace124. A voir la faible consistance de la jurisprudence dans les Etats membres de l'UEMOA en matière de droit des contrats de transport routier de marchandises, l'effectivité de l'AUCTMR peut être mise en cause dans les Etats de l'UEMOA. Après avoir montré que les juridictions font une faible application de l'AUCTMR, il convient de rechercher et trouver des solutions à cette faible jurisprudence en matière de transport routier de marchandises.

2- Les solutions à la faible jurisprudence en matière de transport routier La faible jurisprudence est une conséquence de l'indifférence des transporteurs face au droit du transport routier de marchandises mais aussi de celle de ses cocontractants. Le juge ne pouvant se saisir lui-même125, la saisine des juridictions par les parties au litige en matière de transport routier de marchandises ne peut qu'accroitre la densité de la jurisprudence en la matière. Une vulgarisation du droit en la matière126 permettra au transporteur, à l'expéditeur et même au destinataire127 d'avoir recours aux juridictions étatiques ce qui les amènera à rendre un plus grand nombre de décisions. Cela témoignera de l'effectivité du droit en la matière.

On peut dès lors se demander s'il est plus nécessaire d'encourager la voie juridictionnelle étatique en vue renflouer la consistance de la jurisprudence par préférence à la voie alternative ouverte par l'AUCTMR128. La saisine des juridictions étatiques appelle celles-ci à l'application de l'AUCTMR. Par contre le recours à l'arbitrage ne conduit pas nécessairement à l'application de cet acte uniforme129 car les parties ont le choix de la loi applicable à leur litige. Pour une application de l'AUCTMR aux contrats de transport routier de marchandises et

122 Tribunal de grande instance Bobo Dioulasso, jugement n°195, 14 Juin 2006, Société AGF Togo Assurances contre Fofana Assiata Masse.

123 É. FOKOU, « L'effectivité de l'Acte Uniforme relatif au contrat de transport de marchandises par route : entre avant-gardisme et passéisme socio-professionnel », Réflexions critiques sur l'appropriation sociale de l'AUCTMR et son application par les juges africains, Québec, 2015, p. 13.

124 Voir J. GATSI, « La jurisprudence, source du droit », in juriscope, 2012, p. 1 et s.

125 Y. STRICKLER, L'office du juge et les principes, Formation Ecole Nationale de la Magistrature, 2012, p. 7.

126 É. FOKOU, « L'effectivité de l'Acte Uniforme relatif au contrat de transport de marchandises par route : entre avant-gardisme et passéisme socio-professionnel », Réflexions critiques sur l'appropriation sociale de l'AUCTMR et son application par les juges africains, Québec, 2015, p. 20.

127 Il faut ajouter à ceux-ci, les personnes agissant par voie de subrogation.

128 Article 26 de l'AUCTMR.

129 Article 14 de l'Acte uniforme relatif au droit de l'Arbitrage.

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une redynamisation de la jurisprudence en la matière, un abandon des voies alternatives au profit des juridictions étatiques est nécessaire. A côté du problème de l'ineffectivité du droit du transport routier de marchandises, un autre problème va faire obstacle à un encadrement efficace et suffisant des opérations de transport routier de marchandises à savoir le problème de la corruption.

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