Conclusion
Les pratiques traditionnelles, bien que parfois
éclipsées par la médecine conventionnelle, sont toujours
présentes chez les femmes enceintes et les nouveau-nés. C'est
environ un tiers des femmes qui ont recours aux plantes pendant la grossesse ou
pour le nouveau-né. Leur motivation est souvent une volonté de
retour aux soins naturels, ou une habitude familiale à perpétuer.
Ces pratiques sont encore méconnues par le système
médical, encore trop à l'écart du système
traditionnel. Cependant, ce regain de popularité amène le
système médical à s'intéresser de plus en plus aux
médecines complémentaires. Les plantes les plus couramment
utilisées sont l'Ayapana et le Gingembre pour les troubles digestifs, la
Cannelle, la Citronnelle et le Citron pour les symptômes grippaux et le
Framboisier pour déclencher ou accélérer le travail. Bien
qu'aucune étude clinique n'ait mis en évidence des effets
indésirables chez la femme enceinte ou le nouveau-né, les grandes
instances pharmaceutiques déconseillent l'usage des plantes, sans les
contre-indiquer. L'usage à la Réunion reste prudent,
limité dans le temps et les doses, conformément aux conseils des
tisaneurs. Bien qu'aucun profil type de femmes ayant recours à la
phytothérapie pendant la grossesse n'ait été
établi, il semble que les femmes multipares de l'Est de l'île et
habitant dans les écarts aient plus recours aux plantes
médicinales pendant leur grossesse et chez le nouveau-né. Cet
usage est directement influencé par leur niveau de connaissances, bien
que celui-ci soit faible. Ce travail de recherche nous a permis de
découvrir les pratiques des femmes, encore très présentes
aujourd'hui. Il nous a permis de mieux comprendre les attentes d'une population
de femmes cherchant à prendre en main leur maternité de
manière « naturelle ». Ce travail aura permis de
réaliser une étude encore jamais faite sur un échantillon
de 355 femmes et sur toute l'île. Il montre que face à ce regain
croissant de popularité, il est nécessaire de faire avancer la
recherche sur les plantes médicinales et la maternité. Il
pourrait alors être intéressant d'axer les recherches sur la
transmission des savoirs des femmes. En effet, cette transmission semble
être un pilier des pratiques. Il serait intéressant de comprendre
ce qui l'influence, comment elle se fait et ce qu'elle livre, compte tenu de
l'histoire riche et tumultueuse de l'usage des plantes chez la femme enceinte
et le nouveau-né.
Ce mémoire, fruit d'un travail long et laborieux mais
tout autant passionnant m'a permis de m'ouvrir sur ma culture, et de comprendre
les tendances actuelles en allant au coeur même de la population. Il m'a
offert l'opportunité d'avoir un aperçu du monde captivant de la
recherche. Il motivera, je l'espère, la poursuite des études
concernant les plantes médicinales et la maternité.
1.3 Les pratiques 41
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