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L'usage de la phytothérapie chez la femme enceinte et le nouveau-né à  la Réunion.


par Adeline DESPRAIRIES
Université de La Réunion - Diplome d'Etat de Sage-femme 2020
  

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2.3 Les facteurs influençant les usages et les réticences :

Le niveau de connaissances des femmes vis à vis des plantes médicinales et de la maternité influence directement les pratiques : plus elles estiment avoir de connaissances, plus elles utilisent les plantes pendant la grossesse (p=0,00 et r2=0,07). A l'inverse, moins elles ont de connaissances, moins elles utilisent les plantes. 72,60 % des femmes qui n'utilisent pas les plantes médicinales n'y ont pas recours par manque de connaissances. Le message préventif de la biomédecine concernant les connaissances non officielles est efficace. Les résultats de notre étude concernant l'influence du niveau de connaissances sont significatifs mais cette relation est faible. Le manque de connaissances vis-à-vis des plantes médicinales et de la maternité entrave donc peu les pratiques chez celles qui y ont recours. Plusieurs facteurs influencent les pratiques. L'usage des plantes hors grossesse par exemple, influence aussi l'usage pendant la grossesse. Plus les femmes utilisent les plantes hors grossesse, plus elles utilisent les plantes pendant la grossesse (p=0,00 et r2=0,19). Mais c'est plus un ensemble de facteurs simultanés (connaissances personnelles, niveau de connaissances, âge, parité, niveau de connaissances, sources des conseils, fréquence d'usage hors grossesse et pendant la grossesse, zone et lieu de résidence) qui guide les pratiques pendant la grossesse. Les résultats de la régression linéaire multiple sont significatifs : p=0,00 et r2= 0,14.

De la même manière, aucune des caractéristiques du profil des femmes n'influence directement et à elle seule l'usage des plantes par les femmes à la Réunion de manière significative. Dans la littérature, on retrouve l'étude de E. RONGIER qui constate que les femmes ayant recours à la phytothérapie pendant la grossesse des primipares et multipares entre 20 et 39 ans, étant allées dans l'enseignement supérieur et professionnellement actives (39) . Notre étude n'a pas permis de conclure sur un profil type de la femme qui a recours aux plantes pendant la grossesse et chez le nouveau-né à la Réunion. Mais par le biais de tests d'Anova, nous avons constaté plusieurs tendances bien que non significatives. Ainsi, nous pouvons émettre l'hypothèse que l'usage des plantes se fait plus souvent chez les multipares (p=0,86), de 36 ans et plus (p=0,49), ayant un niveau scolaire supérieur au secondaire (p=0,17) et ayant une activité professionnelle (p=0,45). L. POURCHEZ souligne que la médecine par les plantes est une médecine des femmes, qui se transmet surtout lorsque la femme s'apprête à avoir un enfant. Les usages se font en plus grande proportion dans l'Est de l'île (p=0,34), et dans les écarts (p=0,27). Les écarts constituent en effet des déserts médicaux à la Réunion, la proportion de cabinets médicaux y est plus faible qu'en ville, c'est ce qui pourrait expliquer la répartition retrouvée. Par ailleurs, l'Est de l'île concentre une grande partie de la communauté tamoule, dont les pratiques culturelles sont étroitement liées à l'usage des plantes (7). (Annexe 3).

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Concernant les usages chez le nouveau-né, plus les femmes estiment avoir de connaissances, plus elles utilisent les plantes chez le nouveau-né (p=0,03 et r2=0,01), mais cette force d'influence est faible. C'est un ensemble de facteurs simultanés (âge, parité, niveau de connaissances, sources des conseils, fréquence d'usage hors grossesse et pendant la grossesse, zone et lieu de résidence) qui influence les usages des plantes médicinales par les femmes chez leurs nouveau-nés (p=0,04 et r2=0,29). Pris séparément, ces facteurs ont une faible influence sur les pratiques. Néanmoins, nous pouvons constater des tendances, de manière non significative. Les femmes ayant le plus recours aux plantes chez le nouveau-né sont : les femmes de plus de 32 ans (p=0,65), ayant accouché de leur deuxième enfant (p= 0,21), sans activité professionnelle (p=0,25), étant allée jusque dans le supérieur (p=0,14), résidant en ville (p=0,19) et dans l'Est de l'île (p=0,06). On peut supposer que les femmes ayant plus d'expérience, de recul et d'accès à l'information (âge plus avancé, multiparité, niveau scolaire, résidence en ville) sont plus confiantes vis-à-vis de l'usage des plantes chez le nouveau-né. D'ailleurs, ces femmes sont celles qui estiment avoir un niveau de connaissance sur l'usage des plantes chez la femme enceinte et le nouveau-né ; et nous avons constaté que plus elles ont de connaissances, plus elles utilisent les plantes chez le nouveau-né (p=0,03 et r2=0,01).

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Les propositions d'action

Afin de sécuriser les pratiques, nous pouvons proposer certaines actions. Face à l'automédication des femmes, il serait intéressant de mettre à disposition de la population des outils de prévention face à l'automédication tels que la diffusion de reportages télé courts concernant les plantes médicinales et la maternité. Les reportages télé avec les tisaneurs sont de plus en plus fréquents grâce à l'APLAMEDOM. Il serait intéressant d'y ajouter des messages de prévention et conseils pour la maternité. Ces messages courts contiendraient des informations, validées médicalement, comme les plantes que l'on pourrait conseiller, à faible dose et sur une durée de trois jours maximum : Le Gingembre Zingiber officinale, L'Ayapana Ayapana triplinerve, Lanis Foeniculum dulce, Le Framboisier Rubus idaeus, l'Aloes Aloe vera. 5 minutes de prévention par reportage suffiraient à passer un message de prévention pour les femmes enceinte et les mères. Le message pourrait être passé par le tisaneur ou tourné en dehors et rajouté au reportage.

Par ailleurs, afin d'assurer la sécurité d'usage des plantes, il faudrait orienter les femmes vers les tisaneurs reconnus par l'APLAMEDOM. Des affiches à cet effet pourraient être affichées dans les maternités et cabinets libéraux. Il serait également intéressant d'établir une liste de plantes utilisables et celles dangereuses pendant la grossesse et chez le nouveau-né. Ces actions pourraient être encadrées par l'APLAMEDOM.

De plus, la formation des professionnels de santé permettrait de crédibiliser le recours aux plantes dans les soins et de répondre à la volonté de la population d'être entendue dans ce sens. Une formation en phytothérapie pourrait-être proposée à l'école de sage-femmes.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault